Il était une fois, dans un monde de petites Îles Célestes, un jeune louveteau nommé Sora. Ce petit être, au pelage doux teinté d’indigo profond, vivait seul sur sa minuscule île parsemée d’herbe verte, de trois arbres fruitiers, d’un étang scintillant, et de fleurs chatoyantes qui s’illuminaient délicatement la nuit, au gré du vent ou du toucher des lucioles, s’il avait la chance d’en croiser.
Chaque jour, Sora explorait son petit univers, ramassant baies et fruits juteux pour nourrir son appétit. Grimper aux arbres lui demandait beaucoup d’efforts avec ses griffes trop petites, mais sa détermination ne faiblissait jamais face à la promesse d’un fruit sucré. Sa vie sur l’île était paisible, bien trop paisible parfois, et la solitude venait souvent assombrir son cœur. Il rêvait de rencontrer d’autres êtres semblables à lui, mais les oiseaux qu’il apercevait dans le ciel infini ne prêtaient jamais attention à ses appels.
Pour rompre cette solitude, Sora s’amusait parfois à pourchasser les lucioles nocturnes ou, lors des journées ensoleillées, à contempler les papillons dorés qui butinaient le nectar si précieux des fleurs lumineuses. Mais un habitant de l’île suscitait la crainte du jeune louveteau : les abeilles orangées, ces pollinisateurs infatigables qui bourdonnaient matin, midi et soir autour des fleurs. Pourtant, elles aussi avaient peur de ce petit géant qui piétinait leur domaine en quête de fruits. Malgré tout, Sora aimait profondément son île et les habitudes qui rythmaient sa vie.
À l’aube, il admirait le lever du soleil en savourant les fruits les plus sucrés du premier arbre. Après sa promenade matinale, il laissait son imagination débordante s’exprimer. Avec ses petites pattes, il traçait des formes éphémères sur le sol avec le jus des fruits, sautillant de joie devant ses créations, même si elles ne représentaient rien de très extraordinaire. Au zénith, il dégustait les fruits plus nourrissants du deuxième arbre, avant de s’adonner à des courses effrénées autour de son île, défiant sa propre rapidité. L’après-midi, plein d’énergie, il tentait de se faire des amis parmi les poissons de l’étang. Mais ceux-ci, effrayés par le reflet gigantesque du louveteau, se terraient au fond, convaincus qu’il voulait les dévorer. Fatigué de ses aventures, Sora terminait sa journée en contemplant le coucher du soleil tout en mangeant les fruits légers du dernier arbre, assurant ainsi une nuit douce et réparatrice.
Lorsque la lune prenait place dans le ciel, baignant l’île de sa lumière argentée, Sora levait la tête et, porté par un vent caressant et les fleurs dansantes, il hurlait son chant, empreint de fierté et d’espoir. Sora savait que personne n’allait lui répondre car le pauvre petit louveteau était seul, mais cela ne l’empêchait pas de recommencer chaque nuit car il avait espoir, l’espoir d’entendre un jour une réponse à son chant : son Hurlement Céleste.