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1 - Chapitre 1
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Chapitre 1

La nuit est claire et calme, sans nuages, la chaleur de la journée laisse enfin place à un peu de fraîcheur. Mais malgré ce soulagement, rares sont les passants qui se promènent dans les rues.

Peut être est-ce l’heure tardive ou la fournaise assommante de la journée mais aucun habitant ne semble vouloir sortir pour profiter de cet air enfin respirable…

Ou peut-être ont-ils tout simplement toujours peur…

Peur que la paix actuelle ne soit qu’une illusion. Peur de voir apparaître un monstre sur le seuil de leur porte ou de le voir rôder dans les rues à la recherche d’un casse-croûte nocturne… Peur de revoir les corps joncher les trottoirs, le sang couler partout, les regards vides, les cris, les pleurs…

Tous ces souvenirs refont surface et me donnent envie de vomir… J’ai vu tout ça de près… J’ai assisté aux repas de ces monstres, vu les morceaux de corps s’empiler le long des rigoles, senti l’odeur répugnante imprégnant tout jusqu’aux sous vêtements et dont on ne se débarrasse jamais... Cette texture poisseuse persistante sur mes mains malgré le temps qui passe et les lavages intempestifs…

Non, stop ! Ça suffit ! Je revois assez ces images dès que j’ose fermer les yeux !! Hors de question de les appeler si ouvertement !!

Le lampadaire le plus proche se met à clignoter, un vent froid souffle soudainement, sorti de nulle part et me glace sur place tandis que je les entends à nouveau…

Les mêmes voix… Les mêmes cris… Les pleurs incessants…

Puis, ils apparaissent devant moi sans crier gare. Leurs corps décharnés, démembrés… Leurs yeux vitreux et blancs… Le sang coule des murs, dégouline des rebords des fenêtres ouvertes… Plus ils se rapprochent et plus je sens cette odeur âcre, chargée en soufre qui pique le nez… Mes jambes sont clouées au sol, incapable de même remuer, et eux…

Eux, ils avancent, encore et encore, leurs timbres rocailleux et brisés scandant les mêmes mots à tue-tête, déchirant le calme ambiant sans que cela n’ameute les plus téméraires…

“Traître !”

“Menteur !”

“Assassin !”

“Comment as-tu pu nous faire ça ?!” La voix d’un collègue tombé au combat me vrille les tympans, je suis incapable de me retourner pour lui faire face, “Tu nous as trahis et tu ose encore respirer, t’octroyer du bon temps ?!!!”

“C’est toi qui devrait croupir sous terre !!”

Les sueurs froides détrempent ma chemise et mes jambes chancellent sans pour autant faillir.

“Tu aurais dû mourir cette nuit-là !!”

Cette fois c’est la voix d’Eva qui retentit et mon cœur sombre.

Non… Pas elle… Par pitié…

Sa silhouette fine et gracieuse se détache de la masse, ses yeux d’un vert sombre me fusillent tandis que ses sandales battent le pavé, ses magnifiques cheveux blonds attachés en couronne rajoutant une couche de sévérité. Elle vient se planter devant moi et les autres arrêtent leur progression sur le champ.

“Tout est de ta faute ! Tu sèmes la mort partout !! Tu devrais être à notre place au lieu de t’amuser !!! Je suis morte par ta faute mais ça tu t’en moques !!!!”

Ses mains glacées se resserrent sur ma gorge et me projettent au sol. Instinctivement je cherche ma baguette mais mes doigts refusent de l’attraper. Je me débat comme je peux, le corps engourdi et les yeux embués. La vision de ce visage tordu par la colère est la seule chose que je peux voir. Ces iris désormais vides et vitreux, les vaisseaux sanguins éclatés se mêlant aux veines noirâtres, sa peau boursouflée et de l’écume formée au bord de ses lèvres déchiquetées…

Ces poings s’abattent sur mon torse encore et encore, ses cris remplissent ma tête tel un champ macabre cherchant à m’entraîner au plus profond de l’océan.

“Tout est de ta faute !!!! Comment as-tu pu faire ça ?!! Pourquoi ?!!!”

La boule dans ma gorge grossit à vue d’œil, je ne sais pas quoi lui répondre… Quoi que je dise, rien n’excusera mes actes. Rien ne me permettra d’obtenir son pardon. Jamais…

Je cesse de me débattre, vaincu, ma vision se brouille, s’assombrit, je vais sans doute les rejoindre d’ici peu… Je n’ai que la mort que je mérite. Rongé par mes regrets, écrasé sous la pression de mes fantômes, bercés par leurs cris et gémissements, par les coups qui tambourinent à l’unisson avec mon cœur, de plus en plus fort, de plus en plus vite…

Puis plus rien.

L’air s’engouffre à pleine vitesse, j’ouvre les yeux sur la ruelle dans laquelle je me trouve toujours. Je suis seul, pas la moindre trace d’une quelconque présence, rien… Aucune trace de sang sur les murs ni aux fenêtres. Aucun corps. Rien. La lumière du lampadaire m’aveugle presque, vive et inébranlable, comme si tout cela n’avait été qu’un rêve, une illusion.

Ce n’était pas réel… Ce n’était pas… Elle n’était pas là… Ce n’était qu’une hallucination… Rien d’autre… Ils n’étaient pas vraiment là… Ces voix n’étaient que des souvenirs… Les horribles fantômes de ceux que j’ai vu mourir… De ceux que j’ai du sacrifier… De ceux que je n’ai pas pu aider…

“Eva… Ce n’était pas réel... Tu n’étais pas vraiment là…”

Evanora Price, une amie d’enfance que je n’ai pas pu sauver… Morte par ma faute alors qu’elle n’avait rien demandé… Tout ça parce que son abruti de mari était sur la liste… C’est de ma faute…

Je suis celui qui à donné les noms… Celui qui indiquait les points de la résistance à abattre… Celui qui renforçait le Couvent en faisant tomber les têtes fortes…

Et son mari en était une… On ne s’est jamais entendu et il m’a souvent pris en grippe pendant nos études mais… Le faire tomber ne m’a rien apporté…

Ce n’était qu’un crétin harceleur, un beau parleur n’hésitant pas à rabaisser les gens qui ne lui revenaient pas sans raison. Un gros malabar qui rackettait les premiers de classes pour qu’ils lui fassent ses devoirs et pour les notes de cours qu’il manquait allégrement…

Il m’a jeté un nombre incalculable de sortilèges humiliant, attaché à un poteau avec des inscriptions lumineuses sur tout le visage, des flèches magiques indiquant insultes et rumeurs diverses… Il à même fait éclater mon chaudron en pleine préparation juste parce que j’ai refusé de lui faire la sienne… Et tout ça sans jamais se prendre une sanction autre qu’une remarque verbale.

J’ignore toujours ce qu’elle a bien pu lui trouver. Même s’il a légèrement changé en quittant le campus et qu’il est venu s’excuser, je n’ai jamais pu lui pardonner. Je ne voulais pas le voir ou entendre parler de lui, encore moins lorsqu’ils se sont mariés…

Pourtant il ne méritait pas ça. Même à mon pire ennemi, jamais je ne souhaiterais une telle mort. Sans compter qu’il était utile…

Mais cet imbécile représentait une menace pour le Couvent, contrairement à sa femme. Eva savait se battre, elle aussi, c’était même une sorcière très douée, mais Walter l’avait épargnée. Et elle aurait même pu survivre si je n’avais pas merdé… Si je n’avais pas couru comme un con pour la mettre en garde…

Tout ce que je voulais, c’était qu’elle reste en sécurité dans sa maison de campagne, fenêtre et porte close, sortilège de protection au cas où, qu’elle soit loin du lieu de l’embuscade et des potentiels dommages collatéraux, loin du poison mortel qui allait décimé au moins tout un village…

Son mari et deux autres gars avait été envoyé surveiller un regroupement de non-mages, pile là où frapperait le Couvent, et ils allaient, sans le savoir, servir de cobaye pour tester l’une de mes dernières préparations. Un réactif chimique pouvant causer la mort dans les cinq minutes après inhalation, et bien sûr, sans antidote. Ça, je n’ai pas eu le droit de le concocter…

Le Couvent avait déjà désigné et exécuté son coupable, disséminant des preuves de tests et essais ratées dans son antre ainsi que quelques traces de l’arme actuelle dans un flacon ouvert... Le Couvent ne serait pas mis en cause et la résistance perdrait quelques pions forts…

Elle serait encore des nôtres si je n’avais pas eu peur pour sa vie. Peur qu’elle s’y rende aussi pour se battre aux côtés de son homme… Et j’ai fait la connerie d’insister pour qu’elle n’y aille pas… Quand le Conseil des Mages de l’époque à annoncé la liste des victimes mon cœur s’est arrêté en entendant le sien. J’avais tué mon amie d’enfance…

Mes larmes coulent toujours tandis que les souvenirs s’en vont. De tous les visages, il fallait que le sien apparaisse… Je me relève fébrilement et scrute les environs, inquiet. Rien. Pas âme qui vive, pas même un chat. Je suis seul, dans l’ombre, à terre, tremblant comme une feuille.

J’hésite à me diriger vers l’auberge, à rebrousser chemin et retourner me terrer chez moi, mais cela ne changerait rien. Où que j’aille, ces visages ne me quittent pas. Si j’ai une chance de les faire disparaître, ne fusse que pour une nuit… Je dois essayer.

Les sens aux aguets et toujours sous le choc, je m’avance d’un pas lent vers la bâtisse. Les lumières sont éteintes partout ailleurs et aucun son ne provient des habitations pourtant bien entretenues. Cette ambiance de village fantôme à du titiller mon imagination…

Dans ma poche, ma main se referme autour de ma baguette et je ne peux m’empêcher de craindre une nouvelle attaque de mes vieux démons. Je me plaque contre un mur quand un bruissement me parvient. L’ombre et ma cape me rendent presque invisible, je me prépare à une embuscade, prêt à me défendre en cas de besoin…

Mais ce n’est qu’un foutu corbeau dans le ciel.

“Il faut vraiment que je dorme…”

Soupirant bruyamment, j’avance d’un pas plus décidé vers l’auberge, me répétant en boucle “tout va bien se passer” pour contrer les battements frénétiques de mon cœur, serrant toujours ma baguette entre mes doigts. Il n’y a aucun signe de danger, pas de silhouette menaçante prête à me sauter dessus, pas de fantôme du passé aux yeux vitreux, pourtant je ne peux apaiser ces angoisses…

La porte est entrouverte et laisse la lumière intérieure se répandre sur le trottoir. Une petite fermette sans grande prétention réhabilitée en gîte et accueillant les rares touristes passant par ce village montagneux. Même en pleine saison il n’y a que peu de clients, tous préfèrent les grandes villes ou ne connaissent tout simplement pas l’existence de cet endroit mais c’est justement pour cela que je l’ai choisi. Le lieu de rendez-vous est parfait.

Le manque de fréquentations est un atout pour éviter de se faire remarquer, d’autant plus que je connais assez bien la bâtisse. Travailler à la solde de Walter et du Couvent m’a permis de visiter des tas d’endroits comme celui-ci et d’en étudier les moindres recoins et possibles échappatoires en cas de danger. La cour arrière donnant sur la forêt, le nombre et les dispositions des chambres, rien ne m’a échappé ici.

Le seul hic, c’est que la gérante se rappelle de moi. Elle connaît mon nom, mon visage et ma voix, je vais donc devoir ruser pour ne pas faire de remous. J’ai réservé sous un autre nom et payé d’avance, techniquement tout devrait bien se passer mais… Cette histoire de trahison…

Sous le regard suspicieux de la patronne, je lui demande ma clé à voix basse, feignant une gorge enrouée. Elle n’est pas dupe, bien sûr, et attend un long moment avant de déposer la clé sur le comptoir, sans un mot, sa grosse main potelée bloquant mon sésame.

“C’est une auberge convenable ici, pas de bagarre, pas de trafic quel qu’il soit, aucune infraction aux lois et encore moins de rituels sataniques ou autres.” Dit-elle en chuchotant inutilement, “Je ne veux aucun trouble et je souhaite que la chambre reste propre. Faites en sorte que je ne trouve rien de louche après votre départ où je vous fais persona-non-grata. Tous les deux. Je n’ai pas besoin d’identité pour ça, c’est bien clair ?”

Je soupire intérieurement, brièvement soulagé, hoche la tête et récupère la clé, elle n’a pas l’air de m’avoir reconnu pour l’instant, peut être pense-t-elle avoir à faire à deux amants ou quelque chose comme ça mais peu m’importe. Ce n’est pas elle qui ne dort qu' une à deux heures d'affilée par nuit. Tant que je ne suis pas jeté dehors ou dénoncé, je me moque de son avis sur mes actions.

Je me dirige le plus naturellement possible vers la petite chambre au rez-de-chaussée, celle que j’ai demandé personnellement. C’est cette pièce là que je voulais, pas l’une des autres suites à l’étage. Je me moque bien du confort, pas pour ce que j’ai à y faire, je voulais la petite chambre isolée, près des cuisines, avec sa vue sur la cour, le poulailler et la forêt toute proche. Celle qui donne sur le petit couloir menant à la porte arrière.

En cas de pépin ou de doute trop prononcé je n’ai qu’à emprunter rapidement cette issue de secours et m’enfuir vers les bois, après quelques dizaines de mètres, je serais suffisamment caché pour utiliser ma potion d’invisibilité et continuer ma course. Oui, si ça tourne mal, j’ai une carte de sortie…

J’aimerais juste ne pas avoir à m’en servir ce soir. J’aimerais… Juste une nuit de repos, sans cauchemar, sans cris, sans ces visions d’horreur qui ne me laissent plus tranquilles…

Une main toujours sur la poignée, l’autre sur ma baguette, la porte entrouverte, je promène mes yeux sur ce que me laisse voir la pénombre. Rien ne semble avoir changé depuis la dernière fois que j’ai séjourné ici. Malgré le manque de lumière je distingue le petit salon flanqué, tant bien que mal, dans un coin à droite, le porte manteau dépassant de derrière le paravent à ma gauche, les marches du coin lit dans le fond, ce dernier désormais caché derrière une tenture. Une nouveauté sans doute installée depuis peu. Cela isole le lit et bloque la vue…

Je n’aime pas ça.

Les secondes passent sans que rien ne bouge, aucun signe de danger, aucun mouvement derrière la tenture foncée, aucun bruit et le peu de lumière filtrant à travers les rideaux fins ne me dévoilent pas grand chose.

“Deprehensio”

Ma voix me semble résonner dans la pièce tant le silence est dense et je prends peur à l’idée que malgré tous mes efforts pour prononcer le sort le plus discrètement possible, cela ait échoué. Ce n’est qu’un simple sort de détection mais j’ignore toujours à qui j’ai affaire. J’attends fébrilement une riposte mais rien ne vient.

La seule présence, en dehors de la mienne, se trouve de l’autre côté de la tenture. Peut-être était-ce seulement une impression, une angoisse, une illusion liée à mes nombreuses insomnies répétitives ? Peut être ai-je réellement chuchoté… Dans ce calme pesant, le moindre bruit me paraît amplifié.

Je me résous à fermer la porte avec lenteur, je peux la ré-ouvrir à tout moment, il n’y a aucun signe de danger. Pourtant la boule qui me noue l’estomac ne me quitte pas, déchirant mes entrailles à chaque pas, à chaque son. Les battements de mon cœur résonnent dans ma tête, s’accélérant lorsque mes yeux se posent sur la cape de mon rendez-vous, ses souliers délicats disposés en dessous, bien ordonnés. Une présence féminine si j’en crois ce que je vois.

Je ne sais rien d’elle, juste son pseudonyme particulier et une maigre description physique dont je me moque bien. L’apparence n’est pas si importante. J’ai des critères, bien sûr, mais je ne cherche rien de particulier, j’ai juste besoin… De quelqu’un capable de se taire, de suivre mon scénario et de s’y tenir. C’est tout ce que je demande.

Ma cape ne rejoint pas celle de ma compagne d’un soir, je la dépose sur le canapé, pliée soigneusement, mes chaussures par dessus, posées d’une certaine manière, ensorcelant le tout d’un coup de baguette.

Si quelqu’un y touche, je le saurais…

La tenture est plus épaisse que je ne le pensais, en velours chaud et opaque, ne laissant pas passer la lumière et forçant mes yeux à travailler davantage pour distinguer ce qui se trouve derrière.

Elle est là, allongée sur le lit, me tournant le dos, immobile sous les couvertures, ses longs cheveux noués en une longue tresse sombre qui contraste avec les oreillers, un bras au-dessus des draps. C’est tout ce que je distingue. J’ai la lourde tenture dans ma main, entrouverte, prête à être refermée et pourtant je n’en fait rien, je me contente de la regarder sans un bruit.

Est-elle réelle ou est-ce une autre illusion créée par mon esprit ?

Les secondes passent et elle ne bouge pas d’un millimètre, feignant de dormir, même lorsque je laisse les ténèbres reprendre leur dû sur cette partie de la chambre ou quand je m'assois sur le lit. Elle ne frémit pas alors que je me glisse lentement vers elle…

Sa peau est douce au toucher, de fines étincelles s’animent sous mes doigts à ce contact, rien de menaçant ou pouvant signifier une attaque, non, juste… Une sensation étrange mais pas désagréable.

Toujours aucun mouvement de sa part malgré ce contact électrisant, elle reste simplement endormie, immobile. S’est-elle assoupie en m’attendant ou…

La froideur de sa peau et son manque de réaction me figent soudainement. Les mots de la tenancière fusent sous mon crâne. Mon estomac se tord de plus belle, mon cœur tambourine et ma respiration s’accélère. Et s’il s’agissait d’un piège ? Et si cette jeune femme était…

Non, elle est juste endormie. Pourquoi et surtout qui me ferait un coup pareil ?! Mais… Et si…

Toute angoisse s’évapore brusquement lorsqu’enfin elle se réveille, se tourne vers moi et lorsque nos regards se croisent. Il fait trop noir pour que l’on puisse distinguer l’autre nettement mais je peux apercevoir ses yeux brillants qui m’observent.

Mon esprit est étonnement vide, le nœud dans mes entrailles disparaît, le silence tantôt pesant me réconforte, accompagné d’une vague de douceur qui me transperce de part en part…

La main de ma compagne se pose sur la mienne et je me rends compte que je serre toujours son bras, laissant sans doute une marque, un hématome en devenir... Elle ne bronche pas, aucun mot, aucun son. Juste son regard dans le mien et cette étrange sensation qui s’empare de moi, me laissant vide de toute pensée, de toute angoisse. Libre de mes fantômes et de mes regrets.

Elle guide ma paume vers son visage avec lenteur et délicatesse, les étincelles se reforment entre nos peaux mais aucun de nous ne dit mot. Je savoure un long instant ce contact qui m’a tant fait défaut par le passé, cette ambiance feutrée et apaisante que je n’ai que rarement connu.

La jeune femme se recouche sans un bruit, repoussant légèrement les draps pour m’y inviter mais j’attends. Quelque chose m’interpelle sans que je n’arrive à mettre le doigt dessus. Une impression étrange menace de faire remonter d’autres souvenirs douloureux enfouis au plus profond de ma mémoire, avant qu’une main tendue ne les balayent comme par magie.

Ma compagne m’invite à nouveau à ses côtés, toujours en silence, sans prendre le dessus, me tendant juste la main que je finis par accepter. Je ne me sens pas en danger, nous ne sommes que deux et je doute que la gérante laisse entrer une autre personne, je n’ai réservé la chambre que pour deux et son ton était déjà assez froid. Non, il n’y a rien à craindre.

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1 Comment

1 month ago
UNE PEPITE !!!!
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