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LadyRaven
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❀° Chapitre 1: La rivière d'Onyx°❀

Il m'est arrivée de rêver.

Emmitouflée dans des draps trop serrés, je contemple le plafond, comme s'il était le ciel et que j'étais à mille lieues de ma chambre. Comme si, allongée sur le sable brûlant, je serpentais tranquillement au bord d'une rivière, chassant rongeurs et oiseaux assoiffés par la chaleur du désert. J'imagine que ma mère me rejoint, penchée au-dessus de moi, alors que son long corps écailleux m'enserre. Que pourrait-elle me raconter ? « Halima, les étoiles veillent sur nous, elles sont nos amies et nous guident », ou quelque chose comme ça. Quelle voix pourrait-elle avoir ? Douce, gracieuse, ou alors ferme et impitoyable ? Quelle idiote je suis, les serpents ne parlent pas.

Un rideau vole devant mes yeux, envoyé par une légère bourrasque qui s'est infiltrée depuis la fenêtre. Je m'extirpe de mes songes et de ma couche, rejoignant à pas légers le balcon. De là, la cour du palais semble si paisible. Un grand jardin cerne le lac qui l'alimente, la végétation ne peut vivre sans lui, comme je ne peux vivre sans cette pression qui étouffe mes poumons. Soit présentable, ne parle pas trop, ne saigne jamais, ne regarde pas nos visages. Des enseignements appris grâce au bâton de mon précepteur. Seulement, certaines règles ne paraissent s'appliquer que lorsqu'on nous voit. Car, étendu paisiblement au creux de mon lit, il dort, sans un masque. Et moi, j'observe les draps se soulever délicatement, comme s'ils pouvaient enfin se figer. Sans un bruit, j'imagine encore. Passer une jambe au-dessus du garde-corps serait aisé. Si je plongeais au fond de l'eau, est-ce que la douleur partirait ?

Mais le soleil, ce précieux ami, semble déjà vouloir réveiller mon invité. Je l'entends grogner comme un animal, alors qu'une douce lueur caresse l'horizon. Qu'il parte, cet homme porc, qu'il rejoigne les siens et me laisse en paix.

— Personne ne doit vous voir, amour.

Sans un regard en arrière ni une parole de plus, je prends appui sur la pierre, penchée vers le jardin radieux. La lumière traverse les feuilles pour éclairer l'eau calme. Il vient, j'entends ses pas lourds, je sens son souffle sur sa nuque. Ma peau en brûlerait presque, alors que la pression dans ma poitrine devient douleur. Il reste silencieux et passe un bras autour de moi.

— Je serai là ce soir, aux dernières lueurs de crépuscule, Princesse.

Sa voix est froide, toujours empreinte de ce, je ne sais quoi d'amertume. Il attend une réponse de ma part, que puis-je dire qu'il ne sache pas déjà ?

— Comme tous les soirs, Nore.

Pas une nuit ne me sera réservée aux rêves. Seul le jour m'appartient dans ma cage d'or et de sang. Par instinct, je pose une main par-dessus la sienne, comme si je pouvais l'attraper et l'en dégager, c'est impossible.

— Ne sais-tu pas que je t'aime ?

Il salit ma nuque de ses lèvres et je n'ai de choix que de rester dans ses bras, et lui donner la réponse juste.

— Je le sais, amour.

Puis sa prise disparaît, et il part, me laissant seule dans ma contemplation. Plus de souffle, plus de chaleur étouffante, seulement l'air frais matinal. Et le silence, brisé par une dernière phrase.

— Tant que tu restes entière et à moi.

-ˋˏ ༻❁༺ ˎˊ-

Mille couleurs se mélangent dans la salle de réception, les drapés soyeux pendent au plafond et contre les murs marbrés, dont les moulures révèlent des motifs intriqués. Mes yeux dessinent les traits de fleurs, ou bien de jolies écailles. Père demeure assis, penché sur le côté, il fait mine d'ignorer les annonces journalières. L'étendard des Alkubras, notre maison, trône fièrement au-dessus de lui. Il est cerné par deux autres blasons surplombant leurs sièges vides, un Serpent, une Hyène et un Albatros.
Coiffée et parée de mes bijoux les plus imposants, on m'a assise aux côtés du vizir. Rares sont les moments où je suis invitée à un rassemblement, alors je laisse mes yeux parcourir la salle. Les scribes notent les paroles du munadi sur l'ordre du jour. Tandis que les deux conseillers se murent dans le silence, pas encore autorisés à parler. Tous sont masqués, d'or, de cuivre ou d'argent.

Tout homme qui entre dans le palais doit se plier à cette règle, s'il laissait son visage être vu par une femme, il serait puni par l'ostracisation. Laissé sans possessions, au milieu du désert caniculaire. Une mise à mort lente, sans moyens de retour. Mais la lame qui pend au-dessus des masques de ce palais est à double tranchant. Combien de fois aurait-elle dû couper ma nuque pour avoir osé regarder le visage d'un homme avant de m'y être liée par le mariage ? Que j'aimerais que ce cimeterre m'achève, si celui-ci pouvait aussi le faire tomber.

Mais je reste coite et fière. Je suis la femme la plus chanceuse de notre cité et peut-être même du monde.

— Tout va bien, Hal ?

Le vizir me chuchote, sans tourner la tête. Comme un roc, il se tient droit. De sa grande carrure, il fait face au sultan sans crainte, les rumeurs ont fait de lui un vétéran, impitoyable, mais moi, je sais qu'il est l'être le plus sage de ce palais. Avec hésitation, je murmure une question qui me trotte dans la tête depuis que l'on est venue me chercher ce matin.

— Je ne devrais pas être ici. Pourquoi ?

Cachés par la montagne de tissus qui l'habille, je perçois à peine un mouvement nerveux. Courbant le dos quelques instants, il parvient à rendre sa voix presque inaudible. Il me faut quelques secondes pour comprendre clairement ce qu'il me dit.

— Hélas, le grand seigneur ne m'en a pas donné la raison.

Ah, le mensonge, le voilà.

— Il n'a normalement pas de secret pour vous.
— Il y a des choses qui doivent être tues, Halima.

Surprise par sa réponse ferme, je me cloitre dans le mutisme. Mais il me faudra de toute façon bientôt le découvrir, car la séance démarre et les conseillers rejoignent mon père sur les sièges des autres maisons. Une à une, les différentes problématiques sont adressées. Il est porté à l'attention du sultan et de ses conseillers que la famine menace et que les pillages des nomades sur les ressources des trois maisons sont trop fréquents. J'observe ces hommes débattre et se déchirer sous le regard froid de mon père, qui n'a pas dit mot. Ses phalanges sont blanches, il serre les accoudoirs, comme de colère. L'hyène lance à l'assemblée.

— Nous devons rassembler nos forces et éliminer le problème à la source !

Agacé, l'Albatros lui répond.

— Les Nomades ne sont pas seuls à arpenter les dunes, les attaquer, c'est mettre nos cités à nu !

L'oiseau et le mammifère vocifèrent, ils se battent à coup de langue dans une arène dorée. Un spectacle qui serait plaisant à observer s'il ne constituait pas notre avenir. Je les regarde se bouffer tandis que le Vizir Séref se lève pour parler.

— Il appartient à notre grand seigneur de trancher.

Je me redresse, l'ennui laisse place à la curiosité, peut-être puis-je apprendre ? Ne serais-ce qu'un tout petit peu. Les deux animaux se taisent et laissent parler le sultan.

— Nous ne pouvons plus nous battre seuls, il articule lentement, nous avons besoin d'un appui extérieur.

Des murmures se soulèvent tout autour de moi et soudain, je les comprends. Nous, fiers guerriers des terres solaires, n'avons jamais eu recours à cette aide, nous avons seulement rassemblé nos clans qui autrefois se battaient. C'est une preuve de faiblesse évidente, je la redoute autant que Séref, qui se rassoit sous la nouvelle. L'Albatros est le seul à oser parler à nouveau.

— Sans vouloir manquer de respect à votre seigneurie, où comptez-vous le trouver ?

Aussitôt, père déclare, sans porter la moindre attention à l'assemblée, ni montrer une once d'hésitation.

— Nous l'avons déjà, l'empire Lunaire a accepté d'envoyer leurs troupes et leurs vivres.

Par les dieux... De toutes les réponses attendues, celle-ci est bien la dernière. L'air semble s'alourdir et à souffle retenu, nous demeurons tous figés. Une alliance avec l'Empire Lunaire ? C'est une soumission déguisée. Le jour et la nuit n'ont jamais cohabité sans conflit. Eux, enfants de l'astre pâle, calculateurs et insaisissables, manient la patience comme une lame affûtée. Nous, nés sous le feu du désert, ne connaissons que l'acier et le sang, bâtis dans l'héritage des conquêtes et des guerres tribales. Les murmures gagnent les rangs, rampent à nouveau sous l'or et l'argent, se mêlant aux regards chargés de suspicion. Le poids du passé pèse sur nous tous, car jamais le soleil n'a cédé à la nuit sans qu'elle engloutisse le ciel tout entier. Et une cage paraît presque se refermer sur nous. Seulement, cette déclaration semble bien trop aisée, et je devine enfin la raison de ma présence ici.

— Quelle est la contrepartie ?

Ma voix franchit mes lèvres sans que je puisse la retenir. Un frisson parcourt mon échine lorsque mon père, toujours avachi sur son trône, daigne enfin m'accorder un regard. Il prend son temps, joue avec nos nerfs, puis tranche, implacable :

— Nous devons établir une route sûre pour nos échanges et la princesse Halima devra épouser l'un de leurs pupilles.

Ses paroles résonnent comme un coup de tonnerre. Il m'a vendue par nécessité. Mes mains se crispent sur le rebord de ma robe brodée d'or. Le tumulte des voix emplit la salle, mais je n'écoute plus. Je me redresse lentement, mes bijoux cliquetant dans l'agitation grandissante. Tous me regardent. Tous attendent que le trophée parle.

Alors, face à cette assemblée frappée de stupeur, je me lève. Un instant, mes jambes vacillent sous le poids d'un destin qui ne m'appartient plus. Reste digne, Halima. Tu as toujours su que cela arriverait. Tous me regardent comme des charognes prêtes à fondre sur un cadavre. Je serre les poings, j'ignore le feu qui ronge ma poitrine. La tête haute, la voix tranchante, je déclare face à cette cour d'animaux.

— Je ferai honneur au soleil.

-ˋˏ ༻❁༺ ˎˊ-


Pieds nus sur l'herbe fraîche, je glisse ma main sur ses écailles. Elles sont dures, comme forgées dans la pierre, marquées par le poids des âges et la noblesse de son sang. Le toucher est à la fois rassurant et intimidant. Sous mes doigts, je ressens la puissance contenue de Saham, je trace la ligne de ses muscles ventraux. Le grand cobra royal n'aurait qu'un geste à faire pour balayer la vie elle-même.

Il se dresse lentement, sa silhouette colossale découpant la lumière de l'après-midi. Saham n'est pas un simple serpent, il est l'un des gardiens du palais, un être sacré dont l'existence est tissée dans l'histoire de ma lignée. Son corps massif s'étend sur plus d'une cinquantaine de mètres, un fleuve d'or et d'onyx ondulant avec grâce autour du lac. Une grande balafre traverse son œil droit, stigmates d'un temps où les combats ravageaient les plaines de sable. Son unique œil trouve un chemin vers moi, une grande fente aiguisée tranche son iris ambré. Il m'observe avec une intelligence qui me trouble toujours, une conscience que je ne devrais pas chercher chez un serpent. Et pourtant, je sais qu'il me comprend.

Saham appartient à mon père, comme le veut la tradition. Chaque roi possède son cobra, un géant né des sables, élevé pour veiller sur lui. Mais Saham n'a jamais été comme les autres. Il me préfère à mon père, délaissant parfois ses devoirs pour se lover près de moi. Et en retour, je me blottis contre lui. La chaleur qui émane de ses écailles m'étreint, et je m'y plonge comme une enfant. Si seulement je pouvais disparaître dans ses anneaux et ne jamais en ressortir. 

Il laisse échapper un souffle profond, un son grave qui résonne dans mon ventre. Dans ce jardin luxuriant, il est le seul être à qui je confie mon silence, le seul qui ne demande rien en retour. Sa langue bifide effleure ma joue, un geste presque tendre, et je ferme les yeux, savourant cet instant de quiétude avant que la réalité ne m'arrache à lui. 

Plus loin, j'entends des pas rapides sur le chemin pavé. Lorsque je me redresse, je reconnais mon père, toujours habillé de sa tunique cérémoniale, il se dirige vers nous, accompagné de sa garde positionnée dix pas derrière lui.  Saham reconnaît son maitre et se dresse au-dessus de moi dans mon dos. Le sultan, dans toute sa splendeur, s'arrête trois pas devant moi. Je ne lui laisse pas l'occasion d'être le premier à parler.

— Suis-je si dangereuse pour vous qu'ils vous faille une milice pour bavarder ? 

Visiblement agacé, il fait signe à ses soldats de l'attendre à l'intérieur du palais. Puis, Saham resserre lentement ses anneaux autour de nous, dessinant un cercle, une arène de mots. Son souffle se mêle au vent du jardin, tandis que mon père, impassible, glisse une main sur ses écailles. Un geste mécanique et sans tendresse. Il est ici pour parler, et je sais déjà de quoi.

— L'Empire Lunaire attend notre réponse définitive. Tu ne quitteras pas nos terres avant le mariage.

Sa voix est tranchante, sans appel. Mon ventre se noue, pourtant, je garde le menton haut. Chaque mot prononcé scelle un peu plus mon avenir, un avenir que je n'ai jamais choisi.

— Puis-je au moins obtenir un droit de regard sur mon époux ? Une période d'adaptation, où nous pourrions apprendre à nous connaître ?

Il penche la tête, surpris par ma requête. Il s'y attendait peut-être, mais espérait que je me plie sans condition. Un silence s'installe. Saham, lui, ondule légèrement, son seul œil posé sur mon père, comme s'il pesait aussi sa réponse. Finalement, le sultan incline légèrement la tête.

— Soit. Je veillerai à ce que des entrevues aient lieu avant la cérémonie. Elle aura lieu ici. Mais ne t'imagine pas que cela puisse changer quoi que ce soit.

Un frisson glisse le long de ma colonne. Il accepte, oui, mais son ton me rappelle que je ne suis qu'une pièce de son jeu de pouvoir, un pion à déplacer selon sa volonté. Il baisse les yeux un instant, comme s'il cherchait ses mots, et, dans un souffle à peine perceptible de par son masque, il murmure :

Ce n'était pas mon souhait. 

Un instant, mon cœur se serre. Il ne s'excusera jamais pleinement, ce serait reconnaître une faiblesse qu'il ne peut se permettre. Mais ces quelques mots suffisent. J'incline légèrement la tête, comme on le fait devant un roi et non un parent.

— Je l'ai toujours su. Et je ferai ce qu'il faut pour nos maisons.

Saham desserre à peine son étreinte, comme s'il refusait de nous laisser partir. Le sultan me scrute, cherchant une faille dans ma posture. Il n'en trouvera pas. Je suis une Alkubra, née pour régner, façonnée pour obéir. Mais dans ma poitrine, mon cœur martèle une vérité que je n'ose exprimer : j'ai peur.

Pas du mariage. Pas de cet inconnu qui partagera bientôt ma couche. Mais de celui qui veille sur moi depuis toujours. Nore. Il ne laissera pas cela arriver. Pas tant qu'il vivra. Et je sais, avec une certitude glaciale, qu'il est prêt à tout pour m'arracher à ce destin, même au prix du sang.

Mon père recule d'un pas, brisant le cercle formé par Saham. Le serpent hésite, puis s'écarte lentement, laissant la lumière du jour s'infiltrer entre nous.

— Prépare-toi, dit-il enfin, son ton redevenu glacial. Nous n'en reparlerons plus.

Puis, il se détourne, quittant le jardin sans un regard en arrière. Saham hume l'air, puis repose son énorme tête contre mon épaule, comme pour m'ancrer à la terre. Je ferme les yeux. La tempête approche.

— Vous ne parlez jamais, père.

-ˋˏ ༻❁༺ ˎˊ-

Je l'ai vu au loin, une silhouette perdue dans les ombres du préau, il s'est glissé parmi les fleurs et les arbustes pour me rejoindre. Piétinant un parterre de pissenlit. Le sifflement furieux de Saham ne l'a pas ralenti, ni ne l'a effrayé. Son masque cuivré semble avoir été coulé sur son visage. Il a cette même expression de mécontentement qu'il arborait durant nos leçons lorsque je me trompais. Un visage qui s'est gravé au fer dans mes paupières de sorte qu'il ne me laisse jamais me reposer. 

Nore m'a emmenée lorsque le soleil a disparu. 

Rarement ai-je reçu une telle punition. Je ne peux plus bouger, allongée au même endroit, la journée a fini comme elle a commencé. Seulement, les draps paraissent brûler et les tâches violacées qui parcourent ma peau brune ont absorbé mes cris. Silencieuse, je songe encore à ses mots. Combien de fois m'a-t-il dit qu'il m'aimait ? Que je lui appartenais ? Je ne peux plus le compter. Je le savais, rien n'est nouveau, mais jamais, je n'aurais imaginé penser sérieusement à le tuer. Ce serait si facile, son arme demeure à ses côtés, sur la commode. Si je me levais, je pourrais la saisir et poignarder son cœur. Encore et encore jusqu'à ce que l'or de mes murs ne se teinte de rouge. La colère me brûle de l'intérieur, j'imagine son expression, comment il hurlerait sous mes coups. Regretterait-il ? Me dirait-il qu'il est désolé ? Me rendrait-il ce qu'il m'a pris ? Non, jamais. 

Je roule doucement sur le côté, dos à lui. Et si je l'étranglais ? Mes doigts seraient-ils aussi forts que les siens ? Voudrait-il lui aussi en mourir ?  Je devrais chasser ces pensées, mais elles sont vives, elles piquent mon esprit comme des milliers d'aiguilles. Accablée par la chaleur des draps, je me lève. Quelques pas suffisent pour atteindre l'autre côté du lit. Il me suffit de faire un geste, la dague est posée si négligemment, tellement en évidence.  Et lui, il dort, si sereinement.  

Mais je vois la manière dont ses yeux s'ouvriraient, comment sa main attraperait mon poignet. Je vois le sourire sordide qu'il ferait lorsqu'il aurait compris le méfait que je m'apprêtais à commettre, lorsqu'il aurait compris qu'il a gagné. Que son piège a fonctionné. 

Alors, je reste debout, devant lui, et je l'observe vivre en paix.

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