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Chapitre 2

Azure



Mars 2018 – San Diego


            C’est ce jour-là que le cauchemar a commencé. Les heures, les jours, les semaines passent sans que je ne m’en rende compte. Depuis la découverte de son corps, je n’ai pas quitté mon lit. Je n’en ai pas la force. Cette vision me hante et me détruit de jour en jour. Je deviens paranoïaque. J’ai l’impression que cette personne va venir me faire la même chose. Je sursaute et je hurle au moindre bruit même si je ne suis pas seule, je fais des cauchemars dès que je m’endors, je n’ose plus sortir de chez moi. J’ai même reçu un appel de mon patron il y a quelques jours. Il m’a menacé que si je ne revenais pas, il allait me virer. Une rage s’est emparée de moi lorsque j’ai entendu ces mots. Je l’ai carrément envoyé chier. Qu’il aille se faire foutre cet enfoiré ! J’ai perdu mon frère merde !

Franchement je fais peur à voir. Je ne suis plus que l’ombre de moi-même. Hier soir, j’ai failli en finir. C’est la seule fois en plusieurs jours que je m’étais levée pour autre chose que mes besoins naturels. Je me suis dirigé vers la salle de bain avec une idée bien précise en tête. J’ai attrapé le rasoir de Joshua, je me suis assise au sol et j’ai attendu.

Quoi ? Et bien que le courage me fasse aller jusqu’au bout. Je ne sais pas combien de temps je suis resté dans cette position. Suffisamment longtemps car c’est Joshua qui m’a retrouvé dans la salle de bain avec des lames de rasoirs dans les mains. Il s’est jeté sur moi, me les retirant des mains. Il a mis les siennes sur mes épaules pour me tourner vers lui et m’a hurlé dessus.

-Non mais ça ne va pas Azure ! Tu es devenu folle ! Qu’est-ce qu’il te prend enfin ?

J’ai levé les yeux vers lui en espérant qu’il voit ma tristesse. Mais non. Il continue sa leçon de morale que je n’ai pas écouté.

-Il faut que tu ailles voir un psy, entends-je subitement

-Jamais.

J’ai pensé à voix haute et tant mieux. Hors de question que j’aille remplir les poches de personnes qui ne font que rester assis sur une chaise en te regardant avec leurs lunettes descendues sur le bout de leur nez. A poser des questions plus débiles les unes que les autres. Pour qu’au final ce soit nous que devons trouver ce que l’on a. Crétins

-Tu sais ce que tu as essayé de faire ? De te suicider. Tu te rends compte ?

-Essayer comme tu dis mais je ne l’ai pas fait, crache-je

Il lâche mes épaules et s’éloigne un peu de moi.

-Je ne te reconnais pas, qu’est-ce qu’il y a ?

-Tu es sérieux ? Tu me poses vraiment la question ? J’ai perdu mon frère Joshua, il s’est fait tuer ! je hurle hors de moi.

-Je le sais, j’étais là aussi je te signale ? dédramatise-t-il.

-Et c’est tout ce que ça te fait ? Je croyais que tu étais proche de lui

-On l’était oui mais j’arrive à faire mon deuil mais pas toi. Il faut que tu avances ma chérie, tu ne peux pas rester dans cet état éternellement.

-Mais moi je veux savoir pourquoi on l’a tué !

-Ce n’est pas à nous de faire ça, c’est à la police

-Tu as reçu un appel venant d’eux toi ? Moi non. Tout le monde s’en fiche qu’il soit mort, toi y compris. Tu ne me soutiens même pas.

-Tu rigoles ? Qu’est-ce que je fais là ?

-Tu me fais un discours à deux balles et une leçon de morale

-Parce que tu en as besoin, et c’est pour t’aider

-Si c’est ça du soutien pour toi alors ne fais plus rien et laisse-moi tranquille, je lui sors en le fusillant du regard.

Je me suis levé et je suis partie m’enfermer dans ma chambre.


***

Aujourd’hui, je me sens démunie et complètement abandonnée. Je ne veux plus parler à Joshua. Il a plusieurs fois tenter de me parler hier soir mais je l’ai snobé. Me voilà de nouveau seule dans l’appartement à cogiter. J’ai gardé le téléphone de mon frère et le mot qui était à côté de lui. Je suis prise d’une violente envie de fouiner dans son portable. Si quelqu’un lui en voulait au point de le tuer, la réponse est sûrement dedans. Dans un premier temps, je me retiens de le faire car je n’aime pas faire ce genre de chose et j’ai aussi peur de ce que je vais trouver. Néanmoins, je me rappelle vite qu’on me l’a retiré brutalement et la haine me monte.

J’allume l’écran et le déverrouille. La photo que je vois me fend le cœur. Il s’agit d’un selfie de mon frère et moi, allongés sur l’herbe et faisant de drôle de grimaces. Je souris tristement devant cette photo. Elle n’est pas très vieille. Nous faisions un pique-nique au parc ce jour-là, comme tous les dimanches. Je ravale mes larmes et commence mon exploration. Pour le moment je ne trouve pas grand-chose voir rien du tout en fait. Il n’a pas eu de message suspect, la plupart sont des textos de son meilleur-ami. Rien dans ces mails, photos ou vidéos. Son historique internet est vierge cependant. Bizarre.

Je balaie toutes ces applications dans l’espoir de trouver quelque chose et je tombe finalement sur son historique GPS. Il se rendait tous les samedis au même endroit. Une cité à plusieurs centaines de kilomètres de la ville. C’est assez loin, je devrais peut-être m’y rendre pour voir ? Je ne réfléchis pas plus longtemps. Je cours enfiler une tenue plus décente. Si je fais vite, je pourrais être rentrée avec le retour de Joshua. J’attrape mes affaires et sors de l’appartement en courant. Arrivé sur le trottoir, je hèle un taxi et lui donne l’adresse de ma destination.

Plusieurs heures plus tard, me voilà sur les lieux. Le taxi me laisse près un immeuble abandonné. Super accueillant. Dans quoi mon frère est allé se fourrer ? Je scanne les alentours. Il y a très peu de bâtiments. Cet endroit est entouré d’une immense chaine de montagne donnant l’impression d’être pris au piège. En plus de cet immeuble à l’abandon, il y en a un autre à mon opposé ainsi qu’une salle sport et qui ont l’air en meilleur état que celui derrière moi. Au centre prône un petit parc avec une statut. L’ambiance est assez flippante. Je n’aimerais pas me retrouver dans cet endroit de nuit. C’est typiquement le style d’endroit pour les films d’horreurs ou de vampires.

En m’avançant vers celui-ci, je remarque des affiches sur lesquelles se trouve la promotion d’un futur tournoi de boxe. Etant donné le retranchement de cet endroit et la difficulté pour y arriver, je suis prête à parier que tout ça est illégal. Alors que je cherche encore un lien entre tout ça et mon frère, j’aperçois deux hommes de dos. L’un à des cheveux noirs et l’autre est brun et ils se dirigent vers la salle de sport. Ils discutent à voix haute et à faible distance de moi. Ce qui me laisse tout le loisir d’écouter leur conversation. Sauf que je ne m’attendais pas à ça.

-Ça y est, ils se sont débarrassés du p’tit Sullivan, sors le premier

-Tant mieux, il n’a qu’à pas fourrer son nez là où il ne faut pas, réponds son collègue.

Mon cœur rate un battement. Je mets du temps à me remettre de ce que je viens d’entendre. Je sens mon palpitant s’accélérer et j’entends les battements dans mes tempes. Mon frère s’est bien fait assassiner. A ce moment-là, je n’ai eu qu’une envie, c’est de me jeter sur ces hommes pour leur faire la même chose. De les étriper, les égorger de mes propres mains. Mais soyons réaliste, je ne fais pas du tout le poids. Une haine insoutenable m’envahit et une seule pensée me vient :

-Je te vengerais grand-frère. Promesse de Sullivan.


***

            Sur le chemin du retour, je n’ai toujours pas décoléré. Les pensées fusent dans ma tête et je n’arrive pas à les mettre en ordre, je n’arrive plus à réfléchir. Une chose est sûre, je vais le venger. Mais comment ? Pour l’instant je n’y pense pas. J’y songerais le moment venu.

Je suis en train de marcher pour rentrer chez moi. Je dois faire une sale tête car plusieurs personnes me fixent en me croisant. Ils veulent ma photo ou quoi ? Dès que je passe le seuil de la porte, je reste plantée dans le hall pendant d’infini minute. J’ai le sentiment de ne plus être à ma place. De ne pas savoir ce que je fais là. Mais surtout, j’ai l’impression d’être devenu quelqu’un d’autre. L’angoisse me prends. J’ai une furieuse envie de partir loin, très loin. De cette ville, de ces souvenirs qui me rappellent Andrew. Cela veut dire que je dois également quitter Joshua. Etonnamment, cette pensée ne me fait ni chaud ni froid. Mon départ risque de le briser. Nous avions prévu de nous marier dans quelques mois et de fonder une famille. Ces idées qui autrefois me faisait tellement envie, me répugne aujourd’hui. Je ne veux plus de tout ça. Je n’ai qu’une idée en tête : retrouver qui a fait ça et le tuer. Oui j’en suis capable maintenant. Il m’a détruit alors je vais faire de même.

Je me dirige vers la chambre. J’attrape un sac de sport qui traine sous le lit et me dirige vers mon armoire. Tout en prenant juste le nécessaire pour ne pas être trop chargé, je me questionne sur ce que je vais dire à Joshua. Il va bientôt rentrer et je ne sais pas comment lui en parler. A coup sûr, il ne me laissera pas partir, ce qui est normal. Mais j’ai dorénavant ce besoin vital de m’en aller. J’étouffe ici, je suis resté trop enfermé entre ces murs à me morfondre alors que son tueur est en train de jubiler d’avoir réussi son coup. C’est trop pour moi. Je ferme mon sac et retourne dans l’entrée. Je ne peux pas l’attendre. Je n’en ai surtout pas envie. Il va m’empêcher de partir et rien que d’y penser cela me met en rogne. Je retourne dans le salon et trouve un petit carnet. J’inscris un simple mot.

Je m’en vais. Je ne peux pas rester. N’essaie pas de me retrouver.

J’arrache la page et la pose sur la table. Je récupère mon sac dans l’entrée et sors de l’appartement. Je ferme à clé et les laisse dans le pot de fleurs situé à côté de la porte. Je ne compte pas revenir de toute façon. La nuit commence à tomber et c’est la sortie des bureaux. Les trottoirs sont bondés par des gens pressés de rentrer chez eux retrouver leur famille. Chose que je n’ai plus. Je traverse la route pour ne pas prendre le risque de croiser Joshua parmi ces gens. Je ne veux pas l’affronter. Lorsque j’arrive de l’autre côté, je l’aperçois justement. Il s’en est fallu de peu. Intérieurement, je m’en veux de lui infliger ça. Mais il n’aurait pas compris si je lui avais expliqué. J’accélère le pas pour arriver à la gare avant qu’il ne se décide à me retrouver dès qu’il aura vu mon mot.

Je marche d’un pas rapide vers celle-ci. Je me rappelle soudainement que l’usine où j’ai retrouvé mon frère se trouve sur ce chemin du fait que j’ai voulu éviter Josh. J’aperçois la bâtisse devant moi. Je suis paniquée mais j’ai une furieuse envie d’y retourner. Est-ce que son corps est toujours là ou est-ce que quelqu’un l’a trouvé ? Je veux en avoir le cœur net. Je m’avance donc dans la zone d’ombre. Je prie pour qu’il n’y ait personne et surtout pas son corps. Je n'ai pas envie de le voir dans un sale état. Par chance, il n’y a rien. Je vérifie quand même les alentours pour être sûr de moi.

Je me demande s’il n’y a pas des caméras qui auraient pu filmer l’évènement. Je regarde alors autour de moi. L’entreprise à côté ? Oui il y en a mais elle ne filme pas par ici. La gare ? Elle est trop loin. Le pont ? Malheureusement non. C’est peine perdue de ce côté-là. Les lumières d’un train passant sur le pont au-dessus de moi, éclaire furtivement le lieu. Mes yeux sont attirés vers le sol, là où était mon frère. Il y a encore son sang. Pourquoi je n’ai pas de nouvelles de la police malgré mes signalements ? Ce n’est pas normal. Je sens que toute cette histoire est louche et je compte bien l’élucider.

Je reprends ma route pour la gare. Une fois arrivé, je peine à entrer avec le flux de personne qui y sort. Mon téléphone se mets à vibrer dans ma poche lorsque je passe les portes. Je me doute de qui il s’agit et décide de l’ignorer. Je trouve une borne sur laquelle prends la destination qui part dans cinq minutes. Une ville en campagne. Juste ce qu’il me faut. Alors que je me dirige vers le quai, mon téléphone s’affole de nouveau. Je regarde l’appelant et c’est Joshua. Je raccroche. Il m’envoie plusieurs textos auxquelles je ne réponds pas non plus. Cependant son dernier message dit qu’il sait que je suis à la gare avec la localisation et qu’il va venir me chercher.

Je suis prise de panique. Le train arrive justement en gare. Je vois une poubelle et décide d’y jeter mon téléphone pour être sûre qu’il ne me suive pas. Je dois commencer une nouvelle vie, je n’ai pas envie qu’il me poursuive. Je monte dès que les portes s’ouvrent et m’installe à un siège. Je pousse un long soupir de stress. Je ne sais pas où je ne vais ni ce que je vais réellement faire. Cependant, je ne peux plus faire demi-tour. Joshua serait capable de m’interner pour cet acte surtout après ma tentative de suicide. J’ai tout le trajet pour élaborer mon plan d’action.

Le conducteur annonce que le train va bientôt partir. Alors que le contrôleur vérifie mon billet, j’aperçois Joshua à travers la vitre. Oh non ! A mon plus grand soulagement, les portes se referment et le train démarre. Je le vois regarder autour de lui, complètement affolé. Cette vision me brise le cœur mais je n’ai pas le choix. Je lui souhaite intérieurement de refaire sa vie et d’être heureux. Ce que je ne serais plus. Je continue de le fixer tristement et nos regards se croisent. Mes larmes se mettent silencieusement à couler. Je le vois baisser les bras et me regarder partir. J’ai vu dans ces yeux l’incompréhension et la tristesse. Il se mets à avancer en même temps que le train. Je lui signe non avec la tête pour qu’il abandonne. Mais il n’en fait rien. Il continue de suivre le train jusqu’à ce qu’il ne puisse plus.

Je laisse voguer mon regard dans le vide. Mes larmes se sont arrêtées mais j’ai cette boule dans la gorge qui ne demande qu’à exploser. N’ai-je pas commis une erreur ? Il est trop tard pour regretter. Il faut que je réfléchisse à ce que je vais faire maintenant. Il faut que je trouve un endroit où dormir. Je suis tellement parti précipitamment que je n’ai pas pensé à regarder s’il y avait des hôtels où je me rends. Quelle débile. Et sans téléphone ça va être compliqué de me repérer. Je vais devoir en racheter un.

Comment vais-je faire pour arriver à mes fins ? C’est la question que je me pose. Si mon frère se rendait toutes les semaines au même endroit c’est qu’il doit y avoir une raison. Je pense tout à coup à ce tournoi de boxe. Est-ce qu’il devait y participer ? Il était du genre très sportif donc je ne serais pas étonnée. En plus je le retrouvais parfois blessé donc ça serait peut-être une piste. Est-ce qu’on l’aurait éliminé par jalousie ? Si c’est le monde auquel je pense, c’est fort possible. L’argent qu’il gagnait devait venir de ces combats. Vu que je vais avoir besoin d’argent, je devrais peut-être m’inscrire moi aussi. Mais attends, j’ai aucune compétence en combat je vais me faire humilier. Ce n’est pas gagné. Mais il faudra que j’y retourne quand même. Les réponses à mes questions sont là-bas.

            Je me sens lessivée. Toutes ces émotions ont eu raison de mon énergie. Je n’ai envie que d’une seule chose : dormir. Mon train arrive justement à destination. Je récupère mes affaires et descend sur le quai. Une fois dehors, il fait noir et la ville a l’air endormie. Ça change de mon quartier. Je ne vois également pas d’hôtel. Je me mets en marche dans l’espoir d’en trouver un.

Après plusieurs heures à parcourir les rues, je n’en peux plus. Je suis sur le port et mes jambes ne me portent plus. Je commence à voir flou. J’ai faim, j’ai soif, j’ai froid. Par mécanisme, je m’allonge sur le premier banc que je vois qui est face à la mer. Je calle mon sac sous ma tête. Je mets très peu de temps avant de sombrer lourdement dans le sommeil. Ce périple m’a vidée.

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