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Chapitre 6

L’arène.

Un épicentre de pouvoir où les destins se croisent et s’affrontent. Dans le Bas-Quartier, elle servait de défouloir aux passions violentes qui animaient la criminalité.

Un endroit où les pires ordures se rencontraient.

Il fallait aller dans les Souterrains obscurs des passages secrets qui avaient été utilisés pour construire des abris ? Des lieux secrets où l’on pouvait se rassembler. C'était un grand espace entouré de pierres et de terre qui avait autrefois été un ancien lieu de Culte. Au centre, il y avait la fosse - un trou dans lequel deux combattants - parfois plus - se battaient pour remporter le grand prix, souvent jusqu’à la mort. Ce soir il fallait se montrer capable de rentrer dans l’une des guildes - les mercenaires, les voleurs, les assassins, ou les commerçants à la recherche d’un garde du corps. Il fallait se montrer et se faire remarquer par l’un d’eux.

Rackham balaya l’horizon. Il ne savait pas qui l’attendait - Mission n’avait pas été un très grand bavard à ce sujet. Alors, il adopta la politique de la maison - se faire remarquer. Makara à ses côtés, il savait qu’il ne passait pas inaperçu. Celui qui l’attendait l’avait déjà dans son collimateur. Il n’avait plus qu’à attendre qu’on vienne à lui.

Il s’accouda au bar à une place qui lui laissait la possibilité d’observer les combattants dans la fosse.

Il sentit deux ombres dans son dos. Jadas flanqué de son second. Celui-ci arborait un beau-oeil au beurre noir. Son maître d’équipage n’avait pas dû y aller de main morte. 

Un coup d'œil à Jadas et il comprit que l’affaire avait été réglée.

Akselsandar. J’espère que tu as apprécié ton petit cadeau.

— Rappelle- moi de ne plus jamais aller au bordel avec toi, baragouina-t-il en regardant droit devant lui, les mâchoires si serrées qu’il pouvait presque les entendre se briser.

Rackham commanda trois autres verres de rhum, et le donna à son second qui le but cul sec. Il lui tapa dans le dos pour lui dire que c’était oublié. Pour le moment.

— Il y a l’air d’avoir un grain de sable dans le rouage, capitaine.

Il avait remarqué la figure encapuchonnée qui les observait depuis tout à l’heure. Il attendait qu’elle fasse le premier pas.

— Plus maintenant. 

Sa capuche tomba, et révéla des cheveux roux, et une main en moins.

— La guilde des voleurs, il faut dire que je ne m’attendais pas à ça. Comment on vous appelle ici ?

— Le maître.

Les courbes de ses lèvres s’arquèrent, moqueuses.

— Ça ne vous plaît pas ?

— Oh si, j’adore. Cela aurait pu être intimidant, mais les pirates n’avaient ni dieu ni maître.

— Vous êtes de loin le pirate le plus croyant de Septs Mers, loup des océans. Et, je crois qu’il n’y a pas plus religieux que les marins en ce monde.

Makara se redressa sur ses pattes, et grogna contre le Maître des Voleurs.

— Joli chien de garde.

— C’est un loup, répliqua-t-il machinalement. On m’a dit que vous aviez des informations qui pourraient m’intéresser.

— Et j’y gagne quoi ?

Son regard descendit sur Makara qui grogna plus fort. Rackham la calma en la rappelant à l’ordre.

— Quel est votre prix ? 

— Dites-moi d’abord ce qu’un voleur peut faire pour votre service, ensuite vous me ferez votre offre. 

Rackham sortit à nouveau la feuille et la tendit sur le comptoir. L’autre la saisit. Une lueur surprise passa brièvement sur son visage. 

— Tiens, c’est intéressant. 

— Vous savez où le trouver ?

— Non. Mais, vous n’êtes pas les premiers à me demander des informations sur cet objet aujourd’hui.

— Qui ?

— Quel prix êtes vous prêt à payer pour cette information ?

Rackham sortit les écailles dont il avait mis la main sur le Zéphyra. Il les montra au voleur.

— Ça ne me plait pas.

— Des fichues écailles et ça ne te plait pas. Tu te fous de la gueule de qui ? 

Aksel dans toute sa splendeur.

— Tu ferais mieux de calmer ton deuxième chien de garde avant que l’un de mes hommes ne s'occupe du tiens.

Rackham repéra trois d’entre eux, seulement parce qu’ils avaient bien voulu se faire remarquer. 

— Alors que veux-tu ? 

Le maître saisit une écaille, observant placidement la sphère bloquée entre son index et son pouce.

— Quel ennui. Et si on jouait à un petit jeu toi et moi ? Tu as confiance en tes hommes ? 

— Oui, répondit Rackham sans faiblir. 

— Tu leur confierais ta vie.

— Je crois que nous ne sommes jamais mieux protégés que par soi-même, mais si j’y suis contraint, je leur confierai ma vie. 

— Alors jouons. Un des miens contre l’un des tiens. Ton chien de garde. S’il gagne, tu as l’information que tu veux.

— Et s’il perd ? 

— Alors tu pourras dire au revoir à ce que tu cherches.

— Qu’est-ce que tu y gagnes ?

— Moi ? Rien. Ce soir je veux juste être diverti. Et je prends seulement cette écaille. 

Il la fit disparaître dans l’une de ses poches invisibles avec une agilité propre à sa guilde, et se pencha pour finir son verre avec son moignon.

— Tu en dis quoi, Aksel ? 

Le Maître sourit.

— J’en dis que je suis toujours partant pour refaire le portrait de ces mains-lestes. 

— Et nous, on a toujours aimé botté le cul aux écumeurs. 

— C’est ton jour de chance on dirait, tu en as sous la main.

Rackham se leva et fit le tour de son tabouret pour se retrouver face à son second.

— Ne les laisse pas te toucher, lui souffla-t-il.

— Je croirai presque que tu t’inquiètes pour moi. Ne t’en fais pas pour ta petite information, tu l’obtiendras.

— Ne le sous-estime pas. Tu as beau être très fort, ils sont très agiles.

— Oh, un compliment, ça change un peu.

— Tu écoutes quand je te parle ? Ne le laisse pas te toucher et reste en vie. Et par l’amour des Quatre dieu du Vent, apprends à gérer tes émotions.

— Oui, papa.

— Ecoute-le, fiston, fit Jadas qui arrivait derrière eux.

Aksel leva les yeux en l’air. 

— Tu as beau avoir l’âge de mon père, Jaja, tu n’es pas le mien, et encore heureux. 

Jadas lui refourgua une claque derrière la tête.

— Fais gaffe, je pourrais demander au gars de te refaire danser sur le pont toute la soirée après que l’autre main-leste t’ait refait le portrait.

— Homme de peu de foi, je vais le gagner ce combat.

Aksel partit en direction de la fosse en s’échauffant les muscles. Son adversaire était de la même taille que lui - les membres secs et sveltes comme l’avait prédit Rackham. Il comptait jouer sur sa rapidité. Il n’avait plus qu’à espérer que son second ne fasse pas la forte tête. La foule s’amassa à nouveau autour de la scène. Le dernier avait été quelque peu décevant à cause du K.O. qui était survenu seulement trois minutes après le début du combat.

L’animateur présenta les combattants. Rackham n’écouta plus à partir de là, il devait faire confiance à son second. 

— Tu ne veux pas le voir perdre ? 

Le maître était maintenant de bonne humeur. A priori, ce combat l’enchantait. Rackham les aimait uniquement quand il était question de vie ou de mort.

— Il va gagner. Ce n’est qu’une question de temps.

Une vague d’exclamations traversa la foule après qu’un choc sourd ait retenti dans la fosse.

— Tu es sûr de ça. Ton champion vient de prendre un sacré crochet du droit.

— Je vais aller surveiller le gamin, lui dit Jadas inquiet en s’approchant de la fosse.

Rackham finit son verre.

— Il est plus endurant et costaud que tu ne le crois.

Le connaissant, quelques coups avaient dû l’obliger à se concentrer sur la suite. 

— Alors ces poignards, pourquoi tu les cherches ?

— Ils ont une grande valeur.

— Tout ça pour les vendre sur le marché noir ? Je pensais que tu préférais couler des bateaux. 

Il imita un bruit d’explosion.

— Je ne savais pas que ton truc c’était les trésors. On peut toujours s’arranger pour collaborer ensemble. Tu as peut-être ta place parmi nous.

— Tu es le maître des voleurs, tu connais la valeur des choses. Je ne te parle pas d’argent. Disons que je me suis donné la tâche de les retrouver.

— Une valeur sentimentale donc ? D’aucune utilité si tu veux mon avis, mais je respecte les gens aussi sincères que toi. La fille qui était ici m’a sorti le même baratin que toi.

— La fille ? 

Il haussa les épaules, désinvolte. 

Il reporta son attention sur le combat. Rackham dut en faire autant. La foule haranguait les combattants en fonction de celui qui dominait. Aksel saignait au niveau de l’arcade. Il s’ébroua avant de reprendre une position de défense. 

Le main-leste était coriace. 

Aksel se reprit un coup violent dans les côtes.

— Il a dû piquer celui-là.

Rackham avala sa salive. Tout autour de lui, les gens étaient captivés par le spectacle. Les mains-lestes profitaient de cette occasion pour passer entre les gens et leur dérober d’un tour de main : arme, argent, ou bijoux. Parmi eux, il reconnut le gamin qui lui avait remis la missive.

— Tu te sers de la Fosse pour détrousser les gens ?

— Huuum ?

— Ce Fléa, il est à toi ?

Le Maître Voleur se dévissa le cou pour observer le garçon.

— Ouais, recruté récemment. Il est encore en apprentissage. Regarde moi ça, ces gestes sont brouillons, sans techniques, et sans saveur. Il a encore tant de choses à apprendre. J’espère qu’il arrivera au bout de la formation. Il a de la chance que les autres se soient enivrés, sinon je ne paie pas cher de sa peau.

— C’est risqué.

— Moins que de se laisser mourir de faim. C’est un orphelin. Pas de famille, pas de relation. A part les putes qui l’ont pris sous leurs ailes. Il ne pose pas de problème et il obéit sans poser de question. 

— Ça arrange bien tes affaires.

— C’est clair, déclara le maître voleur en levant son verre, on n’est pas là où je suis sans sacrifier des brebis. Tout comme toi, loup des océans.

La petite taille de Fléa était un atout pour ses larcins, il n’était certes pas si adroit, mais il arrivait à arracher les escarcelles.

Une exclamation attira l’attention de Rackham vers la fosse.

Aksel respirait fort, le visage obscurci par une redoutable détermination.

Rackham savait qu’il n’était jamais aussi dangereux qu’au bord du gouffre. Ses émotions faisaient que ses réactions étaient imprévisibles, voire dangereuses, mais dans certaines situations elles étaient un bouclier et une arme. Elles lui donnaient une force supplémentaire, et une rage de vaincre. C’était comme ça qu’il avait survécu, il n’avait jamais appris autrement.

Il sut l’exact moment où cette rage remonta en lui. Il bloqua le bras de son opposant, et lui envoya un coup de talon dans la jambe. Il chuta au sol sous le silence de la foule. Aksel pouvait le tuer, pas qu’il en avait le droit, mais personne ne l’en empêcherait. Il n’y avait aucune règle. Autrement dit, tout était permis. Le Maître ne dirait rien non plus. Il se fichait que son homme de main meurt. Une fois dans la fosse, votre vie ne vous appartenait plus. Si Jadas s’était approché ce n’était pas vraiment pour Aksel.

Le maître d’équipage cria son nom. 

Il tressaillit à peine. 

Lorsqu’il reprit contact avec la réalité, et que ses émotions étaient redescendues, il lui brisa le bras. 

Puis, la foule hurla.

Son adversaire aussi.

Il aimait ça. 

Les applaudissements.

A ses côtés, le Maître fit la moue.

—  C’était bien joué. 

Il claqua sa langue sur son palais.

— Une promesse est une promesse. La fille dont je te parlais. C’était une noble, une comtesse. Je ne l’ai jamais vu ici. Elle voulait payer mes services pour que je retrouve cet objet. Je n’ai foutrement aucune idée de l’endroit où il se trouve. Les collections d’art, les objets artisanaux ça me connaît, mais jamais vu ça. Je lui ai dit d’aller se faire voir avec tout son fric. Je n’ai pas envie de chercher une anguille dans un océan. 

— Elle est venue par la mer ? 

— Affirmatif capitaine, elle était à bord de la Vipère. Ça lui irait bien comme nom à elle aussi si tu veux mon avis. Une tête de fouine cette Angelica. Tu pourrais peut-être la trouver pour obtenir plus d’infos sur ce que tu cherches.

— Et on la trouve où ?

— À l'auberge des Trois Fers à Cheval, celle des chasseurs de prime. Elle n’est pas folle la fille. Qui irait la chercher là-bas ? Tu devrais te méfier, ça sent la merde à plein nez cette histoire.

Si même le maître des voleurs refusait cette quête, ils avaient du souci à se faire.


25/05/2025

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