Loading...
Link copied
Loading...
Loading...
Mark all as read
You have no notification
Original
Fanfiction
Trending tags

Log In

or
@
TsukiYumi
Share the book

One-Shot

¯Un Petit démon qui se balançait.

Le Chien Divin l’exorcisa.

Deux petits démons qui se balancèrent.

Le Chien Divin les exorcisa.¯

Une voix guillerette s’élevait dans un quartier de Tokyo.

La comptine semblait survenir aux alentours d’un cul-de-sac mais, en réalité, une fois la barrière occulte passée, un gigantesque escalier bordé par une forêt primaire prônait sur le versant d’une montagne.

Entre les Torii se dressant au-dessus de l’escalier, une jeune fille chantait en décomptant les démons qu’occise le Dieu Chien jusqu’à dix, puis revenait à un, tout en grimpant les marches deux par deux. Elle était animée par son souhait de voir ses amis après sa longue absence.

Quand elle vit la fin de l’interminable montée se profiler devant elle, les paroles se meuvent en simple mélodie et, quand le dernier Torii fut atteint, un silence s’en suivit.

L’arrivante regarda l’école d’exorcisme qui semblait la défier. Elle sourit en se remémorant les souvenirs qu’elle visualisait en ces murs. En ressas-sant, son envie de retrouver ses anciens camarades augmenta et, en regardant dans la cour, elle remarqua un élève inconnu au bataillon.

Elle s’approcha de lui tout en fredonnant un autre air. Quand il se retourna en l’entendant, elle porta sa main enveloppée dans sa manche beaucoup trop longue à sa bouche en taisant son aria.

-  Bonjour, commença-t-elle en semblant confuse. Je suis Tsuki Yumeno. J’étais élève ici, mais j’ai dû partir. Et maintenant, je ne reconnais rien…

-  Bonjour ! Je suis Yuji Itadori ! C’est vrai que l’école a été reconstruite en partie !

°Oh ! Trop mignonne, avec ses manches trop longues !°

Derrière sa manche, un léger sourire s’afficha sur le visage de la dénommée Tsuki. Grâce à son énergie occulte, la mélodie qu’elle avait fredonnée lui avait permis de lire dans les pensées de celui qui écoutait l’aria.

-  Oh… Je vois… Est-ce que Maki et les autres sont là ?

-  Oui, je crois, lui répondit Yuji d’un air hésitant.

-  C’est vrai ? Tu peux m’aider ?

Le jeune Itadori accepta de l’aider alors que Tsuki triait les pensées de son interlocuteur. L’une de ses pensées lui parut intéressante pour commencer ses recherches.

°Je sais que Panda et Maki sont dans l’école et je viens de voir Toge à l’infirmerie.°

L’infirmerie… Tout en semblant imperturbable, la jeune femme se posait des questions du pourquoi du comment l’un de ses camarades, celui qu’elle estimait le plus important, s’était retrouvé à l’infirmerie. Elle voulut interpeler Yuji, mais un professeur l’appela, coupant court à leur discussion.

-  Ah. Pardon. Je reviens ! dit-il en la laissant dans la cour.

Il lui fit un geste de la main auquel elle répondit avant de regarder à nouveau les environs. Puis elle se déplaça le long du bâtiment, en prenant la direction de l’infirmerie d’après ses souvenirs.

Elle ressassait encore ses souvenirs dans cette école. Elle avait rencontré l’incarné et la Zenin avec le possesseur du don de l’Incantation. Elle n’était pas un membre du groupe à proprement parlé : elle n’avait été qu’un moyen pour l’Inumaki de communiquer grâce au sort résidant dans sa voix. Mais ses coéquipiers l’intégraient quand même.

Extatique de les revoir, surtout le jeune à la bouche tatoué, Yumeno accéléra le pas. Mais il y avait une ombre au tableau : Comment allait-elle être accueillie ? Avec joie ? Avec gêne ? Sans émotion ? Leur réaction lui faisait peur.

-  Pourquoi on doit être en permanence…

La voix baillant fit s’arrêter la jeune femme : de l’autre côté du mur de l’école se trouvait Panda et Maki, qui lui répondit que c’était comme ça, la dernière année.

En remarquant une porte d’entrée se profiler devant elle, Tsuki décida de marcher à la même vitesse qu’eux et de leur faire une surprise. Elle avança alors en épiant leur discussion. Puis elle les entendit parler d’une voix grave.

-  Apparemment, Toge est à l’infirmerie… commença Panda.

-  Oui… acquiesça sa camarade. Il paraît qu’il va mieux.

-  Mh… J’en sais rien… C’est quand même un traumatisme…

Un traumatisme ? La femme à l’extérieur de l’école se sentit mal en entendant cela, la suite de la conversation la happant.

-  Sérieux… Pourquoi Tsuki était encore absente…

-  C’est pas de sa faute. Sa voix n’était pas rétablie à 100%, fit remarquer l’ursidé, ça aurait pu être pire.

-  Toge avait besoin d’elle !

-  Certes, mais il y aurait eu autant de morts…

-  Mais Toge n’aurait pas perdu son bras !

La parole de la Zenin résonnant dans sa tête, Tsuki s’arrêta dans son élan. Sa respiration s’accéléra à chaque répétition. Pendant ce temps, ses deux équipiers passèrent la porte que Yumeno avait choisi pour sa surprise.

-  Au fait, se souvint l’incarné, Tsuki revient cette semaine, non ?

-  Ouais, j’ai entendu la nouvelle.

-  Il faut qu’on lui parle de l’état de Toge avant qu’elle le voie.

-  Hey ! s’écria Yuji qui arrivait derrière Tsuki. C’est bon, on peut aller chercher M… Ah ! Maki ! Panda !

-  Le Dieu Chien… est blessé ?

Les deux compères sursautèrent à l’énonciation de cette phrase. Ils savaient qui l’avait prononcé, car une seule personne appelait Inumaki comme ça, de par le jeu de mot simple entre son nom et Inukami. Ils tournèrent lentement la tête avant d’apercevoir une jeune femme figée sur place, de petites larmes perlant le long de ses joues.

Soudain, une mélodie grave se fit entendre. Avant de s’en rendre compte, les trois autres étudiants étaient aussi figés sur place et remarquèrent des feuilles de ginko tourner autour d’eux.

-  Attends ! tenta Panda. Calme-toi ! Tu ne dois pas pousser sur ta voix !

-  Le Dieu Chien s’est blessé… l’ignora Yumeno, à cause de moi…

-  N…. Non… balbutia Maki, L’ennemi était trop fort. Tu n’y es pour rien.

-  C’est pas…. ce que tu disais…

La manieuse de sabre grimaça en remarquant que la jeune femme l’avait entendue. L’aria funeste résonnait encore plus fort. Itadori, qui était à la hauteur de Tsuki, remarqua que le son ne sortait pas de sa bouche, mais plutôt de sa gorge.

L’ursidé tenta encore de la calmer, mais en vain, les feuilles de ginko devenant de plus en plus nombreux et masquant presque Tsuki. L’autre femme tenta aussi de l’apaiser, mais il était trop tard. Une tempête de ginko entoura la chanteuse et, en moins de trois secondes, elle disparut, la tempête s’évaporant petit à petit.

La mélodie continuant d’être jouée, les trois figés se regardèrent mutuellement. Maki soupira, brisant le silence.

-  Euh… s’interrogea Yuji, on peut m’expliquer ?

-  C’est vrai que tu la connais pas, se souvint Panda.

-  Tsuki fait partie du clan Yumeno qui est composé de gens de différentes familles non-exorcistes.

-  Comme tu l’as entendu, elle fredonne des mélodies pour activer son énergie occulte.

-  Elle a été choisie par son clan et celui de Toge pour être son garde du corps.

-  Son garde du corps ? interrogea Yuji.

-  Oui, grâce à sa mélodie fétiche, le rêve de la Lune, commença Maki, elle peut dresser une barrière entre lui et les autres personnes, amoindrissant les effets de l’incantation.

-  Attendez ! Vous voulez dire qu’il a déjà parlé d’autre chose que de nourriture ?

Panda acquiesça de la tête et, le chant se perdant dans l’air, bougea un peu son bras avant de reprendre.

-  Par contre, ses chants doivent être entendus pour marcher. C’est pour ça qu’au lieu de les fredonner avec la bouche, elle utilise seulement des cordes vocales faites d’énergie obscure. Comme ça, elle peut parler en même temps.

-  Wow… ça explique pourquoi le son sortait de son cou.

-  Exact, se libéra enfin Maki, le chant s’étant arrêté. Bon, il faut la retrouver avant qu’elle trouve Inumaki.

-  Elle a dû nous entendre parler de l’infirmerie.

-  Sérieux… soupira la jeune Zenin, Bon, espérons qu’on arrive pas tr…

-  Ne bougez plus.

A l’écoute de cet ordre, les trois camarades se raidirent comme des statues. A côté d’eux passa l’incantateur avant de leur faire un V avec ses doigts, remontant son col. La manieuse de sabre s’énerva contre lui alors qu’il partait.

Quelques instants plus tôt, dans le couloir de l’école, Toge errait sans véritable but, épuisé par sa visite médicale. Il n’avait plus de douleur causée par son bras amputé, mais il devait informer l’infirmière de son état.

Soudain, son corps se figea légèrement. Il avait instantanément reconnu l’aria de sa consœur. Les fenêtres du couloir étaient fermées, amoindrissant grandement le volume de la mélodie, et la pétrification ne marchait que très peu sur lui. Il s’était donc dépêché de se rendre là d’où venait le son. La vue de ses trois camarades figés le conforta dans l’idée qu’ELLE était de retour.

Il se souvint des blagues qu’il faisait souvent avec la jeune Yumeno à leurs compagnons de groupe et décida de réitérer l’expérience. Il avait donc attendu que les trois se défigèrent pour leur ordonner de ne pas bouger. Il partit retrouver la chanteuse après les avoir salués. Il avait une idée d’où elle pouvait se trouver.

Quand le chant appelé La paralysie du rêve se dissipa, une tempête de ginko fit apparition derrière un grand arbre, Tsuki réapparaissant en son sein. Quand les feuilles disparurent, la jeune femme tomba à genou, crachant du sang et luttant avec son col. Quand elle arriva enfin à l’ouvrir, deux vilaines cicatrices horizontales firent leur apparition, ainsi qu’un tatouage mirageant de formes géométriques.

Tsuki toucha frénétiquement sa gorge, vérifiant que les anciennes plaies ne s’étaient pas réouvertes, puis tenta de fredonner son air signature doucement pour calmer ses cordes vocales endolories.

Elle n’avait pas toujours eu l’appareil vocal amoindri comme à présent, mais un évènement survenu une année plus tôt avait changé la donne.

C’était peu après la rencontre du groupe. Ils formaient une bonne équipe. Peu importait leur stratégie, elle les soutenait du mieux qu’elle le pouvait avec ses symphonies. S’étant entrainée depuis son tendre âge à manipuler son énergie occulte grâce à sa voix, elle s’adaptait très bien, d’où sa nomination en tant que garde du corps de l’incantateur. Elle le portait en haute estime.

Elle l’avait rencontré quelques années plus tôt. Son père adoptif, un exorciste bourru et avare, avait accepté la proposition d’essai pour un garde du corps de la part de la famille aux ordres absolus. Etant de son âge, le choix avait été fixé sur elle, une autre raison plus intéressée derrière. Elle prit de suite son rôle très à cœur  et se lia rapidement d’amitié avec le jeune homme.

Un jour, une mission d’apparence ordinaire fut confiée au groupe d’étudiants : occire un démon invocateur qui sévissait non loin de l’école. Contrairement à d’habitude, elle ne lança pas le sort pour pouvoir communiquer télépathiquement. Elle aurait dû…

Le plan était simple : La Zenin et l’incarné attaqueraient l’ennemi pendant que Yumeno créerait une barrière englobant l’incantateur et le démon seulement. Ce passage allait intensifier l’ordre de silence qu’il lui donnerait. Le plan était trop simple…

Le début du combat se déroulait sans encombre, jusqu’au moment de donner le feu vert à l’ordonneur. Tsuki, entourée de sa propre barrière comme à l’accoutumé, remarqua au dernier moment un petit démon avec une gigantesque bouche dos à elle derrière Toge. Elle leva les yeux vers son invocateur et remarqua un démon oreille. Tout se bouscula dans sa tête, devinant les intentions de l’ennemi.

Elle avait deux choix : Soit faire comme le plan, mais risquer que son protégé soit aphone, soit modifier le plan, mais sauter dans l’inconnu. Elle choisit la seconde option dans un laps de temps très court.

Elle modifia légèrement son air pour agrandir sa propre barrière jusqu’au démon bouche au moment où Toge lança son silence. Le démon oreille entendit l’ordre et le démon bouche, à qui l’ordre de se taire n’avait pas marché car il était dans la barrière de Tsuki, répéta l’ordre dans la plus petite enceinte.

La jeune Yumeno s’effondra à terre, se tenant le cou. Elle s’efforçait de crier, mais rien ne sortit. Plus aucun son ne fut émis, ni par sa bouche, ni par ses cordes vocales. Rien. Tout ce qu’elle sentit fut une énorme pression sur sa gorge, comme si l’Eléphant de plénitude s’était abattu sur son larynx.

Les larmes roulaient sur ses joues, son corps tremblant de peur et de douleur. Elle entendit Panda et Maki l’appeler, affolés, et Toge apparut devant elle, ne comprenant pas la situation. N’entendant plus son aria, il ne prononça guère mot mais ses yeux cherchaient des réponses.

Péniblement, Tsuki désigna le petit démon responsable de son état. L’Inumaki comprit de suite, mais malgré la colère qui se lisait sur son visage, il ordonna à ses coéquipiers de battre en retraite. L’ennemi, lui, s’enfuit, non sans être aphone.

Une fois à l’hôpital, le verdict tomba : l’ordre amplifié de Toge avait broyé les cordes vocales de Tsuki, autant celles d’énergie occulte que celles de la parole, en comprimant violemment sa gorge. Malgré ce constat, Tsuki souriait en écrivant sur un morceau de papier qu’elle était heureuse d’avoir rempli son devoir de protectrice et sa mission d’exor-ciste. Elle ne le vit pas, mais le jeune incantateur serrait les poings quand il lut ça.

Les médecins attendirent des mois que sa gorge se détende un peu avant d’implanter de nouvelles cordes vocales. Pendant ces mois, le groupe se retrouvait dans la chambre de l’infirme pour parler des nouvelles de l’école. Tsuki discutait via papier, tout avec un sourire éclatant. Toge était moins enthousiaste, car il se sentait coupable de sa perte de voix, mais il ne lui montrait pas.

Quelques jours après l’implantation de cordes vocales, le groupe dit au revoir à l’occupante de la chambre après leur discussion et allait partir, dos au lit, puis il entendit un son.

-  A… de… main…

Sa voix était rocailleuse, mais elle avait réussi à prononcer des mots. Maki et Panda revinrent vers elle, extatique de l’entendre. Inumaki, lui, se retourna, serrant les poings, et la regarda de loin, puis il était parti après quelques minutes, à la surprise des autres et ne revint plus voir la blessée. Elle ne savait pas pourquoi cette absence soudaine, les autres ne voulant pas lui dire la raison.

Sa voix allait de mieux en mieux pendant les mois suivants, mais celles d’énergie obscure mettaient plus de temps à se remettre. Maki et Panda lui rendirent visite souvent et lui racontaient les missions qui leur étaient données. Tsuki se sentait triste de ne pas voir l’incantateur et peu importe ses questions, ses anciens coéquipiers ne lui lâchaient pas d’informations.

Quand elle put à nouveau chanter, quelques jours après Halloween, elle avait été déplacée d’institution. Son équipe n’était pas passé la voir avant son départ. Elle n’en avait aucune nouvelle d’ailleurs, depuis Halloween. Elle passa quelques mois dans un pays étranger pour affiner sa voix. Quand elle était revenue, sa voix allait mieux, mais il ne fallait pas qu’elle tire sur ses nouvelles cordes vocales.

Cordes vocales qui étaient en train de souffrir le martyr. L’évasion du rêve était une de ses techniques qui demandait le plus de concentration et de contrôle. Sa gorge n’était pas encore rétablie à 100 %, donc avec les mélodies qu’elle avait fredonnées avant et le temps de la technique, son organe vocal arrivait à sa rupture.

Elle avait senti ses cicatrices tirer sur la peau, comme si elles se déchi-raient, et avait été soulagé quand elle constatât que ses plaies étaient toujours fermées. Le rêve de la Lune se joua doucement dans sa gorge, détendant son larynx, alors qu’elle était encore en train de cracher son propre sang.

Le sang se mélangea bientôt avec des larmes coulant du visage de la jeune femme, anéantie. Mais aussi en colère. Une colère contre elle-même, de ne pas avoir été là pour protéger l’Inumaki.

Soudain, Tsuki sentit un objet se poser sur son épaule gauche et regarda dans sa direction. Elle vit une bouteille de sirop pour la gorge se balançant de droite à gauche.

-  Bois.

C’était un ordre de Toge, mais la barrière se dressant toujours autour de la jeune chanteuse grâce à la mélodie fredonnée, l’injonction ne faisait pas effet. Mais Tsuki prit quand même le médicament. Elle n’avait pas tourné la tête vers l’incantateur, s’asseyant contre l’arbre, but le contenu et ramena ses genoux à sa poitrine, passant ses bras autour et posant sa tête dessus. Le sirop apaisa un peu sa gorge.

Son regard se fixa sur le sol alors que Toge s’assit à côté d’elle. Enfin, elle voulait fixer le sol, mais elle ne pouvait s’empêcher de dévisager l’absence de bras du jeune homme qui se trouvait à côté d’elle. Les larmes qu’elle avait réussi à calmer lui remontèrent aux yeux. Elle les essuya vite fait, pendant que le garçon lui caressait la tête.

-  Tu n’y es pour rien.

-  Mais… balbutia Tsuki. A cause de moi, vous…

La jeune Yumeno toucha le moignon de son protégé, la culpabilité se lisant sur son visage. Les yeux embrumés de larmes, elle se confondit en excuses ; « Désolée de ne pas avoir été là », « Désolée de vous avoir laissé vous blesser », « Désolée d’avoir rompu notre pacte » et bien d’autres désolés. Toge resta silencieux devant ses paroles, puis prit délicatement la main de la jeune femme dans la sienne.

-  Tu n’y es pour rien, répéta-t-il d’un ton sérieux. Et puis… Tu as été blessée à cause de moi en premier…

Il descendit son regard sur les cicatrices qui trônait autour du tatouage de la jeune chanteuse et se mordit la lèvre inférieure. Il s’en voulait horriblement. Même entendre l’aria joué en ce moment même était une torture pour lui. Sa voix n’était plus la même et il savait qu’il n’allait plus jamais l’entendre. Depuis ce fameux jour, il n’avait eu de cesse de ressasser la catastrophe.

Qu’avait-il fait pour être mis sur le devant de la scène ? Il savait que sa protectrice le portait en haute estime, mais de là à perdre le seul moyen qu’elle a pour le protéger, c’était invraisemblable. Il était juste né dans la famille d’incantateurs.

La jeune exorciste réussit à se calmer progressivement et planta enfin ses yeux vert émeraude sur le visage de jeune homme. Elle fut surprise de la réaction de Toge et ferma son col d’uniforme. Il l’interrompit en posant sa main sur la sienne.

-  Au fait, depuis quand tu me vouvoies ? sourit-il en coin.

-  Je… Je pensais que v… enfin, tu ne voulais plus…

-  Pourquoi ça ?

Inumaki souriait en prononçant cette phrase et lui essuya les larmes qui avait cessé. A ce moment-là, Tsuki se sentait perdue, mais en même temps tellement soulagée de cette réaction. Elle sauta dans les bras, ou plutôt le bras, de Toge en fondant définitivement en larmes. Mais c’étaient des larmes de joie de le revoir.

Elle tremblait comme une feuille alors que lui caressait ses longs cheveux couleur caramel pour calmer ses tremblements, après un moment d’hésitation. En avait-il le droit ? Il se résolut en entendant la mélodie qui vacillait de plus en plus, car la jeune Yumeno n’arrivait plus à dissocier ses cordes vocales normales à celles d’énergie obscure. Inumaki se tut, ne voulant pas faire d’impair comme une année plus tôt, et se montra là pour elle.

Ce moment dura un temps, rythmé par les pleurs et la symphonie cassée. Néanmoins, c’était leur moment de retrouvailles, donc l’environ-nement autour d’eux ne comptait pas. Il n’y avait qu’eux sous l’arbre qui leur servait de refuge.

Quand elle se calma, Tsuki se retira rapidement du torse du garçon, s’excusant de cet écart. Avant, on lui avait appris à être toujours très protocolaire, professionnelle presque. Donc qu’elle fonde en larmes en présence de son protégé était pour elle une insulte envers lui.

Toge, lui, se montrait rassuré de la voir aussi vulnérable. Même quand les médecins lui avouèrent qu’ils ne savaient pas si sa voix allait revenir, elle avait balayé cette incertitude avec un grand sourire, mais une fois seule dans la chambre d’hôpital, elle avait pleuré à chaudes larmes dans un mutisme forcé. Le jeune homme le savait, car il avait eu vent de cet acte.

Le fredonnement se calma et les deux étudiants se regardèrent un moment avant que Tsuki baisse la tête. Le jeune homme lui parla du Drame de Shibuya et de la Traque meurtrière. Yumeno découvrit alors l’horreur de ce qu’il s’était passé alors qu’elle était soit à l’hôpital soit dans un pays étranger. Elle eut un rictus mal à l’aise en se disant qu’elle aurait pu être là. L’incantateur le remarqua en soupirant et frotta sa main sur ses cheveux. Sa coéquipière râla un peu avant de sourire en coin et le regarda à nouveau, une étincelle de malice brillant à nouveau dans ses yeux.

-  Toge, l’interpela-t-elle enfin par son prénom, Maki m’a raconté que tu étais plus protecteur avec les nouveaux. Tu… voulais pas que ce qui m’est arrivé arrive à d’autres ?

La question surprit le jeune homme et il dévia le regard. Amusée par ce comportement, elle commença à raconter le récit que lui avait fait la manieuse de sabres qui se passait peu de temps après l’hospitalisation, avec un certain Yuta. Le jeune incantateur lui fit un geste pour qu’elle se taise en soupirant. Il avait envie de se cacher.

-  Ouais, c’est vrai que ton accident m’a un peu traumatisé…

-  Oh… Désolée…. d’avoir pris cette décision seule… Mais c’était dans le feu de l’action et j’avais pas le ch…

Un doigt se posa sur ses lèvres, ce qui l’étonna, et elle reporta son regard sur le visage du jeune homme. Celui-ci lui sourit en lui disant que c’était sa décision et qu’il n’avait rien à redire. Tsuki sourit un peu gênée en retirant son doigt et caressa ses cheveux.

-  Cette coupe te va bien, tenta-t-elle de détourner la conversation.

-  Merci. Je vois que tu m’as écouté pour ton col.

En prononçant cette phrase, il toucha le col de la jeune Yumeno dont, même ouvert, on pouvait deviner qu’il était serré autour de son cou une fois fermé. Les joues rougies, elle se releva en balbutiant qu’elle avait été forcée par son clan. Son protégé se leva aussi et la regarda, le sourire amusé aux lèvres.

-  Au fait, comment tu m’as retrouvée ? questionna Tsuki.

-  Attends… Tu pensais que je n’allais pas te retrouver, alors qu’on a un endroit de rassemblement ?

-  Mh… se convainquit-elle. Bah, de toutes façons, je voulais te revoir…

La jeune Yumeno regarda les yeux violets du jeune homme et posa la main sur son torse. Avant les deux étudiants se retrouvaient toujours sous cet arbre si des évènements les séparaient. C’était une longue séparation, mais Tsuki s’était rendue inconsciemment sous cet arbre en espérant y trouver son Dieu Chien.

Mais une question persistait dans son esprit : Pourquoi avait-il cessé de venir à l’hôpital ? Même la réponse pouvait paraître logique, elle avait besoin de l’entendre de sa bouche. Alors qu’elle allait l’interroger, elle sentit un trouble dans son aria : des gens étaient entré dans la barrière qu’elle avait étendu en plus dans un vaste périmètre autour de l’arbre.

-  Je crois que les autres sont arrivés, conclut-elle en retirant sa main. On continuera cette discussion plus tard.

Toge voulut lui demander de quoi elle parlait mais, en effet, Maki, Panda et Yuji arrivèrent sous l’arbre. La manieuse d’armes les engueula bien lourdement, pour être partis en les paralysant, mais sourit en souhaitant le bon retour à la jeune Yumeno. L’incarné fit de même pendant que l’Itadori demanda encore et encore à l’incantateur de parler, impressionné par la technique de la chanteuse.

La symphonie du Rêve de la Lune se joua alors que Tsuki riait de bon cœur et leur sourit, ayant une larme de joie aux coins des yeux.

-  Je suis rentrée.

Elle aurait aimé que la conversation avec son protégé devienne plus intime, mais l’intervention de ses amis ne la dérangeait pas. Après tout, l’année venait de commencer à l’école d’exorcisme de Tokyo. Elle aura tout le temps de lui parler de ses ressentis envers lui.

Comment this paragraph

Comment

No comment yet