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prologue ✧✦

lıllılı.ıllı.ılılıılıı.lllııılı
now playing ▸[fever - dua lipa, angèle] 💿
─•──────────────── 𖦤

***

Ce regard couleur de miel, une sortie de route, une fièvre qui s'abat sans présage. Un destin réglé depuis longtemps, une série d'étapes précises, rien de plus simple. Je ne croyais pas aux malédictions avant, mais plus j'avance, plus ma condamnation est inévitable. Ce diamant indestructible va me détruire, il le fait déjà.

Le cœur, comme un poids, lui qui m'a toujours fait défaut, causera bientôt ma mort, j'en suis sûre. La gorge nouée, je n'avais pas réussi à articuler plus d'une phrase, à te donner plus qu'un sourire quand j'ai vu tes yeux, ton sourire, ce jour-là. Mais aucun mot, je le crois n'aurait été suffisant. Qu'aurais-je pu faire de plus ?

Je me remémorerai certainement ce moment toute ma vie.

- Salut t'es nouvelle ?

Les secondes se distillaient dans ses iris, je m'y étais perdue comme si mon avenir s'y cachait. J'avais dégluti, les mots, ma meilleure arme comme émoussée.

- On est tous nouveaux en un sens, on est en première année.

Un sourire, juste un, je pensais que ça suffirait, ça suffisait toujours.

- Ouais c'est vrai... moi c'est Paul, au fait.

Ses yeux avaient quitté les miens, déjà. Il m'avait donné un coup d'épaule, comme si j'étais déjà catégorisé, sans intérêt. Il n'y avait pas que mon corps qui avait été marqué par ce geste. Mon prénom me semblait soudain faux, pas assez bien pour le convaincre de me regarder à nouveau.

- Rebecca.

Son hochement de tête nonchalant avait laissé une trace en moi, comme son sourire. Il ne m'avait pas donner le droit à plus, comme si je n'avais pas été à la hauteur, déjà, ses yeux parcourant son cahier, apparemment plus intéressant que moi.

Pourtant, ses iris inchangés sont là, enfin, je me complais à me dire que je n'ai vécu que pour ce moment, que pour le retrouver. Alors que je pensais que ce soir ne serait qu'une note de plus, qu'une page dans mon carnet.

- Bonsoir.

« Toi. » La transparence de ma présence était-elle donc enfin levée ? Pas de sourire, plus jamais, hors de question d'échouer à nouveau.

- Bonsoir, Paul, belle soirée hein ?

Il semble réaliser enfin que je ne suis pas juste un tableau de plus dans cette galerie privilégiée. Comme s'il ne m'avait jamais regardé.

- Ce n'est pas vraiment le terme que j'emploierai, et toi, comment se passe ta soirée ?

La musique se transforme en un bruit sourd, le son de sa voix bien plus captivant, bien plus intéressant. Mon masque d'impassibilité vacille une seconde à peine.

- Un ennui mortel, je dirais.

Il ne s'attendait pas à ça, à moi. Pourtant j'ai toujours été la même. Il ne m'avait jamais parlé depuis notre rentrée en première année, notre premier regard, depuis que mon sourire ne lui avait pas suffi pour m'accorder plus que son prénom.

- Tu as l'air différente. Tu sais...

« Oui, je sais de quoi tu parles. » Le nom de Cherry est sur toutes les lèvres, dans tous les murmures ce soir. Une tragédie, terrible. Très peu pour moi.

- Je suis juste moi. Je ne vais pas pleurer une camarade que je connaissais même pas.

Il lève un sourcil étonné. Allons, je suis au delà de ces faux-culs qui pleurent juste parce qu'une lycéenne est morte mystérieusement.

- Ça fait du bien de parler avec quelqu'un de normal.

Normal ? Moi ? On m'en a donné des qualificatifs, glaciale, méchante, snob, bonne, mais normale ?

- Tu te trompes, je ne suis pas ce genre de personne.

- Ce n'était pas négatif, c'est juste que... tout le monde est si obsédé par cette histoire.

Cherry, oui. Les faits divers c'est... très divertissant.

- On dirait presque que tu te sens coupable.

Il tique, j'ai touché un point sensible, je le sais très bien. Il me dévisage comme si je l'avais insulté.

- Tu ne sais rien.

Mais je soutiens son regard, baissez les yeux ? Et puis quoi encore ?

- Je sais. Halloween.

Il déglutit et sa lèvre tremble presque. Wow, il est si préoccupé par cette histoire ? Il se penche vers moi, j'en serais presque honorée.

- Tu...

Mais je le coupe, ses mots trop lents pour moi, c'est moi qui m'approche de lui maintenant, ma voix plus basse.

- Je dirais rien. Tes histoires ne m'intéressent pas.

Ses doigts se perdent dans ses boucles brunes parfaites, brièvement.

- Personne ne le sait et je préfère que ça reste comme ça.

Je détache mon regard de ses mains. Pas maintenant. Je ne dois pas le regarder, pas comme ça. Jamais.

- Je sais me taire, même si on est pas amis. Je n'aime pas les ragots.

C'est faux, c'est pas pour ça que je garde cette soirée pour moi. J'ai mes secrets, moi aussi, sur cette soirée d'Halloween. Trop de secrets. Trop à perdre. Déjà une semaine.

- Je ne m'attends pas à ce que tu sois mon amie, mais j'aime ta franchise.

Un compliment ? La vérité est un fardeau, le mensonge c'est tellement plus facile, surtout pour soi-même, surtout pour moi.

- Je parle, quand il le faut.

Mais son regard change, ses épaules se détendent.

- Tu as beaucoup changé depuis...

Ridicule. N'importe quoi.

- Non, j'ai toujours été la même, mais tu étais trop occupé à être toi, sûrement.

Je suis fière de moi, je l'ai remis à sa place et il sait que j'ai raison. Je maîtrise cette conversation bien plus que je ne l'aurais l'espérais, comme si j'avais répété cette scène.

« Qu'est-ce que tu vas répondre à ça, hein ? »

- Tu sors avec quelqu'un ?

Pardon ? J'ai bien entendu ? C'est bien joué, je l'avoue, j'ai failli rire. Heureusement, mon cerveau rattrape assez vite mon cœur qui avait manqué de tomber. La proximité qu'il met entre nous ne m'aide pas, mais je suis plus forte que ça. Paul est très populaire - dans le sens charnel du terme -. Il doit faire cela avec toutes les filles qui ne se sont pas encore laissées séduire par sa peau - qui a l'air si douce... Je reste droite.

- À ton avis ?

Je touche le mur derrière moi, comme pour me raccrocher à la réalité, je ne baisserais pas les yeux, non, même face à son sourire.

- Je dirais que non.

Je compte les centimètres qui nous séparent et ils sont trop enivrants. « Toi, ici. » Je me reprends, je ne peux pas perdre pied, pas maintenant, jamais, mais je ne veux pas reculer, pas tout de suite.

- Tu devrais bien te tenir. Nos parents sont juste à côté.

Il sourit, je joue avec le feu et il le sait. Son sourire me fait frissonner, mais c'est hors de question, je ne lui céderais pas, mais je n'arrive plus à bouger. Les mots me manquent, quand sa peau douce stop mon cœur, d'un coup. Sa main sur ma joue, un geste calculé, évidemment, je le sais. Il joue son rôle parfaitement, mais je ne veux pas suivre le script.

- Je ne veux pas faire partie de ton catalogue, Paul.

Ma voix est tranchante, presque froide. Ma main rencontre le tissu de sa chemise parfaitement repassée, parfaitement ajustée à ses mensurations parfaites. J'ai besoin d'espace. J'étouffe. Il recule d'un pas à mon geste, mais son sourire s'agrandit.

- Et si j'étais intéressé par celle qui vient de me dire non ?

Mon Dieu. Non. Non. C'est trop. Il se prend pour qui sérieux ? Je me dégage de cette proximité étouffante, le poussant doucement. Pas un mot, pas un regard, j'ai déjà disparu dans la foule.

Ma maison me semble soudain bien plus confortable que cette soirée. « Je ne peux pas croire qu'il soit aussi beau. » Putain, mais qu'est-ce que je raconte ? Il a été repoussant avec sa suffisance, son sourire, sa mâchoire...

Je prends une grande inspiration avec un verre de whisky, discrètement.

« Non. Non. Je dois t'oublier. »

Mais il m'a regardé... tu m'as regardé, tu m'as vu... enfin.


Bienvenue dans Adamas 💎

.𖥔 ݁ ˖ ✦ ‧₊˚ ⋅

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