Vivre... Rester accroché à la réalité, par tous les moyens possibles. Il le faut, à tout prix, quel qu'en soit le coût.

*Cimetière des ANGOMA, KALANK* 

Le ciel d'un gris profond semblait chargé de colère et de chagrin. Une humidité pesante imprégnait l'air tandis qu'un vent violent balayait les feuilles mortes, agitant les arbres dans une danse frénétique. Pourtant, malgré cette atmosphère troublante, personne ne détournait le regard du cercueil qui reposait au centre de la tombe. Il semblait lourd de secrets, empreint de vengeance. 

Le cri des corbeaux se mêlait aux sanglots des proches, exprimant tour à tour douleur, peur, ou même... soulagement. 

Les enterrements n'avaient jamais été des événements que j'affectionnais particulièrement. Pourtant, ce que j'aimais observer en ces instants, c'étaient les complots silencieux, les regards échangés, les gestes furtifs trahissant des vérités inavouées. C'était fascinant, presque amusant. 

Alors que le prêtre récitait une prière de bénédiction, la tombe se refermait lentement sous une pluie de terre. Comme une page que l'on tourne, une existence s'effaçait pour laisser place à une autre. 

Leonora ANGOMA était une jeune femme fascinante, pleine de surprises. Gentille, malicieuse, persévérante, elle savait obtenir ce qu'elle voulait. Mais certaines vérités avaient un prix bien trop lourd à payer. Morte à vingt-cinq ans dans des circonstances troubles, son décès faisait l'objet d'une enquête pour meurtre. Suicide ou assassinat ? Seul le temps nous apporterait une réponse. 

Les derniers invités quittèrent le cimetière, déposant des roses blanches sur la tombe avant de tourner les talons, laissant Leonora à son éternité solitaire. 

Je m'approchai à mon tour et, à travers le brouillard qui s'élevait, je déposai des roses noires à ses pieds. Puis, dans un murmure solennel, je lui fis une promesse 

— Je chérirai la vie que tu m'as confiée et l'utiliserai à bon escient pour te faire renaître de tes cendres.