Loading...
Link copied
Loading...
Loading...
Mark all as read
You have no notification
Original
Fanfiction
Trending tags

Log In

or
@
MarianneWitosz
Share the book

Chapitre 3 : Dans l’ombre des souvenirs

L'humidité. Mathilde détestait ça. “Grossière, agressive, irritante, elle s’insinue de partout.”, avait-t-elle essayé d’impressionner un jour Eden, qui s’était moqué de son manque d’originalité à citer Anakin Skywalker. Il était sans doute l’un des personnages préférés… Avec Itachi Uchiwa, Eren Jäger, et Sosuke Aizen. Elle les avait tous tatoués sur son bras gauche, d’une ligne discrète qui unissait la silhouette de ces anti-héros. 

- Si tu pouvais arrêter de mater mes tatouages, ça m’arrangerait pour me concentrer, s’il te plait., lui ordonna-t-elle en s’arrachant des bouts de peaux mortes sur ses lèvres. Comme d’habitude, elle saignerait… Mais pour la première fois depuis longtemps, quelqu’un lui tendrait un baume de protection. Cet homme, c’était Eden. 

Cet après-midi là, ils étaient assis autour de la table carrée de la salle à manger. Eden avait couché Jack, qui s’était endormi en moins de 5 minutes, comme d’habitude. Il était facile à vivre ce gosse, et cette façon d’être plaisait à Mathilde. 

Eden les regardait souvent avec tendresse. Mathilde et Jack prenaient leur petit-déjeuner côte à côte, la tante buvait son café en lisant l’actualité, pendant que le petit essayait d’attraper les feuilles du journal. Il restait ensuite des heures à colorier, peindre, coller des gommettes, faire des puzzle… Il ne s’ennuyait jamais, et ne pleurait que quand les chats montaient sur la table. 

Il mangeait tout ce que Noah lui préparait, et se reposait de 13 heures à 16 heures. Il grignotait un goûter uniquement composé de fruits, mais adorait les petites brioches au chocolat préparées maison. Puis, il partait se promener main dans la main avec son père. Lorsqu’il rentrait, il filait directement à la douche, se posait un moment sur le canapé, et buvait sans rechigner les veloutés de “tata”. 

Tata Mathilde qui, malgré la présence d’un hobbit dans sa maison, reconnaissait la chance qu’elle avait d’être la “tante” d’un gnome aussi mignon, qui ne faisait pas trop de bruit et ne lui vidait, par définition, pas toutes ses batteries sociales. 

Parce qu’elle en avait besoin d’énergie… Surtout avec ce temps maussade, désagréable et froid. Mais cette météo bancale et imprévisible ne les avait pas empêché de relire chaque mot du dossier, et d’établir une stratégie digne du braquage dans Heat. Mathilde adorait ce film, elle l’avait vu au moins 15 fois. Enfin : elle adorait Robert De Niro. 

Un italien habillé d’un smoking gris, coiffé avec les cheveux en arrière, une gueule d’ange (ou de démon : Mathilde et Eden n’avaient jamais réussi à trancher), et une désinvolture dans les paroles qui ont fait frémir jusqu’à Al Pacino.

- Dans mes souvenirs, t’étais pas aussi franche… Mais j’aime bien ce côté rebelle, il te va bien., s’exprima-t-il avec une pointe de mélancolie dans son regard, qui se perdit dans le vide. 

- Dans mes souvenirs, j’étais une étudiante en droit, première de la classe, asociale et anxieuse., reconnut-t-elle en enlevant ses lunettes. Elle ne voyait pas de près, plus de loin… Ses verres étaient tout le temps sales même si elle ne les touchait jamais. 

- Cet été-là fut le plus beau de ma vie., avoua-t-il en croisant les bras sur la table, pour poser sa tête dedans. 2 mois intemporels, indescriptibles et…

- Passé, Eden., trancha-t-elle en serrant fort le nœud de cravate qu’elle préparait pour lui. Elle se dévisagea devant le miroir du salon. Elle avait maigri de près de 8 kilos, et se trouvait pour la première fois de sa vie magnifique. L’élégance d’un paon avec un caractère de cochon. Un paradoxe à elle toute seule. 

Elle était cartésienne Mathilde, elle ne voulait pas se replonger dans cette période… Bien que chaque souvenir restait intact. Le soir de leur rencontre, il l’avait raccompagnée du bus jusqu’au bas de chez elle. Il lui avait confié l’adresse de sa maison de disques, pour qu’elle lui écrive. Une correspondance épistolaire : qui faisait ça de nos jours, surtout à 25 ans ? 

Ils s’étaient donné rendez-vous devant le Musée du Louvre, qu’ils avaient visité. Enfin… Ils s’étaient perdus, ils avaient flâné, ils s’étaient arrêtés pour boire du thé glacé. Ils étaient accros à cette boisson, au bubble tea qu’ils prenaient au goût de fruits de la passion pour elle, et au taro pour lui. Toujours agrémentés de perles de tapiocas. 

Ils s’étaient promenés dans le jardin des Tuileries, avaient mangé au restaurant Loulou, et s’étaient posés sur des chaises longues plus loin pour profiter d’un cinéma à ciel ouvert. Cette saison avait été hors du temps.

- Pourquoi tu veux pas qu’on en reparle ?, Il était vexé du comportement de la femme qu’il avait autrefois…

- Car je suis nostalgique de l’homme que t’étais à cette époque. Rebelle, insoumis, impénétrable., balança-t-elle ces vérités sans aucune pudeur. Tu te souviens de ce que tu m’as dit avant qu’on fasse l’amour pour la première fois ?, Étonnamment, Mathilde était à bout de souffle.

Oui, il s’en souvenait.

- Que je t’aimerai jamais, mais que j’aurais toujours de l’affection et du respect pour toi., murmura-t-il en baissant les yeux. Chaque forme du corps de Mathilde lui revenait en mémoire : son regard de panthère, ses lèvres pulpeuses, ses seins chauds et ronds, sa taille fine digne d’une héroïne de Hentaï, ses hanches qui feraient tourner la tête de plus d’un homme… 

- Je comprends pas comment tu es passé de moi à… une nana dénuée d’intelligence, qui ne doit pas savoir comment engager une conversation et surtout la tenir. Tu m’as déçu d’un point dans cette histoire., expulsa-t-elle avant d’être soumise à une quinte de toux grasse douloureuse. 

Il aurait voulu s’excuser, mais il ne voulait pas repartir du début. Trop compliqué, trop chronophage, il détestait relire des actes qu’il connaissait déjà.

- Je sais les conséquences qu’a eu ce communiqué sur ma famille, mes proches… Un choc, de la déception, une confusion., énuméra-t-il en dévorant sa tartine grillée au miel. Quand ça n'allait pas, il bouffait comme un fou, et ces derniers temps, il avait pris beaucoup de poids.

- Dans ta fanbase aussi… Mais bon, cette révélation aura eu au moins un mérite : faire fuir toutes tes groupies. Et pour remercier les vrais, tu devrais sortir ce putain d’album qu’on attend tous depuis 5 ans., compta-t-elle sur ses doigts. Organiser une tournée des zéniths aussi, maintenant que je peux me payer toutes les villes., lui arracha-t-elle le pot de nectar de fleurs, car il se l’enfilait à la petite cuillère. 

- Au risque de te décevoir encore une fois, y’a aucun son qui me plaît Mathilde., haussa-t-il les épaules en essayant de récupérer la production locale du Vercors où elle était née et où elle avait grandi.

- Tu peux arrêter d’être défaitiste depuis le début, s’il te plait ? Il est passé où le jeune homme arrogant, sûr de lui et grande gueule ?, le poussa-t-elle dans ses retranchements.

- Je suis réaliste Mathilde. À croire que tu retiens de nous que des moments d'amitié, de complicité, de soutien, d’instants plus intimes… Comme si tout ça allait aider pour le procès, toi qui est censée pas exprimer tes émotions. Agacé, il était. Même s’il commençait à comprendre où Mathilde voulait en venir. 

- Bats-toi Eden. Pour ta dignité, et celle de ton fils. L’avocate avait refait surface, et il était certain qu’elle avait son plan pour sa plaidoirie. T’en as pas marre de te laisser abattre par les manipulations de l’autre débile ? 

- Pendant que tu y es, dis aussi que je suis passif, et que j’ai aucun contrôle sur ma vie., rétorqua-t-il d’un ton sec. La moutarde commençait à… Non. Mathilde lui cassait les couilles. 

- Libère-toi de la culpabilité que tu portes. Cette rage, cette colère…, Oh non. Elle allait lui faire un discours digne de Maître Yoda. Vide ton sac, sors tout. Toute ta tristesse, toute ta peur. Tout ce que tu as dedans.

Il serra les poings. Une référence à Naruto. Sur ce coup-là, Mathilde n’avait fait preuve d’aucune originalité : dire que c’était lui qui lui avait fait découvrir les aventures de ce jeune ninja… Dont il n’appliquait plus aujourd’hui aucun précepte. 

- Comment tu penses que ça va se finir tout ça ?, essaya-t-il de s’informer en trifougnant un stylo et gribouillant des mandalas sur un carnet noir vierge de tout trait qui viendrait troubler l'équilibre de la page blanche.

- Par une plaidoirie, conclut-elle de la manière la plus naturelle et logique possible. Mathilde avait le sens des mots et de leur portée. On ne se refait pas. 

- Tu finis toujours tes chapitres comme ça ?, s’amusa-t-il à la charrier… Mais ses paroles n’avaient plus aucune influence sur elle. Elle était déjà partie dans ses pensées, dans ses discours, dans sa passion. 

Comment this paragraph

Comment

No comment yet