L’affaire du gymnase a déjà fait le tour du département, on en parle sur les chaînes locales et le journal du campus décrit l’événement de manière spectaculaire. Les staps sont énervés, ils ne pourront plus faire de sport pendant un moment. Jehan et Zénaïde s’en fichent, mais Léopold adore le sport, ils évitent d’en parler quand ils sont avec lui. Le groupe d’amis est encore dans leur appartement, Mehmed vient justement leur rendre visite, ils sont contents de le voir.
- Ah, voilà le médecin, rigole Léopold.
- Salut, ça fait un moment qu’on ne s’est pas vu, j’ai un peu de temps, c’est l’occasion.
Le jeune homme à la peau mate s’installe à table avec eux, Jehan amène des gâteaux pour le goûter.
- Ça m'embête que les cours soient annulés, dit Mehmed.
- Ça a seulement touché le gymnase en plus, ajoute la grisée.
L’étudiant d’origine égyptienne opine, Léopold à l’inverse comprend pourquoi tout le campus est fermé. L'incendie aurait pu toucher d'autres bâtiments, il faut surveiller.
- Après, je fais de l’alternance dans un hôpital, ça ne devrait pas être trop dérangeant.
- Espérons qu’ils rouvrent la bibliothèque, intervient Jehan.
Mehmed, Zénaïde et Jehan continuent leur discussion sur les cours, Léopold a envie de penser à autre chose. Le sportif blond n’est pas aussi érudit, mais ça ne l’empêche pas d’être ami avec eux.
- Je pensais à un truc.
Tous les regards se tournent vers Léopold, la jeune femme aux cheveux gris boit son jus d’orange de façon peu élégante avant de le poser sur la table.
- On t’écoute.
- Je vous avais pas dit, mais je vais faire une soirée chez moi.
L’historien à lunettes n’a pas l’air enchanté, il n’est pas du genre à aller aux fêtes. Il déteste ces ambiances de débauche, il préfère lire la bible dans son lit que d’y aller. Zénaïde insiste en tirant sur sa veste pour qu’il finisse par accepter.
- Allez, tu ne sors jamais.
- Toi non plus, assène Jehan.
- C’est quand la soirée ?
Mehmed annonce qu’il ne pourra pas venir, il a vraiment trop de travail, surtout s’il est en interne à l’hôpital. Les autres sont d’accord pour venir, même si le brun est un peu réticent, ça l’angoisse d’aller à ce genre de sorties. Il est tout le contraire de la majorité des personnes qui font ce genre de fêtes, il ne boit pas, ne fume pas, il a une vie très pieuse. Jehan regarde Mehmed pour espérer avoir sa compassion, il est musulman, il pourrait bien comprendre son dégoût des soirées.
- Tu fais ce que tu veux hein, conseille Mehmed.
- Tu verras, ça va être sympa, insiste Léopold.
Le jeune homme à lunettes finit par accepter l’invitation, il est assez vieux pour décider. Il n’a surtout pas confiance en les soirées de Léopold, il y a toujours des dérapages. Zénaïde lui avait raconté qu’un type avait fait caca dans sa piscine et un autre avait explosé les fauteuils gonflables.
- J'espère qu'il n'y aura pas de conneries cette fois, annonce Zénaïde.
- T'inquiète Huguette, je gère.
- Je ne m'appelle pas Huguette andouille.
Le brun aux yeux bleus n'est pas du tout confiant, il reste silencieux.
Jehan a la tête farcie, ses amis n'arrêtent pas de parler en permanence, à l'inverse de lui. Il lit dans sa chambre, il entend Zénaïde et Mehmed jouer aux cartes dans le salon.
- C'est quand que tu revois ta cousine ?
- Demain, je vais lui raconter les péripéties du gymnase. Ça brûlait autant que le procès des templiers.
- N'abuse pas, rigole Mehmed.
Il pose ses cartes et bat la jeune femme, elle râle, ses yeux verts sortent presque de leurs orbites :
- J'y étais presque, j'avais trois cartes.
- T'es juste nulle, bon je vais y aller, j'ai des révisions.
L'étudiant en médecine se lève puis reprend son manteau avant de quitter l'appartement des deux amis. Zénaïde range le jeu de cartes, c'est vide d'un coup, elle ne joue pas souvent avec Jehan, il est dans son coin. La jeune femme aux cheveux gris retourne dans sa chambre, elle se demande bien ce qu'elle va faire.
- Je devrais peut-être m'avancer dans mes cours avant demain.
C'est ce que fait son collègue historien, il est plongé dans ses livres, elle l'observe à travers l'embouchure de la porte. Jehan est fatigué, il retire ses lunettes pour se frotter les yeux.
- Tu travailles trop.
- Non justement, mon mémoire n'est pas assez avancé. Et aller à cette soirée ne va pas aider, se plaint Jehan.
- Roh, ce n'est qu'une soirée ça va, ta tête est tellement gonflée qu'on dirait un chou-fleur, repose-toi je ne sais pas, conseille Zénaïde.
Il soupire comme il a l'habitude de faire, il ferme l'encyclopédie qu'il est en train de lire, il abdique face à son amie.
- Ok je vais me reposer, on en parle demain.
Zénaïde repart en claquant la porte, le brun à lunettes sent ses oreilles siffler, elle ne changera jamais.
Le soleil brille, c'est une journée idéale pour faire des balades. Mais certains n'ont pas le temps pour ça, soit ils travaillent, Jehan fait partie de ceux-là. Ou bien, d'autres ont des rendez-vous médicaux, comme cette jeune femme, qui a rendez-vous chez le médecin car elle n'a pas fait ses rappels de vaccins. Elle avait oublié et ça fait des années qu'elle n'a pas été chez le docteur, ça permettra de faire un contrôle. Elle conduit jusqu'au cabinet du docteur Fouquet, c'est son nom. La femme entre dans le bâtiment, il y a plein de vieux dans la salle d'attente. Elle souffle et essaie de trouver une place, impossible. La blonde se contente de rester debout, elle ne doit pas avoir le problème le plus grave. Elle imagine un médecin vieux, à l'instar de la majorité de ses patients. Un homme entre dans la salle d'attente, elle pense d'abord que c'est un patient, mais au vu de sa longue blouse blanche, c'est un médecin.
- Madame Phébus.
C'est bien le médecin Fouquet, elle vient vers lui et le salue, c'est un homme d'un âge mûr, avec des lunettes. Il l'emmène dans son cabinet
- Entrez je vous prie.
Madame Phébus entre donc et s'assit en face de son bureau, il vient s'installer à son tour.
- Qu'est-ce qui vous amène ici ? demande l'homme.
Elle ne pensait pas qu'il serait aussi attirant, elle lui explique qu'elle doit faire ses vaccins.
- Montrez-moi votre carnet de santé.
- Tenez.
Le médecin prend le carnet pour le feuilleter, il remet ses lunettes sur son nez puis la regarde :
- Letizia, c'est un très joli prénom.
- Merci…
- Par contre, vous n'avez pas précisé pour les vaccins, je vais devoir faire une ordonnance pour que vous reveniez avec, dit le docteur Fouquet.
Elle opine, il tape sur son clavier assez vite et imprime l'ordonnance, Letizia est troublé par cet homme. Il a environ une quarantaine d'années.
- Vous n'avez pas d'autres problèmes particuliers ?
- Euh… je ne sais pas.
Il lui demande de s'installer sur le divan, ce que la blonde fait. C'est assez évident que le docteur va l'ausculter, elle se rend compte qu'elle n'a pas mis de soutien-gorge. L'homme à la blouse blanche se rapproche avec son stéthoscope, son cœur se met à battre plus vite.
- Ce serait mieux si vous souleviez votre pull.
- Je n'ai pas de soutien-gorge, docteur.
- Ce n'est pas grave, répond l'homme à lunettes.
Letizia retire donc son vêtement devant le médecin qui la fixe. Son corps réagit malgré elle, ses tétons pointent quand le stéthoscope froid passe entre ses seins. Fouquet le remarque bien et sourit, il reste stoïque, sauf quand elle commence à remuer. Ce n'est pas la première fois qu'il voit une femme nue dans son métier.
- Ce n'est pas trop froid ?
- Si, vos mains sont sûrement plus chaudes, lance Letizia sans réfléchir.
Elle devient rouge en se rendant compte de ce qu'elle vient de dire, le docteur se rapproche encore plus, son visage est au niveau du sien. La jeune femme le trouve vraiment beau, elle a l'impression qu'il va l'embrasser.
- Ça fait si longtemps que je n'ai pas vu de jeune femme dans mon cabinet.
- Ah je vous comprends, avec tous les vieux croûtons qu'il y a dans la salle d'attente, ajoute la blonde.
Elle n'a pas le temps de finir sa phrase qu'il l'embrasse sur les lèvres. Letizia est surprise, mais ça ne lui déplaît pas, bien au contraire. Ils continuent de s'embrasser, il a envie d'elle, tout simplement et c'est réciproque.
- J'ai envie de vous.
- Moi aussi monsieur.
Elle se relève, il lui prend le bras et lui murmure :
- Je veux vous baiser.
Après avoir fait ce qu'ils avaient à faire, Letizia se rhabille, puis se retourne vers lui, elle se blottit contre sa blouse blanche, il lui remet ses mèches blondes correctement.
- Vous reviendrez pour les vaccins.
- Oui, pas de problème…
Il sourit, ça lui a fait beaucoup de bien, elle se rhabille et il lui donne l'ordonnance.
- À bientôt, lui dit-il.
Pendant ce temps, à l’appartement de Jehan et de Zénaïde :
- Où sont les chocapics ? Jehan, tu sais où... ah j'ai trouvé.
Le jeune homme arrive dans la cuisine et regarde l'horloge orange au-dessus du plan de travail.
- Tu manges des chocapics à cette heure-là ?
- Oui, je dois rejoindre ma cousine au parc, je n'ai pas le temps. D'ailleurs, ça va mieux toi ?
Jehan ne comprend jamais sa logique, elle fait tout à l'envers, mais elle s'en sort quand même. Elle pourrait manger autre chose, sauf qu'elle a la flemme bien sûr. Et que Zénaïde aurait pu déjeuner avant, Jehan ne cherche pas plus loin.
- Oui je vais mieux. Tu as des informations sur l'université ? demande le brun.
- D'après Léopold, c'est un mec fumeur qui a déclenché l'incendie. Quelle surprise, dit Zénaïde avec ironie.
Jehan prend une pomme dans la corbeille, Zénaïde se demande bien ce qu'a fait sa cousine ce matin. Elle reste pensive, les bras croisés sur la table verte de la cuisine.
- Elle m'a dit qu'elle allait chez le médecin, j'ai pas tout suivi, le docteur Fougasse, Foulon ? J'ai oublié c'est pas grave. Je jouais à Mario Kart je n'étais pas concentrée.
- Tu n'es jamais concentrée non plus. Le nom du médecin me dit quelque chose, Mehmed avait travaillé avec lui je crois, ajoute le jeune homme à lunettes, pensif.
L'étudiante aux cheveux gris se lève pour se changer, elle laisse son ami dans la cuisine, il lit la bible que lui a donné son père. Zénaïde envoie un message à sa cousine pour la prévenir, elle est déjà au parc à l'attendre.
Après avoir vu moult patients d'un certain âge et des parents qui venaient consulter car leurs enfants avaient eu la gastro, le docteur Fouquet rentre enfin chez lui. L'homme à lunettes se remémore la matinée avec cette jeune femme, elle ne peut plus quitter son esprit. Il est habitué à voir des gens nus, c'est son travail, mais cette Letizia, il avait juste envie d'elle. Fouquet sort du cabinet et voit sa secrétaire à l'accueil, il la salue, sauf qu'elle vient vers lui.
- Votre femme m'a appelée, elle se demandait pourquoi vous n'étiez pas encore rentré.
- Ce n'est rien, une consultation a duré plus longtemps car un enfant ne voulait pas se faire ausculter, répond le brun.
- Je pensais plutôt à la consultation de ce matin, elle m'avait appelée à ce moment.
Elle le fixe, le quarantenaire ne sait pas trop quoi répondre, peut-être qu'elle sait tout. Il devait manger avec sa femme le midi, il a complètement oublié cet événement.
- Ah, de ce matin ? Je suis fatigué, j'ai dû oublier.
- Vous n'êtes pas si vieux quand même, si ? rigole la secrétaire.
Elle reprend un air sérieux et pointe le nom Phébus sur la liste des rendez-vous de patients. Fouquet essaie de paraître le plus neutre possible, il reste bien droit.
- C'était cette patiente que vous avez vu ce matin. Je vous rafraîchis la mémoire ?
Il la voit encore accroupie, en train de lui prodiguer une fellation, tout en s'accrochant à sa blouse blanche.
- Oui je m'en rappelle maintenant.
- Alzheimer n'est pas pour tout de suite j'espère, bon je vous laisse, votre femme va s'inquiéter encore plus !
- Merci Marine, à demain.
Il quitte enfin son cabinet pour rejoindre sa voiture, il voit sa secrétaire qui range son bureau, elle balance même un carton dans la pièce. À croire que c'est la jumelle de Zénaïde en termes de comportement. Ladite Marine vient juste de finir ses études pour devenir secrétaire médicale et elle est déjà très à l’aise dans le cabinet. Fouquet s’installe dans sa voiture puis souffle, il essaie d’oublier Letizia, il va revoir sa femme et faire comme si de rien n’était. Le médecin ne peut s’empêcher de culpabiliser.
- Ca ne se reproduira plus, je ne veux plus tromper ma femme, je l’aime.
Il arrive enfin chez lui, sa femme l’accueille, l’air inquiet. C'est une femme brune d'origine asiatique, elle rappelle à son mari :
- Sidoine, tu as oublié qu’on devait manger ensemble ce midi ?
- Je suis vraiment désolé, j’étais très occupé, se justifie-t-il.
Sidoine rentre enfin chez lui, il n’a même pas pensé à retirer sa blouse, il va prendre sa douche sans réfléchir. Le médecin a encore le parfum de la jeune femme sur lui, il est perturbé, elle était douce et belle. Sa femme l’est aussi, mais c’est différent avec cette patiente. Sidoine fait soin de bien s'enfermer dans la salle de bain, pour éviter d'être confronté à sa femme à nouveau.
- Sidoine ?
- Je vais prendre ma douche Juliette.
- D'accord mon chéri, je prépare le dîner, répond Juliette.
Il se regarde dans le miroir, il a encore les traces de rouge à lèvres de Letizia, sa femme n'a même pas remarqué. Personne n'a remarqué, c'est très discret, le médecin essaie de se rassurer. Sidoine ferme les yeux, il voit encore la jeune femme se dandiner sous ses caresses, ça ne lui est jamais arrivé depuis son mariage.
- C'est vraiment une situation étrange…
Le parc se vide peu à peu, les enfants chahuteurs quittent en hurlant, ils veulent rester sur les toboggans. Le soleil se couche, une brise soulève les quelques feuilles restantes au sol.
- Non Idriss, on rentre.
- Je veux pas, crie le petit.
Il continue de s'agripper au toboggan violet, une jeune femme observe la scène, banale dans ce parc. Elle tourne la tête à l'entente de pas sur la terre sèche. C'est Zénaïde, une glace à la menthe à la main, l'autre s'exclame les bras levés :
- Ah tiens, voilà le poivre.
- Salut tête de maïs.
Elle s'assoit près de sa cousine, elle inspire, prête à raconter l'incident du fameux gymnase :
- Letizia, j'ai un truc incroyable à te raconter.
- Ah moi aussi, ça tombe bien !
La grisée tend l'oreille, intéressée, elle la pointe du doigt de sa main libre, elle dit :
- Je te dis après, je mange ma glace.
- Tu ne vas pas en croire tes oreilles. Je suis allée chez le médecin, je t'avais déjà dit. Je m'attendais à voir un médecin vieux et antipathique, mais c'était le contraire.
Zénaïde mange sa glace sans réaction, une visite médicale classique, elle s'impatiente pour raconter sa journée. Letizia continue avant de replacer une de ses mèches blondes :
- Il m'a auscultée et après, tu n'aurais jamais imaginé ça, on s'est embrassé puis je l'ai sucé.
- HEIN ? crie Zénaïde.
Elle s'étouffe presque avec sa glace, elle tape sur sa poitrine pour faire passer l'aliment à la menthe. Ses yeux verts sont grands ouverts, c'est surréaliste.
- T'es sérieuse ? Et après ? Imagine s'il est marié ? J'ai failli étouffer là.
- Il m'a fait plaisir aussi hein, très gentil ce docteur. Je ne pense pas qu'il soit marié honnêtement, ajoute la blonde.
- Mais qu'est-ce que t'en sais, et c'est quoi ce médecin ? Il s'est cru dans un porno lui, hurle Zénaïde.
Elle chuchote à sa cousine d'arrêter de hurler dans tout le parc, l'historienne est choquée par sa confidence.
- Ça va, il avait envie et moi aussi, ce n'est pas grave. T'es aussi coincée que ton pote catho là.
- Non mais c'est pas ça le souci, imagine il a une famille, ça peut faire des problèmes non ? panique Zénaïde.
- Personne ne saura rien, ça sera entre lui et moi, il ne voit que des vieux à longueur de journée, ça a dû lui faire plaisir une petite jeune. Tu voulais me dire quoi sinon ?
La blonde sourit, satisfaite, sa cousine n'est pas du même avis.
- Le gymnase de l'université a cramé. Du coup, les cours sont annulés, alors les autres bâtiments du campus n'ont pas été touchés.
- Ça c'est plus grave tu vois, il y aurait pu y avoir des morts, relativise Letizia.
- Il n'y en a pas eu, enfin, je crois. Là on sait ce qui a cramé le gymnase, mais dans ton cas… Bref.
Letizia rigole et tape l'épaule de sa cousine en s'exclamant :
- Je t'ai connu plus drôle, je vais te laisser avec ta glace. Ne t'inquiète pas, il n'y aura pas de souci.
Elle repart confiante, à l'inverse de Zénaïde, elle fixe sa glace verte, elle devrait peut-être rentrer maintenant.
Quand elle rentre, Jehan est au téléphone, elle va dans sa chambre, elle écoute la conversation. C'est en haut parleur, avantage pour la grise.
- Pourquoi tu me demandes de t'aider pour l'organisation, je n'y connais rien aux soirées ! Demande à Zénaïde.
- Ça va être drôle, tu verras l'envers du décor. Tu pourrais te charger de trouver un DJ pour la soirée d'ailleurs ?
Le brun à lunettes souffle, il s'attendait à ça, il s'estime heureux, il n'aura pas à organiser directement. Pourquoi n'utilisent-ils pas leurs téléphones et des enceintes ? Il ne comprend pas la logique de Léopold des fois.
- Bon d'accord je ferai ça.
- T'es super Jehan, je peux toujours compter sur toi !
Tout le monde compte sur Jehan, il fait les devoirs de son frère, il aide Léopold, il a aidé plein de gens sans qu'on lui donne quelque chose en retour. C'était l'intello qui avait des bonnes notes, celui qu'on désignait pour aider les "nuls" en classe, ça le fatigue, mais il s'exécute. Ses parents lui ont toujours appris l'entraide et le partage, comme l'a fait Jésus Christ.
- Tu n'auras rien à payer, je connais le bar et le DJ. Je vais t'envoyer l'adresse par message, poursuit Léopold.
Il raccroche après l'avoir salué, Jehan est déjà fatigué de cette soirée, Zénaïde sort de sa chambre, le jeune homme à lunettes la remarque.
- Ah tu es revenue, tu as l'air bizarre…
- Non ça va bien, pourquoi tu me dis ça ?
- Tu es moins bavarde et tu dis moins de bêtises que d'habitude, suspecte Jehan.
Elle ouvre la bouche, aucun mot ne sort, elle ne peut pas lui dire. L'historienne aux cheveux gris ne peut pas dire à un catholique traditionaliste, que sa cousine a couché avec un médecin peut-être marié.
- Je suis juste fatiguée c'est pas grave.
- Il s'est passé un truc avec ta cousine ? insiste Jehan.
Zénaïde sent le regard bleu de Jehan la transpercer, elle va devoir lui dire, il est inquiet. Elle décide de mentir, elle a perdu sa glace en chemin, elle est un peu triste. C'est une excuse bidon, minable même, Jehan y croit malgré tout, il sait qu'elle adore la nourriture.
Jehan a un mauvais pressentiment, tout va de travers, le gymnase a brûlé, Zénaïde qui ne dit rien, il espère rien de grave. Il a le don de se casser la tête avec ses propres pensées et ça continue de plus en plus. Léopold n'est pas comme ça, il ne réfléchit jamais trop, il prend tout à la rigolade, même le deux qu'il a eu en histoire du sport. Le brun à lunettes reste à l'affût d'informations, un message du blond le sort de ses pensées.
- Voici l'adresse du bar, il vaut mieux que tu ailles dès ce soir, il m'a dit qu'il est dispo maintenant.
- Ok, ce sera fait.
L'historien veut être débarrassé de cette mission au plus vite, autant y aller le soir.