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Mlle_Saarah
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Chapitre 1

En plein cœur de Los Angeles, les rues sont animées par quelques fêtards qui déambulent, rires et conversations flottent dans l'air. L'horloge de l'épicerie de nuit, affiche les coups de vingt-trois heures. L'endroit est éclairé par des néons blafards, et dehors, on entend les voitures passer à toute vitesse sur le boulevard. Je slalome entre les rayons, attrapant deux bouteilles d'alcool que je glisse sous ma veste. Derrière moi, mes copines sont occupées à distraire le caissier en bavardant avec lui, ricanant bruyamment. Elles s'appuient contre le comptoir, l'air faussement innocents, en amadouant ce dernier. Je garde mes yeux rivés sur les caméras ainsi que sur l'issue de secours, calculant mentalement combien de secondes, il me reste avant que ça tourne mal. Lorsque je me rapproche vers la caisse pour prévenir mes amies, je sens le regard du caissier. Merde. Il a remarqué quelque chose. D'un coup d'œil discret, je vérifie sous ma veste et je vois l'une des bouteilles dépasser légèrement. Ses sourcils se froncent alors qu'il plisse les yeux vers moi, ses mains bougent lentement vers le téléphone. C'est foutu...

— ON BOUGE ! MAINTENANT ! Crie-je en m'orientant vers la sortie de secours qui débouche à l'abri des regards.

Nous entamons une course folle suivie par le caissier qui s'élance derrière nous, son téléphone en main. J'entends le caissier chuchoter quelque chose dans le combiné. Il appelle déjà les flics. Génial. On court à toute allure, les bouteilles en main. L'adrénaline monte en moi, et un rire nerveux m'échappe. Nous atteignons une ruelle se trouvant un peu plus loin que l'épicerie. Le cœur qui tambourine dans ma poitrine, je reprends mon souffle en regardant autour de moi pour m'assurer qu'on n'est pas suivies. Mes amies sont juste derrière, haletantes, mais tout aussi excitées.

— Putain, c'était moins une ! Lance Leah, essoufflée, en jetant un regard en arrière.

Je ris en débouchant l'une des bouteilles.

— Oh ne t'inquiète pas, ce n'est pas la première fois et puis on s'en sort toujours.

Je prends une longue gorgée, sentant l'alcool brûler le long de ma gorge. Une autre de mes copines, Brooke, applaudit avant de me prendre l'autre bouteille des mains pour l'ouvrir.

— Bravo, Iris ! Idée brillante. Encore une victoire.

— C'est toujours une victoire ! Je réponds avec un sourire en coin. Ne trainons pas, il est bientôt minuit, il faut que l'on rejoigne les gars à la fête.

On continue de courir, se faufilant au bout de la ruelle sombre, soudain, des gyrophares nous illuminent. Trois voitures de police nous encerclent. Nous sommes cernées...

— Merde, ce n'était pas prévu ça...

En claquant les portes du commissariat derrière moi, je fais ma sortie, la tête haute, suivie de près par mes parents. Leur colère me poursuit comme une ombre dans la nuit. Je sais ce qui m'attend : des reproches, encore et encore. Mais je m'en fiche. Je ne suis même plus vraiment là, pas avec eux en tout cas.

— Qu'est-ce qui t'a pris de voler, Iris ? Gronde mon père, la mâchoire serrée, incapable de contenir sa rage, derrière mon dos.

— Ne cherche pas, ce sont ses amis qui ont une mauvaise influence sur elle ! Réplique ma mère, l'air excédé, comme si tout était toujours si simple pour elle.

C'est toujours la faute des autres. Je serre les poings, en sentant ma colère se former en une chaleur brûlante. Ils ne comprennent rien, jamais rien. Ils me parlent, mais je ne les écoute pas. Je les ignore, les laissant crier dans le vide. Sans dire un mot, je me dirige vers la voiture et m'y glisse à l'arrière, claquant la portière comme si ça pouvait leur faire mal. Une fois installée, je mets mes écouteurs et lance ma musique. Je fixe la vitre, laissant les rues défiler. Mes parents continuent de s'engueuler à l'avant, leurs voix me parviennent comme un bourdonnement lointain.

— Elle est en train de foutre sa vie en l'air ! Elle sèche les cours, sort en douce, elle boit, elle fume.

Mon père ne lâche rien, il est furieux, et ma mère, exaspérée, ne cesse de lui répéter qu'il faut faire quelque chose, que je suis en train de glisser entre leurs doigts. Même si j'ai mes écouteurs, je ne monte jamais le volume à fond. C'est un secret que je garde pour moi, une sorte de punition silencieuse. Je fais semblant d'ignorer leurs cris, mais en réalité, j'écoute chaque mot, chaque reproche qui tombe. Leurs mots font mal. C'est comme ça que je me rends compte à quel point ils me jugent à quel point je suis incomprise. Entendre leur désespoir, leur colère, tout ça me détruit de l'intérieur. Pourtant, je continue d'écouter, parce qu'au fond, c'est ma façon de vérifier que je ressens encore quelque chose, même si c'est de la douleur.

La voiture s'arrête enfin devant la maison. Sans un mot, je sors rapidement, espérant me réfugier dans ma chambre à l'abri de leurs regards avant qu'ils n'aient le temps de me coincer. Mais mon père me barre la route.

— Iris, je veux des explications. Ça fait des semaines que tu sors en douce, que tu ne vas même plus en cours. Tu penses que je vais laisser passer ça ?

Je serre les poings et je sens encore cette chaleur qui émane de mes mains. Il croit toujours avoir le contrôle, comme si ses mots pouvaient changer quoi que ce soit.

— Elle ne pense qu'à sortir, à boire, à fumer avec ses copines, peste ma mère, au bord des larmes. Je ne peux plus supporter ça ! Fais quelque chose, Tom, je t'en supplie !

Impossible de me contenir plus longtemps, j'éclate tel un volcan en éruption.

— Je n'en ai rien à faire de ce que vous dites ! De toute façon, je ne suis même pas votre fille ! Je ne suis rien pour vous !

Les mots sortent sans que je puisse les retenir, et je me faufile entre eux avant qu'ils ne puissent réagir. Je monte les escaliers à toute vitesse, ignorant leurs regards incrédules, leur silence choqué. Une fois dans ma chambre, je claque la porte et la ferme à clé, comme si je pouvais les garder à distance, les enfermer dehors pour de bon. Je m'effondre sur mon lit, le souffle coupé par la colère et la tristesse qui m'étouffent. Les larmes me brûlent les joues, mais je ne sais même plus pourquoi je pleure. Est-ce la rage ? La peine ? Ou bien le fait de me sentir nulle part chez moi ? Tout se mélange, et je me sens sur le point d'exploser. Je serre mon coussin contre moi, essayant d'étouffer mes cris, mais ça ne sert à rien. Je suis seule, et cette solitude me dévore.

***

Durant la nuit, j'ouvre les yeux, mon cœur tambourinant dans ma poitrine. Des images cauchemardesques apparaissent dans mon esprit. Des ombres qui dansent autour de moi, un village en proie aux flammes, des gens courant et hurlant... L'angoisse m'attrape à la gorge. Je transpire, mes mains brûlantes. Pourquoi mes mains sont elles si chaudes ? Pourquoi ces cauchemars ? Que veulent dire ces images qui m'apparaissent comme des visions ? Je me redresse dans mon lit, tentant de calmer ma respiration. Après quelques minutes, je réussis à me calmer, prise par la fatigue, je m'endors à nouveau, espérant que ces cauchemars ne reviendront pas. Le lendemain matin, je me réveille au doux parfum du café fraîchement préparé par mon père, une odeur réconfortante qui m'invite à sortir de ma chambre. Je m'habille rapidement, l'esprit encore embrumé. En descendant les escaliers, j'écoute attentivement la discussion de mes parents.

— Tom, c'est une adolescente de seize ans, c'est ce qui arrive à cet âge, entends-je ma mère s'adressant à mon père.

— Ah bon ? Gaspiller sa jeunesse à cause de fréquentations douteuses ? C'est ça que font les adolescents ? Je pense qu'il est temps de lui annoncer cette nouvelle, rétorque mon père, le ton grave.

Une boule d'inquiétude me serre l'estomac. De quelle nouvelle sont-ils en train de parler ? Je descends lentement. Tout en évitant de croiser leurs regards, je me dirige vers le frigo et saisis une bouteille de jus d'orange. Mes parents adoptifs s'approchent, leurs yeux scrutant chacun de mes gestes.

— Bonjour Iris, nous avons quelque chose d'important à te dire concernant ton lycée, commence ma mère, hésitante.

— Attendez, vous avez reçu des nouvelles des établissements que j'ai sollicités ? Et vous ne m'en avez pas informé de tout l'été ?!

Mon père échange un regard avec ma mère avant de se tourner vers moi, le visage sérieux.

— Iris, je pense que tu devrais t'asseoir.

L'inquiétude monte dans ma poitrine. Je sens que quelque chose de grave se prépare, et l'angoisse qui m'a laissée tranquille durant la nuit refait surface. Pourquoi devrais-je m'asseoir ? Quelque chose ne va pas. Mon père fouille dans un tiroir et revient avec une enveloppe dorée qu'il me tend. Je remarque immédiatement le sceau argenté en forme de "S" qui la ferme. C'est un détail intrigant.

— Pendant tout l'été, nous n'avons reçu aucune lettre, le mois de septembre commence, et c'est la seule qui est arrivée.

Je saisis l'enveloppe entre mes doigts. Le papier est épais, presque luxueux. Je lève les yeux vers ma mère, qui m'observe avec une hésitation palpable.

— Nous l'avons reçue il y a un mois, m'explique-t-elle d'une voix douce. Nous ne voulions pas te la donner tant que nous n'avions pas d'autres retours, mais jusqu'à présent, c'est la seule qui t'est adressée, chérie.

Je reste figée, un choc intense me traverse. Le sceau de cette école ne fait pas partis des établissements que j'avais visés. Mes amies de Los Angeles et moi avions postulé ensemble pour intégrer les mêmes écoles, et je n'avais jamais entendu parler de celle-ci.

— Mais... je n'ai jamais postulé cette école, dis-je, abasourdie, tout en glissant mon doigt sous le sceau pour l'ouvrir.

Lorsque je soulève le rabat, une légère étincelle jaillit devant mes yeux, comme si quelque chose s'allumait dans l'air. Je sursaute, le cœur battant plus vite.

— Vous avez vu ces étincelles ?! M'exclamé-je, les yeux écarquillés, scrutant tour à tour mes parents.

— Quelles étincelles, chérie ? Répond ma mère en plissant les yeux, visiblement perplexe. Il n'y a rien eu.

— Mais si ! En ouvrant l'enveloppe, à l'instant, il y a eu des étincelles. Je ne suis pas folle !

Mon père éclate de rire en prenant une gorgée de sa tasse de café.

— Ça doit être l'émotion ou ton imagination qui te joue des tours, dit-il avec un sourire moqueur.

Je lève les yeux au ciel, agacée, mais je sais ce que j'ai vu. Je suis certaine d'avoir aperçu ces étincelles. Pourtant, je choisis de ne pas insister, je baisse les yeux et tire enfin la lettre de son enveloppe. Le papier est encore plus épais que l'enveloppe, d'un blanc éclatant. Je commence à lire à voix haute.

— Mademoiselle Iris Marshall, c'est avec une immense joie que je vous annonce votre admission à l'école Silverlake, le dix septembre à neuf heures tapantes.

Ma mère étouffe un cri et se tourne vers mon père, aussi surprise que moi.

— Mais le dix... c'est demain, dit-elle, presque sous le choc.

Je lève lentement les yeux vers eux, mon cœur battant la chamade. Demain ? Comment est-ce possible ? Pourquoi cette école ? Qui a envoyé ma candidature là-bas ? Et pourquoi ces étincelles sont-elles apparu en ouvrant l'enveloppe ? Je me sens perdue...


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