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Gaunt
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Vanille?

L'été, c'est reposant, surtout quand je ne suis pas à la maison et son bordel ambiant constant avec tous mes frères et sœurs qui hurlent avec ma mère et mon père qui semble insensible au bruit depuis bien longtemps. Après tout, comme dirait le docteur familial, vous avez le ventre rempli et on ne vous frappe pas, que demander de plus. Il avait pas entièrement tord notre toubib qui semblait décidé à mourir stéthoscope à la main.

Le matin, il ne fait pas encore trop chaud, alors la promenade de Guttalax, la montagne de bave, n'est pas si désagréable. Avant de charger ma tour d'ordinateur dans la valise, protégée par des serviettes, caleçons et quelques vêtements si jamais je devais me changer. Puis, direction la maison de Max en vélo. Arrivé à dix heures, comme la veille, sa mère est déjà en place sur son transat avec un autres magazines.

- Bonjour Isaac, j'ai fait le plein de glace vanille.

- Bonjour Madame, merci.

- Tu sais, il y a d'autres parfums que la vanille dans la vie.

- Oui, mais j'aime bien le goût.

- C'est pas grave.

Je n'avais absolument pas la référence à l'époque. Je montais la valise et installais notre repaire de geek. Je branchais mon ordinateur puis j'utilisais une table basse pour mon clavier et ma souris. Je branchai une manette sur l'ordi de Max. Connecter tout le bordel avec des câbles Ethernet. Et miraculeusement, on se retrouva connectés sur la même partie en LAN de Minecraft.

- On fait quoi du coup ?

- Euh, chez pas, on construit des trucs et on verra.

Et nous voilà partis, chacun sur notre écran dans la même pièce à jouer ensemble.

- Tu sais, Mathilde se serait tapé Eric dans les chiottes.

- C'est des conneries, à écouter tout les autres Mathilde se serait tapé tout le lycée.

- Sauf nous deux.

- On est trop bien pour les autres, que veux-tu.

- On est surtout incapables d'aborder une fille, ouais ! Ta sœur es toujours célibataire?

- Fais-toi plaisir, la dernière fois que je lui ai parlé remonte à je ne sais pas quand.

- Elle n'est pas littéralement dans la chambre à côté de chez toi ?

- Si, pourquoi ?

- Vous êtes trop chelous chez vous.

- T'as pas idée !

Après trois heures, plus de son, plus d'image chez Max, assommé par les médicaments que l'infirmière lui avait administrer. Je partis descendre chercher à manger. Sa mère était dans la cuisine sur son portable.

- Poulet curry ?

- Pourquoi pas, Madame.

Elle sortit deux plats, les glissa dans le micro-ondes et sortit deux bières avant qu'on aille sur la terrasse manger. Elle avait un autre maillot que la veille, vert et étonnamment très échancré.

- Alors, ça marche votre réseau LAN ?

- Oui, Madame, c'est pas compliqué, suffit de mettre les câbles dans les bons trous et normalement tout cause ensemble.

- Pourtant, à mon cours de réseaux, t'as rien compris au lycée.

- Oui, mais là, c'est une question de vie ou de mort. On n'allait pas rester comme deux cons à seulement pouvoir jouer à une GameCube plus vieille que le monde.

- La fin justifie les moyens.

- Exactement.

- En fait, il vous faut juste une motivation pour que vous utilisiez votre cerveau.

- C'est sûr que l'école, on a vu mieux comme motivation. Calculer des aires de triangles et dériver à la con, c'est pas très motivant.

- Du coup, mes cours sont à la con si je comprends bien ?

- Non, Madame, c'est pas ce que je voulais dire, c'est juste que c'est différent.

Je m'enfonçais dans mon siège, regrettant quelque peu mes paroles.

- Je rigole, je suis prof, seulement dans le lycée, et je t'assure que j'en pense pas moins du système d'éducation française. Mais ça serait bien que vous vous bougiez tous les deux, pour la suite, les études et tout.

- Des études pour galérer à trouver un boulot et finir au chômage ?

- T'as pas une vision très enjouée du travail, on dirait.

- Pas vraiment, non. À force de nous rabâcher au lycée que c'est la jungle et tout.

- C'est compréhensible et l'actu n'aide pas trop en effet, mais c'est pas partout comme ça.

- Sûrement, mais les jeux vidéo, ça permet de penser à rien.

- Bronzer aussi, tu devrais essayer vraiment, en lisant un livre par exemple.

- Je suis pas trop livre.

- Je parle pas de ceux de l'école, mais plus Dune, Le Sorceleur, Fondation, La Compagnie noire, des choses intéressantes.

- J'ai pas ça chez moi.

Elle but une gorgée de bière et se leva en prenant nos assiettes vides.

Elle revint quelques instants plus tard avec un pot de glace vanille et un livre qu'elle posa sur la table.

- T'es pas con, ça devrait te plaire même s'il y a des mathématiques dedans.

Je regardais la couverture : Fondation d'Isaac Asimov.

- On a le même prénom, c'est déjà ça, mais les maths, je suis pas sûr pour le coup.

- Essaye, je suis sûre que tu vas aimer.

Max ne semblait pas motivé à se réveiller. Alors, je pris quelques cuillerées de glace vanille avant d'aller ranger le pot pour pas qu'il ne fonde. Et je retournai sur la terrasse, prenant le livre avec des maths dedans.

- Pour bronzer, faut enlever son t-shirt.

- Je n'ai pas envie d'avoir un coup de soleil.

- J'ai de la crème solaire.

Je m'exécutai et pris le tube que je passai sur moi. Moi au soleil, et puis quoi encore, des vitamines D tant qu'on y est.

- Je vais t'en mettre dans le dos.

Je me laissai faire, et à ce moment, je me dis que c'était la première fois qu'une autre femme que ma mère me touchait et que la sensation était étonnamment agréable.

Je m'allongeai sur un transat et me mis à lire ce Fondation.

Un "tu fou, quoi? La forteresse ne va pas se construire tout seul" me fit sortir du livre. Bordel, c'est vachement bien ce truc. Mais le devoir m'appelait pour quatre les yeux rivés sur un écran.

- Alors ?

- Ça se laisse lire, on va dire.

Le soir approchant, je rentrai promener la fontaine à bave et je me rendis compte d'un truc auquel je n'avais pas pensé. Bordel, mon ordi est chez Max. Je fais quoi maintenant ? Même si je retourne là-bas, mon ordi sera quand même dans sa chambre où il dort. J'aurais dû prendre le livre. Il me restait mon téléphone, mais clairement, les réseaux sociaux, je m'en fous.

J'allai frapper à la porte de la chambre de ma grande sœur.

- Quoi ? hurla-t-elle par la porte.

- Ton vieil ordi portable, tu l'as encore ?

- Il est pété, il démarre plus.

- Je peux regarder ?

- Je l'ai foutu dans le garage, une sacoche bleue, je crois. Fais ce que tu veux avec.

Une discussion passionnée entre frère et sœur. Aller dans le garage revenait à faire un film Mission Impossible. C'était un bordel sans nom et là-dedans, je devais trouver une sacoche bleue. Trois tondeuses, des poussettes, des caisses éparpillées, un armoire, des lampes, des peluches, des sacs bleus vides. Plus par désespoir, j'ouvris une sacoche violette et miracle, l'ordi portable qui ne marche plus avec son câble d'alimentation, encore plus miraculeux.

Direction ma chambre avec ce PC qui devait avoir bien cinq ans. Je branchai le câble, appuyai sur le bouton, un gros bruit sourd, l'écran s'allume puis tout s'éteint. Je retournai la bête, soufflai car je n'avais pas pris de tournevis pour ouvrir le capos de protection. Je retournai au garage, je finis par trouver des tournevis, pas les bons bien sûr, y retournai et enfin c'était bon. J'ouvris la relique et bordel, il devait y avoir de quoi fabriquer un deuxième Guttalax le baveux dans le PC. Il me faudrait un temps monstrueux pour tout enlever, alors me vint l'idée la plus débile du monde : utiliser le souffleuse à feuilles de mes parents.

Au moment de l'allumer, un énorme nuage de poussière et de poils partit dans tous les sens, Guttalax le baveux me regardait d'un air innocent. Les ventilateurs du PC ne pouvaient même pas tourner.

Après avoir nettoyé le gros, je nettoyai les ventilos au coton-tige humide pour accrocher la poussière puis avec un tissu sec sur les caloducs de refroidissement encore encombrés de poussière. Je refermai le tout, appuyai sur le bouton démarrer et au miracle ça fonctionnait. J'avais la flemme de demander le mot de passe à ma sœur qui m'aurait envoyé bouler, opération remise en état paramètres d'usine sans flinguer le disque dur, si jamais elle voulait récupérer des trucs sur le PC. Et une heure après, j'avais un PC fonctionnel.

Je comprenais un peu ce que voulait dire la mère de Max avec la motivation, je venais de passer trois heures bille en tête pour avoir un PC. Mais me voilà connecté à internet, mes drives et bordel, le truc était rempli de porno. Pas sûr que je vais lui rendre les données dessus, ça risque d'être un peu étrange comme discussion. La curiosité me piqua et je fouillai sur l'ordi mais hormis des trucs de ses études, rien de bien transcendant et une armée de fanfictions porno sur une école de sorciers. Bref, ma grande sœur était tout aussi bizarre que moi mais n'en avait rien à foutre de la sécurité informatique, il semblerait. Elle avait un fichier mesmotdepasse avec tout dedans.

Normalement, Minecraft doit pouvoir tourner sur un PC patate comme on disait, je l'installai mais le serveur qu'on avait fait avec Max est sur un réseau local. Demain, fallait que je modifie ça.

Comme je disais si bien à l'époque, porno, dodo.

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