De : Charles
...

De : Moi
Il dit vrai ?

De : Charles
Peut-être bien princesse

De : Moi
Dis

De : Charles
Demain, 14h au parc

* * *

Je descends pour aller prendre le déjeuner avec ma famille.

- Lucie, on ne te voit plus trop en ce moment, dit ma mère.
- Je suis avec mes amis, réponds-je.
- C'est qui ? demande mon père.
- Y a Charles ! s'exclame mon petit frère.
- Oui, il y a aussi Mathieu, Noé, Liam, Juliette, etc.
- Et ils sont tous gentils avec toi ? interroge ma mère.
- Oui bien sûr. Sinon je ne resterais pas avec eux.
- Ça vous dit d'aller au zoo cette après-midi ? propose mon père.
- Euh... C'est-à-dire que... commencé-je.
- Tu as déjà quelque chose de prévu ? me coupe ma mère.
- Oui...
- Et quoi ?
- Je vais réviser avec Charles, on a un contrôle demain, dis-je sans réfléchir.

Je débarrasse et vais me préparer. Ensuite, je m'empare de mon portable que j'avais posé sur le meuble de l'entrée et pars au parc.

Arrivée à destination, je vais m'asseoir sur un banc au bord du lac. Charles arrive peu de temps après et vient se poser à côté de moi.

- Faut qu'on parle, dit-il.
- Je t'écoute, dis-je.
- Tu sais d'après ce qu'a dit Noé. Il dit vrai pour toi ?
- Je ne sais pas, je suis pas dans ta tête.

Il n'a pas le temps de dire quoi que ce soit, qu'un homme que je reconnais arrive vers nous, le regard rempli de haine.

- Charles Willer !
- P-papa ? bégaie-t-il.
- Qu'est-ce que tu fais avec elle ?!
- Rien. On parle des cours.
- Me prends pas pour un con.
- Je dis juste la vérité !
- Tu veux qu'il t'arrive la même chose qu'à moi ?!
- Non mais je ne referais pas ton erreur ! Je ne suis pas toi !
- C'était pas de ma faute !
- Si et je veux pas devenir comme toi ! hurle Charles en se levant.

Son père part en grognant.

- Désolé, chuchote-t-il. On en était où ?
- Ce qu'à dit Noé.
- Ah oui. Il dit vrai pour toi ?

Mon téléphone sonne. Je vois Chloé écrit dessus. Je décroche.

- Allô ? dis-je.
- Lucie ?
- Oui.
- J'ai besoin de te parler.
- Dis-moi.
- Non mais en face. On se retrouve au parc à dix-sept heures.
- Ok à toute !

Je raccroche. Qu'est-ce qu'elle a ? J'espère que ce n'est pas grave.

- C'était qui ? demande Charles.
- Chloé. Elle veut me parler. Elle vient au parc dans deux heures.

Il a l'air triste.

- Sinon, demain, on sèche ? dit-il.
- Tu me dis ça comme ça toi, ajouté-je en rigolant.
- Ah oui mais pour moi, c'est normal de sécher. Bon du coup, je retire ce que j'ai dit.

Il passe sa main dans ses cheveux et reprend.

- Donc, je suis venu non pour parler de demain mais pour parler de Noé. Il se pourrait bien qu'il dise vrai.
- Ah bon ? dis-je en souriant légèrement.
- Oui... Et toi ?
- Peut-être.

Il sourit après ma phrase. Puis je commence à rigoler.

- Désolée, c'est un rire nerveux. Cette situation est un peu malaisante.
- Alors, tu veux bien... ? commence-t-il, on ne peut plus sérieux.
- Ce à quoi je pense ?
- Oui, finit-il en se grattant le cou.
- Bah j'veux bien, dis-je en souriant.

Il me prend dans ses bras et me serre contre lui.

- La première ? s'exclame un passant.
- Ou sa cousine ! dit l'autre.
- Les écoute pas, chuchote Charles à mon oreille.
- Je pense que si je suis la première, il y a une bonne raison.
- Oui...
- Tu veux me la dire ?

Il me lâche.

- Si tu veux, mais tu le dis à personne. En fait, quand je t'ai dit que j'avais déménagé dans le Nord...

Il fait une pause, regarde autour de lui, me regarde, regarde l'horizon pour s'apaiser, puis revient à moi.

- Mes parents commençaient à se disputer. Quand on est revenu ici avec mon père, on est parti à cause de ma mère. Mon père a apprit après quinze ans de mariage que ma mère le trompait. Il se demandait pourquoi elle n'était jamais là la journée, elle était souvent absente. Mon père a peur que toutes les filles soient comme ça et du coup, n'arrêtait pas de dire de ne pas écouter les filles, de les rejeter, etc. Au début, je l'écoutais mais quand je t'ai rencontré...

Il se tait et me regarde dans les yeux. Les siens sont si beaux. Son visage se rapproche du mien et ses lèvres viennent se poser sur les miennes.
Quand on se sépare, il se lève et me tend la main.

- On va se promener ? propose-t-il.

Je prends sa main et on fait le tour du lac. Arrivés à un autre banc, on s'assoit dessus.

- Bon, il est bientôt dix-sept heures, je vais te laisser. Chloé va pas tarder, dit Charles.
- À demain !
- À demain princesse !

Il m'embrasse et part.

Quelques minutes plus tard, Chloé arrive vers moi en courant. Elle s'approche de moi et je peux constater qu'elle ne porte pas de maquillage. Ce n'est pas dans ses habitudes. Je me lève et la prends dans mes bras.

- Qu'est-ce qu'il y a ma chérie ? demandé-je.
- J'vais pas y aller par quatre chemins. Je sors avec Daniel.
- Daniel ? dis-je étonnée.
- Oui. Mais il déménage.
- Oh désolée pour toi.

Je me rappelle vaguement de lui. Donc elle me montre une photo d'eux deux.

- Comment vous vous êtes rencontrés ? demandé-je.
- À la bibliothèque, entre deux étagères. On s'est bousculé par manque de place et ça nous a fait rire.
- Et le courant est bien passé ? présumé-je.
- Oui.
- Au fait, pourquoi t'as pas de maquillage ?
- Il a coulé tellement j'ai pleuré. Je me suis démaquillée. J'allais pas sortir avec du mascara plein les joues.

On rigole un peu.

- Mais tu pourras encore lui parler, dis-je.
- Ouais mais on pourra pas se voir.
- Tu sais, tant que vous vous aimez, c'est pas la distance qui va tout gâcher. Il part quand ? demandé-je.
- Ce week-end.
- Samedi ou dimanche ?
- Dimanche.
- Eh bah tu sais quoi ? T'as qu'à l'inviter samedi et bien profiter du dernier jour, proposé-je.
- Ouais pas con ! s'exclame-t-elle.

On rigole et elle me prend dans ses bras.

- Merci ma chérie, dit-elle.
- De rien ma chérie.

Elle part en courant, certainement pour aller demander à ses parents s'ils veulent bien que Daniel vienne chez eux samedi. Je décide donc de rentrer chez moi. Je croise en chemin, Morgane, une fille qui était avec moi au lycée. Elle n'a jamais été très gentille, ni avec moi, ni avec personne, juste avec ses amies. Elle est accompagné d'un garçon qui m'a l'air familier. Ils se tiennent la main. Je marche droit devant moi, tout en jetant des vifs coups d'œil pour essayer de reconnaître le compagnon de mademoiselle. Ils sont sur le même trottoir que moi et passe à côté de moi. Je me pousse légèrement pour qu'ils puissent passer parce que j'ai bien l'impression qu'ils ne vont pas se décaler. Je passe à côté du garçon, il me sourit et je le reconnais.