Loading...
Link copied
Loading...
Loading...
Mark all as read
You have no notification
Original
Fanfiction
Trending tags

Log In

or
@
CelineFictions
Share the book

Prologue : Adieu

Aujourd'hui était un jour de pluie.

Et il pleuvait derrière sa poitrine.

Elle finissait de ranger ses affaires dans son sac.

Elle séchait ses larmes, fuyant son propre reflet que lui renvoyait le petit miroir accroché au mur. Elle avait pris un mouchoir pour essuyer le léger mascara qu'on lui obligeait de porter.

Son casier serait vide tout comme son coeur l'était depuis bien trop longtemps. C'était la dernière fois qu'elle aurait à supporter la personnalité de son patron, aussi pervers narcissique que discriminant.

Sans un mot, elle sortit par l'arrière-cuisine, ouvrant la porte coupe-feu.

Marchant à pas rapides, elle remonta l'allée, marchant vers son destin.

C'était la dernière fois qu'elle irait au parc, pour profiter du calme de la nature après une longue journée de travail.

C'était la dernière fois qu'elle aurait à hurler de désespoir en repensant à ce que la vie lui avait offert.

Et Dieu sait que la vie n'avait pas été tendre avec elle.

Jessica… John… Will… Jason… Kim… Stacy...

Kevin.

Ce dernier prénom lui donnait la nausée. Elle était encore hantée par les phrases à répétition qui lui ont convaincue d'une seule chose : son existence résultait d'une erreur.

Chaque jour, pendant sept longues années. Et personne ne s'était soucié une seule seconde de son mal-être qui s'était installé au plus profond de ses entrailles.

Mal de ventre, stress, crises d'angoisses... perte d'appétit, frayeurs, isolement.

On l'avait torturée jusqu'à ce qu'elle abdique. Car tout le monde pensait qu'elle finirait par se résoudre à appliquer la sentence qu'on lui répétait encore et encore.

Elle a eu des milliers d'occasions. Elle n'a jamais baissé les bras.

Mais sa douleur et ses dizaines de phrases ne l'avaient jamais quittée. Ancrée en elle comme des sangsues te suçant la peau, le résultat de leurs actes avaient fini par aspirer son être tout entier.

Et chaque jour désormais, elle ne pouvait plus se détacher de ses cauchemars qui lui envenimaient son esprit.

Il n'y avait qu'une seule solution pour que tout s'arrête enfin.

Elle l'avait intitulé "La Libération". 

Pourtant, elle avait tout essayé : psychologues, méditation, thérapie de groupe. Rien, aucune méthode miracle de la société actuelle n'avait réussi à lui faire enfin revoir la lumière du jour.

Elle était devenue une âme errante cherchant vainement à survivre.

Alors voilà, pour elle, la Libération, était ce qu'il y avait de mieux. Et, de toute manière, elle permettrait aux personnes l'ayant rendue ainsi d'avoir le dernier mot sur la raison de son existence.

Aucune : "Tu ne mérites pas de vivre". 

Une vie en moins, qu'est-ce que ça change ? Si personne ne se soucie d'elle, pas même ses propres parents ?

La pluie redoublait d'intensité. Bientôt elle aurait finit de traverser le parc pour rejoindre sa destination finale. 

Elle avait enlevé ses talons qui la faisait glisser, manquant de tomber sur le sol trempé.

Elle tremblait. Mais n'avait plus peur.

Elle ne pouvait plus continuer ainsi. A se torturer l'âme chaque soir, hurlant à pleins poumons qu'on vienne la libérer de sa souffrance.

Elle voyait le monde en gris. 

Son coeur était poussière.

Et son âme, bientôt, s'envolerait.

Bousculade.

 – Hey, fais attention !

Elle rentra sa tête dans ses épaules, et continua sa route sans rien dire.

Ces simples mots avaient suffit pour dévoiler son anxiété.

Cette phrase, avait suffit pour faire ressortir ses démons de son esprit.

Elle voyait devant ses yeux la personne qui l'effrayait plus que tout.

Dans la seconde, tout lui revenait.

Crise d'angoisse.

  – Est-ce que tout va bien ?

Elle s'était figée. Ne respirait plus.

La bouche ouverte, elle cherchait un moyen de se calmer.

  – Viens, on va s'asseoir.

Elle percevait à peine ce qu'il se passait. A demi-consciente, elle comprenait petit à petit que l'inconnu était revenu sur ses pas. Pourquoi ? Elle voulait aller jusqu'au bout de son objectif. Elle y voyait un obstacle.

La vision floue, les oreilles sifflantes, elle cherchait l'équilibre. Elle serait tombée si l'inconnu ne la retenait pas par les bras à l'instant même.

  – Il pleut des cordes, tu ne devrais pas être dehors avec un temps pareil.

Elle aurait voulu répondre, mais aucun son ne sortait de son gosier.

Alors que l'individu l'intimait à faire demi-tour pour s'abriter, elle, continuait à se débattre lentement pour courir jusqu'au pont.

Elle voulait ouvrir ses ailes et s'envoler.

Personne ne l'attendait. Personne ne la retiendrait.

Riley Walsh est inexistante aux yeux de tous.

Kevin lui avait dit.

Elle le croyait.

Elle respira un grand coup, sentant son angoisse retourner dans sa boîte à démons. Elle entendit à nouveau la pluie, et voyait de plus en plus clair.

Elle regarda tout autour d'elle.

Avant de tomber nez à nez avec l'individu.

Il l'observa, avant de lui tendre la main.

Prise d'une nouvelle panique, les yeux écarquillés, elle tourna rapidement les talons avant de s'enfuir à toutes jambes à l'opposé.

Vers le pont.

Plus il se rapprochait d'elle, plus elle voyait enfin la lumière au bout de ce long tunnel.

Sa "Libération". 

Prête plus que jamais, elle écarta petit à petit ses bras, et ferma les yeux.

Il ne restait plus que quelques mètres avant qu'elle ne puisse enfin s'envoler vers la paix.

  – STOP ! 

Brusquement, elle fut secouée d'avant en arrière, comme si le wagonnet du grand huit s'était soudainement arrêté en pleine lancée.

Sa tête était penchée en avant, et, en cet instant, la réalité lui frappait le visage.

Elle n'avait jamais été aussi près des portes de la mort.

Et elle avait couru tête première.

Elle tourna la tête, pour apercevoir le même inconnu, qui, du bout des doigts, avait agrippé sa main tremblante.

  – Ne fais pas ça.

Ses simples mots avaient suffit à Riley pour renoncer et lui faire déverser un flot de larmes, s'excusant mille fois de ce geste aussi ridicule, qui pourtant était si clair et lucide il y avait quelques minutes de cela.

A genoux sur le sol, elle hurlait à s'en déchirer les poumons, l'inconnu à ses côtés retenait son émotion face à tant de douleur.

Il ne savait pas quoi faire d'autre que la soutenir et rester auprès d'elle pour éviter qu'elle recommence au moment où il détournerait le regard.

Bientôt, la sirène de l'ambulance fit comprendre à la jeune femme que sa vie allait continuer.

Oui, continuer.

Mais pour combien de temps encore ?

Aujourd'hui était un jour de pluie.

Mais demain, il fera encore jour.

Comment this paragraph

Comment

No comment yet