Dans ma vie deux choses sont importantes pour moi : ma famille et mes études. Comme tout le monde, allez vous me dire. Cependant, je vous répondrai par la négative à cette affirmation. Tout simplement car la majorité d'entre vous a des amis avec qui sortir après les cours ou pendant les vacances. J'ai fait le choix de ne pas en avoir, ce qui m'a rendu très sauvage aux yeux de mes camarades.
Au fait, je m'appelle Kleïo, j'ai 21 ans et j'habite à Athènes. Ville que j'adore. Mes parents m'ont éduquée très jeune aux croyances polythéistes de la ville, ma mère étant prêtresse au temple d'Athéna, notre protectrice. Personnellement, je préfère son rival Poseidon. Ce qui à le don d'énerver Maman. Elle respecte tout de même mon choix et me laisse aller prier au temple toutes les semaines. Je pense qu'elle espère secrètement que je reprenne le flambeau et que je devienne prêtresse même si c'est pour Poséidon.
Mon père, lui, n'est pas croyant mais il se conforme énormément à nos choix. Il est très compréhensif notamment étant plus jeune que ma mère. Il apprend donc beaucoup d'elle. Surtout pour m'élever, ses propres parents n'ayant pas vraiment été là pour lui. C'est ce qui fait que je suis assez proche de lui. Il m'a déjà dit que s'il devait croire en une divinité, il croirait en Aphrodite. Selon lui, ma mère détient une beauté envoûtante digne de cette Déesse.
Actuellement à la bibliothèque de l'université où j'étudie, je prépare mon examen du lendemain qui parlera de l'histoire de nos dieux et principalement celle de la Guerre de Troie qui fut importante dans la mythologie. Une balade de santé pour moi, fille de prêtresse.
J'ai tout de même besoin de réviser uniquement pour me sentir sereine lors de ce contrôle.
Enfin, je prends une petite pause dans mes révisions, je sens que ma tête en a besoin. Je me lève direction la machine à café pour boire mon boost de la soirée. Par la fenêtre, je vois que le soleil est tout juste en train de se coucher. Il me reste encore un peu de temps pour revenir sur quelques thèmes de mon devoir. Probablement encore deux voir trois heures de réflexion intensive.
J'écoute attentivement les rumeurs de discussion autour de moi et repère les voix de filles de ma classe. Elles parlent de moi, pour changer. Dès qu'elles me voient, c'est le même refrain de leur côté. Je les écoute se moquer un peu, puis une fois mon café finit de couler, je retourne à ma place. En allant m'asseoir, je les regarde droit dans les yeux chacune leur tour, tout en souriant. Vous allez vous dire que mon attitude est provocante pour quelqu'un d'aussi solitaire que moi. Eh bien oui! Et je l'assume parfaitement. Cela me donne de l'assurance face à ces filles.
Je laisse mon esprit bouillonner pendant les heures restantes. Des images de guerres, de chars, de Déesses et de Dieux constamment les uns contre les autres tournent devant mes yeux, m'imaginant moi-même en tant que guerrière pour Poséidon. Mes rêves deviennent presque réalité quand je me rends compte que j'ai dessiné le Parthénon en flamme sur la feuille devant moi. Ce dessin paraissant très réaliste me parait bizarre étant donné qu'il s'agit tout de même du temple d'Athéna. Je n'y fais pas vraiment attention et le range parmi mes affaires de cours dans le but de ne plus y penser.
Je me dis qu'il est enfin temps de rentrer chez moi et d'aller me reposer afin d'être en pleine forme. Mais avant cela, je décide de faire un tour du côté de l'Acropole. Elle n'est plus ouverte à cette heure-ci mais je pourrais au moins la voir de loin et faire tout de même mes prières aux différents dieux.
Malheureusement pour moi quand je sors, il pleut des cordes dehors et je ne peux m'empêcher de courir vers l'appartement de mes parents situé non loin de l'université.
Lorsque j'y arrive, je peux immédiatement constater qu'ils ne sont pas là. Je rentre à l'intérieur et consulte enfin mon téléphone, chose que je n'avais pas pensé faire avant. J'ai un message de Maman me disant:
" Coucou ma puce, je pense que nous ne serons pas là quand tu rentreras. Ton père avait envie de m'inviter au restaurant! Repose toi bien, ne nous attends pas."
Je souris en lui écrivant un message rassurant lui disant que je suis bien rentrée, puis me dirige vers le frigo. J'ai une faim de loup, comme à chaque fois que je rentre de cours ou de révisions. Le frigidaire est plein, cependant une assiette toute prête est là avec des rouleaux de printemps qui m'attendent bien sagement. Je sais, ça ne fait pas très grec mais il s'agit d'un des mets que je préfère. Ma mère le sachant pertinemment aime me préparer cela quand elle sait qu'elle ne rentrera pas le soir. Tout comme aujourd'hui.
Je décide d'aller dans ma chambre pour manger. Mon bureau étant devant ma fenêtre, cela me permet d'observer la pluie qui joue avec la lumière de la pièce. Je trouve cela magnifique et un tantinet hypnotisant. Je me mets à penser que s'il pleut ce soir, c'est probablement parce que les Hyades ou nymphes de la pluie sont tristes.
En tant normal, je peux apercevoir les étoiles à partir de mon havre de paix, mais ce soir, cela m'est impossible, ce qui m'attriste légèrement. J'adore dessiner les galaxies et les constellations surtout celle d'Orion que je trouve très simple à faire mais aussi complexe.
Tout en étant dans mes pensées, je me mets à dodeliner de la tête, je sais que je m'assoupis. C'est pour cela que je relève d'un coup mon corps, espérant me réveiller mais ce que je vois par le carreau me surprend.
Une magnifique lune rose avec des pointes de rouge dans le centre est face à moi. Fascinée par ce spectacle, je tente de m'approcher de la fenêtre mais je sens mon corps être lourd et mon cerveau me dire qu'il est temps que j'aille me coucher.
Hypnotisée par ce spectacle, je pousse mon assiette et croise les bras pour regarder ce drôle de phénomène que je pense être issu de rêves éveillés dû à la fatigue.
Après un énième bâillement, je m'endors, un sourire aux lèvres.