Cela faisait mal. Bien plus que n’importe quel sort de torture. Harry ne lui parlait plus depuis maintenant deux semaines et l’ambiance au manoir s’en ressentait. Il observa ses mains qui était devenu maintenant bien plus pâle, presque squelettique. Il toucha son visage, il était creux… en même temps il ne mangeait plus beaucoup. Il n’avait pas faim, il ne pouvait pas manger quand son ventre se tordait de douleur à peine avalait-il quelque chose. Il était certain que Severus lui envoyait des potions en douce dans son estomac pour qu’il reste… vivant.
Vivant, pensa t-il en reniflant. Il ne devait lui rester même pas 2% de son âme à force de la séparer en deux. Mais pouvait-il vraiment redevenir humain ? Devenir … mortel ?
L’homme soupira et observa le grand soleil par la fenêtre ainsi qu’Harry assis sur l’herbe du grand parc, encore penché sur un livre de la bibliothèque.
Il l’avait blessé par sa peur, par ses non-dit. Il méritait bien de souffrir. Quelques coups à la porte se firent entendre avant qu’elle ne s’ouvre. Lucius observa l’homme qu’il avait craint et respecté depuis tant d'années. Aujourd’hui, il n’avait plus rien de sa superbe. Il ferma la porte et s’approcha.
- Mon Seigneur ? demande-t-il prudemment.
- Tom, murmura-t-il en se retournant, plantant son regard rouge dans l’acier du Lord Malfoy. Je n’ai rien d’un seigneur, pas même le moindre titre si ce n’est ma descendance avec la lignée Serpentard.
L’homme se retourna de nouveau vers la fenêtre en soupirant.
- Je n’ai rien d’un sang-pur, Lucius. Je ne suis que le bâtard d’une sorcière ayant mis un moldu sous filtre d’amour. Fils d’un père qui n’a jamais voulu de moi et d'une mère qui est morte en me donnant naissance à l’orphelinat.
- Je… n’étais pas au courant de cela, m… Tom, dit-il prudemment.
Il soupira de nouveau et se détourna de la fenêtre pour s’asseoir sur un des fauteuils de sa chambre privée. Il passa sa main sur sa tête qui n’avait bientôt plus de cheveux.
- Pourrais-tu me parler le plus honnêtement possible, Lucius ?
- B… Bien sûr.
- Assieds-toi Lucius, ne reste pas debout inutilement, lui dit-il en voyant l’homme toujours debout.
L’aristocrate blond prit place sur un fauteuil à côté de l’autre homme. Il n’aurait jamais cru le dire un jour… mais l’homme l’inquiétait terriblement.
- J’ai détesté dès le départ les moldus à cause de l’orphelinat. Quand Dumbledore est venu m’annoncer que j’étais un sorcier, j’ai été sceptique, puis heureux. J’avais été le monstre, l’anormal, pendant onze ans. On m'apprenait que j’étais juste un sorcier, un humain avec plus de pouvoir qu’eux. Je me suis vengé dès que j’ai pu. À Poudlard, j’ai été parmi les meilleurs. Préfet en chef, Prince de Serpentard entouré de sang-pur. J’étais craint et respecté…. J’ai voulu devenir immortel par peur de mourir, pour changer le monde sorcier.
- L’avez vous réussis ?
- Oui. Au prix du meurtre à l’âge de seize ans. Mais cela ne me suffisait pas. Alors j’ai continué… jusqu’à séparer mon âme six fois.
- Autant ? Mais c’est...
- Parle Lucius, dit le fond de ta pensée, ne craint rien.
- Je peux comprendre votre haine concernant les moldus, Tom. Vous avez été maltraité, réduit à n’être qu’un monstre pour eux. Ils vous ont certainement fait beaucoup de mal et c’est pour cela que, ayant appris que vous étiez un sorcier, vous vous êtes mis au-dessus d’eux. Je me serais certainement vengé aussi avec un tel traitement. Mais avoir été entouré de sang-pur aussi arrêté sur la question, certainement comme mon grand père, n’a certainement pas aidé. Vous avez été endoctriné car vos idées coïncidaient parfaitement avec les leurs. Pour moi, il est clair que vous êtes une victime qui n’a pas reçu l’aide qu’elle devait et qui, aujourd’hui, se retrouve devant son propre reflet pour la première fois, complètement à nu.
Tom baissa la tête, frappé durement par la vérité dite par son bras droit.
- Vous avez toujours été un leader droit, colérique et très porté sur le doloris. Mais pourtant, quand Harry est arrivé dans votre vie, vous avez changé. Vous avez déversé en lui tout l’amour inconditionnel que vous aviez. Vous vouliez qu’il n’ai pas la même vie que vous. Pourtant… il n’est pas votre fils. Qu’est-ce qui vous a empêché de le tuer ou même de le laisser ?
- Un enfant est un innocent, murmura-t-il. Je pouvais pas le tuer alors qu’il… n’avait rien fait. Je ne pouvais pas le laisser au risque qu’il finisse...
- Comme vous, exactement. Alors, pourquoi au lieu de devenir le monstre qui tue parents et famille en laissant des orphelins derrière, vous n’êtes pas devenu le sauveur de ces enfants ? Tout simplement parce que vous aviez construit une image pour vous faire respecter, celle de Lord Voldemort, et vous ne vous en êtes pas décroché depuis.
Lucius posa avec crainte sa main sur l’épaule de ce qui fut son maître. Celui-ci sursauta par le touché et tourna sa tête vers l’aristocrate.
- Il n’est pas trop tard pour faire vos projets. Vos vrais projets, dit-il en le regardant droit dans les yeux. Vous êtes entouré d’homme et de femme de pouvoir et vous avez encore de longues années devant vous. Ce que j’ai aussi et ce que mon fils ou Harry ont encore plus. Si vous ne faites pas tous vos projets jusqu’au bout, les générations suivantes le feront pour vous. C’est ça le vrai pouvoir.
Tom sentit sa gorge se serrer. Puis comme si un brouillard venait de se lever. Il cligna des yeux et observa Lucius.
- As-tu encore ce carnet que je t’ai confié ?
- Bien sûr, il est…
- Rapporte-le moi, dit-il en levant sa main pour le faire taire. Et si tu pouvais faire venir Bella et Severus, j'aurais besoin de leur demander quelque chose aussi.
- Bien sûr, dit Lucius en souriant.
Il sortit non sans faire une courbette habituelle. Il venait de gagner toute la confiance de l’homme et l'avait guidé. Il se dirigea vers sa bibliothèque et fit venir à lui un coffret caché, avant de faire demi tour puis fit part de la demande de Tom .
Albus avait été surpris lorsque son espion lui avait rapporté ce qu’il se passait. Le parchemin entre ses mains l’avait fait sourire, mais aussi sentir vieux. Il accepta et confia le diadème de Rowena Serdaigle à son professeur de potion ainsi que l’adresse du square où il savait la présence d’un autre Horcruxe.
Tom était allongé dans son lit, presque aussi pâle que la mort, toujours aussi maigre, mais aujourd’hui il était de nouveau humain, un mortel d’un peu plus de trente ans.
La porte de la chambre s’ouvrit doucement. Une fine silhouette pénétra dans la pièce et referma derrière elle. Harry avait entendu parler de ce qu’il se passait. Son… père avait décidé de changer, de devenir meilleur…. pour lui. Il ne pouvait pas encore complètement le pardonner. Mais il savait qu’il ne le détestait plus. Il s’en voulait de ses paroles, d’avoir blessé autant l’homme qui avait pris soin de lui depuis tout ce temps.
Il s’approcha du lit, habillé de son pyjama, et doucement prit place juste à côté, s’endormant contre l’ancien seigneur des ténèbres. Il espérait que tout irait bien, qu’il ne le perdrait pas.