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Chapitre 1

“Je voudrais dire, tout ce que je sais, tout ce que je pense, tout ce que je devine, tout ce qui m’enchante et me blesse et m’étonne, mais il y a toujours, vers l’aube de cette nuit sonore, une sage main fraiche qui se pose sur ma bouche”. J’ai dû relire cette phrase quatre fois, peut être cinq. Les mots résonnaient en moi, ils me regardaient droit dans les yeux comme s’ils savaient. J’aurais aimé être Colette. J’aurais aimé avoir écrit cette phrase, avoir su mettre des mots sur ce que je ressentais au plus profond de moi. Toutes ces choses que je n’ose pas dire tout haut ou même penser trop fort. Elles brûlent en moi, dans ma gorge, comme si l’on y avait logé des braises incandescentes couvant l’incendie.
Mais je n’y arrivai pas. C’est pourquoi je refermai doucement le vieux livre de ma mère en prenant soin d’ihnaler un bon coup l’odeur des pages. Lire était devenu pour moi un moyen d’introspection, un autre monde dans lequel j’avais la capacité de me plonger afin de fuir la dure réalité. Je regardai autour de moi. . Maintenant que j’étais sortie de mon introspection, je me rendai enfin compte que le parc dans lequel je me trouvai s’était peu à peu vidé. Seul un couple se baladait main dans la main respirant l’insouciance et la fraîcheur de l’amour. Progressivement un vent frais s’était installé, signe pour moi de prendre la route vers la maison, chose dont je n’avais aucune envie.

Quand j’ai poussé la porte de la maison, un fumet de poisson pané mélangé à une odeur légère de crème fraiche envahit mes narines. Ma mère était en train de cuisiner, comme à son habitude quand elle était anxieuse. Ca lui permettait de penser à autre chose comme moi avec la lecture. Mais malheureusement elle ne pourrait pas repousser l’opération qui l’attend demain, même avec la plus grande des volontés.

– Aurore? Tu es rentrée? Pourrais-tu mettre la table s’il te plaît, le repas est bientôt prêt, m’a t elle lancé depuis la cuisine.
J’obéis sans piper mot, je préférais me faire discrète au moment du repas. C’était un moment que j’éviterai bien si j’en avais la possibilité. Malheureusement mon frère m’avait déjà devancée.

– T’as pas fini ton régime ou t’as décidé de manger comme une personne normale ce soir ? a-t-il lâché, moqueur.

Ça, pour me lancer des piques Léo savait comment s’y prendre, toujours au bon endroit. Pas besoin de lui répondre cependant. J’ai appris il y a bien longtemps que plus on se défendait plus cela nourrissait son plaisir à me dénigrer. Je me suis seulement contentée de lever les yeux vers lui.

– Laisse la tranquille, lui souffla ma mère tandis qu’elle posait les casserolles sur la table.

A contrecœur je me mis à manger, intellectualisant chaque bouchée. Je n’osais pas refuser de la nourriture, c’était dans mes valeurs. Mes parents m’avaient toujours appris à finir mon assiette pour éviter le gaspillage. Cependant manger était devenu pour moi un calvaire, j’avais l’impression que je me transformais peu à peu en espèce de bulldog flasque avec du gras qui pendait de partout.

– Aurore?

Et puis la panure c’est gras… C’est pas ça qui va m’aider à me sentir mieux dans ma peau, ça c’est sûr…

– Aurore? Tu m’écoutes au moins quand je te parle?

Je levai ma tête vers la voix qui m’avait interpellée. Je ne m’étais même pas rendu compte que les regards des membres de ma famille étaient rivés sur moi. Mon père reprit:

– Comme je le disais, puisque votre mère se fait opérer demain n’oubliez pas que je ne pourrai pas vous chercher au lycée.

– C’est bon papa, t’as pas besoin de nous répéter les mêmes choses dis fois. On sait, répondis-je plus fermement que je l’avais escompté.

Pendant que mes parents discutaient de l’organisation du lendemain et que mon frère affichait son impérissable sourire mesquin, je me replongeai dans mon mutisme. Difficile d’oublier que ma mère allait se faire opérer d’un kyste ovarien. Il m’était pratiquement impossible de me dire que tout se passerait bien alors que je serai impuissante, assise en cours de physique-chimie avec notre prof exécrable, monsieur Weber. 

— Tu veux un peu de pain, Aurore ? demanda ma mère, comme si elle tentait de conjurer le silence.

Je fis non de la tête. Le simple fait d’avaler me semblait déjà insurmontable.

— Tu sais, c’est une opération très simple, intervint mon frère d’un ton maladroitement rassurant. Ta mère sera sur pied dans quelques jours.

Simple. Pour moi rien n’était jamais simple. Ce mot sonnait faux, il était creux et n’avait aucun sens.
Maman baissa les yeux sur son assiette. Papa lui attrapa doucement la main par dessus la table, comme pour lui rappeler qu’il était là.

Moi, je fixais mon assiette que je n’avais quasiment pas touchée. Mon estomac était un nœud, mon cœur battait trop vite. Et pourtant, je ne disais rien. Parce que si j’essayais de parler, j’allais pleurer. Chaque fois que j’étais trop stressée c’était comme ça, impossible de me retenir au plus grand plaisir de mon frère qui se préparait bien au chaud ses petits commentaires afin de faire déborder le verre déja plein.

— Aurore, dit maman en relevant la tête. Tout va bien se passer. Vraiment. Je serai de retour dans deux jours.

Je hochai la tête. Mais au fond de moi, j’étais totalement déstabilisée. Rien que pour aller chez le médecin j’étais angoissée comme pas deux, alors savoir que ma mère allait se faire charcuter, mieux vallait pour moi ne pas y penser. Mais cela m’était totalement impossible. Je reposai ma fourchette le plus doucement qui m’était donné de le faire et me levai afin de me rendre le plus vite possible dans ma chambre. J’avais, comme d’habitude, besoin de m’isoler et c’était sans doute également une excuse pour manger le moins possible. J’aimais bien ma petite stratégie. Mais ce soir, je savais que je n’avais pas besoin d’une nouvelle discussion qui aurait nourri encore plus mes inquiétudes au sujet de ma mère. Un kyste est de toute façon la plupart du temps bénin, je m’étais renseignée sur le sujet, tout devrait être “simple”.

Je refermai la porte derrière moi après être rentrée dans ma chambre. Le seul endroit où personne ne pouvait m’atteindre, ni les regards inquisiteurs, ni les remarques désobligeantes. C’était mon monde et il n’y avait que moi et moi seule.
J’allumai ma petite lampe de chevet et me glissai sous mon pled orange tout habillée. Tous les soirs j’avais cette même impression que mon cerveau dysfonctionnait totalement. Plein de pensées négatives m’envahissaient, en même temps qu’elle soient au sujet de mon apparence, de mes inquiétudes, du lycée…
La seule constante était que je pouvais rester des heures dans mon lit, à penser. Je projetais sur mon plafond tous mes “et si”, toutes mes peurs, toutes mes frustrations. Ce soir je voyais devant moi les représentations de ce que j’ai mangé dans ma journée mais aussi un lit d’hôpital. J’essayais d’évaluer le nombre de calories que j’ai ingéré, le déficit que j’avais réussi à atteindre, en parallèle je tentais de deviner quel jour et à quelle heure je pourrai à nouveau serrer ma mère dans les bras une fois l’opération et les soins terminés. Mes visions n’avaient toujours ni queue ni tête mais reflétaient l’état de ma santé mentale.

Le bruit de ma porte qui s’ouvrit doucement mais soudainement me fis surstauter. Ce n’était que ma mère. Elle s’approcha et me pris dans ses bras. C’était sans aucun doute l’endroit dans lequel je me sentais le mieux et devançait de loin ma chambre. Je me sentais comme dans un cocon, protégée de tout, mais surtout je sentais l’amour qu’elle éprouvait pour moi. ça me faisait à chaque fois remonter quantité d’émotions que je tentais de refouler, comme si mon cœur devenait un ballon gonflé à bloc. C’était dans ces moments là que j’étais sûre et certaine qu’au moins une personne serait toujours là pour moi.

– Tout ira bien ma chérie, je sais que tu t’inquiètes souvent très facilement. Mais ne te fais pas de soucis, je suis confiante. Les kystes c’est bénin, la plupart des gens en ont au moins une fois dans leur vie. On m’opère uniquement parce que le mien est bien plus gros que les autres et me gène au quotidien, rien de plus.

– Je sais bien maman…

Nous restâmes enlacées comme cela un bon moment. Maman savait mieux que quiconque que le silence était le meilleur des remèdes, c’en était presque devenu notre moyen de communication.

***

Le réveil sonna, de son insupportable sonnerie. Je l’éteignis sans réfléchir, comme si mon corps avait anticipé l’instant.
Même si c’était le matin, il faisait encore nuit. Une nuit bleue, lourde, qui refusait de céder la place au jour.

Je restai allongée quelques minutes, à écouter le silence de la maison. Un silence différent de celui de d’habitude : plus tendu, plus fragile. Comme un fil prêt à se rompre.

Quand je descendis, maman était déjà debout. Habillée, coiffée, prête à partir. Elle avait brossé ses épais cheveux chocolat de telle manière à leur donner du mouvement. On pourrait croire qu’elle s’en allait au travail, avec son joli chemisier à fleurs et son pantalon noir.
Pourtant, son sac attendait près de la porte. Elle tenait une tasse de thé entre ses mains, mais ne buvait pas.

— Tu ne dors plus ? me demanda-t-elle doucement.
Je fis non de la tête.

Elle posa sa tasse. Puis elle s’approcha et lissa un pli invisible sur la manche de mon pyjama. Un geste si tendre, si banal, qu’il me fit monter les larmes aux yeux.

— Je vais y aller, dit-elle. Il ne faut pas trop traîner, l’hôpital est à une heure d’ici.
J’hochai la tête. Les mots restaient bloqués dans ma gorge. “Trop émotive comme d’habitude” m’interpella ma petite voix intérieure.
Maman m’embrassa tendrement sur le front, geste maternel qui témoignait irrévocablement de sa bienveillance.

— Tout ira bien, Aurore. Je t’aime.

Elle sortit. Mon père l’attendait déjà au volant de notre petite voiture bleu turquoise.
Je remontai lentement dans ma chambre. Chaque pas résonnait un peu trop fort sur le carrelage froid. J’ouvris mon armoire mécaniquement, enfilai l’uniforme de Kingswood School. Mes gestes étaient précis, automatiques. Mon corps savait quoi faire, mais ma tête était ailleurs.

Devant le miroir, je tirai mes cheveux en une queue de cheval lâche. Mon regard se croisa dans la glace — je n’y voyais qu’un corps diforme, mes cuisses se touchaient mon ventre n’était pas plat comme toutes les autres filles. L’uniforme bleu et bordeaux composé d’une jupe bien trop courte, d’une chemise bien trop serrée et d’un blazer marine n’avait pas le don de me mettre en valeur. Je détournai les yeux.

Je descendis sans bruit, pris un fruit que je ne mangerais sûrement pas et attrapai mon sac posé près de la porte. Il était plus lourd que d’habitude, ou alors c’était moi.

Je sortis dans l’air frais du matin. Le ciel était d’un gris uniforme, sans promesse de lumière.

Mon frère m’attendait déjà sur le trottoir, son casque anti-bruit collé sur sa tête, le regard fuyant.

Nous marchâmes jusqu’à l’arrêt de bus sans échanger un mot.

Et quand le car jaune arriva, couvert de buée, je montai à bord comme on entre dans une pièce vide. Les sièges étaient presque tous pris. Je trouvai une place près de la fenêtre, calai mon sac contre mes jambes, et posai mon front contre la vitre froide.

Le paysage défilait, mais je ne le voyais pas vraiment. J’écoutais de la musique tous les matins quand j’allais au lycée, ça me réveillait en douceur et je pouvais me mettre dans la bulle. C’était une préparation à la journée que je devais endurer, ennuyeuse et longue. De plus, je devais supporter William qui par je ne sais quel mystère s’était entiché de moi. C’était un garçon un peu potelé, mais avec un cœur gigantesque. Il avait des cheveux châtins et les yeux bleu clair, presque gris ce qui lui donnait un peu un air d’Ed Sheeran dans le genre, ou même James Corden si l’on poussait la comparaison. Sauf que faire quotidiennement comme si j’étais amie avec lui alors qu’il était littéralement collé à moi relevait d’une épreuve. 
J’habitais dans un petit village anglais situé dans le Wilshire appelé Castle Combe. Je m’y plaisais bien, jamais je me plaindrais du fait que la seule ville dotée d’un lycée potable était Bath à vingt kilomètres au sud de Castle Combe. Je me rendais donc tous les jours dans une des plus belles villes du Royaume-Uni, rien que ça.

Les cours de la matinée sont passés beaucoup plus vite que je ne l’avais escompté. En effet, j’avais passé la plupart du temps dans mon petit univers mental sans prêter vraiment attention aux cours qui se défilaient. J’aurais même pu croire que monsieur Weber s’était décidé à me lâcher le grapin avant qu’il ne m’interroge de manière très sympathique.

– Mademoiselle Valmont pourriez vous nous indiquer la masse molaire du dioxyde de carbone ?

Le professeur s’était posté devant moi avec ses sourcils épais levés si haut que l’on croirait qu’ils allaient dépasser le sommet de son crâne comme dans les cartoons. J’ouvris la bouche, puis la refermait. Il fallait dire que je n’avais rien suivi du cours. Heureusement ce fut à ce moment là que la sonnerie se mit à retentir et me sauva de ses réprimandes.

J’eu à peine le temps de ranger mes affaires que William se trouvait déjà devant ma paillasse, les yeux pétillants.

– Quarante-quatre virgule zéro zéro neuf, affirma-t-il avec un petit sourire triomphant.
Je le regardai, interdite.

–  La masse molaire du dioxyde de carbone. C’était quarante-quatre virgule zéro zéro neuf. 

– Ah, répondis-je sans grand entrain. A vrai dire, poliment dit, je n’en avais pas grand chose à faire.

Tandis que nous marchions en direction de la caféteria, William me racontait tout ce qu’il avait fait du week-end en ommetant aucun détail, ce qui me permit de me replonger dans mes pensées. Je réfléchis en premier lieu à ce que je pouvais manger à midi sans m’affamer, pour tenir debout cette après-midi, tout en restant en déficit calorique. J’en déduis qu’une salade me suffirait amplement, c’était simple et pas gras. Tout ce dont j’avais besoin. J’aimerais pouvoir un jour me regarder dans la glace sans me regarder sous toutes les coutures et me dire enfin que je rentre dans les normes.

Nous nous installâmes à notre place habituelle du réfectoire, dans un coin isolé loin du regard des autres. Il n’y avait que des frites à la cantine ce jour-ci à mon plus grand malheur. L’endroit était surchargé. Le bruit de tous ces adolescents insouciants qui riaient aux éclats me donnaient soudain la nausée. Chaque petit tintement de fourchette dans les assiettes me faisaient l’impression qu’un gong sonnait à l’intérieur de ma tête. Mes oreilles bourdonnaient si fort que je me demandais quand mes tympans allaient exploser. Je tentai d’ingérer une frite, mais malgré les gargouillements de mon ventre, je n’arrivai pas à m’y résoudre. Ce n’était pas une pomme de terre que je voyais, plantée dans les dents de ma fourchette, mais un rectangle dégoulinant d’huile. Ma gorge se noua.

-…. Tu es toute pâle, as tu bien dormi?
Si je mangeais mon assiette, je ne pourrai pas manger ce soir. Or, mon Léo sera là pour me ridiculiser, et il ne fallait pas que mon père soit au courant que j’avais peur de manger. Je décidai de ne pas manger ce midi, afin de pouvoir manger normalement ce soir. Comme ça, je ne me ferai pas critiquer par mon frère, et mon père ne se doutera de rien. J’étais tout à coup fière de mon idée, elle me semblait être la meilleure option, ma seule option.

– Aurore? Tu m’entends? Tout va bien?

Je me rendis seulement compte que je n’avais rien écouté de tout le monologue de William. Je me sentis honteuse, et me repris en main.

– Excuse moi, William je me sens un peu patraque, ça arrive, tu sais avec ma tension basse…

– Tu devrais aller voir le médecin alors. 

Je secouai doucement la tête, tentant de lui offrir un sourire rassurant, même si mes lèvres tremblaient un peu.

— Non, t’inquiète, c’est juste… la fatigue. Et puis, c’est pas comme si les frites allaient m’aider à aller mieux, ajoutai-je avec un rire qui sonnait faux.

William fronça légèrement les sourcils. Il avait cette façon de pencher un peu la tête quand il doutait de ce qu’on lui disait, comme un chien curieux. Je détournais le regard, mal à l’aise sous la douceur inquiète de ses yeux cendrés.

— Tu sais que tu peux me parler, hein ? Je suis peut-être pas très doué pour dire les bons trucs, mais je sais écouter.

Mon cœur se serra. Pourquoi était-il si gentil avec moi ? William, avec ses chemises trop bien repassées, son humour maladroit et ses mains toujours un peu moites quand il était nerveux.

Je hochai la tête sans répondre, mordillant l’intérieur de ma joue pour ne pas pleurer. Pas ici, pas devant lui.

— Merci, murmurai-je simplement. Je me sentais idiote de ne pas pouvoir répondre plus, mais il ne devait pas savoir. Personne ne devait savoir que je me détestais.

Il haussa les épaules avec un petit sourire gêné, et détourna les yeux, comme s’il avait peur d’avoir été trop loin.

– Au fait, ta mère, tu as des nouvelles? C’est bien aujourd’hui qu’elle se fait opérer?

William retenait toujours tout ce que je lui disais. Bon, je le concédais, je ne racontais pas grand chose.
Je secouai à nouveau la tête.

– A vrai dire, je suis vraiment désolée, mais je n’ai pas trop envie d’en parler. Tu sais, l’angoisse et tout ça…

C’est donc dans le silence et sans éclat que se finit cette journée. L’après-midi était rythmée par les cours habituels que je suivais d’une oreille distraite et la faim qui me tordait le ventre et que je me bornais à ne pas écouter. Les mots glissaient sur moi sans vraiment m’atteindre. J’avais la tête ailleurs, coincée entre les souvenirs du matin et l’angoisse qui ne me quittait plus. Même si l’on passait son temps à me rassurer, j’étais de nature stressée. William tenta bien de me faire sourire à plusieurs reprises, mais je lui rendais à peine un regard.

Quand la sonnerie annonça la fin des cours, je rejoignis l’arrêt du bus, mon sac pendu à mon épaule droite, les paupières lourdes et la gorge serrée. Le ciel s’était couvert entre-temps, comme s’il partageait lui aussi le poids de ma journée. J’avais alors hâte de rentrer.

Je venais à peine de sortir mon téléphone pour vérifier l’heure qu’il se mit à vibrer. L’écran afficha "Papa".

Mon cœur rata un battement. J’allais enfin avoir des nouvelles de maman!

— Allô ?, lançais-je d’une voie emplie d’espoir.
Celui-ci se brisa lorsque j’entendis la voix qui me répondit à l’autre bout du fil. La voix grave de mon père tremblait, malgré les efforts évidents qu’il faisait pour rester calme.

— Aurore... Il y a eu quelques complications pendant l’opération.

Mon souffle se coupa.

— Elle va bien ?

Un silence, trop long. Puis :

— On ne sait pas encore. Mais ne t’inquiète pas, d’accord ? Rentre pas tout de suite. Prends le bus jusqu’à l’hôpital. Je t’attends là-bas.

Je restai figée sur le trottoir, le téléphone encore collé à l’oreille.

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