Une personne se trouvait étendue sur le sol, inconsciente, engloutie par une pénombre inquiétante. Un cri lointain, déchirant et impuissant, résonnait encore sur les parois de pierre. Au-dessus de cette personne, un énorme trou remontait si haut que, même dans cette caverne obscure, on pouvait deviner un point de lumière au loin. Cet endroit, les abysses des cercles, n'était entouré que de noir profond. Malheureusement, ce n'était pas cette obscurité qui effrayait ses habitants, mais ce qui se cachait dans ces profondeurs. À chaque pas, le danger s'intensifiait et se faisait ressentir.C'est pourquoi, tout au fond de ces abîmes, y trouver un jeune homme était vraiment rare. D'autant plus qu'il n'était pas juste allongé sur la pierre dure, son corps semblait disloqué, cassé, et dans un état inquiétant. Mais ce qui était le plus alarmant était son environnement : à tout moment, son enveloppe inconsciente pouvait être découverte par les créatures qui erraient à cet étage. Le liquide sec qui l'entourait laissait deviner le choc de sa chute, ce qui aurait pu tuer n'importe quel individu.
Dans l'obscurité presque totale, cette personne ouvrit les yeux dans une plainte silencieuse. La paroi rocheuse autour de lui dégageait un froid glacial, lui partageant des frissons. Son esprit fut quelque peu confus lors de son réveil, et sa vue mit quelques secondes à s'adapter à la pénombre de l'endroit. Une fois fixé, la tête toujours migraineuse, il observa et analysa ses bribes de souvenir à l'instant encore nébuleux.
Il se rappellait avoir été mangé avec ses "camarades" de son cercles, puis... Tous ses souvenirs étaient nébuleux. Il pense se rapeller que Lorys avait une fois encore tenue tête à cette vipère de Glohr et.... Ah, oui, le jeune graçon blond avait faillit tombé. Il lui avait rapeller son frère et cela l'avait pousser à réagir avant de penser. Il s'était laissé tombé à sa place.
Encore une fois, il avait agi avec impulsivité, prévoyant de s'en sortir en toute impunité... Néanmoins, les dégâts qu'il avait encourus étaient bien plus graves que ce qu'il avait supposé avoir. Par sa faute, il n'allait pas pouvoir poursuivre sa mission, et l'on allait le penser mort... Enfin, ceux qui ne savaient rien. La suite de ses pensées restait encore un peu floue... Il était tombé bien bas... Littéralement. Un rictus douloureux se dessina sur son visage. Il était certes bien plus endurant et fort que ce qu'il laissait paraître, mais ses blessures ne se guériraient pas en juste quelques mois. Cependant, ce n'était pas une pauvre chute de quelques milliers de mètres qui allait le tuer... Un bruit plaintif se fit entendre, non loin de là où il se trouvait. Il se sortit de ses pensées, dans l'ombre, tout au fond d'un des tunnels de pierre, quelque chose avait bougé. Le karma voulait apparemment sa peau aujourd'hui.
Notre jeune protagoniste, bien qu’exténué, se remit à analyser sa situation. Premièrement, il constata que sa condition était peu avantageuse, sa vue avait été légèrement altérée et il ne ressentait rien d’autre que ses muscles douloureux. Son bras gauche semblait lui aussi avoir été sérieusement amoché. De plus, une plaie béante creusait son torse. Surement dû à un rocher lorsqu’il avait essayé de se rattraper dans sa dégringolade… Un liquide vermeil coulait avec une lenteur inquiétante le long de sa blessure et il remarqua le même liquide, néanmoins séché sur et autour de lui. Il avait dû perdre pas mal de ses forces. Notre mystérieux jeune homme jura toujours silencieusement. Sa chute l’avait bien plus affaibli que ce qu’il aurait pu penser. Tout son corps le faisait souffrir, et après réflexions, il avait dû luxer l’épaule de son bras gauche.
Autour de notre individu, tout n’était que noirceur et désolation. D’ailleurs à cette pensée, ce dernier eut un rictus moqueur et, malgré son corps douloureux. Assez difficilement, il se releva. Un vertige désagréable s’empara de lui, et son anémie le prit de cours. Néanmoins, il se força à rester debout et commença à marcher en s’appuyant quand même sur la paroi rocheuse.
Dans son état, il lui était impossible de se défendre contre des monstres cauchemardesques qui rôdaient ici, dans les abysses. S’il ne changeait pas de localisation, elles finiraient par tomber sur lui. Ses créatures belliqueuses étaient appelées « perdus ». Ces créatures avaient été, autrefois, humaines. Mais c’était il y avait bien longtemps. Maintenant, il n’en restait plus qu’un amas d’ombre et de désespoir, perdu à jamais. Il ne pouvait visiblement pas s’en attaquer comme à son habitude.
Cet endroit au fin fond des abymes apparaissait, pour quiconque s’y aventurerait, sans issues. À moins de dénicher une solution pour remonter, le condamné ne pouvait que se perdre ou s’ôter sa propre vie. Au-dessus de sa position se trouvaient sa vie, ses compagnons, ses obligations. Mais il se retrouvait seul et éloigné de tout. Il ne pouvait pas y retourner, ou du moins pas dans l’immédiat.
Un grognement plus proche retentit, il devait se dépêcher et prendre une décision avant de tomber face à des perdus. Il soupira, déchiré par ce dilemme, et se mit à marcher, il ne s’était même pas rendu compte qu’il s’était arrêté.
Le jeune homme souffla, pour la énième fois depuis son réveil, et ébouriffa ses cheveux noirs, comme l’ébène encore incertain. Son autre main s’appuya légèrement contre sa peau mate tailladée et rouge de sang, là d’où venait sa souffrance. Les bruits se rapprochèrent de lui, ne lui laissant pas beaucoup de temps. Le jeune savait qu’il devait partir. Ne réfléchissant plus, il s’avança à contrecœur vers un mur devant lequel il s’était arrêté. Vérifiant qu’il était bien seul, il posa sa main sur la pierre. À l’instant même où sa peau rentra en contact avec la matière froide, une lueur violette se mit à briller dans le noir. Le léger halo magique et glacé lança un mécanisme et la paroi s’effaça, ouvrant sur un long passage secret. Notre protagoniste se traîna dans l’étrange couloir rocheux et visiblement abandonné depuis des siècles ; des toiles d’araignées ainsi qu’un début de mousse avaient envahi les lieux. Certains endroits de l’allée étaient plus affectés que d’autres, mais au moins, la structure semblait assez stable. En une dizaine de minutes éreintantes, il atteignit enfin son objectif. La pierre et l’obscurité laissèrent place à l’horizon et à l’espace. Il se trouvait dehors. Le soleil l’aveugla de longues secondes. Ses yeux n’étaient plus habitués à autant de lumière… Face à lui, il y avait une étendue de sable. Il avait entendu des échos, mais il n’aurait jamais pu se faire une image aussi désolante de l’extérieur. Ce fut d’ailleurs la première pensée qui le traversa quand il constata le désert aux alentours. Tout avait tellement changé… Ce qui autrefois fluctuait de vert était désormais aride et mort. Sa constatation dura, des souvenirs d’un passé remontèrent, des rires, des regards, mais aussi des cris… Il secoua la tête. Se forçant à oublier. Cela n’allait l’avancer à rien de rester là, à observer le paysage, de plus le passage l’avait exténué… Il ne pouvait de toute façon pas faire marche arrière. Face à lui un désert et dans son dos, le début d’un mont de montagne. Escalader aurait pu être une option, mais notre protagoniste avait conscience des rencontres malencontreuses qu’il pouvait faire, les accidents étaient très vite arrivés… Sa seule chance serait de trouver une oasis, un abri, le temps de se remettre. Il devait se reposer, au moins assez longtemps pour que sa plaie se referme. Une grimace le traversa quand le monde sembla tourner autour de lui. Son énergie était mise à rude épreuve, sa conscience aussi, mais il savait qu’il n’avait d’autre choix. De toute façon, disparaître quelque temps n’affecterait pas ceux qui l’attendaient.
Après un dernier coup d’œil vers ce qu’il laissait derrière lui, notre protagoniste commença sa longue marche sous le soleil tapant. Au bout de quelques heures seulement, la sueur coulait sur sa peau déjà mate ainsi que dans son dos, et ses épaules commençaient à être légèrement brûlées. Ses pas se firent de plus en plus lourds, tandis que la chaleur suffocante lui montait à la tête. L’énorme boule de feu au-dessus de sa tête ne lui laissait aucun répit, elle irradiait et pesait sur lui sans pitié. Sa vue se troublait par moment, et des voix, des échos, retentissaient dans les dunes portantes pourtant d’un silence de mort.
« — Al. »
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« — Al. »
Une voix de femme, familière, l’appelait de temps à autre. Après l’ouïe, ce fut sa vue qui commença à lui jouer des tours. Les dunes laissant place aux montagnes qu’il venait de quitter. Et au loin, des silhouettes, des rires… Des vestiges passés, et des personnes présentes. Celles qu’il avait laissées derrière lui pour sa survie. Puis une autre voix, plus jeune, plus pure, enfantine :
« - Al, Al ! Tu viens joué avec moi ? »
Un visage se dessina plus précisément sur l’une des silhouettes, un regard familier et à jamais enfantin. Notre protagoniste se prit la tête entre ses mains. La chaleur lui jouait des tours. Ou peut-être qu’il s’était cogné la tête en tombant ?
« — Aladdin ! dépêche-toi ! Je m’ennuie ! »
D’une certaine façon, tous semblaient tellement réels… Pour qu’en serait-il autrement ? Notre jeune Al pouvait, peut-être, atteindre ces silhouettes ? Retourner à l’époque où tout n’était que soleil et rire ?
Alors que notre jeune homme allait enfin atteindre ces silhouettes, celles-ci disparaissent d’un coup. La roche laissa de nouveau place au sable, et notre protagoniste se retrouva une fois encore seul. Perdu, affaibli, et avec lui-même. Il n’avait plus de force, son corps le lançait de partout, et il fallait désormais qu’il fasse face à des hallucinations ? Le monde tourna à nouveau, pris d’un déséquilibre, il chuta dans le sable brûlant et dégringola le long de la dune bouillante. Ce contact ardant l’électrisa, et l’espace d’un instant, et son souffle se fit cours. La douleur s’empara de lui, plus il roulait, plus le sable semblait vouloir s’incruster dans chaque parcelle visible de son anatomie. Sa conception de son environnement se voilà, des souvenirs se mélangèrent, des visages apparurent, des mots, des voix, des cris. Ne pouvant plus bouger, son corps resta en substent sous le soleil irradiant. La fièvre prit possession de son corps sans qu’il ait eu la moindre chance de rétorquer.
« — Aladdin. Al. ALADDIN. »
Trop de voix, de visages s’enchainèrent dans son esprit. Et dans sa semi-conscience, notre protagoniste, Aladdin, se débattit avec ses démons. Des visages de son passé et de son présent s’associèrent, des personnes disparues depuis longtemps le visitèrent dans ses songes.
« — Laissez-moi, laissez-moi, LAISSEZ-MOI ! ......laissez moi ! »
Sa voix était roque et faible, à cause de la fièvre ainsi que de sa déshydratation. Toujours dans le sable, immobile, il resta soumis à la fièvre durant deux nuits et deux jours. Sans boire, sans manger, et sans aide extérieure. Juste lui et son esprit. Sa chaleur corporelle augmentait et descendait de façon drastique en cohésion avec la chaleur invivable de la journée et le froid mordant de la nuit. L’odeur putride de sa plaie toujours ouverte le dégoutait entre deux moments de conscience. La soif l’avait desséché, sa gorge en était devenue irritée. De plus lors de ses hallucinations, à ve moment là surtout, des souvenirs déchirants, ceux où sa mère et son frère avaient été tués, se jouaient en boucle dans son esprit. Le rire gras de ses ravisseurs résonnait alors pendant des heures entières. Sa propre faiblesse et sa culpabilité lui avaient arraché une ou deux larmes de colère, malgré son manque d’eau évident. Sa peau présentait désormais des brûlures par endroit, et parfois, l’odeur de chair brûlée le hantait autant que ces souvenirs. Ces moments lui rappelaient sa propre faiblesse et il se haïssait d’être toujours autant atteint par ces mêmes maux. Il souhaitait juste tout oublier. Ce qu’il avait fait. Quelle idée avait-il eu de sauvé, se garçon. Voilà ce qu’il avait gagné en agissant ainsi. Des mauvaises vacances perdues quelque part avec en primes des hallucinations désolantes.
Néanmoins, le visage du jeune garçon de 10 ans lui revint en tête. S’il était tombé dans cette crevasse, il n’aurait pas survécu. Dix ans, c’était beaucoup trop jeune pour mourir. Oui, même lui avait une conscience ! Et puis, son frère, à lui, était mort lors de son dixième printemps… Aladdin secoua ses cheveux pleins de sable, face au soleil, le regard vitreux, il semblait défié par les astres de lui ôter la vie. Comme si tout cela n’était qu’un mauvais moment à passer.
À la fin de ces deux jours, toujours pris par la fièvre, mais assoiffé, Aladdin se traîna désespérément le long des dunes. Trop affaiblit pour se tenir debout, il se tirait en dépit de la mauvaise prise qu’offrait le sable. Celui-ci s’incrustait d’ailleurs dans sa plaie, l’infectant, et son bras gauche était définitivement inutilisable. Pour ne rien arranger, sa tête lui jouait constamment des tours, jonglant entre hallucination auditive et visuelle. Cependant, il n’abandonna pas. En dépit de son état, sa volonté, elle restait inflexible. Il savait que malgré ses tourments, il s’en sortirait. Il finit par apercevoir miraculeusement une oasis au loin. Cela aurait pu être un tour de son esprit, mais il s’y traîna néanmoins. Désaltéré, il n’eut qu’à attendre de se remettre. Bien entendu, des serpents à sonnettes, scorpions, et autres créatures du désert choisirent de lui rendre la tâche plus difficile. Elles finirent toutes néanmoins dans le ventre de notre protagoniste, trop affaibli en énergie pour faire le difficile. Une journée entière passa encore, lorsque, finalement la fièvre commença à retomber. Sa plaie avait cessé de saigner depuis longtemps, le soleil avait beau lui avoir brûlé la peau, il a eu le mérite de stopper ce saignement. Mais son bras, lui, le faisait toujours autant souffrir. Décidé, il se mit à marcher, encore et encore, mais rien n’apparaissait à l’horizon. Il avança ainsi toute la journée sous le soleil, en faisant très peu de pauses, jusqu’à la nuit tombée. Dès que le soleil eut disparu, la température chuta, et l’obscurité ramena avec elle sa froideur habituelle. Elle lui paralysa les membres encore douloureux et il dut dormir sur une oreille. Les jours se succédèrent, l’avancée quant à elle fut éreintante.
Laissé seul à ses pensées, notre protagoniste ne put s’empêcher de réfléchir. Sa disparition des cercles allait créer une panique. En même temps, qui aurait pu penser qu’il sortirait un jour des montagnes de Skyhr ? Il n’était pas étonné non plus de ne trouver aucune forme de vie humaine dans les environs de ces montagnes. Aladdin connaissait leurs réputations de montagnes maudites. Pourtant rien n’est aussi vrai… Ces terres sont maudites.
Deux jours de marche plus tard, notre métisse retomba sur une oasis, celle-ci étant un peu plus grande et renfermant un peu plus de verdures. On y pouvait remarquer des traces encore fraîches de bête sauvage qui était venue s’y abreuver. Surement des chabouines, croisement entre un coyote et un chameau. Un miracle en effet, surtout qu’il faut se rappeler qu’il n’était pas dans une condition optimum. Son bras gauche le faisait toujours souffrir. S’il avait été dans de meilleures conditions, cette blessure aurait été guérie bien plus vite, mais vu qu’il avait dû sortir des Skyhr, il ne pouvait plus compter que sur lui-même.
En observant un peu plus les alentours, on pouvait encore apercevoir des dépouilles vilement déchirées par les vautours, à moitié enterrées dans le sable. Une partie de leurs affaires étaient enterrées dans le sable et il semblait que l’autre moitié manquait à l’appel. Ils avaient dû être victimes de pillards. Notre protagoniste fit une légère prière pour leurs âmes puis fouilla dans leurs affaires pour essayer quelque chose d’utile. Après avoir trouvé de quoi finir son voyage, il repartit sans plus état d’âme. Les êtres humains restaient des êtres humains. Cela n’avait jamais vraiment changé. Et ce n’est plus ce genre d’horreur qui pouvait l’émouvoir.
Après un jour de marche de plus, fidèle à lui-même, il arriva enfin devant une cité.
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