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RaffaellaPancera
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Prologue

— Engel..Engel..Engel aide moi...

Sa voix frĂȘle Ă  cĂŽtĂ© de moi me fait ouvrir les yeux, encore et toujours ce mĂȘme cauchemar, il Ă©tait sans fin.

Ma tĂȘte basculait de droite Ă  gauche, cherchant sa voix, peut-ĂȘtre, seulement peut-ĂȘtre, que cette fois ci j'y arriverais.

J'arriverais Ă  la sauver


Les flammes engloutissent la maison, la fumée se propageant comme une traßnée de poudre.
Mes yeux basculent vers la porte qui s'ouvre doucement avec ce bruissement que je ne peux plus entendre.

Au bout du couloir, j'ai cru l'apercevoir, pas plus haute que trois pommes, elle avait toujours 10 ans... Sa chevelure orange clair, ses petits yeux ronds, rougis par la fumée. Sa chemise de nuit blanche, lui tombait au niveau des chevilles, elle lui allait toujours un peu grande. Ses petites joues bombées noyées de larmes, le chagrin était inscrit sur elle..comme à chaque fois.

Elle se tenait entre les flammes orange et rouge qui menacent de tout détruire, elle comprit.

— RaffaĂ«lla..

A peine ai-je prononcé son nom qu'elle s'enfuit à travers les flammes, je sors de mes draps en panique, manquant de tomber.

Dans ma course je m'arrĂȘte devant un miroir, regardant mon reflet, un visage fin, des petites mains, des cheveux en bataille. Je pousse un long soupire, j'avais de nouveau 15 ans.

— Grand frùre...Gand frùre...

Je reprend ma course, la cherchant du regard, entre le chaos et la chaleur je lui criais de m'attendre, que j'allais la sauver.

Je voulais la sauver.

— RaffaĂ«lla !! Attends moi !!

Le sol craquelait Ă  chaque pas que je faisais, les murs se fissuraient lentement, les cadres se tordaient sous la chaleur et les toiles — celles que pĂšre avait payĂ©es une fortune — se brisaient comme du verre sous les craquements du feu. Évitant les dĂ©bris qui tombent en masse, je continue de courir Ă  en perdre haleine. Jusqu'Ă  ce que je la vois...elle Ă©tait lĂ , en face de moi, dans les escaliers, elle Ă©tait si proche, seule la rambarde nous sĂ©parait. Je tends la main, il fallait qu'elle la prenne, qu'elle tende seulement la sienne...

— RaffaĂ«lla, prends ma main, tends ta main ! RaffaĂ«lla !!

Ma voix se brisa, étranglée par mes larmes que je tentais de retenir, le toit s'effondre me forçant à reculer et la forçant à avancer. Une boule se forme dans ma gorge, mon estomac se noue, non pas encore.. elle était si proche.. j'aurais pu.. il suffisait juste..

Un craquement inquiétant me sort de mes pensées, je m'écarte une nouvelle fois trébuchant et tombant, juste à temps avant que les décombres s'écrasent, créant un trou béant dans le sol.

Je fixe les alentours cherchant une autre alternative, j'ai vécu se cauchemar pendant des années mais je n'avais jamais trouvé d'autre sortie. J'étais piégé et elle était piégée.

— Engel..Engel je t'en prie.. je t'en prie j'ai si mal.. aides moi.. aides moi à vivre..

Sa petite voix désemparée et tordue de douleur me rappel chaque instant à quel point j'ai échoué ce jour-là. Malgré mes efforts, mes convictions, je n'ai jamais réussi.

Pourtant je suis ici, chaque nuit, chaque instant, chaque minute, chaque seconde, Ă  essayer de trouver un moyen, un moyen de la faire sortir.

Je reprends le contrĂŽle de mon corps, je me relĂšve avec vitesse, il fallait que j'essaie, encore et encore, je ne pouvais pas la laisser une seconde fois.

Je saute par le trou que les débris ont causé, évitant les flammes comme je pouvais. La fumée me prenant à la gorge, me coupant presque la respiration, mes yeux piquaient tellement mais j'avance, cherchant sa voix.

— RaffaĂ«lla ! RaffaĂ«lla ! OĂč es-tu ?

J'étais remplie de détermination, comme à chaque cauchemar, je ne perdais pas espoir qu'un jour je puisse la sauver, au moins dans mon esprit.

— Engel.. Engel.. Pourquoi ne m'aides tu pas ?

Sa voix résonnait dans toute la maison, maintenant dominé par le feu, j'ouvrais chaque piÚce, la cherchant partout. Les salles de bain, les chambres, les toilettes, la cuisine, la salle de sport mais rien elle était introuvable. Pourtant sa voix était toujours là, me narguant presque.

La peur m'envahit, l'angoisse également, je n'arrivais à rien, à rien du tout.

— RaffaĂ«lla oĂč es-tu ?..

Ma voix était si basse, si faible, à la limite d'un murmure, la fumée allait avoir raison de moi. Malgré ça, elle me répond, comme à chaque fois.

— Engel, pourquoi m'as-tu abandonnĂ© ?

Les larmes montent, je ne saurais dire si c'était la fumée ou la culpabilité qui parlait.

— Petite sƓur je ne t'ai jamais abandonnĂ© ! Je t'ai cherchĂ©-

— Menteur !!

Sa voix se brisa, elle était en colÚre, je sors de la piÚce regardant à droite à gauche encore une fois et c'est là que je la vois, au bout du couloir, apparaissant et disparaissant, comme un fantÎme.

Son petit visage était déformé par la peur et la colÚre, il était brûlé, me rappelant chaque instant de comment elle est morte, cette pensée me glace le sang.

Elle me regarde de haut en bas comme ci je n'étais rien, puis elle me jette un cadre aux pieds, le verre se brisa laissant la photo se faire consumer par les flammes rouge vif.

Une photo de famille, pĂšre, mĂšre, elle et moi.

Tous souriant.

Rigolant.

Heureux.

Tout ça était bien loin maintenant.

Je m'empresse de relever le visage, parlant avec rapidité, j'étais panique, j'avais peur, peur de la perdre encore une fois. Je ne voulais pas..pas encore..

— RaffaĂ«lla sort avec moi ! Je t'abandonnerais plus ! Plus jamais viens, je t'en prie viens..

Ses petits yeux, bleu et vert me fixent rĂ©flĂ©chissant Ă  l'offre, le temps semblait s'ĂȘtre arrĂȘtĂ©e, les flammes continuaient de danser autour de nous, les murs s'effondraient, laissant la maison familiale en un tas de dĂ©bris. Comme-ci elle n'avait jamais existĂ©.

Emportant avec elle, les rires, les souvenirs, et notre amour fraternel.

— C'est trop tard Engel.. tu m'as laissĂ© mourir lĂ  bas. On peut pas revenir en arriĂšre.

Ses mots résonnent en moi, ce n'est pas vrai je ne l'ai pas laissé...le feu était trop grand...je n'ai pas pu...j'ai voulu...

Je secoue la tĂȘte incapable de concevoir cette idĂ©e, c'Ă©tait impossible, impensable.
Je m'approche d'elle tentant mes bras, voulant la protĂ©ger du toit qui menaçait de l'engloutir. Mais ses mots m'arrĂȘtent..Ă©tant comme un poignard, qu'elle me plantait en plein cƓur...

— Tu m'as laissĂ© mourir Engel.. encore une fois

Puis plus rien.

Le toit s'effondre, laissant seulement le bout de sa chemise de nuit.
Haletant je cours vers les débris essayant de les retirer uns à uns mais je n'ai jamais retrouvé son petit corps.

Jamais.

La maison s'effondre totalement, créant un nuage de fumée et de poussiÚre, je tousse violemment incapable de gérer mes quintes de toux, mes yeux aussi rouge que le sang.

— Engel !!

Je regarde avec désespoir ma maison qui ressemble désormais à une décharge.
Mon regard s'accroche seulement à cette petite main ensevelie sous les décombres.

Je hurle ma douleur, je hurle si fort que j'ai cru perdre mes poumons, encore une fois.




— Engel rĂ©veilles toi bon sang !!

Je me réveille en sursaut les joues noyées de larmes, je fixe l'individu qui vient de sauver encore une fois mon esprit.

— Karl..

Karl soupire, soulagé que je me sois enfin réveillé, il me sert un verre d'eau que je m'empresse d'engloutir, j'avais besoin d'une clope..

Karl a lu dans mes pensĂ©es et m'en donne une, il me tend le briquet, mais j'Ă©tais incapable de le prendre, cela faisait 12 ans que je rĂȘvais d'elle.. et je ne m'Ă©tais jamais pardonner, de pas avoir Ă©tĂ© le grand frĂšre qu'elle souhaitait.

Il voit ma réticence, il prend la cigarette et me l'allume avant de me la donner. Je tire une longue taffe avant de la recracher doucement, noyant mes pensées les plus obscures.

— RaffaĂ«lla ?

Sa voix était était plus calme que d'habitude, aprÚs tout il savait.

Je hoche la tĂȘte dĂ©semparĂ©e, je n'avais pas rĂ©ussi Ă  la sauver.

Encore une fois.

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