Pov Moira
â MoĂŻra ! Ta journĂ©e n'est pas finie, va bosser, tu termines dans une heure !
Affalée contre le comptoir, je me redresse lentement, la voix criarde d'Aurélie, ma patronne, me secoue presque instantanément. Elle s'approche et me donne une tape amicale sur l'épaule avec son éternelle bonne humeur. Elle n'était pas méchante mais elle empiétait un peu trop sur mon espace vitale
â Allez ! Plus qu'une heure! Courage !
Je roule des yeux quand un client apparaĂźt, un trentenaire, les cheveux et les vĂȘtements tirĂ©e Ă quatre Ă©pingles, il venait sĂ»rement de finir sa journĂ©e.
â Un paquet de Camel.
Je retiens un soupir au plus profond de ma gorge. Je ne sais pas combien j'ai eu de clients comme celui lĂ aujourd'hui mais j'en ai eu assez pour toute une vie entiĂšre.
â Bonjour.
L'homme ne relĂšve mĂȘme pas les yeux de son tĂ©lĂ©phone qu'il venait Ă peine de sortir, sĂ»rement en train de rĂ©pondre Ă sa femme qu'il rentre bientĂŽt alors qu'il va voir son amante prĂ©fĂ©rĂ©e, en lui promettant qu'il va quitter sa femme pour elle. Les hommes sont tous les mĂȘmes.
â Un paquet de Camel, vous n'avez pas entendu ?
Sa voix est grave et impatiente, soit Ă©puisĂ© soit en manque de nicotine ou autre, ma patience qui n'Ă©tait dĂ©jĂ pas bien haute, se transforme rapidement en frustration. Je serre les poings, attrape le paquet et le balance sĂšchement sur le comptoir. Pendant ma formation on m'a rĂ©pĂ©tĂ© d'avoir du respect, j'en ai, beaucoup mĂȘme. Mais je ne vais sĂ»rement pas respecter ce genre de personnes.
â Dix quarante.
Il ne dit rien et balance un billet de dix et quelque piÚces, comme ci j'était la pute du quartier. Courage Moïra, courage il reste seulement une heure, seulement une putain d'heure.
Une fois le paquet payé et cet individu parti, je décide de me faire couler un café, heureusement pour moi, aujourd'hui je ne fais pas la fermeture, Aurélie la fait gentiment aprÚs tout elle me doit bien ça.
Ce bureau de tabac ferme assez tard et nous sommes que deux à le tenir, disons que ce n'est pas vraiment un quartier fréquenté par des personnes avec un esprit brillant.
Mais j'ai quand mĂȘme choisi de vivre ici, ce n'Ă©tait pas bien chĂšre pour moi. Cette ville fera l'affaire pour le temps que je vais y rester.
En revanche l'illĂ©galitĂ© rĂ©gnait ici, trafique de drogue ou encore d'armes, la mafia avait le contrĂŽle total. Ici avoir un boulot, c'est presque un luxe, le taux de chĂŽmage est bien plus haut que n'importe oĂč en Italie.
Bienvenue Ă Scampia.
En d'autre terme, bienvenue chez moi.
La voix d'aurélie me tire de mes pensées une nouvelle fois, mon café avait débordé.
"Super, journée de merde, acte II."
Je nettoie vite fait la cafetiĂšre et retourne derriĂšre la caisse, accueillir un nouveau client qui ressemblait plus Ă quelqu'un du quartier. VĂȘtement usĂ©s, ce monsieur avait facilement la cinquantaine, les dĂ©gĂąts de la vie l'avaient bien affectĂ©s.
Il me regarde avec un grand un sourire, cela faisait du bien de voir des personnes sourire et non pas collĂ©s sur leur tĂ©lĂ©phone, et rien que ça, ça rĂ©chauffe le cĆur. Sa voix enrouĂ©e me demande un paquet de Winston et un expresso.
Je fais couler le cafĂ©, faisant attention Ă ne pas le faire dĂ©border cette fois. Le gobelet prĂȘt, je le pose sur le comptoir en attrapant le paquet de cigarette Ă la volĂ©e. Il sort son portefeuille et me regarde en silence, attendant que je lui donne le montant.
â Dix quarante s'il vous plaĂźt et le cafĂ© je vous l'offre.
Il éclate de rire, mais ce doux son se transforme rapidement en une quinte de toux sÚche et interminable. Je lui tend en vitesse un mouchoir qu'il accepte volontiers.
â Ăa va Monsieur ?
Il hoche la tĂȘte, les joues rouges et les yeux plissĂ©s par l'effort, son sourire toujours lĂ malgrĂ© tout. Son ton faible me remercie.
â Merci mademoiselle, vous ĂȘtes bien gĂ©nĂ©reuse.
â Vous ĂȘtes l'une des personnes les plus aimables que j'ai vu aujourd'hui, ce quartier aurait bien besoin de gens comme vous.
â Oh oh oh, vous me flattez mais je ne suis pas d'accord, ce quartier a plutĂŽt besoin de personne comme vous.
Il me tend l'argent que je récupÚre, je lui rend la monnaie pendant qu'il se présente.
â Je m'appelle Lucien, croyez moi sur parole mademoiselle, je reviendrais ici !
Je ricane et lui rend sa monnaie, "Lucien" récupÚre son paquet qu'il enfourne dans sa poche arriÚre puis son café dans sa main.
â Moi c'est Moira et j'espĂšre bien vous revoir Lucien.
Il me sourit et me fit un signe de la main.
â Ă bientĂŽt, MoĂŻra !
Je lui rends son signe et avale une gorgĂ©e de mon cafĂ© qui avait bien refroidi depuis. Ăa ne me dĂ©range pas, je le prĂ©fĂ©rais comme ça de toute façon. Je tourne la tĂȘte vers l'horloge, 18h20, il me restait 40 minutes, je soupire longuement.
â On ne soupire pas MoĂŻra ! crie AurĂ©lie depuis la rĂ©serve.
Je roule des yeux encore une fois, mon Dieu elle allait m'achever.
La tĂȘte blonde d'AurĂ©lie dĂ©passait de l'encadrement de la porte, ses yeux bleus brillants et son sourire Ă©tait trop contagieux pour que je ne lui rĂ©ponde pas...avec un joli majeur bien tendu. Elle rigole et retourne dans la rĂ©serve.
â Si tu t'ennuies, ranges les rayons !
Je m'apprĂȘte Ă rouler de nouveau les yeux et de lĂącher mon meilleure soupir d'exaspĂ©ration mais AurĂ©lie me rattrape rapidement.
â Et ne soupire pas !
Je ne peux m'empĂȘcher de rire, elle me connaissait trop bien.
Je reste quelques minutes derriÚre la caisse avant de me décider finalement de m'occuper des rayons comme elle l'avait suggéré. Je commence par le présentoir des briquets, on avait reçu une nouvelle collection. Style vintage. L'un portait une vieille publicité de cookies, l'autre c'était une publicité pour les sardines - charmant - et un avec un design de bubblegum, style année 80.
Ils étaient mignons dans un sens.
Une fois mon comptoirs nettoyé et bien rangé, je m'attaque aux rayons derriÚre moi. C'est la que je me rends compte que notre bureau de tabac était vraiment petit. Mon comptoir prenait la moitié de la salle, à ma gauche il y avait la réserve ou Aurélie s'était enfermée depuis le début de l'aprÚs-midi. L'espace client était suffisamment grand pour accueillir trois client max, pas plus.
On tient la boutique comme on peut. Les murs sont vieux, abßmés, marqués par l'humidité. Mais on ne s'en plaint pas. Comparés à d'autres coins de Scampia, notre petit local tient encore debout.
ScampĂŹa...un endroit oĂč l'argent sale circulait librement, les forces de l'ordre n'avaient plus aucun droit ici, ce quartier de Naples Ă©tait Ă la camorra, elle y rĂ©gnait en maĂźtre depuis des annĂ©es maintenant. Ce n'est pas une mĂ©taphore, c'est la rĂ©alitĂ©. Heureusement pour nous, nous vivons Ă cĂŽtĂ© du centre, moins craignos que le cĆur mĂȘme du quartier. Ăa reste dangereux de s'y aventurer la nuit, mais disons que j'avais choisi le meilleur du pire.
Je continue de ranger les rayons et de servir quelques clients qui étaient tout aussi détestables les uns et les autres sauf cette dame, elle avait acheté un paquet de Vogue, son enfant à la main elle avait l'air épuisée. Elle s'appelait Jessica et comparé à son prénom, ce n'était pas une fille mal luné, ses cernes témoignaient de ses nuits courtes et de ses insomnies. Son petit garçon avait la peau sur les os et au vu du jeune ùge de cette femme et de ses cernes j'ai vite deviné ce qu'elle faisait pour boucler ses fins de mois et nourrir son fils.
"Fumer est un mal nĂ©cessaire" m'a-t-elle dit, c'Ă©tait son seul moyens de s'Ă©chapper de ses dĂ©mons. Je lui avais payĂ© son expresso et donner les derniers biscuits qui me restait au fond de mon sac. Nous sommes restĂ©s Ă parler pendant de longues minutes, elle m'avait fait beaucoup de peine et renforcer dans mon idĂ©e de dĂ©part, ScampĂa Ă©tait vraiment merdique.
Merdique sauf pour une chose.
â AurĂ©lie j'ai fini !
Je prend mon sac à main, détache mes cheveux du chignon qui les maintenait prisonniers depuis ce matin. Mes long cheveux brun tombent comme une cascade le long de mon dos.
â Oui j'ai vu, fais attention Ă toi en rentrant Moira, je ne veux pas qu'il t'arrive quelque chose !
â Oui oui ! Bonne soirĂ©e AurĂ©lie !
Je sors en furie, un large sourire aux lĂšvres, je n'avais qu'une hĂąte, prendre le volant.
Je m'Ă©lance dans les rues, je n'arrĂȘte pas de regarder l'heure sur mon tĂ©lĂ©phone, 19h05, j'Ă©tais encore dans les temps. Une fois dans mon immeuble je dĂ©boule les escaliers pour foncer jusqu'Ă mon garage.
Essoufflée je reste quelques instant à fixer la porte métallique, puis je l'ouvre avec excitation...la voilà .
Ma Nissan.
Mais pas n'importe laquelle.
Obtenue il y a quatre ans via un pari, un type avait cru pouvoir me battre parce que j'étais une femme, faible, fébrile...dommage pour lui, il a fini dans un mur. Moi, avec une de ses meilleurs caisses.
Une Nissan Skyline GTR R34, couleur orange cuivré tirant sur du bronze.
Je m'approche, elle me fixe. Oui, elle. Milaya. Mon bijou. Je fais glisser mes doigts sur son capot. Jamais je n'aurai imaginé avoir une bagnole pareille, surtout avec mon salaire. Je claquait tout en fringues et en mécanique.
Quoi ? Je suis une femme aprĂšs tout.
J'ai apporté quelque modifications notamment le pot d'échappement que je ne trouvais pas assez imposant par rapport à ma personne ou encore le moteur que j'ai renforcé. Un rb26, un trÚs bon moteur avec deux turbos mais je le trouvais assez fragile j'ai du le booster d'avantage et puis quelque autres petite choses par ci par là .
Par contre, les roues, je les ai laissĂ©es. Quatre roues directives, un pur plaisir. L'arriĂšre est hyper mobile. Un rĂȘve. Ăa donne un meilleur angle de virage. Un pur dĂ©lice.
Mais ce que je préfÚre par dessus tout, c'est l'adrénaline. Cette peur qui monte le long de mes veines. Mes mains qui s'agrippent sur le volant. Mon pieds qui écrasent la pédale.
Et ce cĆur qui s'arracher de ma poitrine.
Je ne m'en laisserais jamais.
C'est exquis.
Je la dĂ©verrouille, ses feux me font un clin d'Ćil. J'ouvre la portiĂšre, m'installe cĂŽtĂ© conducteur. Je tourne la clĂ©. Son moteur rugit.
Un pur plaisir pour mes oreilles.
J'appuie sur un bouton, les néons s'allument sous la voiture. Orange bien sûr. Ce soir c'était ma nuit.
Je traverse les rues de ScampĂa, roulant paisiblement sans m'attarder sur les misĂšres de cette ville. Remplie de personnes diffĂ©rentes mais tous ont la mĂȘme situation financiĂšres...ou presque. Un peu plus loin au nord de ScampĂa rĂ©sidait la camorra ou plus prĂ©cisĂ©ment les mafieux mĂ©langĂ©s au riches. Des millionnaires venant s'installer ici je n'ai jamais compris l'intĂ©rĂȘt. Ils ont l'argent mais ils viennent s'installer dans le trou du cul du monde. Aucune logique.
Pendant que le paysage défile à grande vitesse, je me retrouve rapidement hors de la ville, abandonnant ce quartier sans sous, la terreur et bien sûr la drogue.
Je roule pendant une dizaine de minutes avant d'arriver Ă destination.
â Casavatore...comme on se retrouve.
Dans ce quartier je me permet de faire rugir le moteur, j'aperçois du coin de l'Ćil certaines caisses que j'ajouterais bien Ă ma collection, enfin...ma "collection" se rĂ©sume seulement Ă Milaya...Je tapote doucement le volant.
â T'inquiĂšte pas, tu es ma prĂ©fĂ©rĂ©e Milaya, toujours.
Je roule à travers les rues, jusqu'à tourner à un croisement à premiÚre vue, désert. Je tourne à droite, puis à gauche...et les pneus qui crissent à cause de mon freinage sec. Une foule.
Une foule que je n'avais jamais vu ici.
Casavatore Ă©tait un petite ville pas trĂšs loin de ScampĂa, un peu mieux logĂ© mais on pouvait pas le qualifiĂ© de "mieux".
La mafia n'avait pas de droit ici, quant bien mĂȘme la richesse n'Ă©tait pas prĂ©sente non plus. C'Ă©tait pauvre et misĂ©rable. Pourtant les personnes que j'observe depuis tout Ă l'heure n'ont pas l'air dans le besoin. VĂȘtements de marques, bijoux jusqu'au cou. Non je suis certaine que ces gens lĂ , ne viennent pas d'ici.
Les courses promettent d'ĂȘtre intĂ©ressantes ce soir.
Je me fraye un chemin au milieu de la foule. Je sens ma poitrine se compresser. Mon cĆur qui s'emballe. Mes yeux vagabondent d'un point Ă un autre. Je n'arrivais pas Ă fixer un point, ma respiration se fit courte. J'Ă©touffe. Tous ses regards sur moi...j'aime pas ça.
Il fallait que je roule. Maintenant.
Je prend une grande respiration et m'installe devant la ligne improvisĂ© par les organisateurs. Tournoi illĂ©gal. Ăvidemment.
Quoi ? Je galÚre déjà à boucler mes fins de mois un peu de black ça fait de mal à personne.
Un grondement me fait regarder dans les rétros mais je détourne aussi vite.
â Tes pleins phares pridurok
La voiture se positionne à cÎté de moi, je détaille sa caisse de long, en large et en travers, une Lamborghini Aventador. Simple mais jolie. Elle ne valait pas la mienne. Il baisse sa vitre, son bras sur le volant, crùne rasé, lunettes de soleil, tatouages, sourire ragoûtant, sa dent en argent, pas assez d'argent pour se la payer en or j'imagine. Il était l'exemple parfait du mec qui se croit irrésistible, une chose est sûre je vais lui retirer ce sourire malsain de ses lÚvres. Je détourne les yeux, déjà ennuyée par ce spécimen.
â Belle caisse, ma jolie.
Sa voix Ă©tait grasse, Ă©coeurante, un homme. Il devait pas avoir plus de 35 ans. MĂȘme de ma caisse je sentais l'alcool et la drogue qui Ă©manait de lui.
Une femme arrive entre nos caisses, plateau en main, elle s'installe attendant nos mises. Je ne perds pas une minute et mise tout ce que j'ai actuellement dans mes poches. Il siffle de maniÚre théùtrale en retirant ses lunettes en voyant la somme que j'ai posé dans le plateau.
â Dis donc ma jolie, tu t'es cru au poker ?
Je ricane, ce le genre de type Ă avoir une grande gueule mais rien dans le froc. Je daigne enfin le regarder, un sourire narquois au lĂšvres.
â Quoi ? Tu flippes ? Juste parce que tu as une nana en face de toi ?
Sa veine frontale gonfle. Bingo. L'ego masculin, ce jouet fragile.
Il sort une grosse liasse de billets, à premiÚre vu, je dirais facile 700 euros, soit il est riche soit il est persuadé de gagner. Mais ce qu'il ne sait pas, c'est qu'en face de lui, il a une nana qui ne connait pas le mot "perdre".
J'ai toujours gagné.
Et je gagnerais encore longtemps.
Les mises s'empilent, 1000 euros à la clés, aprÚs la victoire j'irais faire du shopping.
â Merci pour mes nouveau talons Jimmy Choo, la derniĂšre collections est Ă tomber.
Il rigole Ă gorge dĂ©ployĂ©e, on verra bien qui rira le dernier. Je m'installe profondĂ©ment dans mon siĂšge, je respire un grand coup, encore une fois, la crise d'angoisse se retrouve dominĂ©e par mon excitation, mon cĆur cogne dans ma poitrine, mon sourire s'Ă©largit, mes mains serrent le volant, je vais de nouveau sentir cette adrĂ©naline.
On s'aligne, faisant rugir nos moteurs, impatients. La femme de tout à l'heure passe entre nous, perchée sur ses talons, elle brandit le drapeau, la foule hurle, l'excitation monte.
Le crĂąne d'oeuf me lĂąche pas du regard mais je le calcule pas du tout, j'attends. J'ai soif. Faim de vitesse. Faim de vertige.
Comme il me l'a apprit.
Mon monde s'efface petit Ă petit laissant place Ă seulement trois choses, la route, Milaya et sa putain de Lamborghini.
Le drapeau tombe
Je lĂąche les freins
Je démarre comme une fusée laissant derriÚre moi un nuage de fumée et les cris de la foule enragée, c'était si bon. Je passe la premiÚre, la deuxiÚme, la troisiÚme faisant crier Milaya, les pneus crissent, le bitume vibre sous mes roues, j'allais l'écraser, j'allais gagner.
C'était si bon !
Mes moment favoris, les virages, ce moment oĂč je braque le volant me donnant l'impression de voler, je regarde dans mon rĂ©troviseur, il galĂ©rait Ă revenir. Je ris, folle de joie. J'allais empocher un salaire, le rĂȘve !
Un autre virage arrive, plus serrée cette fois.
142...158...176 km/h.
Mon cĆur tambourine, mes mains resserrent le volant, l'adrĂ©naline parcourait mon corps de la tĂȘte au pieds, je surpassais la peur.
Le virage approche de plus en plus mais je ne ralentis pas au contraire.
J'accélÚre.
Le compteur grimpe, 180...192...200 km/h. J'entends les soupapes siffler, le turbo hurler, Milaya vibre, elle est vivante, prĂȘte Ă mordre l'asphalte.
Le moteur grogne, elle glisse, le chùssis hurle, les amortisseurs crient, les pneus mordent l'asphalte trempé, l'arriÚre tangue mais je tiens bon. Je sens tout mes muscles se contracter, mes yeux ne quittant pas ce virage de la mort, j'étais dans mon élément, la vitesse en plein nez, la mort sur le siÚge passager.
à ce moment précis, je me sentais vivante.
J'étais plus que je vivante, je prenais mon putain de pied !
Une fois le virage passé je vis la Lamborghini ralentir dans le virage, ses freins hurlent tandis que j'accélÚre, c'était la derniÚre ligne droite, à moi l'argent.
Je passe la ligne d'arrivĂ©e comme une fusĂ©e, je braque le volant, m'arrĂȘtant en biais, la foule m'entoure hurlant de tout les cĂŽtĂ©s, leur tĂ©lĂ©phones en mains me filmant, prenant des photos. Je fais rugir une derniĂšre fois le moteur avant de sortir, les gens crient et hurlent, sa voiture arrive enfin, il s'arrĂȘte grossiĂšrement et sort furieux.
â Comment ta fais petite pĂ©tasse ! J'aurais dĂ» gagner ! Ma caisse est plus puissante que la tienne !
â Oui c'est sĂ»rement ça, en attendant...
La femme m'apporte le plateau, elle soulÚve la cloche, je prend tout l'argent avant de le compter. Plus les billets défilaient plus mon sourire s'élargissait.
â Merci pour la paire de Jimmy Choo, j'aurais jamais pensĂ© qu'un homme serait aussi con que ça.
Le crùne d'oeuf voit rouge, il s'approche de moi furieux, il se fait vite attraper pendant que je le nargue avec ses propres billets qui sont miens dorénavant.
â Salope de merde ! Je te retrouverais !
Je hoche la tĂȘte en souriant, qu'il essaye.
Il se fait tirer, forcer de partir. Je fourre les billets dans mes poches, une seule course m'a suffit finalement.
Je remonte dans Milaya, je regarde vers la foule, quelqu'un m'observe. Je le sens.
Mon regard tombe sur un homme, au cheveux noir, assis sur le capot de sa caisse, des filles l'entourent de tout les cÎtés se collant à lui, il était habillé tout en noir. Une présence froide et distante.
Je n'arrivais pas à voir ses yeux, il faisait trop sombre et toute cette foule ne m'aidait pas. Il m'était impossible de détourner le regard, j'étais comme...
Hypnotisée.
Je secoue la tĂȘte me concentrant sur la route, il voulait quoi ? Ma photo ce connard ? Je dois vraiment ĂȘtre crevĂ©e pour ĂȘtre distraite par ce genre de type.
Peu m'importe.
J'allume le contact de Milaya, elle rugit, je fais crisser mes pneus créant un nuage de fumer et les cris des gens. Je démarre au quart de tour laissant de jolie traces derriÚre moi.
Plus je m'éloignais des cris plus je ressentais mon adrénaline descendre, laissant place à mon angoisse que j'avais étouffer et non gérer, c'était toujours comme ça.
Mes nausées et mon mal de ventre reviennent au galop, les bouffés de chaleur et les vertiges me prennes, heureusement pour moi ScampÏa était seulement à quelque minutes, je coupe les néons. Je trace par les ruelles sombres, la ou personne ne traßne. Je ne veux pas qu'on me remarque.
Peut-ĂȘtre...que j'ai un peu ratĂ© sur ce coup lĂ .
Une fois dans mon garage je rage mon bébé et remonte chez moi, mes talons claquent contre le béton, quelle belle journée. Mal commencé mais bien finie.
J'habitais au dernier étage, Dieu merci les ascenseur existent. J'enfonce ma clé avant de pousser cette porte miteuse, ce n'était pas bien grand mais ça faisait le taf, un salon avec une cuisine et une chambre, je n'avais aucune déco, ma seule décoration était ma PlayStation 5 qui ornait mon meuble TV. Mon seul luxe.
Si on ne regarde pas ma garde de robe évidemment.
Je referme la porte en m'adossant dessus. Pas dĂ©licatement. Je retire mes chaussures et pousse un long soupire de bien ĂȘtre et de douleur, passer de douze centimĂštre Ă du plat me faisait encore mal. Je m'Ă©croule sur le canapĂ©, le tĂ©lĂ©phone en main je dĂ©cide de me balader sur les rĂ©seaux avant de dormir.
Ăvidemment je repĂšre ma prochaine paire de chaussure que je vais aller acheter dans la semaine, des Seada 100. Elles iront parfaitement Ă mes pieds, je screen le modĂšle puis je finis rapidement sur Instagram, oĂč je dĂ©couvre mon visage Ă la une avec Milaya Ă©galement, le crĂąne d'oeuf Ă©tait un grand riche qui montrait fiĂšrement ses propres bijoux, il en avait des pas mal, je lui accorde ce point. Mais grĂące Ă lui je peux agrandir ma collection de chaussures.
Mon regard se pose sur un post d'une fille, qui avait pris un homme en photo, il était de profil, des cheveux noir et un accoutrement qui laissait à désirer, il ne le mettait absolument pas en valeur. Je lis la description rapidement mais mes yeux s'écarquillent, je me relÚve brusquement.
- J'Y CROIS PAS ?!
Je relis plusieurs fois pour ĂȘtre sĂ»re. Je comprends mieux pourquoi il y avait autant de monde !
- Engel Holfman ! Putain qu'est-ce qu'il foutait la lui ?!
Engel Holfman, pilote numéro 1 dans le monde de la Formule 1.