Ses paupières s'ouvrent sur un plafond de toile tendue, pâle comme un linceul. Le même. Toujours le même. Ses pensées tourbillonnent, remettant en question chaque vérité apprise en l'espace d'une journée.
Est-ce un rêve ?
Sa main rencontre la froideur métallique contre sa poitrine. Le collier.
Ce n'est pas un rêve...
Sa respiration est lourde tandis que les souvenirs reviennent par vagues dissonantes. Dehors, le ciel nocturne étale son manteau d'encre. Elle a dormi longtemps. Ici le temps est un concept élastique, fuyant. Plus de douleur au ventre, seulement une pression sourde derrière ses tempes.
Des fragments de mémoire persistent. La chaleur rassurante d'un corps, puis la morsure d'une présence glaciale, bien trop complexe pour être Aois.
Elle se lève, ses membres engourdis protestent comme après un long voyage aux enfers. Ses vêtements de la veille sont froissés. Le pendentif rouge niché contre son sternum a un poids familier et épousent parfaitement le creux formé entre ses seins. Liever a dit vrai - cet objet est à elle. Sa seule ancre dans cet océan d'oubli.
La fenêtre céde sous ses doigts, libérant une symphonie nocturne. Le domaine s'étend jusqu'à une forêt sombre tandis que le jardin déploit un tapis vivant de fleurs et d'arbres fruitiers. Chaque brise, chaque froissement de feuille composent une mélodie organique qui rend la maison encore plus creuse, fantomatique.
— La nuit t'appelle ou cherches-tu désespérément à fuir ?
Dryss sursaute. Un inconnu trône sur la chaise près du lit, son costume bleu et or le drapent comme une relique précieuse. Son regard la dévore avec une intensité de collectionneur.
— Fuir ? Si vous vouliez me tuer, l'occasion était idéale pendant que je dormais.
Il se redresse, chaque mouvement fluide comme une lame tirée de son fourreau. Ses yeux en amande scrutent la pièce avec une possession troublante.
— Comment te sens-tu ?
— Grâce à Aois et Damon, bien mieux. Je leur dois beaucoup.
— Tu es arrivée dans un état pitoyable ils sont parti de loin.
Il était là ? Sait-il quelque chose ? A-t-elle parlé avant de sombrer ?
Son silence crit des questions dont personne n’ose donner les réponses.
— Je n'ai pas toutes les réponses. Mais je peux t'aider à les trouver.
Il approche, ses pas mesurés résonnent comme un compte à rebours.
— Vous êtes comme cet homme… remarque-t-elle en comprenant qu’il sait exactement ce qu’elle pense.
— Je suis comme toi. Nuance.
Sa paume se pose sur la joue de Dryss. Une chaleur étrange l'envahit - rien à voir avec le soleil bienveillant d'Aois. C'est la brûlure d'un miroir, reflétant une partie d’elle-même oubliée, mais essentielle. Son contact trace des chemins de feu dans ses veines, remontant sa colonne vertébrale pour frapper son crâne comme un gong.
— Comment... Qui êtes-vous ?
Ses yeux sont un cosmos infini, des millions d'étoiles naissantes et mourantes dans ses pupilles noires l’espace d’un instant. Il en sait bien plus qu’il ne le montre.
— Avant la Grande Guerre, les autres nous vénéraient comme des Dieux. Rayz, Loy et leurs semblables n'étaient que nos serviteurs. Appelle ça des omniscients, des surhommes, comme tu veux... Mais le vrai nom est Néïde. Je peux t'apprendre mais il faudra me faire confiance, Dryss.
— Sortez de ma tête, sa voix déchire l'air comme un glaive.
Il recule, le lien rompu.
Confiance ? Ici, dans ce repaire d'êtres anormaux ? Elle n’est qu’une étrangère, une pièce rapportée dans leur jeu trouble. Tout s’embrouille dans sa tête. Ses pas précipités résonnent contre le parquet alors qu’elle se précipite vers la porte, bousculant au passage l’homme aux cheveux blancs. Fuir, aveuglément, sans savoir où ses pieds la mènent. Cette maison est un vrai dédale de couloirs. Un manoir ? Un château ? Certainement pas une simple bicoque.
Le couloir s’étire, interminable, jusqu’à ce qu’un escalier secondaire apparaisse, sombre et étroit. Derrière elle, des pas pressés. Il la suit. Son souffle se bloque et elle s’engouffre dans une alcôve dissimulée dans le mur
Et soudain, la bibliothèque.
Elle apparait, majestueuse, cachée au cœur de ce couloir oublié. Des étagères montent jusqu’au plafond, chargées de livres anciens, leurs reliures craquelées par le temps. Elle admire les échelles coulissantes, immenses qui sont adossées aux murs, comme des sentinelles veillant sur ce savoir interdit. Elle est hypnotisée. Son regard saute d’un ouvrage à l’autre, incapable de se fixer. L’odeur du cuir et du papier jauni embaume la pièce.
— C’est magnifique.
— Je te remercie.
Elle sursaute. Sa voix n’était pas forte pourtant quelqu’un a répondu.
C’est un homme qui se tient là, la dévisageant avec une intensité presque brutale. Comme les autres, ses yeux la transpercent.
— Je n’ai pas eu le temps de me présenter tout à l’heure. J’ai cru avoir perdu du poil de la bête mais c’étaot toi le souci n’est-ce pas ? Je m’appelle Loy.
Il tend une main. Quelque chose frémit dans son regard. Une lueur fugace, comme une faille dans son masque de calme. Elle s’approche, méfiante, écrasée par sa carrure imposante.
Au contact de sa peau, un choc.
La fatigue qu’elle à senti depuis sa rencontre avec Rayz l’écrase de nouveau. Son cœur ralentit, trop lent, trop lourd. Sa vision se brouille. Chaque pensée devient cotonneuse, étouffée.
— Qu’est-ce que vous-
— Je vois. C’est intéressant. Il attrape son visage. Ses doigts se referment sur sa mâchoire avec une autorité glaciale. Les jambes de Dryss cèdent. Elle ne contrôle plus rien. Alors, dis-moi, Dryss… Qui es-tu vraiment ?
Elle sombre. Son esprit se dissout, happé par une force obscure. Les mots s’échappent de sa bouche, malgré elle.
— Je… je ne sais plus…
— Un effort ma belle. J’ai brisé des résistances bien plus tenaces que la tienne. Alors cherche, grimace-t-il en serrant les dents, ennuyé.
Un mouvement.
Loy relâche son visage brusquement. Elle s’effondre. Le sol l’aspire tandis que la pression dans son crâne se dissipe lentement. Ses membres redeviennent siens.
— Tu t’arrêtes ? Quel dommage. J’avais un un si beau spectacle.
Cette voix.
L’homme aux cheveux blancs les observe, un sourire énigmatique aux lèvres.
— Excuse-moi Dyun. Je voulais voir si ça marcherait avec elle. Elle a perdu la mémoire alors je pensais… l’aider, minaude Loy en baissant les yeux sur le sol, clairement dominé.
— Donc tu as cru qu’utiliser une technique de torture mentale sur une Néïde était une bonne idée ?
Son ton est tranchant. L’homme baisse les yeux, soumis, avant de fuir la queue entre les jambes. Dyun s’approche, l’aide à se relever d’un geste ferme.
Si elle saute par la fenêtre est-ce que la chute sera fatale ?
Ne m’oblige pas a te casser les chevilles.
La voix résonne dans sa tête. Elle sursaute. Il n’a pas ouvert la bouche. Ses yeux, ses maudits yeux changent et brillent d’une lueur amusée.
— C’est normal. J’ai dit que je t’aiderais, soupire-t-il.
— Arrêtez. Je ne suis pas comme-vous, je n’ai rien. Je n’ai pas de pouvoir magique ou de force surnaturelles. Laissez-moi partir et je ne dirais rien a personne.
Il rit, un son profond, presque charnel.
— Les gens comme nous sont aussi les gens comme toi. Tu l’ignores, c’est tout, d’une voix calme et conscise, applatis de tous défauts.
— Je ne suis pas comme vous ! Je n’ai pas de pouvoirs, pas de crocs maudits ni de lumière qui me sort des doigts.
— Que tu crois. Il se détourne, parcourant les livres d’un doigt distrait. Tu dois simplement réapprendre, conclu-t-il en réfléchissant.
Elle reste figée. Dyun laisse ses doigts courir sur les reliures usées.
— Dans cette bibliothèque, le grand-père de Loy a compilé tout ce qu’il savait sur les gens ‘comme nous’. Un homme bon, d’une douceur rare mais légèrement fou. Un rire bas, presque nostalgique, glisse dans l’air. C’est lui qui a élevé Loy après la guerre, seul. Il s’est reclus ici, noyant sa folie dans l’encre. Il a voulus le protéger alors il a écrit des livres sur les créatures magiques comme lui. Sur les autres. Sur tout ce qui dépasse la petite humanité pathétique. Ses ongles grattent une tranche poussiéreuse. Il est mort pendant l’après-guerre, durant la reconstruction de Gin et il a légué cette bâtisse à Loy. Et tout ce qu’elle cache.
Dryss l’observe, cet homme aux yeux trop perçants. Il n’est pas méchant. Juste, différent. Comme tout ici.
— Ah !
Un livre au cuir vert, avec des lettres dorées écrasées sur la couverture.
Créatures du Royaume de Gin.
Il le tend, puis le retire d’un geste vif, comme un chat jouant avec une souris.
— Alors ? Acceptes-tu mon aide ?
— J’ai peur, avou-t-elle la gorge serrée.
Il pouffe et soudain, il est là.
Trop près.
Son souffle chaud frôle sa bouche. Sa tête s’incline, comme pour un baiser qui ne vient pas.
— Suis-je si effrayant que ça ?
Dryss le repousse, saisis le livre mais ses doigts se resserrent, refusant de lâcher prise.
— Ce n’est pas vous qui me faites peur. C’est moi, soufle-t-elle la voix tremblante.
Alors, il agit.
Une main enserre ses hanches, l’écrasant contre les rayonnages. Son torse épouse le sien, trop chaud, trop présent. Le bois grince sous son dos.
— Dans ce cas, tu devrais être bien plus sur tes gardes, ses lèvres a un souffle des siennes.
Ses doigts enroulent une mèche des cheveux de Dryss et la glissent derrière son oreille.
Puis il la libère.
D’un coup.
Le livre reste dans ses mains. Lui, s’éloigne, un sourire carnassier aux lèvres.
— J’accepte votre aide. Mais à une condition. dit-elle rapidement.
Il s’immobilise. Silence tendu.
— Je veux rester ici.
Son rire résonne, clair et dangereux.
— As tu seulement le choix, murmure-t-il, déjà à la porte.
Et celle-ci claque, la laissant seule dans la bibliothèque.
Il a raison. Où irait-elle ? Elle n’a rien. Personne. Eux, au moins, savent.
Le livre s’ouvre sur des pages marquées. Un sommaire étrange, des mots inconnus, certains surlignés à l’encre rouge.
Les doigt tremblant, elle tourne les pages vers la première entrée marquée.
—Abchanchu...
Les mots dans le livre palpitent sous ses doigts, vivants.
D'apparence humaine, leurs victimes les confondent souvent avec des vampires classiques. Cousins éloignés, l'Abchanchu se présente sous les traits d’un vieillard fragile, inoffensif, cherchant désespérément de l’aide… avant de se révéler. Bien moins nombreux que leurs cousins, ils se fondent dans la masse et préfèrent vivre seul.
Un frisson parcoure son échine. C’est lui. Ce prétendu vampire aux manières trop polies, à la voix doucereuse.
Ils contrôlent le corps de leurs victimes.
Tout s’éclaire. Son collier arraché. Ses membres paralysés. Elle avait été une marionnette entre ses mains.
Utilisés comme guerriers pendant la Grande Guerre pour protéger la famille royale, leurs yeux rougissent d’un ‘Rubis Carmin’ lorsqu’ils se nourrissent ou utilisent leur pouvoirs.
Une question résolue. Cinq nouvelles surgirent. La famille royale ? La Grande Guerre ?
Son cœur bats trop vite. Dryss tourne les pages fébrilement, avide de réponses. Elle tombe sur un autre mot surligné.
Eobs-aeda.
Êtres capables de ressentir les émotions d’autrui. La plupart nécessitent un contact peau à peau. Les plus puissants voient directement l’aura des sentiments. Difficilement contrôlable, c'est une fatigue constante. Souvent médecin du peuple ou de la cour, ils ne sont ni craints ni chassé. La dernière expérience a été mené par un médecin de la famille royale sur une Eobs étant capable de changer ou d'accompagner les émotions de ses congénères. Il semblerait que certains Eobs soit en position d'interagir directement avec les émotions elles-mêmes. Lors de l'utilisation de leur pouvoir, leurs yeux se colorent à quelque chose qui s'apparente à du doré.
Des yeux dorés. Aois. C’est lui.
Son esprit tourbillonne. Plus elle apprend, moins elle comprend. Est-elle vraiment liée à ce monde ?
Neides
Les Néïdes sont les créatures les plus respectées du Royaume de Gin. Ancienne famille royale, ils furent considérés comme des dieux jusqu'au déclin de leur pouvoir après la Grande Guerre. Omniscients, ils maîtrisent une pluralité de pouvoirs : télépathie, télékinésie, expansion sensorielle... Certaines légendes prétendent qu'ils seraient les derniers capables de contrôler le Némésis - si cette entité a jamais existé. Les derniers Néïdes connus sont : l'ancien roi Him Hyuss, l'ancienne reine-mère Him Dahnaar et leur descendant direct, Him Dyun.
Dyun.
La révélation frappe comme un coup de poing. Un prince déchu ?
"Nous sommes les mêmes", a-t-il murmuré. Et ce fou qui reniflait son cou. "Elle sent le Néïde..." Est-ce possible ? Est-elle...
La page suivante se tourne seule, comme poussée par un souffle invisible.
Leur apparence regroupe des traits caractéristiques d'autres espèces : yeux en amande aplatis, cheveux blanc-gris. La légende veut que leurs yeux changent de couleur lorsqu'ils utilisent leurs pouvoirs. Après leur défaite, la famille royale fut traqués à travers le royaume. Si la légende parle d’un enfant qui a survécu, peu de gens l’imagine revenir sur le trone après tant d’années.
Dryss referme le livre avec un claquement sec. Ce texte est ancien. Trop. La poussière collée aux pages, les formulations incertaines - "on raconte", "certaines légendes"... Le grand-père de Loy ignorait-il qu'il hébergeait un prince dans sa maison ?
Pourtant, les coïncidences s'accumulent. Cheveux blanc-argent, les yeux en amande, ce regard qui perce l'âme. Il faut être imbécile pour ne pas comprendre.
Un bruit.
Un papier plié glisse entre les pages et tombe à ses pieds. À l'endroit où il était caché, la déchirure d'une page arrachée...
Ele se penche et l’ouvre. C’est une autre page du livre.
Némésis. Aucun document fiable ne recense de Némésis ayant survécu à la Grande Guerre. Les archives se contredisent, les récits s’entrechoquent. Mythe ou réalité ? Certains clament qu’ils n’ont jamais existé. D’autres jurent qu’ils furent des hommes maudits par les Dieux eux-mêmes. Une rumeur persistante murmure qu’ils puisent leur force dans le Mal. Parmi ce chaos de vérités, un seul ouvrage semble faire autorité : « Le Mal qui rongera mes veines ». Selon ses pages : Les Némésis peuvent absorber la souffrance d’autrui… pour en subir une version décuplée. Leur pouvoir est une lame à double tranchant : ils sauvent d’un battement de cils, mais chaque victime les ronge de l’intérieur. Pendant la Grande Guerre, des innocents furent massacrés par peur de cette malédiction. Et depuis ? Le peuple fuit tout ce qui leur ressemble. Même l’ombre d’un doute suffit à condamner.
Dernière ligne, griffonnée comme une prophétie.
Un Némésis. Damon. Le lien est vite fait entre lui et cette description. Pourquoi les fuir ? Durant une guerre, des êtres capables d’absorber la souffrance auraient été inestimables.
Craints ou chassées
Ces mots reviennent en tête alors qu’elle imagine Damon seul et rejeté. Comme pour Dyun, le reste du monde ne semble pas être au courant qu'ils existent. Mais c'est peut être mieux ainsi.
Quand elle remet la feuille froissée et pliée à sa place, elle remarque que la suivante aussi est déchiré, mais cette fois-ci elle n'est pas dans le livre. En plus de ne pas comprendre pourquoi arraché mais garder celle-ci, elle comprend encore moins pourquoi ils ont enlevé celle d'après. Est-elle sur le Némésis ? Ou sur une créature bien pire ?
Ses doigts parcourent la page suivante.
Récepteurs Télépathique
Capables de lire les pensées, mais pas les émotions. Confondus avec les Eobs-aeda, ils préfèrent le silence à la compagnie. Leurs yeux bleu glacier trahissent leur pouvoir. Certains peuvent aussi communiquer avec ceux qui laissent accès à leur esprit. Ils ont tendance à être malicieux et très intelligent. Ils se rapproche plutôt des sorcières de Manyeo. Etant déjà dans la population, ils n'ont pas conne une grande tragédie lors de la Grande Guerre. Ils ont simplement continué à vivre parmi le peuple après le déclin du pouvoir.
Ca c'est forcément l'homme qui l’a trouvé. Liever ? Il lisait ses pensées, et Dyun aussi.
Dyun est un Néïde. Cette information tourne des millions et des millions de fois dans sa tête en plus du reste. Elle referme le livre tandis qu’Aois apparait dans l'encadrement d'une porte face au passage de la bibliothèque.
— Qu'est ce que tu fais là ? Tu devrais te reposer, surtout si tu veux retrouver ta mémoire.
Il dit ça en se frottant les yeux, d'un air de dire que lui aussi veux dormir. Du moins que quelque chose l'en a empêché.
— Désolée de t'avoir réveillé.
Elle le voit scruter le livre dans ses mains puis serrer les dents.
— Alors ? Tu l'as lu ? négociant un virage obscur.
Dryss hésite.
— Juste les passages surlignés... Il y avait trop à assimiler.
Ils marchent tous les deux puis s'arrêtent dans la salle à manger plongée dans un noir d'encre. L'obscurité ne semble pas le gêner le moins du monde.
— Et ? Des souvenirs ? Une révélation ?
— Plus de questions que de réponses...
Doit-elle mentionner la page arrachée ? Parler de Dyun ? De son étrange proposition ?
— Si t'en viens à émettre des ondes de panique pareilles, pose tes questions plutôt que de t'étouffer, remarque silencieusement le jeune homme qui caresse la bordure de la table.
Touchée.
Elle serre les poings.
— C'est quoi la Grande Guerre ?
Dans l'ombre, elle le devine s'asseoir sur la table, verre à la main.
— Hmm... Si je devais la décrire, je dirais que c'était une grande guerre…
Son rire solitaire résonne tandis qu'une vague de fatigue lui cingle les tempes. Il se redresse, poussant pour revenir sur ses appuis et se rapproche d’elle.
— On en parlera demain. Là, tu vas aller dormir.
— Je ne m'endors pas, je médite.
— Evidement.
Sa main se pose sur son épaule nue. Le monde bascule dans un océan de bien-être qui submerge chaque parcelle de son être. Dans les ténèbres, une lueur blanche irradie sa peau, révélant deux orbes dorés, purs comme l'ambre le plus précieux.
— Tu es la première aussi réceptive... Même Dyun résistait au début. Puis il a développé sa propre magie... Il emet un petit rire nostalgique. Depuis, plus moyen de le lire.
— Je comprends sa méfiance... Mais moi... j'aime ça. Avec toi, je me sens... en sécurité. Elle se sens confondre la réalité et le someille.
Son rire réchauffe l'obscurité tandis que ses yeux brillent comme deux étoiles au milieu de la nuit. D'un mouvement fluide, il la souleve comme une plume. Dryss proteste à peine quand son étreinte se resserre. Elle le sent monter les escalier.
— Les autres ne sont pas des monstres. Ce sont peut-être même ceux en qui tu peux avoir le plus confiance.
— Même Damon ? Ce type me paraît loin d'être ton ami.
— C'est le plus vieux ici tu sais ? Quand je suis arrivé ici, Loy, Dyun et Damon étaient déjà là. Ils avaient déjà leurs passé ensemble et j'avais l'impression d'être seul et de gêner tout le monde. Damon ma tendu la main le premier. Il est venu vers moi alors que je voulais partir et je me rappelle toutes les fois où il ma guidé quand j'étais encore trop jeune pour me débrouiller tout seul. Il s’arrête devant la porte de sa chambre. Ne te méprends pas, sous ses airs glacés, il porte un fardeau lourd. Et crois-moi... il fait un sourire enigmatique. Parmi nous sept, c'est loin d'être le pire.
Sept ? Elle fronce les sourcils.
— Cadere te rencontrera bientôt. Maintenant, dors, ordone-t-il en posant une main sur ses yeux.
Alors qu’elle s'enfonce dans les coussins, sa magie opére, plongeant sa conscience dans des abysses paisibles.
Le jeune médecin baille largement et bruyamment.
— Je dépose la demoiselle dans son lit et je file en faire de même. Aller dépêche toi.
— Ne me laissez pas seule... murmure-t-elle dans une plainte furtive et inconsciente avant de plonger dans un sommeille fulgurant.