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Chapitre 1

Ivy, Canada, Octobre 2008

Mes pieds frappent brutalement contre le sol en marbre, le coeur battant à une vitesse folle. Mes yeux cherchent frénétiquement dans l'opacité de la fumée qui m'enserre la gorge. Ma respiration commence à se faire lente tant je ne parviens plus à inhaler l'air. Mon cœur se serre au fur et à mesure, perdant peu à peu l'espoir de la retrouver. J'ouvre une à une les portes qui se trouvent sur mon chemin, mes poumons commencent à s'affaiblir. Je tousse, plusieurs fois, ma vision se brouille et très vite, mon pouls résonne dans tout mon corps. 

Mes paupières se ferment, je sens mon corps entrer en collision avec le sol, la chaleur des flammes me faisant suffoquer.

 J'ai toujours eu cette étincelle au fond de moi, qui me donnait l'espoir d'y croire. Celle qui me chuchotait la nuit qu'un jour, je m'évaderai de cet enfer. J'ai eu tort. On ne peut pas fuir le Hell, on ne peut que le combattre et mon corps est bien trop faible pour affronter un tel démons. En tout cas, pas seule. 

-Ivy… Ivy, Réveille-toi. M'interpelle sa voix surplombant le bruit du chaos qui envahit mon cerveau. 

J'ouvre brutalement les yeux, mes sens en alerte malgré  mon corps  encore affaibli. Ma vision n'est pas nette, mais j'arrive à apercevoir ma meilleure amie, son visage à quelques centimètres du mien. Son air inquiet peint sur ses traits. 

-Ivy… Faut sortir d'ici… Je… On va s'en…Sortir. Balbutit-elle entre deux cales de toux.

Un infime sourire se dessine sur ses lèvres avant qu'elle ne ferme les yeux. Une larme coule le long de sa joue. Laissant à mon cœur une raison de plus de me briser. Chaque petit morceau de mon organe s'éparpille lorsque je vois sur ses traits, la tristesse. A ce moment précis, Eli n'a pas peur, elle se contente encore une fois, de me sauver. De penser a ma vie avant la sienne, de sacrifier sa peau pour la mienne.

-Ivy, tu m'a sauvé la vie sans même t'en apercevoir quand j'étais sur le point d'y mettre fin… Tu es ma meilleure amie. Commence-t-elle, laissant couler une deuxième larme. 

Je prends son visage en coupe, examine un instant ses traits doux. Je décline vivement de la tête, mon cœur refusant de lui dire au revoir.

-Arrête… de faire comme si c'était la dernière fois. Je t'interdis d'abandonner!

Ma meilleure amie éclate d'un sanglots des plus déchirants, tombant dans mes bras. Son corps enlace le mien, le serrant à m'en couper la respiration. J'accueille son étreinte a bras ouvert, laissant mon corps s'apaiser quelques secondes. Mon rythme cardiaque accélère, le sentant taper contre ma cage thoracique. Chaque battement est une souffrance, un supplice. Je ne peux y échapper, et pourtant j'ai encore l'espoir que l'on sorte d'ici, à deux.  

-Écoute la petite voix dans ta tête Ivy, écoute ton instinct quand il te dit que ce n'est pas clair. Me chuchote-t-elle au creux de mon cou. 

Mon cœur se serre, si fort que j'ai du mal a me retenir de l'arracher pour ne plus ressentir toute cette souffrance. J'étreins une dernière fois ma meilleure amie  avant de rassembler mes forces pour me mettre sur mes deux jambes. Les muscles de mon corps ne demandent qu'à abandonner, mais mon cerveau est bien décidé à attraper le diable par les cornes. 

Ariane, Alias Mme Green disait, Il faut l'attraper par les cornes, et forcer le diable a te sucer la… oui bon Ivy, tais-toi et court idiote. 

Eli et moi commençons à courir malgré nos jambes flageolantes, la fumée commençant à rendre notre vision impossible. Une explosion derrière nous nous propulse au sol. Ma tête est douloureuse, le liquide poisseux qui coule vivement de mon crâne et les quelques morceaux de verre plantés dans la peau de mes joues m'inquiètent un peu mais l'adrénaline qui coule dans mes veines m'incitent à me battre pour ma vie. 

Je me remet sur mes pieds, tend une main à Eli pour l'aider et rapidement, nous reprenons notre course pour sortir du bâtiment.  Chaque pas qui claque contre le sol résonne dans tout mon corps, j'ai l'impression que mes jambes pèsent une tonne. La sortie apparaît enfin dans notre champ de vision, me redonnant un peu d'espoir. Mes oreilles ne perçoivent aucun autre son que mon cœur qui bat à s'en décrocher. Je trébuche plusieurs fois, la douleur dans mes jambes devenant insoutenable. Ma tête tourne si vite que je ne parviens  pas à courir droit. Je pousse la porte, j’y mets toute mon âme tant elle me paraît lourde. Lorsque le battant finit par s’ouvrir, mon corps s'échoue lamentablement à quelques mètres du bâtiment.  

Je reste un instant sans bouger, appréciant le goût de la victoire. Mon corps allongé au sol, pour seul appuie mon coude, ma tête plonger dans mon bras, je reprend contenance. Un rire nerveux, ou bien de soulagement, j'en sais rien, mais en tout cas on dirait une vrai folle, sort de ma bouche. Mon propre cerveau étonné par mon comportement.  

On a réussi, on est en vie. 

Je respire une grande bouffée d'air pur puis me retourne, prête à prendre Eli dans mes bras. Je suis certaine qu'elle est dans le même état que moi, mal en point, mais en train de se taper la meilleure barre de sa vie. Je vois déjà son sourire plein de malice égailler le mien de plus bel. 

Mes yeux passent au crible les alentours, mon cœur s’emballe étrangement en apercevant rien d'autre que le bâtiment en feu. Mes pensées s'entremêlent, l'incompréhension domine, jusqu'à ce que mon cerveau ait le déclic. la bile monte dans ma gorge, m'enserrent les cordes vocales, m'empêchant de crier. 

Non, non, non, non no…..

Je me lève précipitamment, prête à retourner à l'intérieur. Mes jambes courent instinctivement, ma respiration s’emballe à quelques pas de l’entrée. Une lumière des plus puissantes, suivie de quelques débris qui me sautent au visage implose dans le bâtiment, brisant toutes les vitres qui me faisait face. Un souffle de chaleur m’englobe alors que la lumière des flammes éclaire mon visage. J’ai l'impression que mon cœur a arrêté de battre, ou peut-être qu’il bat tellement vite que je ne le sens plus? 

Tout autour de moi me semble flou, plus rien ne me parvient à part le choc de mes genoux contre le sol froid. Le bruit des sirènes est recouvert par mes sanglots. Je tire mes cheveux d’un geste nerveux, mon poing tape brutalement ma poitrine, essayant par tous les moyens d'arrêter cette douleur atroce qui m’écrase le cœur. Un hurlement déchirant sort de ma bouche, me brisant les cordes vocales tant la douleur est intense. J’ai l’impression de mourir de l'intérieur, qu’une partie de moi a brûlé dans les flammes de ce foutu incendie. Toutes les émotions passent à travers mes yeux, tristesse, douleur, colère, vengeance. 

Mes larmes coulent continuellement, l’eau salée picotant les plaies sur mes joues. Cette douleur dans ma poitrine ne cesse de m’écraser, rendant chaque battement de mon cœur douloureux. 

-Eli… ne m'abandonne pas. Supplie-je l'univers ou bien les dieux, peu importe, pour ce que ça vaut. 

Je reste un certain moment à regarder les flammes grandir, mes larmes brouillant cette dernière. Tous mes membres tremblent, de rage, de froid ou de fatigue. J’en sais rien. L’eau salée ne cesse de couler, je ne contrôle plus rien, tout mon être est en train de mourir, j’ai l’impression de brûler malgré la fraîcheur de l’air tant j’ai mal.

 S’il vous plait… rendez la moi…

 je n’ai plus rien. S’il vous plaît…

Arrêtez ce cauchemar!

Arretez le!

Arrêtez le… je vous en supplie. 

L’air ne parvient plus à mes poumons. J’ai… Je… je n’arrive plus à respirer. Ma main empoigne ma chemise et la peau de ma poitrine par la même occasion, essayant tant bien que mal de mettre fin à l'énorme boule qui bloque l’air dans mes poumons. 

Une boule de rage monte et m’écrase l’estomac. Mes poing frappe le sol d’un geste désespéré, mes bras martèlent continuellement comme la douleur qui enserre mon organe vital.  

J'essaye par tous les moyens de remplacer cette souffrance par de la colère mais la déchirure qui malmène mon cœur l’en empêche. 

La tristesse est bien plus forte à cet instant. 

elle m’écrase

me compresse

me tue

J’entend au loin des voix, mon cerveau revient à la dure réalité et mes yeux parcourent les alentours. Je n'aperçois personne à part les secouristes.  Une masse de pompiers s'activent devant la bâtisse, essayant de neutraliser les flammes. Mon corps dissimulé dans l'obscurité n'attire pas leur attention, me permettant d'écouter leur conversation en toute discrétion.

-...On n'a retrouvé aucun survivant, on va analyser les corps encore utilisables pour les identifier…Affirme l'un des pompiers. 

Mon cerveau ne fonctionne plus correctement, mes oreilles ne détectent plus rien si ce n'est le bourdonnement désagréable qui fait rage. Un trou béant se creuse dans mon estomac. Aucun survivant? Je suis seule, encore. 

Je respire difficilement, prenant conscience que personne n'est au courant que j'ai survécu à cet incendie. 

Je suis peut-être en vie, mais une partie de mon cœur est mort dans les flammes. 

Les pas se rapprochent, me donnant le signal pour déguerpir d'ici avant que l'on me remarque. Le fait qu'ils ne me sachent pas vivante, est pour moi l'occasion de partir, de m'échapper des griffes du Hell. Mes jambes se mettent en marche, alors que mon cœur est lourd de laisser le souvenir de ma meilleure amie ici. J'hésite un instant à partir, ne voulant pas abandonner les dernières briques qui constituaient ma vie. Je me ressaisis assez rapidement quand des lampes torches pointent dans ma direction.

J'accélère le pas, ma tête continuant de tourner, le sang sur mon crâne n'a toujours pas arrêté de couler. Je cours à travers la forêt, tout mon corps me suppliant d'arrêter, de tomber et de ne plus jamais me relever.  Mais je résiste. Je n'ai pas le droit d'abandonner, pour la vérité et pour Éli. 

L'absence de lumière dans les bois m'handicape, j'essaie tant bien que mal de ne pas tomber, mais mon coup a la tête semble en décider autrement, mon corps titube, trébuchant à plusieurs reprises. Je lance un regard en arrière, entendant les cris d'Eli qui me supplie de ne pas l'abandonner, de revenir la chercher. 

C'est dans ta tête Ivy, tu culpabilises c'est tout. Elle est morte, pour te sauver, ne gâche pas tout! 

Je ferme les yeux quelques secondes et me reconcentre sur ma course. Je parcours la forêt, le visage de ma meilleure amie s'imposant à moi. Son sourire en coin, ses yeux pétillants de malice, ses larmes lorsqu'elle venait détacher les cordes autour de mes poignets. Toutes ces images se mélangent, offrant à mon cerveau une parfaite opportunité de me torturer. Je continue de courir, sachant pertinemment où je dois aller. Le brouillard s'installe peu à peu, développant une atmosphère des plus terrifiante  autour de moi. Je ralentis, ne voyant plus les flammes derrière moi. Mes pieds claquent contre les flaques d'eau qui jonchent le sol, éclaboussant mes jambes nu. Ma jupe au couleur marron, ainsi que ma chemise blanche sont dans un état pitoyable. Le sang qui s'écoule de mes blessures, rend surement mon visage des plus horrifique, mes cuisses a découvert ainsi que mes genoux sont parsemés d'égratignure dû aux branches. 

Mon cerveau tourne à mille à l'heure. Je me demande si tout ça va servir a quelque chose. A quoi bon vivre ma vie, si je n'ai personne? Si j'ai bien retenue une chose de mes années au Hell, autrement dit le Wing Of Hope, c'est que personne n'y échappe réellement. Madame Green vous poursuit peu importe vos efforts pour l'effacer de votre vie, elle trouve toujours un moyen de s'infiltrer dans les recoins de votre esprit. 

Condamné au démons 

Je suis condamné, peu importe les efforts que je fournirais pour avancer. 

J'ai dit adieu à ma liberté le jour où j'ai franchi les portes de cet orphelinat. Mon âme s'est noirci le jour où elle a posé ses yeux démoniaque sur moi. Mes premiers cauchemars, mes premières blessures, mes premières larmes lui reviennent de droit. Elle a tout causé chez moi, tristesse, désespoir, horreur, peur. Cette femme est mon demons le plus profond, celui que j'ai longtemps essayé de refouler, mais qui a toujours trouvé le moyen de m'atteindre. 

Elle a piétiné mon âme

Broyé mon coeur 

Achevez tous mes rêves

Elle m'a brisée, et n'a même pas pris la peine d'essayer de me recoller. Elle a laissé les morceaux éparpillés de mon âme joncher le sol, elle a marché dessus jusqu' à ce qu'il n'en reste qu'une infime poussière.  

Autrefois j’étais surement un jolie vase, a présent je ne suis que quelques morceaux de verre. Le vases est sublime, le verre est tranchant. 

Ou peut-être que je ne me cherche seulement des excuses, peut-être que j'ai toujours eu ce côté sombre et brisé, il était sûrement trop bien caché pour qu’on l’aperçoive. 

Dans tous les cas, la lumière n'est plus là. 

La sortie de la forêt m'offre une vue des plus légères. Les lumières de la ville éclairent tout mes sens. Une larme silencieuse coule le long de ma joue, je pensais ne plus jamais revoir l'extérieur. Cette larme ne coule pas de tristesse, mais de soulagement. Devant toutes ces voitures, ces bars animés et l'odeur des fast-food, j'ai l'impression d'avoir sorti la tête de l'eau, que jusqu'à présent j'avais été retenue en apnée.   

Je regarde autour de moi, tourne sur moi même, les yeux euphoriques devant toute cette… vie. 

Un sourire victorieux se dessine sur mes lèvres. J'ai réussi bordel de merde! Je ne parvient pas a y croire, neuf ans dans cet enfer, neuf ans a endurer la torture de madame Green, neuf ans a me réfugier sur le toit pour apercevoir les lumières et aujourd'hui je respire l'air de la ville. 

Un groupe de jeune me bouscule, un garçon ainsi qu'une  fille d'a peu près mon âge se retourne et me jauge de la tête au pied avant de rejoindre leur amis sur l'autre trottoir. Je me sens soudain toute petite, je regarde ma tenue, mon uniforme remplie d'hémoglobine et de terre me rend horrifique ainsi que le sang qui s'écoule de mes plaies.

On dirait que je sors d'un remake de The Walking Dead… 

Mon envie de parcourir la ville n'est plus si présente. Je m'engouffre dans une petite ruelle sombre, espérant ne croiser personne. 

Une pique de douleur enserrant soudainement ma tête, m'oblige à m'asseoir. Mon dos glisse contre le mur en pierre, mes bras se resserrent autour de mes jambes. Un sentiment d'insécurité me submerge, je suis toute seule, dans une ville que je ne connais pas, sans argent, ni foyer… je n'ai rien, ni personne. 

Je reste blottis contre le mur, en retrait de la foule qui parsèment les rues, ma tête ne cessant de tourner. Je crois que j'ai besoin de sommeil mais je ne peux pas me permettre de m'endormir ici. Et si quelqu'un me découvrait et appeler la police pour leur dire que j'ai survécu? Je ferme les yeux, inspire un bon coup et essaye de passer au-dessus du mal de crâne qui m'immerge. J'accueille le froid qui s'infiltre sur ma peau, espérant que cela calme la migraine. 

Je lutte contre le sommeil mais mes paupières insiste pour laisser Morphée m’emporter. Le battement de mes cils est de plus en plus lent. 

Reste réveillé Ivy, reste réveill…

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