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CHAPITRE 1

CHAPITRE 1

"Vivre en survivant, revient à exister sans âme"

A.... C......

23:49, 02/09/02

321 Kingston Road, Oxford

          Le bruit de la serrure me fait légèrement sursauter. J'ai appris à reconnaître ce son parmi tous les autres dans la maison. La clé tourne toujours deux fois, avec une précision mécanique, puis la porte s'ouvre dans un claquement lourd, suivi d'un grincement prolongé qui me glace le dos à chaque fois. Ensuite, j'entends ses pas, lourds et traînants, se rapprocher lentement. Eux aussi, je les reconnaîtrais entre mille, tant ils rythment mes soirées depuis des mois.

Quant à moi, je reste figée sur ce vieux canapé, entre les tâches d'alcool qui le jonchent et son revêtement qui commence à se délaver, il a fini par perdre l'éclat qu'il avait auparavant, quand elle était encore là. Il a l'air plus fade désormais, plus monotone, parfois je me dis qu'il est le miroir de ma propre vie, morne et vide de sens.

Je fixe l'écran de la vieille télévision sans vraiment y prêter attention, trop occupée à écouter ses pas se promener dans ce vieil habitat insalubre. Le volume est bas, presque inaudible, j'ai pris cette vieille habitude en espérant ne pas attirer l'attention, un réflexe visant à effacer ma présence tel un fantôme.

Je ne sais pas dans quel état il se trouve, mais mieux vaut me faire discrète, pas qu'il soit violent-ou du moins, pas tout le temps- mais ses mots suffisent amplement pour briser le peu qui reste en moi. Ils tranchent plus fort que n'importe quelle main levée, laissant des plaies invisibles qui restent collées à ma peau, devenues impossibles à s'en débarrasser.

Il apparaît dans l'encadrement de la porte, une silhouette vacillante, la tête légèrement baissée. Ses épaules tombantes et ses pas traînants suffisent pour comprendre qu'il a encore trop bu. L'odeur arrive avant lui : un mélange écœurant de tabac, de sueur et de whisky ou de je ne sais quel alcool. Il semble encore plus misérable que d'habitude, mais sa détresse ne m'inspire plus ni tristesse ni pitié depuis qu'il s'est abandonné à la liqueur et qu'il a commencé à me faire payer le prix de sa propre médiocrité, tant par ses mots que par ses actes.

Il ne me regarde pas, ne dit pas un mot. J'y suis habituée, avec le temps, à n'être rien à ses yeux. Parfois, je me demande même s'il réalise que j'existe encore, que je ne suis pas morte comme il l'a tant souhaité. Il passe devant moi sans un regard, indifférent, et s'affale dans son vieux fauteuil en cuir usé, imprégné d'une odeur de renfermé. Autrefois, on s'asseyait ensemble sur ce même fauteuil. Il me racontait des histoires de contes de fées qui se terminaient toujours par "ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants".

Malheureusement, j'ai très vite appris qu'on ne vit pas dans un jolie roman, que la vie était injuste et qu'elle n'épargne personne, encore moins ceux qui espèrent et rêvent un peu trop. Ces contes qu'il me racontaient autrefois me paraissaient si beaux, si rassurants à travers mes yeux d'enfant naïve qui rêvait qu'un jour j'allais vivre mon propre conte. Mais maintenant, ils ne sont que des souvenirs amers, une promesse de bonheur qui m'est impossible à obtenir, une illusion cruelle qui s'efface au fil des années, me laissant, seule, face à la réalité froide et brutal.

La maison est plongée dans une étrange tension. La lumière du plafonnier clignote par moments, comme pour rappeler que tout ici est à bout de souffle. Cette maison, comme nous, est fatiguée, fatiguée de son absence qui a créé un trou béant. Sans elle, cette maison a perdu toute âme, réduite à une simple carcasse où chaque pièce semble crier sa défection. Les murs, autrefois témoins de rires et de moments partagés, ne reflètent plus qu'un silence pesant et une solitude écrasante. Chaque objet, chaque recoin de cet espace semble avoir été vidé de sa chaleur, ne laissant qu'un décor figé, terne, et dépourvu de vie. Elle était le cœur battant de ce lieu, et sans elle, tout n'est plus qu'un amas de souvenirs fanés et de promesses oubliées.

Un bruit soudain me fait sortir de mes pensées. Il a laissé tomber son verre, qui s'est brisé en pleins de petits morceaux. Je détourne le regard de l'écran pour le fixer, attendant sa réaction. Ses yeux cherchent quelque chose, n'importe quoi, sur quoi déverser sa frustration. Lorsqu'il croise mon regard, une lueur sombre traverse son visage, mais il ne dit rien. Il se penche maladroitement sur la table basse pour attraper sa bouteille de bière à moitié vide avec une lenteur qui frôle la menace.

— Tu comptes rester plantée là toute la nuit? finit-il par grogner, sa voix roque et pâteuse.

Je ne réponds pas. À quoi bon? Toute parole, même neutre, risque de le faire exploser. Mais mon silence semble l'agacer d'avantage. Je sens mon corps se raidir en constatant son mécontentement, comme si me faire plus petite allait me rendre invisible. Je finis par me lever en voyant qu'il commençait à se redresser sur son fauteuil, dans ces moments là il est imprévisible ce qui le rend tout au plus dangereux.

Je ramasse les débris du verre brisé avec des gestes rapides mais prudents, veillant à ne pas couper mes doigts. La tension dans la pièce est presque palpable. Je me concentre sur les morceaux scintillants éparpillés sur le sol, comme si leur collecte méthodique pouvait éloigner la tempête qui menace d'éclater.

— Laisse, marmonne-t-il finalement, d'une voix lasse et irritée.

Je m'arrête net, les mains encore pleines de débris. Je ne sais pas s'il s'agit d'un ordre, d'une critique ou simplement d'un murmure jeté au hasard. Malgré tout, je dépose les éclats dans la petite poubelle métallique près de la table basse et retourne m'asseoir sur le canapé, sans un mot. Mon cœur bat un peu plus vite, mais j'essaie de ne rien laisser paraître.

Il reprend une gorgée de bière, son regard absent fixé sur un point indéfinissable devant lui. Je voudrais qu'il reste dans cet état, perdu dans ses pensées, loin de moi, loin de tout conflit. Mais une partie de moi sait que ce n'est qu'une question de temps avant qu'il ne bascule. Ça arrive toujours, tôt ou tard.

— T'es pathétique, tu sais ça? finit-il par lâcher. Une gamine inutile qui me regarde comme si j'étais un putain de monstre.

Je ne réponds pas. Encore. Je serre les poings sur mes genoux, essayant de calmer l'élan de colère sourde qui monte en moi. Comment peut-il dire ça, lui qui est devenu l'incarnation de tout ce que je redoute?

— Peut-être que tu l'es, murmuré-je sans même m'en rendre compte.

Sa tête se tourne brusquement vers moi. Mon souffle se bloque. Je n'avais pas voulu dire ça à voix haute, mais les mots sont sortis malgré moi, comme un réflexe. Il plisse les yeux, son visage se fige dans une expression que je ne peux déchiffrer.

— Qu'est-ce que t'as dit? grogne-t-il, sa voix menaçante.

Je me lève précipitamment, le cœur battant à tout rompre.

— Rien, rien du tout, dis-je, la voix tremblante.

— Arrête de mentir, répète ce que t'as dit. , insiste-t-il en se levant à son tour, vacillant légèrement sous l'effet de l'alcool. Répète!

Je recule instinctivement, mes jambes me portant vers la porte de la cuisine. Mais avant que je puisse m'échapper, il attrape mon bras avec une force surprenante. Une vive douleur me traverse, me faisant grimacer.

— Répète! hurle-t-il une nouvelle fois, son souffle chargé d'alcool me brûlant le visage.

Les larmes montent à mes yeux, mais je lutte pour ne pas pleurer. Je ne veux pas lui donner cette satisfaction.

— Tu sais quoi? Continue à te taire comme toujours, de toute façon, t'as jamais rien d'utile à dire, crache-t-il en me relâchant brutalement.

Je trébuche en arrière, mais je me retiens au bord du comptoir. Il retourne s'affaler dans son fauteuil, reprenant une longue gorgée de sa bière. Je reste debout quelques secondes, immobile, le regard fixé sur lui. Il ne me regarde plus. C'est comme si l'échange n'avait jamais eu lieu.

Je fais un pas en arrière, puis un autre, et je finis par quitter le salon à reculons, sans un bruit. Une fois dans ma chambre, je referme la porte doucement, le plus doucement possible. Mes mains tremblent encore, mais au moins, je suis à l'abri pour le moment.

Je m'assois sur le lit, laissant les émotions me submerger. La colère, la peur, la tristesse... tout s'entrechoque en moi, comme une mer déchaînée.

Je ne sais pas combien de temps je vais pouvoir continuer comme ça. Combien de jours, de semaines, d'années encore à survivre dans cette prison invisible. Peut-être qu'un jour, je partirai vraiment. Pas juste en pensée, pas juste dans mes rêves. Un jour, je franchirai cette porte pour ne jamais revenir.

Mais ce soir-là, comme tous les autres, je m'allonge sur le lit, en silence, et je regarde le plafond, en attendant que le sommeil vienne m'emporter, loin de tout ça, au moins pour quelques heures.

 À SUIVRE..

Well..it's a first..

Donnez moi vos avis genre ce que vous avez aimé et non, sur ce que vous en avez pensé (par exemple la plume) sur ce que je devrais modifier et tt.. (même s'il faut être méchant, allez-y lâchez vous, I need it)

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