CHAPITRE 2
"Les cicatrices ne sont pas seulement sur la peau, elles se glissent dans l'âme, là où les mots font le plus mal."
A.... C......
06:11, 03/09/02
321 Kingston Road , Oxford
Un rayon de lumière perçait timidement à travers le rideau de ma chambre lorsque mon réveil a sonné. Ce bip répétitif, monotone, a toujours été une corvée à entendre, mais ce matin-là, il avait un goût amer. Mes yeux piquaient encore de la veille et de mon manque de sommeil, et mon corps semble tout alourdi, comme si la tension de la nuit précédente s'était infiltrée dans chacun de mes muscles.
Je finis par me lever éreintée de cette journée qui vient à peine de démarrer, je traîne mes pieds nus jusqu'à la salle de bain, où le carrelage froid me fit frissonner. Chaque geste semblait se dérouler au ralenti : ouvrir le robinet, asperger mon visage d'eau glacée, chercher à me réveiller pour de bon. Mais l'eau ne suffisait pas à chasser cette sensation oppressante, ce poids invisible qui écrasait ma poitrine.
Je m'observai dans le miroir. Mes traits étaient tirés, mes cernes trahissant une nuit tourmentée. Ce n'était pas seulement la fatigue physique, mais une lassitude plus profonde, plus sournoise, qui s'était installée en moi. Une lassitude que je n'arrivais pas à nommer.
Le silence de la maison était lourd. Pas un bruit, pas un souffle, juste ce vide qui résonnait à chaque pas. Le rituel du matin aurait dû me rassurer, m'ancrer dans une routine familière, mais il n'en était rien. J'étais comme étrangère à ma propre vie, à mes propres gestes.
Je finis par enfiler un vieux pull et un jean froissé, sans vraiment y prêter attention. Peu importait ce que je portais, peu importait où j'allais. La journée s'annonçait terne, comme toutes les autres. Pourtant, quelque chose d'indéfinissable flottait dans l'air, une tension presque imperceptible.
Puis je sors de la maison en silence, mon sac sur l'épaule, le visage à moitié caché par mon écharpe. L'air frais du matin me piquait la peau, mais c'était presque agréable. Je marchais d'un pas lent, traînant légèrement des pieds sur le trottoir. La rue était déserte, comme si tout le quartier dormait encore.
En arrivant au lycée, le bruit des élèves s'intensifia. Rires, discussions, éclats de voix... Ils emplissaient l'air d'une énergie qui me semblait étrangère. J'avançai sans regarder personne, le regard fixé devant moi. Passer inaperçue était devenu une habitude.
Je traversai la cour, contournant les groupes bruyants, et montai directement vers ma salle de classe. Là, je choisis ma place habituelle, tout au fond, près de la fenêtre. Personne ne faisait vraiment attention à moi. Ils parlaient entre eux, s'échangeaient des anecdotes ou se plaignaient des contrôles à venir.
Quand le professeur entra, les chuchotements cessèrent peu à peu. Il commença à parler, à écrire au tableau, mais je n'écoutais qu'à moitié. Mes yeux se posèrent sur la fenêtre. Dehors, les arbres bougeaient doucement sous l'effet du vent, leurs branches dessinant des ombres mouvantes sur le sol.
Je jouais avec mon stylo, dessinant et gribouillant des lignes illisibles sur mon cahier . Rien ne semblait avoir d'importance. Ni les cours, ni ce que disait le professeur, ni les examens qui approchaient. Mon esprit flottait, entre la fatigue du matin et l'angoisse de la maison qui m'attendait ce soir.
C'est alors que la voix du professeur perça ma bulle.
— April ?
Je sursautai légèrement. Tous les regards de la classe convergèrent vers moi, lourds, pesants. Le professeur, M. Sullivan, un homme d'une quarantaine d'années au visage fatigué mais bienveillant, me fixait avec une curiosité mêlée d'inquiétude.
— Tu as entendu ma question ?
Je secouai doucement la tête, mes joues brûlantes sous l'attention de mes camarades.
— Je demandais si tu pouvais lire le passage à la page 112, reprit-il, son ton un peu plus doux.
J'ouvris mon livre, mes mains tremblant légèrement. Mes yeux parcouraient les lignes, mais les mots semblaient se mélanger devant moi. Je pris une profonde inspiration et commençai à lire, ma voix à peine audible.
— Un peu plus fort, s'il te plaît, demanda-t-il gentiment.
Je m'exécutai, ma voix toujours tremblante, chaque mot s'échappant de ma bouche avec difficulté. Je pouvais sentir certains élèves échanger des regards ou sourire entre eux. Ce n'était pas nécessairement de la moquerie, mais leur simple présence rendait ma gorge encore plus serrée.
Lorsque je terminai, M. Sullivan hocha la tête.
— Merci, April. Par contre, tâche d'être plus concentrée.
Il continua son cours comme si de rien n'était, mais quelque chose dans son regard me perturba. Ce n'était pas de la pitié habituelle, ni la lassitude qu'on trouve chez certains professeurs. C'était autre chose, comme une tentative de percer à travers l'armure que je m'efforçais de maintenir.
Les minutes passèrent, et mon attention se dispersa de nouveau. Mais cette fois, je remarquai que M. Sullivan lançait de temps en temps un coup d'œil dans ma direction, presque imperceptible. Cela me mettait mal à l'aise, mais une petite voix au fond de moi murmurait qu'il essayait peut-être de comprendre et espérait qu'il y arrive tout en redoutant ce qui se passerait si cela arriver.
À la fin de l'heure, alors que tout le monde rangeait ses affaires, il m'interpella.
— April, tu peux rester une minute ?
Je sentis mon estomac se nouer, mais je hochai la tête.
Quand la salle se vida, il s'approcha de mon bureau et s'accroupit légèrement pour se mettre à mon niveau.
— Est-ce que ça va? demanda-t-il doucement, comme s'il avait pesé chacun de ses mots avant de parler.
Cette question me semblait toujours si vide, comme une formalité. Mais venant de lui, elle sonnait étrangement sincère. Je le regarde un instant, impassible, puis hausse les épaules.
—Oui, ça va, murmurais-je, à peine audible.
Il me fixa un instant, comme s'il cherchait à percer ce qui se cachait derrière mes paroles, ou bien à évaluer si je disais la vérité ou non.
—Très bien, dit-il enfin, son ton hésitant. Si jamais tu as besoin, n'hésite pas à venir me parler.
Je hoche la tête, mais je savais que je ne le ferais pas. Ça ne servait à rien. Ces paroles résonnaient comme une procédure vide, un automatisme que les adultes utilisaient pour faire semblant de se soucier de nous. Les profs feignent de s'intéresser, mais quand il se passe quelque chose, ils ferment les yeux. Ils ignorent les signes, agissent comme si tout allait bien. Et quand une tragédie arrive enfin, c'est là qu'ils se réveillent, qu'ils collent des affiches dans les couloirs, organisent des réunions et récitent des discours hypocrites pour apaiser leur conscience.
Je me lève rapidement, attrape mon sac et quitte la salle de classe avant qu'il ne puisse ajouter quoi que ce soit d'autre. Dans le couloir vide, mes pas résonnaient doucement, mais dans ma tête, ses mots tournaient en boucle, m'agitant autant qu'ils me laissaient indifférente.
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Quand la dernière sonnerie retentit, je rangeai mes affaires en silence et sortis rapidement de la salle. Comme d'habitude, je voulais éviter les groupes d'élèves qui traînaient dans les couloirs ou sur le chemin de la sortie. Mais ce jour-là, ma tentative d'invisibilité échoua.
— Hé, April, attends un peu !
Je me figeai en reconnaissant la voix. C'était Elliot, un garçon de ma classe et un membre de l'équipe de hockey. Il avait cette habitude agaçante de se croire drôle aux dépens des autres, et depuis quelque temps, j'étais devenue sa cible préférée.
Je fis semblant de ne pas l'entendre, continuant mon chemin sans me retourner. Mais il me rattrapa, accompagné d' autres élèves qui ricanaient déjà, impatients de voir ce qu'il allait dire.
— Alors, toujours à te cacher dans ton coin ? T'essayes pas de m'éviter quand même ? lança-t-il avec un sourire narquois.
Je ne répondis pas. Je serrai mon sac un peu plus fort, espérant qu'il se lasserait vite.
— C'est quoi, ces manches longues tout le temps ? continua-t-il, un éclat moqueur dans les yeux. T'as pas chaud ?
Je savais que les sportifs n'étaient pas généralement réputés pour leur haut niveau intellectuel, mais de là à ignorer qu'il fait froid en hiver, c'était d'un ridicule surprenant.Il tendit soudain la main vers mon bras, attrapant le tissu de ma manche pour le relever. J'essayai de me dégager, mais il était plus rapide. Les cicatrices fines mais visibles sur ma peau ne manqua pas d'attirer son attention.
— Ah, je savais bien ! s'exclama-t-il, triomphant. Tu joues ton rôle de dépressive jusqu'au bout, hein ? Tu te fais des marques pour pleurer après, c'est ça ?
Les rires de ses amis résonnèrent dans mes oreilles, me brûlant plus que ses mots. Je voulais partir, mais ses paroles suivantes me clouèrent sur place.
— Sérieux, tu comptes les collectionner jusqu'à rejoindre ta mère ? Ça fera un joli tableau, non ?
Cette fois, leur rire fut encore plus fort, presque étouffant. Chacun semblait vouloir en rajouter, à tour de rôle, leurs moqueries devenant de plus en plus cruels.
Je sentis mon estomac se nouer violemment. Une chaleur monta dans ma gorge, comme si j'allais vomir. Je ne trouvais rien à répondre. Je voulais hurler, les frapper, les faire sentir ne serait-ce qu'une fraction de la douleur qu'ils ravivaient en moi. Mais je restai immobile, incapable de bouger ou de parler.
C'est alors que je le vois, il était appuyé contre le mur, les bras croisés, se tenant légèrement à l'écart de son groupe d'amis. Il ne disait rien mais son regard était posé sur moi. Contrairement aux autres, il ne riait pas. Il ne bougeait pas non plus, mes ses yeux étaient fixes, presque perçants. Pendant un instant, son silence semblait peser plus lourds que tous les mots de cet abrutit d'hockeyeur.
Il finit par détourner le regard et s'éloigna du mur, en enfonçant ses mains dans ses poches, adoptant une posture qui trahissait un agacement évident, comme si cette conversation l'ennuyait profondément. Sa voix, à la fois calme et ferme, résonna dans le couloir, où les rires cruels de ses amis continuaient d'éclataient.
— Bon, on y va ? L'entraînement commence dans quelques minutes.
Ils partirent finalement, leurs rires s'éteignant peu à peu dans le couloir. Quand à lui, il resta un moment sur place me regardant brièvement avant de détourner les yeux et de poursuivre son chemin avec son groupe.
Je me tenais seule au milieu du couloir, les jambes tremblantes et les mains moites. Les paroles d'Elliot résonnaient encore dans ma tête, mais ce qui m'avait marqué, c'était le ton calme de ce garçon, qui avait laissé une empreinte étrange. Aucun réconfort, aucune chaleur, juste une froide neutralité. J'avais l'impression qu'il éprouvait de la pitié pour moi, tout en se moquant de moi en même temps. Je déteste ça..
Je respirai profondément et sortis enfin du lycée. Mes pas résonnaient dans la rue, rapides et nerveux. Le ciel était gris, lourd de nuages menaçants, ils étaient sur le point de pleurer eux aussi, et j'avais l'impression que tout pesait plus lourd qu'avant.
Quand j'arrivai enfin devant la maison, je me sentis vidée, comme si tout l'air avait été aspiré de mes poumons. Je posai une main sur la poignée, hésitant une seconde avant de tourner la clé. Une nouvelle bataille m'attendait à l'intérieur, différente, mais tout aussi violente.
À SUIVRE..
Well..I thought I would never finish writing this chapter (again..) (remercier ma sœur d'amour parce que je pense que j'aurais jamais pris le temps de l'écrire #grosseflm et aussi je ne sais plus qui qui m'avait dit que mon chapitre était pas assez long bah maintenant il est deux fois plus long #jesuisauborddusuicidecommeApril)
Donnez moi vos avis genre ce que vous avez aimé et non, sur ce que vous en avez pensé,sur ce que je devrais modifier et tt..bref un compte rendu total si y'a des trucs qui ont aucun sens aussi parce que la je l'ai réécrit à l'aide de mes capacités (même s'il faut être méchant, allez-y lâchez vous, I need it)