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𝓒𝓱𝓹 2 : 𝓵𝓪 𝓵𝓮𝓽𝓽𝓻𝓮

9h27 :

Je quitte ma chaise dans un léger crissement, puis marche d'un pas mesuré vers la sortie de la salle d'audience. Le silence du tribunal pèse encore derrière moi.

Je suis sortie de l'établissement, le cœur un peu froissé. Le tribunal derrière moi, comme une scène qu'on quitte sans savoir si on a bien joué. Je suis allée jusqu'à ma voiture, les jambes automatiques. Une fois installée, j'ai allumé la musique Nuestra Canción, forcément. Dès les premières notes, j'ai senti ma gorge se serrer. Et là, comme un écho étrange, une image s'est imposée à moi : À Contre-sens.

Ce moment dans le film où tout explose en silence, où les regards parlent plus que les mots, où l'amour est un champ de bataille et la douleur, une mélodie. C'était exactement ça. J'étais cette scène. Cette fille dans sa voiture, la tête contre la vitre, la chanson qui dit tout ce qu'elle n'ose plus formuler. La réalité venait de me rejouer mon film préféré. Mais cette fois, j'étais dedans.

10 minutes plus tard :

Je suis enfin rentrée chez moi. La serrure a tourné avec ce petit clic familier qui d'habitude me rassure. Ce soir, il sonnait creux. J'ai refermé la porte derrière moi comme on referme un chapitre sans savoir si c'est vraiment la fin.

La lumière du salon m'a accueillie, douce mais indifférente. Pas un bruit. Juste le bourdonnement discret de mes pensées encore en vrac. J'ai laissé tomber mes clés sur la table, ma veste sur le dossier d'une chaise. Je n'avais plus d'énergie pour faire semblant.

Quelqu'un sonna à la porte.
Qui cela pouvait-il bien être ? Peut-être... papa ?
L'idée me traversa l'esprit comme une étincelle. Irrationnelle. Un peu douloureuse aussi.

Je me dirigeai vers la porte d'entrée, l'estomac serré, le cœur en alerte. J'ouvris doucement...
Personne.

Le palier était vide, silencieux, presque trop calme.
Mais en baissant les yeux, je la vis.
Une enveloppe.
Posée là, soigneusement. Comme si quelqu'un avait pris le temps.
Mon nom était inscrit dessus. À la main.
Pas de timbre, pas d'adresse. Juste cette écriture. Et ce silence.

Je la ramassai pour refermer la porte.
Puis je me laissai tomber sur le canapé, la lettre entre les doigts, comme si elle était trop lourde pour ce qu'elle semblait être.
Je l'ouvris doucement, presque à contrecœur. À l'intérieur, un simple morceau de papier, plié avec soin.

Juste ces quelques mots, tapés à la machine :

« Vous êtes réputée pour choisir vos clients.
Venez donc demain, 18h00.
The Crimson Room. »

Je relus la phrase deux fois. Peut-être trois.
Mon cœur battait un peu plus fort, comme s'il avait compris avant moi que ce n'était pas une simple invitation.

Pourquoi cet endroit ?
Cet endroit où ne rôdent que des tueurs, des violeurs, des monstres déguisés en rois de la nuit.
Un lieu qui pue le vice, le sang recouvert de paillettes, les cris étouffés sous la basse.
Pourquoi m'inviter là-bas ?
Moi, parmi eux ?

Je ne devrais pas y aller.
Je le sais. Mon instinct me hurle de rester loin, de ne pas remettre les pieds dans ce genre d'endroit.
Et s'ils avaient découvert mon secret ?
S'ils savaient qui je suis vraiment ?
Ce que j'ai fait.
Ce que je cache sous cette peau trop lisse, sous ce regard trop calme.

Non. Ce n'est pas possible.
S'ils savaient... je serais déjà morte à l'heure qu'il est.
Je ne serais pas ici, assise dans ce silence, avec cette enveloppe entre les doigts.
Je ne serais même plus en train de penser.
Ils ne laissent pas de seconde chance.
Pas à des gens comme moi.
Pas quand le secret est aussi sale que le mien.

Je suis épuisée. Épuisée de penser, de douter, de retourner tout ça dans ma tête comme si j'allais y trouver une sortie.
Je n'ai plus la force, pas ce soir.
Je verrai demain.
Si je dors.
Si je me réveille.
Si le monde n'a pas changé d'ici là.

Mon ventre gargouilla, brutal rappel que, malgré le stress, les doutes et les menaces invisibles... j'étais encore en vie.
Et j'avais faim.
Pas envie de cuisiner. Ni de penser. Juste... manger.
Je tendis la main vers mon téléphone, posé juste à côté de moi sur le canapé, et je composai le numéro de la pizzeria.
Un réflexe presque réconfortant.
Dans ce monde flou, au moins la pizza arrivait toujours.

Vingt minutes plus tard, ça sonna à la porte.
Je sursautai légèrement — j'avais presque oublié la commande.
Je me levai et allai ouvrir.

Le livreur se tenait là, silhouette banale dans la lumière du couloir.
Bonsoir, dit-il avec un sourire poli.
Je lui répondis d'un sourire fatigué :
Bonsoir.

Il me tendit la boîte, encore chaude.
Je la pris d'une main, de l'autre je lui tendis un billet.
Il me remercia, fit un signe de tête, puis s'éloigna sans insister.

Je refermai la porte, posai la pizza sur la table...
Je m'assis, j'ouvris la boîte, et la chaleur de la mozzarella me ramena à quelque chose de simple.
De vivant.

Je mangeai la moitié de la pizza en silence, savourant chaque bouchée comme un petit acte de résistance face à la fatigue qui me poussait dans ses bras.
La chaleur de la pâte, du fromage fondant, c'était tout ce qui semblait encore réel, tout ce qui pouvait m'ancrer dans le moment présent.
Quand je finis, je pris la boîte et la rangeai dans le réfrigérateur, d'un geste presque automatique.
Mais la fatigue me submergea.
Un poids lourd, qui me cloua là, juste à côté de la cuisine.
Je laissai échapper un soupir.

Je pris mon téléphone qui traînait sur le canapé, jetant un dernier regard aux messages non lus. Rien de bien important.
Je me levai, me dirigeai vers ma penderie, et en sortis un vieux pyjama Minnie, doux et décalé. Un petit moment de normalité dans cette soirée qui n'avait plus rien de normal.
Je partis ensuite à la douche, laissant le bruit de l'eau couvrir mes pensées, les faire disparaître un instant.
Les gouttes frappaient ma peau comme un rappel que je devais me laver, me purifier... mais l'ombre de ce secret, ce malaise, me collait à la peau.
Je fermai les yeux sous le jet, essayant de repousser les images du Crimson Room qui revenaient sans cesse, se frayant un chemin derrière mes paupières.

Je sortis de la douche, le corps encore humide, et m'habillai rapidement, enfilant mon pyjama avec un soupir de soulagement.
Je me rendis ensuite devant le miroir de la salle de bain, observant un instant mon reflet. La chaleur de l'eau sur ma peau m'avait apporté un léger réconfort, mais il ne chassait pas cette étrange sensation de malaise qui me collait toujours.
Je pris mes produits de soin, un par un, en commençant par mon démaquillant. Mes gestes étaient lents, presque apathiques, mais c'était une routine rassurante.
Lotion. Sérum. Crème hydratante.
Je massai chaque produit avec une attention qui m'étonna. Comme si, d'une manière ou d'une autre, je croyais que ces gestes pourraient me protéger. Me préserver de ce qui se tramait au dehors, de ce qui m'attendait peut-être.
Mais chaque mouvement me semblait plus lourd que le précédent, mes pensées encore accrochées à cette mystérieuse invitation et au secret que je portais.
Je laissai échapper un long soupir en terminant, regardant encore une fois mon visage dans le miroir. La fatigue se lisait clairement sur mes traits. Je me sentais lasse, épuisée par les tourments de la journée... mais quelque chose, une alarme intérieure, me soufflait que le pire restait à venir.

Je me dirigeai vers ma chambre, sans me presser, décidée à ne pas laisser l'anxiété de la journée m'envahir davantage.
En ouvrant la porte, je le vis.
Vesper, mon chat noir, allongé sur le lit, l'air tranquille mais néanmoins implacable. Ses yeux noirs me fixaient, comme s'il me sondait à travers.
Je m'approchai de lui, sans hésitation cette fois.
Je tendis la main et caressai sa fourrure douce et lisse. Elle était d'un noir profond, presque brillant sous la lumière.
Il ne bougea pas, mais je ne m'attendais pas à ce qu'il le fasse. Je savais qu'il n'était pas comme les autres chats. Il avait ce quelque chose d'énigmatique, mais cela ne me faisait plus peur.
Je lui caressai la tête avec fermeté. Il ronronna doucement, un bruit apaisant. Je laissai un petit sourire effleurer mes lèvres.
Coucou, Mimi, comment ça va aujourd'hui ? Tu t'es pas trop ennuyé sans moi ?
Je m'adressai à Vesper d'un ton taquin, comme s'il pouvait réellement répondre.
Il leva lentement les yeux vers moi, sans se presser, puis se leva et s'étira, ses mouvements fluides et élégants.
Ses yeux noirs brillaient toujours, mais il semblait tout à fait indifférent à ma conversation. Comme d'habitude, il faisait semblant de ne pas comprendre, mais je savais qu'il m'écoutait.
Je souris en voyant ses petites oreilles se dresser à l'instant où je prononçai son nom. Même s'il était l'incarnation de la noirceur, je m'étais toujours sentie un peu plus calme en sa présence.

Viens dormir avec maman, Vesper, ne fais pas l'enfant !
Je tendis la main en souriant, comme une invitation à trouver un peu de réconfort après une journée pleine de tensions.
Le chat se leva lentement, ses yeux toujours perçants, mais il s'approcha de moi avec une certaine nonchalance. Je l'invitai à grimper sur le lit, le caressant doucement derrière les oreilles.
Il s'installa à mes pieds, comme d'habitude, un petit ronronnement s'échappant de sa gorge. Ce bruit, à la fois apaisant et réconfortant, me fit un bien fou.
Et dans cette chambre silencieuse, avec seulement la lueur tamisée de la lampe, il y avait une étrange tranquillité. Comme si, malgré les mystères et les ténèbres, il y avait encore des instants de douceur à savourer.

Mes yeux se fermaient lentement, le poids de la journée commençant enfin à se dissiper.
Je me laissai envahir par cette douce sensation de fatigue, mon corps se relâchant peu à peu, tandis que le ronronnement apaisant de Vesper à mes pieds m'enveloppait.
Je pouvais sentir la chaleur de son petit corps contre la couverture, et cela me réconfortait, d'une manière étrange mais bienfaisante.
Mes pensées devenaient floues, une brume douce et rassurante. Le calme. Le silence. La nuit.

Je m'endormis enfin, la fatigue m'envahissant complètement.
Le ronronnement doux de Vesper à mes pieds était apaisant, et le silence de la chambre m'enveloppait, me permettant de sombrer dans un sommeil profond.
Mes pensées s'effacèrent peu à peu, et tout devint flou, jusqu'à ce que le monde autour de moi disparaisse complètement.
Je dormais.

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