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Themisshunger
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Chapitre 3

"Tu peux envoyer un message à Nikolas. Les conteneurs sont arrivés à 23 H 40 et viennent d'être réceptionnés," m'indique Marcus, plongeant les mains dans ses poches en grelottant.

Après avoir passé plus de trois heures à attendre dans le froid et les flocons de neige qui commençaient à tomber sur la capitale, la cargaison est arrivée à bon port et nous peut enfin rentrer.

"Tout ça parce qu'il est pas capable de punir une putain de gonzesse…" jure le jeune homme, qui part vers la voiture en sautant du conteneur sur lequel nous sommes montés pour avoir plus de visibilité.

"Qu'est-ce que t’as dit ?"

"Quoi ?" s'indigne-t-il. "Fais pas genre que tu comprends pas. Tout le monde sait qu'il nous a envoyés ici tous les deux pour te punir d'hier. Mais crois-moi que si ça avait été moi, j'aurais fini encore plus minable que Niko'."

Le froid qui commence à grignoter mes orteils me fait grimacer lorsqu’on marche jusqu'à la voiture.

"Je ne l'avais pas vu comme ça…”

"Parker, bordel, ouvre les yeux !" s'énerve-t-il en lançant le moteur de l'auto qui rugit bruyamment. "Nikolas peut bien te faire croire que c’est pas ta faute, les autres sont au bord de la crise. Tu risques de te faire des ennemis. Et si tu deviens le talon d'Achille de quelqu'un, tu te transformes en point stratégique pour d'autres, tu piges ?”

"Oui, mais…"

"Parker," me coupe-t-il sèchement. "Regarde autour de toi. Fais gaffe à chacun de tes gestes et à chacune de tes paroles. Je ne veux pas me faire éteindre juste parce que tu ne réalises pas à quel point tes mots valent de l’or dans les oreilles de quelqu’un qui a les moyens de les rendre coûteux.”

Ses mots me figent. J’en avais déjà plus ou moins conscience, mais de l’entendre de la part de quelqu’un d’autre, c'est différent.

De retour au Palace, une mer de têtes dansantes et désinhibées nous accueillent. Marcus s'éloigne clairement agacé par notre récente discussion. Pour ma part, je m'immerge immédiatement dans ma tournée de surveillance des tables. Les danseuses déploient des chorégraphies toujours plus impressionnantes, tandis que moi, je veille à ce qu'aucune bagarre n'éclate et qu'aucun client ne détourne trop son attention d’une strip-teaseuse.

De loin, j'aperçois la silhouette imposante de Monsieur M, vérifiant probablement que je n'ai pas semé le chaos. 

Les paroles moralisatrices de Marcus résonnent toujours dans ma tête, m'empêchant de penser à autre chose. Impossible d'ignorer le poids de ses avertissements. Il est impératif que je chasse ces pensées de ma tête avant que je fasse n’importe quoi.

"T’as un truc pour noyer les problèmes," je demande au barman en fixant intensément le visage impassible de mon patron qui n'a pas dévié son regard depuis que je l’ai remarqué.

Le barman m'adresse un sourire triomphant avant de concocter un cocktail alliant plusieurs spiritueux puissants.

"Tu m'en diras des nouvelles," déclare-t-il en me faisant un clin d'œil complice.

Pourquoi faut-il que sa présence me perturbe autant ? 

Pourquoi maintenant ?

Et pourquoi Marcus a-t-il choisi ce soir pour me lancer ces avertissements ?

Ces pensées tourbillonnent dans ma tête alors que je vide d'une traite le contenu du verre évasé, cherchant désespérément à noyer ces questionnements dans un océan d'alcool.

La soirée ne fait que commencer, c'est un fait.

Le sol parut vaciller plus fort après deux "Remets-moi la même chose". Je commence sérieusement à soupçonner Oliver de renforcer le contenu en alcool et de réduire la part de diluant dans mon verre. Mon quart de garde prend fin à deux heures, quand Nikolas arrive me taper l’épaule pour prendre le relais.

Il prétend m'avoir cherché pendant une heure avant de me retrouver au cœur de la foule, me déhanchant effrontément tout en engloutissant un autre verre. À ce stade, qu'il crie autant qu'il le souhaite, je n'ai aucune idée de ce qui se passe.

Je suis bien.

Tout va bien.

Personne ne va me dicter "fais ceci, fais cela" ou encore "n'écoute que moi". Pendant une dizaine de secondes, je me sens maître de moi-même, échappant à l'emprise de nonnes malsaines ou de patrons autoritaires.

De retour au bar, après m'être débarrassé de ce maudit pull beaucoup trop grand pour moi – mes affaires étant toutes mélangées avec celles des autres gars – je retrouve enfin ma respiration, tout en étouffant de chaleur. Pourquoi diable ne peuvent-ils pas baisser le chauffage ici ?

Oli, devenu mon meilleur ami pour la nuit, se hâte de me resservir. Mais une main s'empresse de le couvrir avant même que je puisse le porter à mes lèvres.

"T’as assez bu comme ça."

Le visage flou, tremblotant, celui qui occupe toutes mes pensées, apparait de nulle part et arrache doucement le précieux liquide de mon verre, contestant le barman à quatre reprises.

"C'est elle qui voulait boire, patron," se protège l'homme en costume, invoquant une commande soudaine pour s'enfuir de l'autre côté du bar.

"Mais laissez-moi tranquille, bon sang," je me plains en le repoussant.

C'est la dernière personne sur terre que j’ai envie de voir.

"Parker… Reprends tes esprits avant que tu ne fasses quelque chose qui me force à te faire dégriser rapidement," ordonne-t-il d'une voix grave.

"Et si j'ai pas envie ? Vous allez me renvoyez sous la neige avec Marcus ?"

Il allait me répondre, mais une main attrape fermement mon bras, un contact bien moins agréable que ceux qui peuvent parfois entourer mon poignet.

"Un problème, mademoiselle ?"

Je me retrouve prisonnière de bras imposants, incapable de me libérer de l'emprise de ce type qui est apparu comme un Pokémon sauvage.

"Vous avez besoin d'aide ?" me demande-t-il avec un sourire. "C'est ce type qui ne comprend pas le mot ‘non’ ?" suppose-t-il en jetant un regard hostile à Monsieur M.

Mon supérieur, vêtu de son éternel manteau noir, s'est redressé du bar, fixant la zone de contact entre cet inconnu et moi.

"Lâche-la," exige-t-il, soupirant comme s'il se retenait de décocher un direct à son interlocuteur.

"Je n'ai pas l'impression qu'elle veuille venir avec toi mec, alors laisse tomber, ok ?"

Ma vision floue ne me permet pas de voir si son visage a affiché autre chose que de l'indifférence. C’est une première qui aurait pu me troubler. Est-il capable de ressentir la moindre émotion ?

"Parker…"

La voix de Monsieur M attend que je me libère de ma propre inertie, tel un bon soldat obéissant. Mon être est profondément immergé dans l'alcool, la chaleur et la musique. Aucune force ne peut susciter en moi l'envie de danser plus qu'en ce moment. 

Et ce qui devait arriver arriva.

Dans une autre situation, j'aurais pesé le pour et le contre, surtout depuis les mises en garde de Marcus. Cependant, à ce moment précis, mon postérieur se retrouve plaqué contre cet homme, se balançant de droite à gauche tandis que ses mains effleurent joyeusement mon épiderme et mes hanches.

La suite des événements est extrêmement floue, trop floue pour que je puisse croire en son existence. Il y a un clic désagréable, un coup de feu assourdissant mélangé à la musique omniprésente, puis un cri strident, suivi de :

"Putain, désolé mec !"

L'homme derrière moi disparait en un éclair. Puis une image ancrée dans mon esprit : celle de Monsieur M, un chargeur plein braqué sur le sommet de ma tête.

C'est ainsi que je l'ai imaginé, ce jour-là, quand il m'a sauvé du policier. Le bras tendu, les yeux si noirs qu'ils semblent absorber la lumière. Les manches relevées, ses tatouages entremêlés à différentes cicatrices et son arme prête à décharger toute sa puissance d'un coup, d'une traite, ne laissant aucune issue de secours.

Un cri déchire la salle, probablement une danseuse qui a aperçu l'arme et hurle, prise de panique. Monsieur M respire bruyamment, son pistolet toujours pointé dans ma direction. Les clients s'enfuient, emportant avec eux boissons et potentielles compagnes d'une nuit, ne laissant que nous dans une mer de lumières trop fortes.

"Haydn ! Bordel, qu'est-ce que tu fous !?"

Le cri de Nikolas résonne et puis plus rien.

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