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Ponille
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Chapitre 2

“Est-ce que ça va aller ? Vous êtes sûr qu’il ne faut pas l’emmener à l’hôpital ? Il est tellement pâle… encore plus que d’habitude…

- Ne vous inquiétez pas, son état n’est pas alarmant. Tout du moins, pas plus alarmant que lors des fois précédentes. Il ne devrait pas tarder à se réveiller. Veiller surtout à ce qu’il s’hydrate et à ce qu’il mange quelque chose. Et empêchez-le de prendre ce poison une nouvelle fois. Il a eu de la chance jusqu’à présent, mais à force de jouer avec la chance on finit par épuiser les cartes qu’elle nous donne.

- Je vais faire au mieux. Je pensais lui avoir confisqué tout ce qu’il avait mais il doit avec des réserves que je n’ai pas trouvées. Merci pour tout docteur. Vous pouvez y aller, je veille sur lui.”

Personnellement le mot chance n’est pas celui que j’aurais utilisé. Une fois de plus, il semble que la mort ne tienne pas à m'accueillir dans ses rangs. Ma conscience revient peu à peu et j’ouvre les yeux. Je suis toujours dans ma petite chambre miteuse. Jae-Won se tient près de moi. Il n’a pas encore remarqué que je suis réveillé, accaparé par son téléphone. 

Mon corps est lourd, j’ai froid et l’impression de sortir d’une terrible grippe. Les tremblements de mes mains me laissent présager un joyeux moment à venir.

“ Tu es réveillé ? Pourquoi tu as fais ça Yoongi…”

Derrière le reproche, c’est surtout le désespoir de ne rien pouvoir faire pour moi qui transparaît. Une nouvelle fois, le remords m'envahit. J’essaie de lui dire que ce n’était pas voulu. Que cette fois encore, le but n’était pas de mettre fin à mes jours. Mais les mots ne veulent pas franchir mes lèvres. Je n’ai pas encore retrouvé la maîtrise de mon corps.

“ Je sais que ce n’est pas la vie dont tu rêvais… ce n’est pas non plus celle que j’avais imaginée. Mais ce n’est qu’une passade, les choses vont s’arranger, j’en suis sûr. Pour toi comme pour moi. Alors s’il te plaît, il faut que tu tiennes le coup. Si tu ne le fais pas pour toi, fais le au moins pour moi. Tu me dois au moins ça…”

Il a raison. Il est pour moi ce qui s’apparente à un rayon de soleil. Il illumine ma triste et sombre existence par son seul sourire, sa bonne humeur et son optimisme. Malgré toutes les épreuves qu’il a endurées, il a réussi à garder foi en la vie. Ce qui est loin d’être mon cas.

Je grave dans un petit coin de ma tête qu’il faut que je reste en vie pour lui. Une nouvelle fois. Du moins jusqu’à ce qu’il réalise enfin son rêve et quitte ce bar immonde pour parcourir le monde.

Jae-won rêve de partir aux Etats-Unis et de devenir acteur. De prouver au monde que même en partant de rien, on peut réussir de grandes choses. Qu’être gay n’est pas un tare mais au contraire une force.

Avec son mètre quatre-vingt, un corps élancé et parfaitement dessiné, ses cheveux blonds qui lui retombent doucement sur le visage et ses iris caramel, il est l’image même de la perfection. Ajoutez à cela un sourire ravageur et la plus adorable des personnalités et vous avez la recette parfaite pour conquérir le monde.

Je me suis fait la promesse de le soutenir, quoi qu’il en coûte, dès l’instant où il m’a parlé de son rêve. Et j’ai une nouvelle fois rompu mon propre serment.

“ Tiens bois un peu s’il te plaît. Le médecin a dit que c’était important”.

Il m’aide à me relever - ou plutôt il me porte presque pour m’asseoir contre le mur qui longe mon lit - et porte un verre d’eau à mes lèvres. Je bois une minuscule gorgée. A l’instant où le liquide coule dans mon estomac, celui-ci se contracte pour tout régurgiter. Je lutte de toutes mes faibles forces pour ne pas vomir sur Jae-Won.

“ Il faut que tu boives plus.”

Je ferme hermétiquement les lèvres pour lui indiquer que je ne peux rien avaler de plus pour l’instant. Vaincu, il repose le verre sur la table et m’allonge à nouveau.

“Il faut vraiment que tu te calmes avec la drogue… je sais pourquoi tu fais ça mais… ce n’est pas la solution. Il faut que tu te battes Yoongi, il faut que tu passes au-dessus de tout ça. Les choses vont s’arranger pour toi j’en suis sûr. Il faut simplement que tu y crois…”

Il prend ma main dans la sienne et la chaleur de sa paume me réconforte. Comme j’aimerais avoir une telle certitude. Lui a une chance de quitter cet enfer, il a un rêve, du talent et l’envie de réussir. Moi je n’ai rien. Je ne suis plus rien depuis le jour où mon père m’a fermé la porte au nez.

Je n’ai aucun rêve, aucune envie. Je me contente de survivre dans ce monde qui ne veut pas de moi mais que je ne peux pas quitter. A croire que même la mort refuse de m’ouvrir ses bras. Je suis une âme damnée. Voilà ce que je suis. 

Je ferme à nouveau les yeux, et sombre à dans les ténèbres, trop heureux de pouvoir quitter pour quelques instants cette triste réalité.

“ Yoongi réveille-toi il faut que tu manges quelque chose et que tu t’hydrates avant de commencer la soirée. Won-Shik est passé voir comment tu allais. Apparemment il a du travail pour toi ce soir. Je suis désolé mon chat.”

J’émerge lentement du brouillard protecteur et jette un regard par la fenêtre. La journée est déjà bien entamée. Mon corps est toujours aussi lourd mais au moins j’arrive à bouger mes bras. Je tente de me redresser et immédiatement je sens les mains de Jae-Won me soutenir.

“Douche.”

C’est le premier et seul mot que je suis capable de prononcer. Jae-Won m’escorte jusqu’à la salle de bain et m’aide à entrer dans la petite cabine. La pièce est minuscule, tout juste assez grande pour nous permettre d’y rester à deux.

Les carreaux blancs sont ternis par le calcaire qui s’est accumulé au fil des années. Un lavabo aussi terne que le reste, est collé contre le bac de douche et je me demande souvent comment ils ont réussi à le faire entrer dans le minuscule espace qui lui est réservé. A croire que la pièce a été faite autour de l’objet de céramique plutôt que l’inverse.

Won-Shik a dû me donner la chambre la plus miteuse qu’il avait en sa possession. Mais je n’y prête plus vraiment attention. Elle est suffisante pour me permettre d’y vivre. Entre ça et un matelas de bitume, le choix est vite fait.

Je prends appuie contre un des pans de murs qui constituent la salle de bain pour garder un minimum d’équilibre et commence à me savonner. Mes mouvements sont désordonnés et je manque de m’étaler sur le carrelage à plusieurs reprises. Toutefois, je tiens bon jusqu’à ce que j’ai terminé ma besogne.

Jae-Won m’enveloppe dans une serviette et me conduit jusqu’à mon lit, où il m’aide à m’habiller. Je repense à la remarque de Do-Won sur mes vêtements. Le peu d’habits que je possède sont issus du même moule. Joggings, t-shirts, vestes et pulls oversize. Je ne supporte pas les vêtements serrés qui laissent beaucoup trop ressortir ma maigreur.

“Tu veux aller manger quelque part ou tu préfères que j’aille chercher quelque chose à la supérette ?”

Je me lève plein de détermination pour lui montrer que je suis capable de marcher. Il faut que j’aille prendre l’air. Malheureusement mon corps me trahit et Jae-Won me rattrape tant bien que mal avant que je n’aille faire ami-ami avec le sol.

“Mouais. On va y aller doucement. Il nous reste encore un peu de temps avant l’ouverture du bar. Puis comme ce n’est pas moi qui ouvre le cabaret ce soir si j’ai un peu de retard ce n’est pas très grave.”

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