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MP_Blake
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CHAPITRE 14

VIVRE OU MOURIR

La voleuse

Le vaisseau tremble comme s’il venait de percuter une planète. Les murs vibrent sous l’impact de la collision avec le vaisseau assaillant, et la cuisine est devenue un véritable champ de bataille. Les signaux d’alerte clignotent partout, illuminant la pièce d’une lueur rouge aveuglante.

Les robots, qui étaient paisiblement en train de préparer le repas, se transforment en machines de guerre. Ils déploient leurs armements, et le sifflement strident de leurs armes qui se chargent en énergie fait vibrer l’air autour de nous.

Des hurlements et des bruits métalliques nous parviennent de tous les côtés, ajoutant à la cacophonie ambiante. Mon cœur bat la chamade alors que je lutte pour me relever, mes jambes tremblant sous le choc.

Anna et Eden sont à mes côtés, leurs visages marqués par la terreur. Anna, d’habitude si calme et confiante, est en train de paniquer, se blottissant contre Eden dans un geste désespéré. Lui est dans le même état qu’elle. C’est comme si la situation avait bouleversé leur petit monde paisible.

Je vois des robots en mode défense traverser les couloirs avec une rapidité inquiétante pour rejoindre la baie de chargement, là où les intrus ont probablement accosté dans le plus grand des calmes. La voix de l’IA, répétant en boucle l’alertes intrusion, devient insupportable. J’essaie de rester calme malgré l’adrénaline qui pulse dans mes veines. Un énième grondement sourd résonne, secouant à nouveau les murs autour de nous. Le sol vacille sous nos pieds, et je lutte pour garder mon équilibre.

Les déflagrations de Kyle, accompagnées de l’éclat ardent des explosions et des tirs laser bleuâtres, illuminent les couloirs. Il est déjà en train de se battre, et je sais qu’il a besoin d’aide. Je me tourne vers le petit couple, leur angoisse est palpable. Je me rends compte qu’ils ne sont pas du tout préparés à affronter ce genre de situation. Je les ai rarement vu utiliser leurs pouvoirs, ils fuyaient les entraînements, et je me demande s’il ne serait pas plus judicieux qu’ils se cachent au lieu de combattre.

— Allez-vous mettre en sécurité, je vais aider les autres ! leur crié-je en me dirigeant vers la baie de chargement.

Je n’aime pas du tout les laisser ici, complètement perdus, mais je dois faire quelque chose. Kyle a besoin de renfort pour protéger le vaisseau, et je ne peux pas rester là sans rien faire.

— On vient avec toi ! me répond Anna malgré les tremblements dans sa voix.

Mais Eden la retient contre lui. Il sait aussi bien que moi que leur présence nous gênerait plus qu’autre chose. Je leur lance un sourire plein de confiance, même si mon cœur est noué par l’angoisse. La vérité, c’est que je suis aussi terrifiée qu’eux. Je n’ai jamais été confrontée à ce genre de situation que j’imagine d’une violence inouïe. Je me contente généralement de gérer les choses dans l’ombre, évitant les conflits autant que possible et fuyant à la moindre occasion. Mais là, je suis obligée de faire face pour protéger ma vie et celle des autres. Je ne me suis jamais battue, je ne sais pas ce que je dois faire, mais je suis sûre d’une chose : je ne veux pas mourir.

— Faites-moi confiance, leur dis-je en essayant de paraître confiante. Allez-vous cacher, ce sera bientôt terminé. On reparle de tout ça tout à l’heure.

Je leur adresse un dernier regard avant de me précipiter vers la baie. Je suis aussi toute retournée par leur révélation. Ça et l’attaque… Je ne sais pas où donner de la tête, tellement bien que je trébuche dans mes propres pieds pendant ma course. Mais je n’ai plus le temps de réfléchir, je suis déjà plongée au cœur du combat à peine ai-je traversé le couloir principal. Le chaos règne autour de moi. Tous sont là et livrent un combat d’une intensité que je terrifiante.

Devant moi, une bande de corsaires armés jusqu’aux dents est en train de semer la destruction. Leurs tenues sont déchirées, et ils sont recouverts de pièces d’armure à moitié défoncées. Leurs armes brillent d’un éclat menaçant, et ils les utilisent avec une précision impitoyable.

Leur vaisseau, beaucoup plus grand et plus rouillé que le nôtre, est accosté au Universe One. Il a une allure usée et brisée, avec des panneaux décolorés et des débris éparpillés partout. Son poids fait chavirer petit à petit notre vaisseau qui peine à garder l’équilibre. Ils ont forcé la porte d’embarquement avec des grappins énormes et des câbles épais comme des troncs d’arbres. Les grappins sont accrochés à des points d’ancrage sur notre vaisseau, maintenant la porte ouverte de force. Les systèmes de fermeture sont HS, et je vois des étincelles en jaillir.

Les robots de défense tombent comme des mouches, leurs systèmes ne sont pas conçus pour résister aux décharges que génèrent les matraques électriques de ce qui semble être des pilleurs interstellaires. Je suis complètement perdue, incapable de me concentrer sur un seul endroit.

Kyle et Vania se battent dos à dos, et c’est comme s’ils étaient dans leur élément. Leur synchronisation est parfaite, leurs pouvoirs se complètent avec une fluidité impressionnante. Chaque explosion secoue l’air autour d’eux, envoyant valser les hommes qui essaient de s’approcher. Les flammes brûlent ceux qui ont le malheur de se relever, emplissant l’air d’une odeur de chair brûlée et de métal chaud. Leur puissance est à la fois impressionnante et destructrice, et le vaisseau la subit avec difficulté.

Non loin, Amyris se bat avec une férocité inédite. Elle projette sans mal les pilleurs dans l’espace, les faisant voler dans toutes les directions, avant de s’acharner à défaire les grappins qui maintiennent la porte de la baie ouverte. Sa concentration est totale, ses mouvements rapides et précis. Je ne peux m’empêcher de ressentir un soulagement et une joie mêlés en la voyant en pleine forme. Cela fait des jours qu’elle s’est enfermée dans sa chambre, et je commençais sérieusement à m’inquiéter. Sa présence me donne du courage, tout comme celle de Kaï qui l’aide. Il la protège en repoussant les hommes qui essaient de l’atteindre. Il ne craint rien avec sa peau indestructible, et n’hésite pas à foncer dans le tas comme un boulet de canon. Je le vois frapper avec une violence qui me laisse sans voix.

De tous, celui qui semble avoir le plus besoin d’aide est Viktor. Il disparaît puis réapparaît sans cesse, se déplaçant avec une agilité incroyable pour empêcher les pilleurs de pénétrer plus loin dans le vaisseau. Je vois qu’il sue à grosses gouttes, l’effort qu’il fournit est considérable. Ces hommes ne sont pas des amateurs ; ils sont bien entraînés, rusés et déterminés. Ils arrivent à le toucher malgré sa perméabilité. On dirait qu’ils ont répété cette opération des millions de fois.

Je sais que c’est lui que je dois aller aider, mais je suis dépassée par ce tourbillon de violence et de chaos. Les corsaires continuent de s’engouffrer dans le vaisseau, détruisant tout sur leur passage, et je me demande si la situation n’est pas déjà perdue d’avance. Mon estomac se tord à cette idée, pourtant je ne peux pas rester une seconde de plus sans rien faire. Mes mains tremblent alors que je m’apprête à utiliser mes pouvoirs pour soutenir Viktor. Je vise un homme qui s’approche de moi, sa silhouette menaçante se détachant dans le chaos. Je ferme les yeux un instant, tentant de me concentrer sur l’eau dans son corps, ignorant les hurlements de douleur d’un pilleur causés par Viktor qui a la main plongée dans sa poitrine. Je sens l’humidité dans ses cellules, la sueur qui perle sur sa peau, et la salive qui s’écoule dans son corps. J’étends ma main et, un instant plus tard, il est pris dans une prison de glace, ses cris de souffrance se transformant en un bruit étouffé alors qu’il est gelé de l’intérieur, un pique de glace lui sortant de la gorge. Le spectacle est horrible, mais je fais de mon mieux pour ne pas fléchir. Mes mains sont couvertes de glace, agissant comme des gants d’acier qui dévient les tirs qui me ciblent.

Au milieu du chaos, j’aperçois des silhouettes se faufilant dans les couloirs. Viktor est débordé, il ne peut pas gérer et moi non plus. Je les regarde s’infiltrer dans le couloir menant au cœur du vaisseau, et je me rends compte que quelque chose ne va pas.

Les pilleurs se déplacent avec une assurance inquiétante, et je commence à avoir des doutes sur ce qui est réellement en train de se passer. Je les observe, ils ne prennent rien. Ils ignorent les objets de valeur, les robots inertes qui pourraient leur rapporter une petite fortune, et même les Skyblades flambant neufs, enfin plus maintenant.

Ce n’est pas normal.

Ils sont censés piller le vaisseau comme le ferait n’importe quels corsaires interstellaires… mais j’ai l’impression qu’ils cherchent quelque chose de bien précis. Je n’ai pas le temps de m’interroger davantage. Une douleur vive me traverse la cuisse. C’est comme si ma jambe entière s’enflammait. Un hurlement m’échappe. Je baisse les yeux et vois le sang couler de la brûlure béante laissée par un tir laser. Le choc me fait vaciller. Je me retiens de justesse contre un mur, le souffle court, complètement désorientée.

Mais avant que je puisse me riposter, une ombre rouge surgit : Kaï. Il se jette sur le type qui m’a tiré dessus avec une rage que je ne soupçonnais pas. En une seconde, il l’attrape par le cou. Je le regarde arracher sa tête d’un coup sec, sa colonne vertébrale pendant de son cou déchiqueté. Le corps s’effondre lourdement à ses pieds, l’éclaboussant de sang. Je reste figée, choquée par cette vision d’horreur. Mon cœur s’emballe. C’est terrifiant… mais en même temps, impressionnant. Ses yeux se lèvent vers moi, et son sourire carnassier me frappe de plein fouet. La peur s’efface presque instantanément, remplacée par un soulagement profond.

Avec lui, je suis en sécurité.

Je repense à cette nuit que nous avons partagée, cet instant où je l’ai laissé prendre le contrôle de mon corps. Je suis rassurée de voir que ce n’était pas qu’un moment passager. J’ai envie de croire qu’il ressent peut-être la même chose que ce que j’éprouve pour lui. Même au milieu de cette bataille glaçante, ça réchauffe mon cœur. Si je n’avais pas la jambe trouée, je me serais jetée sur lui pour l’embrasser.

Soudain, tout s’arrête. Le fracas des combats, les tirs qui fendent l’air, les cris… Tout se fige en une seconde. Je ne comprends pas tout de suite pourquoi, jusqu’à ce que je les voie, là-bas, émergeant de l’ombre du couloir. Deux immenses brutes, traînant Eden. Mon cœur manque un battement. Il est inconscient, son corps pend entre eux, ses bras ballants, et je remarque ses mains, couvertes de sang. Une vague d’effroi me traverse. Est-il mort ou juste assommé ? J’ai envie de croire qu’il est encore vivant, sinon ils ne l’emmèneraient pas.

Kyle est le plus proche. Je le vois se tendre, prêt à se jeter sur eux. Mais avant qu’il ne fasse un seul mouvement, l’un des pilleurs plaque un blaster sous le menton d’Eden, ses doigts gras retirant la sécurité dans un bruit sec.

— Un pas, et je le descends.

Sa voix est froide, déterminée. Aucun tremblement, aucun doute. Il tuerait Eden sans hésiter. Kyle s’arrête net. Son regard vacille entre Eden et l’arme. Je le vois bouillir de rage, mais il reste immobile, impuissant, tout comme nous.

Un silence de mort s’installe. Personne n’ose bouger. Les corsaires, un sourire victorieux sur leurs visages balafrés, se mettent alors en marche, traînant Eden derrière eux, comme un vulgaire trophée de chasse. Ils ne se retournent pas, ne prennent rien d’autre. Juste notre compagnon. Ils marchent lentement, leurs bottes métalliques résonnant lourdement contre le sol. Chaque pas semble durer une éternité.

Kyle serre les poings, les mâchoires crispées, mais il ne bouge pas. Je le vois trembler de rage et de frustration alors qu’il les regarde passer devant lui. Nous les regardons disparaître dans leur carlingue, laissant derrière eux le chaos et la désolation. Leur vaisseau grince en décrochant de force les derniers grappins du Universe One. Le son est assourdissant, presque déchirant. Ils laissent des traces profondes sur la coque, des morceaux de métal tordus et déchiquetés. L’air est saturé de cette odeur d’ozone brûlé, de poussière et de défaite. Nous les regardons s’envoler et s’évaporer dans le vide spatial. Le silence qui suit est étouffant. Le pire vient de se produire : nous avons perdu un des nôtres.

Et brusquement, un éclair traverse mon esprit, une angoisse bien plus effroyable que tout ce que j’ai ressenti jusque-là : Où est Anna ?

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