Nous avions passé des journées entières à fouiller chaque recoin de Poudlard, scrutant les recoins oubliés et les passages secrets, cherchant des indices cachés dans les ombres silencieuses des couloirs. La bibliothèque, avec ses étagères infinies et ses allées labyrinthiques, était devenue notre refuge. Pourtant, loin de nous offrir des réponses claires, elle s'était transformée en un véritable dédale d’énigmes sans fin. Les parchemins anciens, les livres poussiéreux, les runes incertaines qui dansaient sur le papier nous rappelaient à chaque instant que la vérité nous échappait. Chaque découverte n’était qu'une clé menant à une nouvelle porte, chaque piste n'étant qu'une nouvelle énigme, renforçant la confusion qui envahissait nos esprits. Ce que nous pensions résoudre nous glissait entre les doigts, comme des fragments d’un puzzle dont les pièces restaient obstinément absentes.
Mais les visions, elles, avaient pris une tournure bien plus inquiétante. Ce n’étaient plus des flashes fugaces qui effleuraient ma conscience, mais de véritables assauts sensoriels, des vagues d'émotions qui m’engloutissaient sans répit. Une odeur de terre humide, mélangée à celle des vieux livres, envahissait mes narines à chaque instant, une senteur persistante, presque suffocante, qui me ramenait sans cesse à des souvenirs impossibles à saisir. Les murmures, tout aussi indistincts, résonnaient dans mon esprit, comme une mélodie angoissante qui s’amplifiait à chaque respiration, effaçant les frontières entre le réel et l’imaginaire. Chaque nuit, le sommeil devenait une épreuve. Je me réveillais en sursaut, le cœur martelant ma poitrine, trempé de sueur froide, l’esprit embrouillé par ces visions aussi réelles que terrifiantes. Une peur sourde m’envahissait, une peur des inconnues qui se cachaient derrière ces images, des secrets dissimulés dans l’ombre de mes propres pensées.
La ligne entre ce que je vivais et ce que je rêvais se faisait de plus en plus floue. La frontière entre le monde tangible de Poudlard et le monde d’angoisse dans lequel mes visions me plongeaient s’effritait. Chaque frémissement de l’obscurité, chaque silence lourd dans les couloirs sombres me renvoyait cette question obsédante : que devais-je comprendre ? Quel rôle ces visions jouaient-elles réellement dans l’énigme qui se tissait autour de moi, dans la prophétie qui, d’une manière inéluctable, me reliait aux secrets de Poudlard, à son passé oublié ? L’incertitude m’étouffait, et dans cet enchevêtrement de mystère et de peur, je n’arrivais plus à discerner où se cachait la vérité.
— Il faut qu’on parle de ça, Albus, déclara Scorpius une après-midi, alors que nous étions seuls dans la Salle sur Demande. Ses yeux bleus me scrutaient avec insistance. Tu es sûr que tout va bien ?
J’étais tenté de mentir, de prétendre que tout allait bien. Mais l’inquiétude dans sa voix me fit flancher.
— Je… je ne sais pas, avouai-je finalement. Chaque nuit, c’est comme si les Reliques m’appelaient. Elles veulent quelque chose de moi, mais je n’arrive pas à comprendre quoi.
Scorpius resta silencieux un moment avant de soupirer.
— Je pense qu’il est temps d’en parler à Rose. Elle saura quoi faire.
Mais quelque chose me retenait de tout lui dire. J’avais peur que la vérité ne change quelque chose entre nous, que mon lien avec les Reliques fasse de moi une menace.
— Pas encore, rétorquai-je rapidement. Pas avant d’en savoir plus.
Il hocha la tête, bien que ses traits trahissaient une inquiétude grandissante.
Plus tard, alors que nous explorions un couloir oublié, Rose surgit, les bras chargés de vieux manuscrits poussiéreux.
— J’ai trouvé des archives intéressantes sur la famille de Callista, dit-elle d’un ton grave. Vous devez voir ça.
Nous nous glissâmes dans un recoin isolé de la bibliothèque, un havre de tranquillité, à l’abri des regards curieux. Le silence qui régnait autour de nous était lourd, presque palpable, comme une couverture invisible qui étouffait le moindre bruit. L’atmosphère elle-même s’alourdissait, remplie d’une tension indéfinissable. Chaque mouvement, chaque respiration, se perdait dans cet espace clos, où l’air était plus dense qu’à l’extérieur.
Rose déploya lentement les documents devant nous, chacun de ses gestes précis, mesurés. Je pouvais presque ressentir la chaleur de ses doigts effleurant le papier, une sensation fine qui me faisait me concentrer davantage sur ce qui allait suivre. À cet instant précis, une étrange vibration parcourut mon corps, et mon cœur, jusque-là calme, se mit à battre plus fort, à un rythme désordonné. Un frisson glacial s’étira dans ma nuque, un pressentiment diffus, comme une ombre menaçant de se dévoiler.
Lorsque ses yeux se posèrent sur le parchemin, une vague de tension s’insinua lentement dans mes muscles, m’envahissant. Ce qu’elle révéla fit sauter la barrière de mes pensées. Les mots sur le papier se mirent à danser devant mes yeux, insaisissables et dérangeants. À chaque symbole, à chaque ligne, une angoisse sourde, profonde, m’envahit. Une sorte de vertige naquit en moi, me coupant presque la respiration. Les illustrations qui ornaient le parchemin se mouvaient, des figures anciennes et menaçantes qui prenaient vie devant nous, comme si elles cherchaient à nous avertir.
Une sensation de froid glacial, presque surnaturel, serra ma poitrine, un poids invisible qui me tiraillait l'âme. Je pouvais sentir mes muscles se tendre, mes mains légèrement tremblantes. Nous étions sur le point de découvrir quelque chose de bien plus grand, de plus ancien que ce que nous aurions pu imaginer. Mais à quel prix ? Une appréhension grandissait, comme un écho sourd dans mes entrailles. La découverte ne serait pas sans risques. Non, cela ne ferait que commencer.
— Callista est une descendante des Gaunt, mais elle n’est pas venue ici par hasard, expliqua-t-elle en pointant une page griffonnée de notes anciennes. Sa famille a été impliquée dans des rituels pour éveiller les Reliques. Ils avaient une obsession pour la magie ancienne.
Je la regardai, abasourdi.
— Tu veux dire que Callista a été envoyée ici pour accomplir quelque chose ?
Rose hocha la tête.
— Il y a des preuves qu’un fragment de la prophétie était en possession de sa famille depuis des générations. Et il est probable qu’elle cherche à réunir les fragments restants.
Scorpius fronça les sourcils.
— Alors, tout ça… sa rencontre avec nous, ses révélations sur la prophétie… Ce n’était pas un hasard ?
Rose jeta un regard inquiet autour de nous, comme si elle craignait que Callista puisse surgir à tout moment.
— Je pense qu’elle nous manipule. Ou peut-être essaie-t-elle de nous utiliser pour atteindre son objectif.
Je m’assis lentement, le cœur lourd, alourdi par des questions qui tourbillonnaient dans mon esprit, s’entrechoquant sans relâche. Callista… qui était-elle vraiment ? Était-elle une ennemie dissimulée sous les traits d'une alliée, ou bien la malheureuse héritière d’un passé écrasant, victime des erreurs et des faiblesses de sa propre famille ? Les pièces du puzzle se mettaient en place peu à peu, mais l’image qui émergeait du chaos était bien plus sinistre, plus dérangeante que ce que j’avais imaginé. Un malaise sourd envahissait mon être, se glissant sous ma peau comme une brume froide et suffocante. Il m’enserrait la poitrine, me laissant haletant, comme si je n’avais plus la force de respirer. Je me sentais piégé, suspendu dans un espace flou, incertain, où la confiance était un luxe que je ne pouvais plus me permettre. Chaque pensée, chaque réflexion, se perdait dans cette brume épaisse, pesant sur mon esprit comme un fardeau que je n’arrivais pas à porter.
Lorsque la nuit tomba, les visions revinrent, plus intenses, plus insoutenables que jamais. Je me retrouvai une fois de plus plongé dans une obscurité épaisse, oppressante, comme si l’air même se faisait plus lourd à chaque respiration. Autour de moi, des statues imposantes se dressaient, figées dans des poses menaçantes, leurs regards glacials rivés sur ma silhouette, me scrutant de leurs yeux sans vie. L’atmosphère était étouffante, tout était figé, comme un piège qui m’enserrait à chaque pas. Et puis, là, devant moi, mon père, Harry, se tenait droit, la baguette de Sureau levée vers le ciel. Mais quelque chose clochait, quelque chose était profondément dérangé dans cette image. Ce n’était pas lui. Ses yeux, d’ordinaire si vivants, si pleins de détermination, étaient maintenant vides, comme si une force obscure avait pris possession de son être. Il n’était plus l’homme que je connaissais, celui qui m’avait toujours inspiré confiance et amour. Il n’était plus qu’un réceptacle pour une force étrangère, insidieuse.
Les mots qui s’échappaient de ses lèvres étaient étranges, froids, comme une malédiction lancée sans émotion.
« Les Reliques sont la clé, Albus. Elles t’appellent, comme elles m’ont appelé autrefois. »
Un frisson glacé me parcourut, envahissant mes veines d'une terreur sourde. Chaque muscle de mon corps se tendit, chaque fibre de mon être hurlait de résistance, mais je n'avais aucune prise, aucune échappatoire. Une force invisible m’étreignait, me tirant inexorablement vers les Reliques, comme une gravité irrévocable. C’était comme si elles possédaient leur propre volonté, leur propre désir, un appel irrésistible que je ne pouvais ignorer. Tout mon corps, tout mon esprit, s’opposaient à cet appel, mais il restait plus fort, plus envoûtant. Luttant contre cette attraction, je compris soudain à quel point je me tenais au bord du gouffre, un abîme sans fond qui menaçait non seulement d’engloutir mes rêves, mais aussi mon destin tout entier.
— Albus ! Cria une voix au loin.
Je me réveillai en sursaut, haletant. Rose était là, penchée sur moi, son visage contracté par l’inquiétude.
— Tu es sûr que ça va ? Me demanda-t-elle, visiblement alarmée.
Je la fixai un moment, tentant de reprendre mes esprits.
— Oui, c’est juste… ces visions…
Elle fronça les sourcils, comprenant que j’évitais de tout lui dire.
— Albus, tu ne peux pas affronter ça seul. Tu dois nous laisser t’aider.
Je m’assis, prenant ma tête entre mes mains.
— Je n’arrive pas à contrôler ce que je vois, admis-je. Chaque vision est plus violente que la précédente. C’est comme si les Reliques essaient de me posséder.
Rose me posa une main sur l’épaule, une lueur de détermination dans les yeux.
— Alors on trouvera un moyen de les arrêter, ensemble.