Le café est bien rempli aujourd’hui. C’est assez étonnant d'ailleurs, on est le 21 février, la Saint-Valentin était il y a une semaine et pourtant il y a plus de monde maintenant.
J’ai très mal dormi cette nuit, j’ai fait des cauchemars dont j’ai du mal à me rappeler, mais il y avait de forte lumière et un boom énorme. Je ne sais pas ce que cela signifie mais quand je me suis réveillé j'étais en sueur, la respiration haletante, ça avait réveillé Simon alors il avait passé une bonne partie de ça nuit à me réconforter, il m’a même préparé un bain en pleine nuit pour essayer de détacher ce cauchemar de ma peau.
Ce matin je me suis réveillé avec la boucle au ventre, j’avais même vomis. Quand c’est arrivé Simon m’a regardé avec de grand yeux et petit à petit l’idée qu’on mini nous germe dans mon ventre s’est installé dans notre tête. Mais cela tiendrait du miracle étant donné que j’ai une contraception et que nous nous protégeons.
Je caressais mon ventre devant le miroir des vestiaires.
Un mini-nous, un mini Simon…
ça ne me déplairait pas d’être Maman, en fait on y a déjà pensé avec Simon. Nous avons tous les deux respectivement 31 et 32 ans et l’idée d'accueillir un petit bout de chou nous à traversée l’esprit plus d’une fois. Mais on voulait attendre encore d’être plus stable financièrement et que je décroche mon diplôme. Pendant que j'étais en train de rêvasser mon téléphone sonna signalant une notification.
Simon : Tu te sens mieux ?
Moi : Pas vraiment, j’ai toujours l’estomac nouée.
Simon : T’es sûr qu’il n’y a pas quelque chose qui te stress ?
Simon : C’est peut-être les cauchemars de cette nuit.
Moi : Peut-être oui.
Moi : Tu pourras venir me chercher ? Je me sens pas de prendre le bus
Simon : Bien sûr mon amour.
Simon : Je doit retourner bosser, je viens te chercher à la fin de mon service
Simon : Je t’aime.
Je fondis en larmes instantanément. Je ne sais pour quelles raisons mais je m’effondre. J’avais une sensation étrange au fond de moi. Comme si c'était la dernière fois qui me disait je t’aime.
Qu’est ce qu’il m’arrive..?
Peut-être qu’en fait j’étais réellement enceinte et que c’était des hormones qui me faisaient pleurer. Une de mes collègues entre dans le vestiaire et s’approche de moi en me voyant en larmes.
– Hey, Elizabeth… qu’est ce qu’il ne vas pas ?, demande-t-elle maladroitement visiblement pas douée pour réconforter quelqu'un.
– Ne t’en fais pas, c’est rien…, reniflais-je tandis qu’elle me tendait un mouchoir.
***
La journée était atrocement longue. Je devais prendre des pauses toutes les dix minutes, mon ventre me faisait tellement mal que je peine à tenir debout.
J'étais bien contente de me changer et d’enfiler le pull de Simon qui était très confortable. En parlant de lui j’avais beau l’appeler il ne me répondait pas. La boule dans mon ventre se resserre d’un coup.
Est-ce qui lui est arrivé quelque chose ?
Après quelque minute d'attente, il n'est toujours pas là. Je suis terrifiée à l’idée qu’il lui soit arrivé quelque chose. Peut-être qu’en faite mon corps me prévenait depuis ce matin en me rendant malade pour qu’il soit contraint de rester pour me soigner. ça doit être ça, ça veut dire que j’ai tué mon mari ?
Je me laisse glisser contre un mur et me remets à pleurer de peur. De peur que ma pensée soit correcte et qu’il lui soit arrivé quelque chose de grave.
Mes pleurs étaient tellement forts que je n’entendit pas les pas qui s'approchaient et la personne qui s'agenouillait devant moi.
– Chérie ? Pourquoi tu pleures ?, demande une voix rauque que je connaissais bien.
Je relève ma tête dans un seul mouvement sec. Il est là, mon Simon est juste devant moi, en chair et en os. Il va très bien et se porte comme un charme.
– Tu vas bien ?, m’exclamais-je en essuyant mes larmes.
– Bien sûr, pourquoi ça n’irait pas ?, demande-t’il perplexe.
– J’ai cru que tu étais mort.
– Mort ? Impossible, je suis increvable, et tu devrais le savoir depuis le temps qu’on est marié, il soupire, tu as pris tes médicaments aujourd'hui ?
– Oui je les ai pris…
– Il faudra demander au toubib d’augmenter la dose, même si j’aimerai bien qu'un jour tu surpasses ton anxiété, murmure-t’il en caressant tendrement ma joue.
– Je sais, mais c’est plus facile à dire qu'à faire.
– Je serai là pour t’aider.
– Je t’aime Simon.
– Moi aussi je t’aime Elizabeth.
Finalement, ça n’était pas la dernière fois qu’il le disait.
***
Quelques instants plus tard, nous étions installés dans la voiture. J'étais à moitié endormie, la main de Simon était posée sur ma cuisse, avec son pouce il la caresse légèrement.
– Comment t’appellerais notre enfant si on en avait un ? demandais-je dans un murmure.
– Vraiment ? J’en sais rien Eli… Peut-être Maëlle pour une fille.
– Tu préfères avoir une fille ou un garçon ?
– Honnêtement ? Une petite fille, mais si j’ai un garçon ça ne me déplairait pas, réplique-t’il en se concentrant sur la route.
Je souris en l’imaginant avec une petite fille dans ses bras, en la berçant pour l’endormir. Mais deux grosses lumières m’aveugle soudainement.
-Putain !
Je sens la voiture subir un choc et Simon s'agrippe à moi, avant que je me laisse tomber dans l'inconscience.
***
Ma tête me fait atrocement mal, mon corps est complètement engourdie et je n’arrive pas à bouger, peut-être que je suis malade..
-Simon, j’ai mal à la tête…
Pas de réponse, j’arrive toujours pas à bouger, un liquide chaud coule le long de ma tempe. Je me force à ouvrir les yeux et découvre que je ne suis pas du tout allongé confortablement Simon à mes petits soins à cause d’une maladie.
– Simon…?, murmurais-je dans un sanglots étouffé.
Mon mari avait la tête allongée sur le volant, les yeux grands ouverts fixant dans le vide. Je passe ma main tremblante sur sa joue alors qu'un autre sanglot m’échappe.
– Simon réveille toi.. sanglotait-je en le secouant, ça va aller je te le promet… Quelqu'un va appeler la police et on va t’emmener à l’hôpital…
Il ne bouge pas d’un centimètre tandis que je continue de le secouer, son corps est lourd comme quand il s'endort sur moi et que je ne peux pas bouger.
ça doit être ça, il est endormi.
– Je t’aime Simon… murmurai-je alors qu’au loin j'entends des sirènes très fortes mais je n’est pas le temps de les entendre que mes yeux se ferment et que je tombe à nouveau dans l'inconscience.