Comment avais-je pu espérer qu’elle m’épargne cette fois ? Mon corps est recouvert de tache de toute sorte de couleur.
Des bleus
Des violets
Des jaunes.
Mes cuisses sont un champ de bataille, entre toutes les tâches qu’il y a dessus il y a la peinture que je fais. Mon corps est une toile qui accueille la douleur des autres et la mienne.
Ce matin elle n’est pas là. Et je m’en réjouis, je pourrais faire mes affaires tranquillement sans avoir peur qu’elle les jette par la fenêtre juste pour que mes cahiers soient complètement trempés. Il y a juste ma peste de sœur qui est encore prête à partir pour les cours, peut-être qu’elle est même déjà partie. J’arrive toujours en retard au lycée parce que je refuse de prendre le même bus qu’elle et qu’elle m’humilie comme elle le fait toujours. Je veux au moins qu’Ivy soit là pour me réconforter après.
Quand j’arrive au lycée, les cours n'ont pas encore commencé. Au moins je ne serais pas en retard pour mon premier cours. Ivy m’attends à mon casier en pianotant sur son téléphone puis quand elle lève le regard et croisent le miens elle s’approche en souriant et viens me faire un câlin. Ses boucles blondes viennent chatouiller mon visage et son odeur de vanille m’envahit alors que je lui rends son étreinte.
Elle est la seule qui me donne l’affection dont j’ai désespérément besoin
– ça va ? me demande-t-elle en stoppant notre étreinte.
J’hausse les épaules et ouvre mon casier.
Elle est tout le contraire de moi, elle a de jolie cheveux blonds bouclés, une jolie peau parsemée de tache de rousseur par endroit, et deux yeux bleus, elle plaît beaucoup au garçon, elle a une famille aimante, ses parents sont adorables et son frère aussi.
Je ne sais même pas si mon géniteur est en vie.
– Eh oh, dit-elle en faisant un geste de la main devant mes yeux.
– Pardon, je pensais à autre chose.
– Ta mère n’y est pas allé de main morte à ce que je vois, déclare-t-elle en pointant du doigt mon cou.
– J’ai des marques ?, demandais-je confuse, j’avais pourtant passé quinze bonne minute à cacher les marques que ses mains avaient laissé.
Ivy est au courant de ce qu’il se passe chez moi, et dès qu’elle l’a su on est allé voir la police. Mais devinez quoi ? Ma mère se tape le chef de la police donc ça facilite grandement les choses pour elle. Ce soir la elle était complètement sortit de ses gonds on avait que 13 ans mais pourtant elle à montré une colère tellement noir que j’en est eu peur. Elle m’a alors promis qu'un jour elle serait flic et qu’elle allait enfermer ma mère pour toujours.
Quelque minute plus tard juste avant que ça sonne Ivy et moi on étaient dans les toilettes ou elle a ordonné au fille qui y étaient de dégagé. Elle a un certain pouvoir sur les élèves du lycée, c’est une fille qui détient beaucoup de prestance, je suis une mauviette à côté.
Je suis assise sur l’espace entre deux lavabo alors qu’elle m’applique son fond de teint qui devait coûter une fortune sur mes hématomes tout en pestant contre ma mère.
– Elle est vraiment tarée putain.
– Non, juste purement malveillante.
Elle s’arrête dans son mouvement pour me regarder dans les yeux.
– ça me frustre tellement Eli tu peux pas savoir à quel point.
– Je sais… J’ai juste à survivre deux ans et puis je pourrais m’en aller.
– On s’en ira. C’est toi et moi contre le monde entier ma belle, assure t’elle en continuant de m’appliquer son maquillage.
Un sourire se dessine sur mon visage et une sensation chaleureuse envahit mon cœur, j'ai la chance de ne pas être complètement seule dans cet enfer qu’est ma vie, Ivy est là et je m’accroche à elle autant que je peux.
– Tu dors chez moi ce soir, hors de question que tu dormes chez toi cette nuit.
J’hoche la tête sans protester, je savais que ça allait énerver ma mère que je ne sois pas là pour qu’elle se défoule et que j’allais sûrement le payer tôt ou tard. Mais une nuit de tranquillité dans la chaleur d’un foyer me tente trop pour que je puisse refuser.
– Bon ça ne va pas tarder à sonner, déclare-t-elle en rangeant son fond de teint avant de poser ses mains sur mes épaules, ça va aller ?
– Oui, ça va aller.
***
J’ai passé une plutôt bonne journée étant donné que je n’avais pas la boule au ventre à l’idée de rentrer chez moi. Mais, malheureusement je suis collé ce soir après les cours qu’on vient juste de terminer.
– Bon je te laisse là, mon père est ici, on t’attend dans la voiture, explique-t-elle en m’embrassant sur la joue.
J’hoche la tête et la regarde partir avant de soupirer et d’entrer
dans la salle. Le surveillant était sur son téléphone et ne semblait pas se préoccuper des élèves qui y étaient.
– Bonjour, je viens ici pour la colle de Mr Wilson.
Sans même me lancer un regard il me tend une fiche d’exercice
que mon prof de maths à dû déposer au préalable et m’indique ma place qui est à côté d’un garçon qui semble dormir donc je peux seulement apercevoir ses boucles châtaignes.
Je m’assois sans un mot et pour ma bonne conscience tente au moins de faire ces exercices.
Quelque minutes plus tard j’abandonne et me mets à dessiner sur le coin de ma feuille en attendant que le temps passe.
– Tu veux de l’aide ?, demande une voix masculine à côté de moi.
En tournant la tête je croise deux pupilles sombres, le garçon qui était assoupi est maintenant réveillé et me propose son aide pour des exercices de math.
– Ne t’occupe pas de moi, je suis un cas perdu, soupirai-je en me replongeant dans mon dessin et en espérant qu’il lâche l’affaire.
– Personne n’est un cas perdu ma belle. Sauf les nazis.
Son commentaire m’arrache un petit rire.
– Je ne suis pas nazis.
– Alors tu n'es pas un cas perdu.