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RomaneLarra
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PROLOGUE

Le bus s’éloignait dans un souffle de poussière et de chaleur.

Skyler resta immobile sur le trottoir, ses doigts crispés sur la poignée de sa valise cabossée. Au loin, le bâtiment administratif de l’université de Merrydale scintillait sous la lumière crue de ce début d’après-midi de septembre. L’air avait une odeur particulière, mélange de bitume chaud, de pelouse fraîchement tondue, et d’anxiété dissimulée sous des couches de déodorant et de rêves d’avenir.

Autour d’elle, les autres nouveaux étudiants s’agitaient déjà, portés par l’enthousiasme ou la peur. Elle, elle ne ressentait rien.
Juste une tension sourde, dans le creux du ventre. Comme une attente sans nom. Elle était venue ici pour disparaître. Et soudain, elle avait l’impression qu’on l’avait attendue.

— Bienvenue à Merrydale, mademoiselle Hart, avait dit l’homme du bureau d’accueil, en lui remettant un badge, une carte magnétique et une enveloppe noire cachetée. Elle n’avait pas osé l’ouvrir devant lui.

Maintenant, seule sur le trottoir, elle l’ouvrit.
Une simple feuille de papier à l’intérieur. Un message écrit à la main, calligraphié.

"Bienvenue à la Maison Alpha Delta Theta. Le destin vous attend. 18h. Porte Est."

Pas de signature. Pas d’explication. Elle releva les yeux vers le campus. Et c’est là qu’elle la vit pour la première fois. La maison Alpha. Imposante. Presque hors du temps. Une façade blanche bordée de colonnes grecques, un perron surélevé, des fenêtres encadrées de volets sombres. Trop propre. Trop symétrique. Comme une maison témoin dans un rêve mal calibré. Ou un cauchemar en veille. Skyler sentit un frisson remonter le long de son dos, malgré la chaleur. Il n’y avait encore personne sur les marches. La porte était close. Pourtant, quelque chose en elle savait que l’on l’observait.

Elle avait effectué des recherches avant de venir. La sororité Alpha Delta Theta ne figurait sur aucun registre officiel de l’université. Aucun site, aucune page Instagram, aucun témoignage. Et pourtant, chaque année, on parlait d’elle. À voix basse. Avec un respect étrange. Un mélange d’admiration et de crainte. Certaines la qualifiaient de société secrète. D’autres de légende urbaine. Et quelques-unes… n’osaient pas en parler du tout.

Skyler ne s’était pas posé trop de questions à l’époque. Elle n’avait même pas répondu à la lettre d’invitation, arrivée sans nom d’expéditeur, dans son ancienne boîte postale à Boston. Mais quelque chose dans cette écriture noire, ces mots énigmatiques, l’avait happée. Et elle était venue. Non pas pour les paillettes ou les soirées étudiantes. Pas pour les liens de sororité, les fraternités, les traditions. Elle était venue pour ne plus être celle qu’elle avait été.

À 18h pile, elle poussa la porte Est. Un grincement long, presque théâtral. Le hall baignait dans une lumière dorée, tamisée, presque trop belle pour être honnête. Des murs recouverts de boiseries anciennes, des tableaux aux cadres noirs, des fauteuils de velours bordeaux, et ce parfum étrange, mélange de cèdre, d’encens, et d’un autre arôme qu’elle ne parvenait pas à identifier. Quelque chose de plus… métallique.

Elle fit un pas, puis un autre. Un bruit soudain, net, la fit sursauter : un claquement sec, juste au-dessus d’elle. Elle leva la tête. Sur la galerie qui surplombait l’entrée, quatre jeunes femmes la regardaient. Silencieuses. Identiques dans leur posture, leurs robes longues, leurs cheveux relevés. Aucune ne souriait. Skyler ouvrit la bouche, mais aucun son n’en sortit. Une d’elles s’inclina légèrement.

— Skyler Hart, dit-elle d’une voix posée, grave.

— Oui…

— Tu es attendue.

Un autre bruit, plus sourd, attira alors son attention. Un craquement. Sous ses pieds. Elle baissa les yeux. Et elle l’entendit. Un murmure, court, presque un souffle, juste en dessous. Sous les lattes du parquet ciré. Elle voulut reculer. Mais une main, venue de nulle part, se posa sur son épaule. Elle se retourna vivement. Personne.

Elle était seule dans le hall. Et pourtant… elle ne se sentait pas seule. La jeune femme sur la galerie tendit la main vers l’escalier.

— Suis-moi.

Skyler déglutit, et avança.

Le bois craquait sous ses pas. Et à chaque marche, les voix reprenaient. Légères. Insistantes. Déformées, comme si la maison lui parlait. Comme si elle murmurait déjà son nom.

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