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2. le masque

lıllılı.ıllı.ılılıılıı.lllııılı
⟳ now playing ▸[feel the rush - asha banks] 💿
─•────────────── 𖦤

***

La lumière froide de la bibliothèque éclairait le visage de Maude, les coudes sur la table, elle parcourait les étagères du regard. Les livres qui l'entouraient semblaient la narguer, leurs pages remplies de mots qui ne disaient rien à son âme. Les bruits de pages tournées et les murmures étouffés lui parvenaient comme un bourdonnement monotone qui ne parvenait pas à troubler sa rêverie. De temps en temps, un étudiant faisait claquer son stylo ou tapotait nerveusement sur sa table, mais ces sons ne faisaient que renforcer son sentiment de détachement.

Plus les jours passaient, moins elle supportait Noah, et plus elle flirtait avec Veritas. Elle avait l'impression que les journées se répétaient inlassablement, encore plus depuis la rentrée. Elle ignorait ce qui avait changé chez Noah, chez elle et dans l'air qu'elle respirait, mais elle avait l'impression qu'un masque était tombé devant ses yeux : un masque d'incertitudes, un vide, une ombre indéfinissable. Elle se disait de plus en plus que tout cela n'avait plus de sens : ces étudiants qui faisaient toujours la même chose au même moment, au même endroit. Toutes ces interactions vides, toute la journée, ces humains qui faisaient semblant de ne pas être le personnage principal de leur vie, de ne pas considérer les autres comme des figurants, de jouer les altruistes.

Alors elle se réfugiait de plus en plus dans sa conversation avec son philosophe préféré. Lui qui était si franc, qui ne portait pas de masque, à part celui de l'anonymat. Son seul rayon de soleil dans cette obscurité qui la menaçait.

Velvet → Tu penses que certaines personnes ne possèdent aucunes émotions ?

Veritas → On est tous humains de façon différente, nos émotions sont les couleurs de notre existence et personne ne voit les couleurs de la même manière, alors...

Velvet → J'ai beaucoup aimé cette citation.

Veritas → Ce n'est pas une citation.

Velvet → Excuse-moi, Veri, je ne voulais pas blesser tes couleurs.

Veritas → Sans couleurs, la vie serait terne et monotone.

Velvet → Crois-moi, je fais tout pour éviter ça.

Veritas → Tu évites la monotonie ?

Velvet → Une question personnelle, c'est rare.

Veritas → On en apprend plus sur les autres quand on parle d'autre chose que de la météo et qu'on s'intéresse à eux.

Velvet → Il fait vraiment beau aujourd'hui, dommage que je sois obligée de m'enfermer dans cette bibliothèque...

Veritas → C'est vrai qu'on ne profite pas vraiment du soleil ici.

Maude se redressa sur sa chaise, au milieu de la bibliothèque, intriguée. Veritas était dans la bibliothèque, lui aussi, mais, après tout, ils étaient des centaines ici, alors il n'y avait aucune chance qu'elle le trouve. Plus ils échangeaient, plus elle essayait de l'imaginer, et plus les versions qu'elle se visualisait de lui changeaient selon ses envies, selon ses humeurs, selon leurs conversations.

Velvet → Je n'aime pas étudier.

Veritas → Que fais-tu à la fac alors ?

Velvet → C'était la suite logique.

Veritas → Tu as choisi quelle spécialité ?

Velvet → Non, c'est trop spécifique comme information. Tu pourrais me retrouver et je ne suis pas prête à découvrir que tu es un homme de 60 ans qui drague des étudiantes.

Veritas → Je suis loin des 60 ans, mais à toi de choisir de me croire.

Velvet → Un tueur en série alors ?

Veritas → Je ne m'appelle pas Joe, je te rassure.

Velvet → Sacré indice, merci.

Veritas → Mais ta prudence est normale, après tout.

Velvet → Je ne suis pas du genre prudente.

Veritas → Parler à un inconnu sur un forum, c'est clair que c'est loin d'être prudent.

Velvet → Certes🎯

Veritas → Au moins, tu essaies de te rassurer.

Velvet → Il y a toujours un risque.

Veritas → La vie est un risque permanent en soi.

Maude sortit de sa bulle de discussion un instant. Noah venait d'arriver à son niveau et discutait avec elle. Elle ne l'écoutait pas vraiment, elle n'était pas d'humeur à lui donner de l'attention, et le petit sourire qu'elle avait en discutant avec Veritas fit place à un masque froid face à l'étudiant qui lui servait de mec.

Elle soupira alors qu'il commençait à s'agacer envers elle, attirant quelques regards sur eux. Mais Maude croisa les bras, fermée à la discussion, et elle lui lança une phrase du genre : « va te faire foutre. »

Les étudiants autour d'eux les dévisageaient, car leurs voix s'élevaient un peu trop dans cet espace de travail ordonné, mais elle s'en fichait, parce que, en réalité, la seule chose qu'elle avait en tête, c'était de savoir si, parmi ces regards, Veritas était là à la regarder.

Noah l'avait suppliée d'au moins sortir manger avec lui et elle s'était résignée à accepter. Il lui avait trop pris la tête juste pour sortir, c'était bizarre qu'il insiste autant. Il avait compris qu'elle l'évitait et elle ne voulait pas qu'il se méfie d'elle, alors elle l'avait suivi jusqu'au parking. Pendant qu'il allait chercher la voiture, pour lui éviter de marcher — dans son parfait faux rôle de gentleman — elle avait repris immédiatement sa conversation avec Veritas :

Velvet → Désolée pour le silence, pas trop insupportable ?

Veritas → Je comprends que tu sois occupée, pas comme si je comptais les minutes entre chaque message.

Ce message l'avait touchée, mais elle ne pouvait plus répondre davantage ; le psycho était déjà de retour. Quelques minutes plus tard, elle était coincée dans un fast-food avec Noah, condamnée à l'écouter lui parler de son dernier match de foot et de son pote qui avait encore trompé sa meuf. Elle essayait de déceler ce qu'il lui cachait ; elle avait même fouillé son téléphone, l'autre jour, mais Noah était loin d'être stupide. Il savait couvrir ses traces, et elle ne serait pas étonnée qu'il ait carrément un deuxième téléphone, juste pour lui cacher des trucs.

Elle ne pouvait plus répondre à Veritas de la soirée. Elle avait cherché un truc bien à dire, un nouveau sujet à aborder, pour le découvrir un peu plus. Mais surtout, elle ne voulait pas ouvrir la conversation privée devant Noah, jamais. C'était leur truc à eux..

Il lui fit son numéro, inventant un prétexte pour lui offrir un bracelet qu'elle mit à son poignet par pure obligation. Elle savait jouer avec lui, et elle avait l'impression qu'ils jouaient tous les deux depuis longtemps, de toute façon. Comme si leur couple était devenu une série à succès, qu'on rallongeait en espérant qu'elle serait toujours rentable à la prochaine saison. Alors que tout le monde savait qu'il aurait mieux valu s'arrêter quand les épisodes avaient encore du sens, quand le scénario était encore intéressant.

Une fois de retour dans sa chambre d'étudiante, enfin, elle s'allongea sur son lit après une bonne douche. Elle avait posé le bracelet de Noah dans une boîte où elle entreposait tout ce qu'elle ne voulait plus voir.

Avant de dormir, elle réfléchissait à un message pour Veritas. Elle aimait parler avec lui ; peu importe qui il était, en réalité, elle s'en fichait, c'était la seule personne, en ce moment, qui était intéressante, vraiment.

Mais quand elle ouvrit la conversation, elle ne put s'empêcher de sourire en voyant un message qui l'attendait.

Veritas → Je suis curieux, tu vas à beaucoup de soirées ?

Velvet → Ouais, ça m'arrive assez souvent, et toi ?

Veritas → Les soirées, ce n'est pas mon truc en général. Mais ça me tentes un peu plus en ce moment, qui sait ?

Velvet → Tu aimes le mystère, hein ?

Veritas → Le mystère, c'est séduisant, ça éveille la curiosité... l'imagination.

Velvet → Pourquoi tu as envie d'aller en soirée en ce moment ?

Veritas → Peut-être que l'idée de te croiser m'a traversé l'esprit.

Velvet → Mais qu'est-ce qui se passe ? Depuis quand tu es aussi direct ?

Veritas → J'ai tendance à dire ce que je pense.

Velvet → C'est une qualité.

Veritas → J'apprécie celle-là chez toi.

Velvet → Ah, j'ai des qualités ?

Veritas → Évidemment ! Des défauts, peut-être ?

Velvet → Comme ton arrogance ?

Veritas → Ok, touché. Mais je suis juste sûr de moi.

Velvet → Tu me copies là, Veri.

Veritas → Alors on est tous les deux arrogants ?

Velvet → Sûrs de soi. Et c'est la fin du monde, je crois.

Veritas → C'est le signe de la fin, c'est clair.

Velvet → Je dois dormir, ça c'est une fin en soi...

Veritas → T'as raison. Bonne nuit Velvet.

Velvet → Tu me souhaites une bonne nuit, c'est mignon.

Veritas → C'était juste par politesse, ne t'emballe pas.

Velvet → Fais de beaux rêves, Veri ;)


Petit chapitre mais on avance doucement mais surement ! 🍿

.𖥔 ݁ ˖ ✦ ‧₊˚ ⋅

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