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Prologue

Le seigneur Abhainn régnait sur un minuscule royaume composé de plusieurs îles battues par les marées et les vents. Sans valeur stratégique et possédant peu de richesse convoitable, le souverain peinait cependant à trouver une épouse. D’une stature respectable, les mains fermes et le visage délicat ne suffisaient pas à conquérir le cœur d’une dame ou les bonnes grâces de son père.

Pour soulager son âme en peine, le souverain divaguait sur les plages et les falaises qui bordaient son humble château. Les armatures de nombreuses épaves couvertes de patelles ponctuaient la côte. Le temps venu, Cailleach Bhéara, la déesse de l’hiver venait laver de son plaid blanc dans ses eaux. Sa lessive créait un tourbillon géant, piège mortel pour les frêles esquives de pêcheurs. Sa tâche accomplie, le voile blanc couvre la terre pour sécher jusqu’au retour du printemps.

Un soir, après une tempête, Abhainn errait, le cœur lourd comme l’air ambiant. Touchée par tant de solitude, l’écume blanche dessina une forme gracile sur les galets. Une silhouette incolore se leva à quelque pas du souverain. Le vent souffla délicatement le sel des joues pâles et délicates de la jeune femme. Son pas léger effleurait à peine les galets alors qu’elle se dirigerait vers le souverain. La main fraîche effleura le visage stupéfait d’Abhainn.

Le souverain sentit les doigts marins se glisser dans sa barbe, remonter jusqu’à son oreille pour aller d’abîmer dans ses cheveux. Lorsque les lèvres bleutées de la déesse se posèrent sur les siennes, un goût salé lui emplit la bouche. La fraîcheur de la déesse attisa la flamme naissante dans son cœur. Il l’élança en retour. Leurs étreintes passionnées durèrent toute la nuit. Lorsque le soleil se leva à l’horizon, Abhainn se leva, seul, sous un fin drap blanc de neige. Il déposa un baiser sur l’écume blanche des vagues avant de s’en retourner au château.

Fidèle à l’amour que Cailleach lui avait offert, il ne cherche plus à prendre femme pour son royaume. Il retourna tous les jours sur la plage de galets pour y déposer un baiser. L’écume salée restait cependant toujours aussi vaporeuse. Le drap blanc se retira définitivement pour la saison, laissant place aux fraîches fleurs du printemps. Les fleurs laissèrent place aux œufs des pingouins dans les falaises. Les parents effectuaient des va-et-vient en mer pour nourrir leur poussin.

Le long de l’estran, au milieu des carcasses de navires, des pleurs de bébé se mêlèrent aux cris des goélands. Abhainn glissa à plusieurs reprises sur les galets humides en se dirigeant vers les hurlements. Emmailloté dans de larges algues vertes, le visage blanchâtre d’un nourrisson apparu près d’un gros rocher couvert d’oursins. Lorsqu’il s’en saisit, les yeux bleu pâle du petit être s’ouvrir et se posèrent sur son sauveur. Immédiatement, il se mit à sourire et rire.

Le seigneur regarda autour de lui. Un embrun salé vint lui caresser le visage. Il n’eut alors plus aucun doute. La déesse venait de lui donner un enfant. Une enfant plus précisément.

— Morgaine, susurra le souverain… Tu seras la princesse Morgaine.

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