60 ans plus tard

Je me présente, je m'appelle Jack, Jack Cooper. J'ai 15 ans, je vis à Dallas, enfin j'y vivait plutôt. Ma famille et moi déménageons plus au nord, nous allons habiter dans une petite ville du nom d’Hawkins, super ! Ma mère est transférée là-bas pour je ne sais quelle raison, nous obligeant à partir. Actuellement, je me trouve dans la voiture de ma mère, une Audi blanche, les sièges arrière déjà occupés par les cartons, me retrouvant devant sur le sièges passager. En train d'écouter de la musique tout en regardant par ma fenêtre afin de ne pas entendre ma mère me parler de son enfance. 

Pour attirer mon attention, elle pose sa main délicatement sur mon épaule, je tourne le regard vers elle en retirant un de mes écouteurs.  

— Tu m'as parlé ? 

Ses yeux marrons ne se décrochent pas de la route. 

– Oui, je t'ai parlé Jack ! Envoie un message à Harry pour le prévenir qu'il va falloir s'arrêter à la prochaine station. Pause pipi. 

Je saisie mon téléphone, et envoie un message :

Moi

Maman a besoin d'aller aux toilettes, il faut que l’on s'arrête à la prochaine aire de repos.

La réponse arrive très rapidement : 

Harry 

D'accord. De toute façon Marck a également envie, je crois que la prochaine aire de repos est pour bientôt. Sinon vous ça va ? le trajet se passe bien ?

Je me tourne vers ma mère. qui se gratte la tête avec ses cheveux aussi blond que le soleil. 

— lls sont OK, il demande si tu vas bien, je dis quoi ? 

— Réponds lui que tout va bien pour moi et demande leur comment ils vont 

Moi

Maman va bien et vous ?

Harry

Oui pour nous aussi ça va. Marck a un peu dormi donc ça va, et toi Jack tu vas bien ?

Je regarde de nouveau ma mère et lui dit la réponse à mon message :  

— Oui ils vont bien, Marck a dormi. 

— D'accord 

J'éteins mon téléphone pour ne pas répondre à sa question, pas franchement envie de discuter. Je n'étais pas bien, rien qu’imaginer comment j'allais organiser ma nouvelle chambre me m'étais sur les nerfs. Ma mère décroche le regard de la route pour me lancer une œillade. 

— Tout va bien ?  

— A ton avis ? 

Elle pousse un soupir. 

— C’est le déménagement qui te met dans cet état ? 

— Bah, je ne sais pas, c'est quand même la cinquième fois en moins de trois ans. 

— Jack ! Ce n'est pas de ma faute. si cela ne dépendait que de moi, on serait resté à Dallas. 

— Mais pourquoi tu ne peux pas dire merde à ton boulot ?

— Jack ! Hurle ma mère. 

Je décide de me taire, puis ma mère reprend la parole : 

— Tu crois que ça ne me fait pas chier. je galère déjà assez pour que tu aies un toit sur ta tête, de quoi t'habiller, et de quoi manger. Jack, s'il te plaît, je te promets que c’est la dernière fois. 

En fixant ma fenêtre je lui réponds :  

— Ne fait pas de promesses, que tu ne les tiendras pas, et regarde elle est là ta station-service, détourné-je l’attention en la pointant du doigt. 

Arrivés sur les lieux, ma mère se gare sur le parking et sort de la voiture. Elle marche très vite  pour arriver jusqu’aux toilettes, et j’aperçois mon petit frère courir pour la rejoindre. Je décide également de sortir pour m'étirer, Harry en fait de même. Il se dirige vers moi. Arrivé à ma hauteur, il prend une cigarette, la met dans sa bouche et l'allume. 

— Tu ne m'as pas répondu. 

Et voilà qu'il commence déjà à me taper sur le système. 

— Désolé mais je n'ai plus de batterie, lui dis-je en lui secouant mon téléphone éteint sous son nez. 

— D'accord, me fit-il, en me regardant avec ses yeux bleus comme s’il savait que je lui avais menti. 

— Ecoute, tu sais que tu peux me parler de tout et de rien, il n’y a pas de sujet tabou avec moi, reprit-il. 

— J’ai juste pas envie de parler. 

Je me retourne et ouvre la portière de la voiture pour me glisser à l'intérieur. Je remets mes écouteurs, mets de la musique pour éviter toute conversation.  

Harry.

C'est mon beau-père. Il a rencontré ma mère au boulot et si vous ne l’avez pas compris, je ne le porte pas dans mon cœur, J' aperçois ma mère sortir des toilettes. Se dirigeant vers Harry toujours en train de fumer, elle l'embrasse sur les lèvres. 

Elle et Harry discutent pendant quelques secondes avant qu'elle se rapproche de la portière et toque à ma fenêtre entrouverte, je retire un de mes écouteurs pour écouter ce qu’elle a à me dire. 

— Oui ? 

— Tu veux manger un truc ? me proposa-t-elle. 

— Non merci. 

— Tu es sûr ? tu n’as rien mangé depuis que nous sommes partis. Viens manger un morceau s'il te plaît. 

— M'man je n’ai vraiment pas faim.  

Je remets mon écouteur et remonte ma fenêtre pour mettre fin à cette conversation. Elle se redresse et s'écarte de la voiture. Avec un regard désespéré. 

Je vois sortir Marck, qui se met à courir vers notre mère. 

— Coucou mon poussin, ça va ? demande-t-elle toute souriante. 

— Coucou maman oui et toi ? 

De ses yeux marrons, il fixe notre mère, en se réjouissant de la voir.  

— Oui, tu as faim ?  

— Oui, répond Marck  

— Vient. 

Elle lui tend la main et il prend la sienne avec joie. Je les observe marcher jusqu'à la supérette pour s'acheter un truc à manger. 

*** 

Je les aperçois sortir au bout de plusieurs minutes, Harry et Marck rentrent dans le camion et ma mère dans la voiture, un sandwich à la main. Elle met le contact puis prend le volant en faisant signe à Harry de passer devant nous. 

Arrivés

A la nouvelle demeure, une bonne heure après avoir quitté la station-service, il nous faut prendre du temps pour décharger le camion et les cartons dans la voiture. La nuit tombée, je prends les escaliers pour gagner ma nouvelle chambre pleine de cartons. J'entame alors le déballage des cartons. Les cartons vidés, je les plis pour le prochain déménagement, en espérant que ma mère tienne sa promesse. Je sors de mon sac à dos un cadre. La photo représente mon père et moi en train de pêcher. Cette photo me rappelle les bons moments que je passais avec lui. C'était bien avant que sa maladie le rattrape. Je le pose sur ma table de nuit, puis j’entends toquer à ma porte. 

— C'est moi, murmure ma mère avec sa voix douce. 

Elle entre dans ma chambre, vêtue d'un jean bleu serré, un maillot rouge et une veste noire par-dessus. 

— Tu as déjà tout rangé, remarque-t-elle. 

— Hmm.

Elle fixe pendant de longues secondes le cadre posé sur ma table de nuit, avant de reprendre la parole : 

— J’étais venu te dire que le repas est prêt. Nous t'attendons, il ne manque plus que toi, m'informe-t-elle. 

— J'arrive. 

Je me relève, marche jusqu'à ma porte quand un frisson me traverse le corps. Je me retourne et ne vois rien, je descendre les escaliers jusqu’au rez-de-chaussée, 

arriver à la cuisine. Tout le monde est déjà à table, on m'attendait effectivement. Je prends place sur la dernière chaise de libre. je découvre des boîtes de pizza sur la table. Je me force à sourire pour ne pas qu’on me demande pour quelle raison je fais une tronche de déterré.  

Puis ma mère prend la parole :

— J'aimerais porter un toast à notre nouvelle maison.  

Et tous ensemble nous répétons : 

— A notre nouvelle maison.

Les verres posés, ils se jettent sur les pizzas, quant à moi, je prends  quelques minutes pour choisir. 

A la fin du repas, je sors de table, vois ma mère et Harry débarrasser et mon frère sur le canapé du salon, sûrement trop fatigué pour monter. Je reçois un appel d'un numéro inconnu, supposant qu'il s'agit d'un de mes amis de Dallas qui me fait une blague je décide de répondre : 

— Allô ? 

Rien à part un grésillement. je retente une fois de plus : 

— Allô ici la terre à vous ! 

Encore rien, je raccroche en me demandant qui était à l’autre bout du fil, je pose mon téléphone sur ma commode, part me brosser les dents et me change pour aller dormir. Je me glisse sous ma couette mais n’arrivant à rien, je décide de regarder un bon film d'horreur et au bout de quelques minutes  seulement je m'endors.