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Chiara
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Chapitre 20

—   À quoi tu joues ! s’exclame Ayden en entrant en trombe dans la chambre de Jonas.

Jonas est assis sur le canapé. Devant lui, une bouteille au trois-quarts vide. Ses yeux sont rouges. Ses cheveux en bataille à force de passer la main dedans. Il offre un portrait pitoyable. Il lève les yeux vers son ami et son regard noir comme l’orage. Il est sur la défensive, comme un animal blessé. La blessure est profonde et Ayden le voit. Son ami va mal.

—   À quoi je joue ? Sérieusement, à quoi moi je joue ? s’emporte-t-il en envoyant son verre exploser contre la cheminée.

Les bris de verres s’étalent au sol. Pas impressionné par l’humeur de son ami, Ayden poursuit. Il s’avance en direction Jonas en faisant crisser les éclats de verre sous les semelles de ses chaussures.

—   Aliona est enfermée dans sa chambre, en pleure. Elle ne veut voir personne. Lucie est totalement désemparée. Elle ne dit rien. Tout ce qu’on sait, c’est que si elle est dans cet état c’est par ta faute. Alors maintenant tu redescends et tu m’expliques pourquoi ma sœur pleure pour toi.

Jonas se lève et fait face au prince d’Arietis.

—   Tu veux savoir pourquoi elle pleure ? dit-il en s’approchant d’Ayden. Parce que ta sœur n’est qu’une trainée, lui crache-t-il au visage.

Ayden, qui tentait jusqu’à lors de se maitriser, perd tout contrôle. Son poing vient s’écraser contre la figure de son ami. La tête de Jonas est projetée et arrière. Alors qu’il reprend ses esprits, un léger filet de sang coule de son nez.

—   Il n’y a que la vérité qui blesse, rétorque Jonas qui sous l’effet de l’alcool a à peine senti l’impact.

—   Qu’est-ce que tu as fait ? demande Ayden entre ses dents.

—   Après que ta sœur ait fourré sa langue dans la bouche du prince du royaume de l’Eau ? Et bien, je suis allé fourrer autre chose entre les cuisses d’une fille qui passait par là.

Ayden est stupéfait. Il n’est pas sûr de comprendre l’enchainement des évènements. Jonas constatant le trouble de son ami se met à rire. Un rire sans joie. Un rire amer.

—   J’étais inquiet pour Aliona quand j’ai su que ton père l’avait laissée seule avec Adrien. Tu vois, je me préoccupais seulement de sa sécurité. Je les ai donc suivis de loin. À la fin de leur promenade, elle s’est approchée de lui… et l’a embrassé.

Ayden est bouche bée. Ne pouvant y croire, il s’assoit sur le fauteuil le plus proche.

—   Ça fait des semaines qu’elle refuse de me voir, poursuit Jonas. Quand je la croise dans les couloirs, elle m’évite. Et là, elle embrasse un type qu’elle connait à peine ? C’était trop.

—   Il doit bien y avoir une explication rationnelle à tout ça, tente de se rassurer Ayden. Aliona ne l’aurait pas embrassé sans raison…

—   J’ai cherché et je n’en vois pas, tranche Jonas. Alors, quand je suis rentré au palais, il y avait cette fille qui me fait du rentre-dedans depuis des semaines. Je savais qu’Aliona n’allait pas tarder à rentrer dans ses appartements. Alors je me suis mis là où j’étais sûr qu’elle me surprendrait. Je voulais qu’elle souffre autant qu’elle m’a fait souffrir.

Les yeux de Jonas lancent des éclairs. L’atmosphère dans la pièce est glacée, comme si un courant d’air avait rafraichi l’atmosphère. Ayden se lève et s’avance vers les fenêtres pour les fermer. Cette fraicheur n’est pas normale à Arietis…

—   Tu n’aurais pas dû, rétorque le prince. Pourquoi tu n’as pas cherché à comprendre ?

—   Je n’arrivais plus à réfléchir ! s’exclame Jonas. Imagine un instant que Lucie refuse de te parler pendant des jours et que tu la vois dans les bras d’un autre homme. Comment réagirais-tu ? Hein ? Je te connais Ayden, tu aurais fait encore pire que moi, fut un temps.

Vu sous cet angle, Ayden comprend la réaction de son ami.

Le prince d’Arietis est divisé. D’un côté il y a le frère qui aimerait casser la gueule de l’homme qui fait souffrir sa sœur. De l’autre il y a le meilleur ami qui souhaite épauler Jonas dans cette épreuve.

Alors qu’Ayden tiraillé, vient s’assoir près de son ami, Jonas rompt le silence.

—   Tu penses qu’elle va l’épouser ? demande-t-il d’une voix blanche.

—   Qui donc ?

—   Le prince de Ceti. Ce serait logique en même temps. À sa place, c’est lui que je choisirais. Hyacinth n’est plus une option. Kieran ne l’a jamais vraiment été. Et moi, elle ne sait pas que j’en fais partie.

La réflexion de Jonas est censée. Néanmoins, connaissant sa sœur, Ayden ne peut l’imaginer céder si facilement à cette injonction au mariage. Il doit y avoir une autre explication aux actes d’Aliona.

—   Il faut que tu remontes dans la course, affirme le jeune homme.

—   Comment ? Je ne veux pas qu’elle me choisisse, car désormais j’ai le bon statut. Je veux qu’elle me choisisse moi.

Ayden réfléchit. Son ami tient à garder son identité secrète pour l’heure. Comment faire alors pour qu’Aliona le considère de nouveau comme une option. Cette obsession de Jonas pour son anonymat leur rend la tâche bien plus difficile qu’elle ne le sait s’il lui avouait tout.

—   Tu as conscience qu’avec ce que tu as fait aujourd’hui elle n’est pas près de t’adresser la parole ?

—   Je sais j’ai merdé, geint Jonas en enfouissant sa tête entre ses mains.

Ayden pose une main réconfortante sur l’épaule de son ami alors que celui-ci, secoué de sanglots, pleure en silence. Jonas repense au regard d’Aliona alors qu’il baisait cette fille contre le mur du couloir. Au moment où il l’a vue, il a presque immédiatement débandé. La voir ainsi ne lui a procuré aucune satisfaction. Il ne sait même pas pourquoi il a cédé à cette impulsion. S’il pouvait revenir en arrière, il agirait autrement.

—   Et si, le prince perdu d’Aquilae écrivait une lettre à la reine ? suggère Ayden.

—   Comment ça ?

—   Il est évident qu’Ali ne voudra pas te voir après ce que tu as fait. En revanche, elle ne sait pas que tu es un de ses prétendants. Et si tu lui écrivais une lettre sous ton autre identité pour qu’elle apprenne à te connaitre ainsi.

Jonas semble sceptique. Il ne veut pas qu’Aliona se résigne à épouser un des prétendants. Il souhaiterait qu’elle affronte son père et le choisisse lui. Mais il est aussi conscient qu’avec ses récents exploits elle ne voudra plus le voir.

Si elle choisit le prince perdu sans le connaitre, seulement grâce à des lettres, cela pourrait aussi le faire. Elle le choisirait pour sa personnalité, non pour un physique ou un titre. Peut-être même qu’elle ferait le rapprochement d’elle-même et qu’elle comprendrait qui il est ? Ce serait aussi un moyen pour lui de restaurer le contact avec elle. L’idée d’Ayden est assez bonne, mais il reste un problème.

—   Comment acheminer les lettres ? demande Jonas.

—   Je connais un gars qui pourra les glisser avec le courrier diplomatique. Elles seront acheminées sur son bureau sans que personne n’en sache rien. Pas de lecture en amont. Elles seront totalement confidentielles.

Convaincu, Jonas se lève et se dirige vers le petit secrétaire face à la fenêtre. Il en sort de quoi écrire. Trempe sa plume dans l’encre et reste ainsi, le geste en suspens. Alors qu’il essaye de trouver les mots à coucher sur le papier, une tâche d’encre se forme sur la feuille.

—   Je ne sais pas quoi dire, dit-il en se tournant vers Ayden.

Le prince du Royaume du feu vient aux côtés de son ami.

—   Dis-lui ce que tu aurais aimé lui dire ces derniers jours. Mais n’oublie pas qu’elle ne te connait pas. Soit simple et honnête.

Jonas prend une grande inspiration et se met à écrire. Il met dans ses mots toute l’admiration qu’il a pour Aliona. La force de la jeune femme qu’il admire, sa capacité à surmonter les épreuves. Il lui parle de ce qu’il aimerait pour leur futur, l’interroge sur ses perspectives d’avenir. Il se montre prévenant sans être dans la pitié. Les mots fusent. Pendant plusieurs heures, seul le grattement de la plume sur le papier rompt le silence qui règne dans la pièce.

Ayden relit les pages au fur et à mesure. Il apporte quelques corrections et fait des suggestions dans la marge.

La nuit est bien avancée quand enfin ils achèvent la lettre.

—   Si avec ça elle ne tombe pas amoureuse de tes mots, je ne comprends plus rien. Tu vas éclipser tous les autres, dit Ayden après avoir lu la dernière version de la lettre.

Jonas est épuisé. Trop d’émotions se bousculent en lui. Sa tête est totalement embrumée.

—   Il faut qu’on soit sûr qu’elle ne choisisse aucun des autres.

—   On ne pourra jamais faire ce choix à la place de ma sœur, rétorque Ayden. Mais je peux peut-être influer sur son opinion.

—   Vraiment ? Tu ferais ça ? s’étonne Jonas.

—   Pour que mon meilleur ami devienne mon frère ? Assurément ! Mais à une condition.

Le regard avenant d’Ayden s’obscurcit. Il est soudainement redevenu très sérieux.

—   Laquelle ? s’enquiert Jonas.

—   Plus jamais, j’ai bien dit jamais, tu ne feras pleurer intentionnellement ma sœur.

—   Sinon ?

—   Sinon, la prochaine fois je t’arrache les couilles. C’est compris ?

En temps normal, Jonas n’aurait pas pris une menace d’Ayden au sérieux. Mais quand il s’agit de protéger Aliona, Ayden s’est toujours montré très protecteur. Il est conscient qu’aujourd’hui son ami lui a accordé une seconde chance, mais il n’y en aura pas de troisième. Reconnaissant de la faveur qui lui a été faite, Jonas accepte sans discuter la proposition d’Ayden. Ce n’est pas comme si c’était dans ses objectifs de vie de faire pleurer Aliona. Au contraire, lui ce qu’il veut c’est voire son regard illuminé par la joie et entendre son rire mélodieux chanter dans la pièce.

Les deux hommes mettent ensuite en place une stratégie pour contrer les autres prétendants. Ayden devra agir avec subtilité pour éviter que ça sœur ne se rende compte de leur tentative d’influer sur son choix.

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