Loading...
Link copied
Loading...
Loading...
Mark all as read
You have no notification
Original
Fanfiction
Trending tags

Log In

or
@
StellaB
Share the book

Chapitre 3. Adrien.

Adrien.

Depuis que je suis gamin, j'ai toujours obtenu tout ce que je voulais.

Mes parents, tellement absorbés par leurs ambitions professionnelles et la santé de mon frère, n'avaient pas le temps de s'occuper de moi.

Le personnel de maison et une carte bancaire au crédit illimité m'ont accompagné toute mon existence.

Et quand personne n'est là pour vous stopper, ça finit par déraper.

Avec les années, je me suis rendu compte qu'ils me considéraient comme insignifiant.

Alors, autant en profiter et mener la grande vie.

Aujourd'hui, je refuse toute compassion, tout attachement et tout romantisme.

Personne ne m'a jamais estimé, pourquoi changer ?

En réalité, je prends tout sans me soucier des autres.

Et quand on a beaucoup d'argent, je vous assure que toutes les portes vous sont ouvertes, et les gens se plient en quatre pour combler vos moindres désirs.

Enfin, ça, c'était avant.

Avant que mon père ne pose un ultimatum.

J'avais dépassé les bornes, je le savais, mais pourquoi réagir maintenant ?

Ce qui était parti en fumée n'était que matériel et donc rien d'important.

Depuis peu, je dois me contenter d'une allocation mensuelle pour faire face aux dépenses quotidiennes.

Mon père a eu la bonne idée de restreindre l'accès à mon compte.

Et comme si ce n'était pas assez, il a exigé que je reprenne mes études que j'avais lâchées il y a six mois, alors que j'allais être diplômé.

Merveilleux.

Durant cette conversation, j'avais eu l'impression d'être aspiré dans une autre dimension.

En colère, j'ai bien essayé de l'en dissuader, mais il est resté ferme et m'a juré que c'était temporaire.

Mon mode de vie étant devenu plus drastique, je me suis retrouvé dans l'impossibilité de refuser.

D'autant plus que mon père a avancé un argument très convaincant pour que j'accepte : un énorme chèque m'attend à la fin du semestre.

Si je lui prouve que j'ai changé et que je suis devenu, selon lui, un homme mature et responsable, une somme astronomique viendra gonfler mon compte.

Malgré tout, je dois admettre que céder n'est pas dans mes habitudes.

Et voir qu'il décide de jouer enfin son rôle de père me révolte.

Jusque là, je n'avais pas besoin de lui — sauf de son fric — et je me portais très bien.

Quant à ma mère, c'est pareil, elle bosse, ne dit rien et se contente de se rattacher aux propos de son mari.

Faire échouer son plan est devenu mon seul objectif.

Autant vous dire que, pour parvenir à mes fins, je peux me montrer fin stratège.

Me voilà donc reparti pour suivre les cours, faire patte blanche sans trop me fouler, et empocher tout le fric, avec l'intention de me barrer très loin quand tout sera terminé.

L'année sera longue, mais je vais y arriver.

Après tout, je finis toujours par obtenir ce que je veux.

En entrant dans le parking privé de Barowe, une bagnole toute pourrie occupe ma place.

Je ne l'avais pas vu venir, celle-là.

Je me remets en route en quête d'un autre emplacement tout en proférant des insultes à mon volant.

Le stress me tord les boyaux.

Ma bagnole, une Audi R8 V10 Decennium provenant d'une série limitée à plus de deux cent mille boules, n'a pas sa place ici dans un parking public et non sécurisé.

Tant pis, mon père ne pourra s'en prendre qu'à lui-même si quelque chose arrive, il paiera les dégâts.

En chemin, je croise quelques étudiants, certains sont étonnés de me voir et m'adressent un signe de la main tandis que d'autres me snobent, trop dégoûtés que j'ai baisé leur copine.

Je n'y peux rien, elles répondent toujours présentes quand je cherche une nana.

Les filles se battent entre elles pour attirer mon attention, mais personne ne vient me parler.

C'est la règle : c'est toujours moi qui fais le premier pas.

Je choisis celle qui me plaît pour une nuit ou quelques semaines.

Elles savent déjà tout avant de me rencontrer.

Comment ?

Je n'en sais rien, ma réputation me précède.

Je me contente de leur sourire et de les détailler pour garder à l'esprit celles qui me plaisent pour plus tard.

Sauf qu'elles se ressemblent toutes.

Chaque jour c'est pareil, comme si le campus était un défilé.

Pas que ça me gêne, mais ça devient lassant.

Je cherche ma salle d'auditoire.

D'après l'application de l'université, mes cours d'économie ont toujours lieu dans les mêmes bâtiments que l'année passée.

Nickel.

Au moins, je n'aurai pas à chercher comme certains nouveaux.

On les reconnaît tout de suite.

Bien souvent, ils zappent la réunion de rentrée, puis se perdent et arrivent en retard.

Ici, la ponctualité s'avère cruciale.

En général, tous les étudiants se connaissent déjà, que ce soit par le biais de nos familles ou de notre lycée privé précédent.

Compte tenu du nombre restreint de places disponibles, seuls les plus brillants ont l'opportunité d'étudier dans cette institution prestigieuse qui forme une élite.

Malgré ma frustration persistante concernant mon véhicule, je décide d'appeler mon cher papa.

Il décroche à la première sonnerie et de sa voix habituellement posée.

— Bonjour Adrien. Es-tu en route pour le campus ?

Plutôt que de me demander comment je vais, mon père commence son interrogatoire. Excédé, je lui réponds d'un ton rempli de sarcasme.

— Veux-tu une photo ou un appel en visio pour te prouver ma bonne foi ?

— Pas la peine. Pourquoi m'appelles-tu ?

— Ma place de parking, je marmonne.

— Je m'attendais à ce que tu m'appelles pour ça. J'ai annulé le contrat de réservation, c'est une dépense inutile.

Son ton neutre, pas embêté le moins du monde m'énerve.

— Bordel papa, mon Audi ! Tu sais combien elle vaut.

— Bien sûr que je le sais ! C'est moi qui l'ai payée, comme les autres, d'ailleurs. Tu n'as pas besoin d'une voiture, tu habites à moins d'un kilomètre du campus. Tu peux y aller à pied.

Je m'efforce de contenir ma colère en entendant qu'il me reproche de gaspiller son argent. Moi, à pied, il ne m'a pas bien vu.

— Hum. Marcher, ce n'est pas mon truc. Et si quelqu'un endommage ma voiture ou pire, qu'on me la vole.

— Tu n'as pas besoin d'étaler tes richesses ou plutôt les miennes, aux yeux de tous. Je t'ai demandé de te comporter comme un étudiant normal. Sois déjà heureux que je prenne en charge tes frais universitaires et ceux liés à l'appartement. Si tu insistes pour parader avec ta voiture, n'oublie pas de payer ton assurance, elle tombe à échéance à la fin de ce mois.

— Putain papa !

— Ton langage, s'il te plaît, Adrien.

— Je n'ai pas les moyens de la payer. Est-ce que tu veux bien t'en occuper et me donner un peu plus de fric ?

— Je peux te verser l'équivalent de cette somme...

Victoire, je souris

— ... et un peu plus...

J'ai gagné.

— ... si tu me rends ta voiture.

Je déchante.

— Tu es sérieux ? Comment je ferai sans voiture ?

— Comme les autres, tu prendras les transports en commun. Au lieu d'aller à la salle de sport, dont tu dois aussi payer l'abonnement, marche un peu, ça te fera du bien. Nous avons conclu un accord, Adrien. Je te verse déjà une belle somme pour que tu puisses t'en sortir chaque mois. À toi de décider ce qui te sera utile. Pour ma part, ce qui compte, ce sont les résultats, ainsi que ta prise de conscience du coût de la vie. Si tu respectes ta part du contrat, je ferai de même. Je te laisse réfléchir mon fils, ma réunion va débuter. Ta mère t'embrasse et ton frère te salue.

Et je reste là comme un con à regarder mon écran de téléphone avec ma colère qui roule dans mes veines.

Quand, tout à coup, quelque chose ou plutôt quelqu'un me bouscule.

— Merde.

Comme si la journée n'était déjà pas assez casse-boule, une nana me rentre dedans pour sûrement attirer mon attention.

Plusieurs l'ont déjà fait, et j'avoue que je déteste ça.

Cette manœuvre m'énerve déjà.

Elle me lance des excuses tout en rangeant son portable dans la poche de son jeans délavé et effiloché, puis lève son visage vers moi.

Je la détaille et ma mémoire se met en route, je creuse, je ne vois pas qui elle est.

Deux yeux d'un bleu aussi clair, ornés de longs cils noirs, auraient dû me marquer, mais non.

Mes pensées s'interrompent lorsque deux filles passent et me saluent.

Un sourire de façade, je les reluque et je me souviens d'elles.

Anna et Elsa.

Ouais, je sais.

C'est grotesque.

Quelle était la probabilité pour ces femmes d'avoir les mêmes prénoms et une apparence plus séduisante que celle de la reine des neiges ?

Pas que je matte ce genre de dessiné animé, mais on en a entendu tellement parler, je n'avais que 16 ans et je m'en souviens.

Pourtant timides quelques mois plus tôt, elles ne m'auraient jamais regardé de cette façon.

Je m'en balance.

Reprenant mon masque impassible, je reporte mon attention en toisant le petit moustique. Ouais, un petit moustique, elle est minuscule.

Ça lui va plutôt bien.

Je range mon téléphone dans la poche arrière de mon jeans.

— Tu es nouvelle ? Quelle année et quelle filière suis-tu ?

— En dernière année. Option sciences humaines, elle réagit avec calme.

Sa réponse ne m'intéresse pas, mais, comme elle est nouvelle, je me doute qu'elle tourne en rond depuis un moment.

Ça m'emmerde, je n'ai pas le temps.

Mon rare côté bon samaritain prend le relais.

Je lève la tête pour chercher son bâtiment pour lui indiquer.

Moins d'une seconde plus tard, une voix féminine familière résonne dans mon dos.

— Adrien est de retour. Je n'en reviens pas !

Romane.

Mon amie d'enfance, ma seule amie.

On se connaît depuis longtemps.

Elle est du genre de fille casse-couilles qui se mêle de tout ce qui ne la regarde pas.

Je l'aime bien.

On se charrie, et puis elle a le mérite de se distinguer des autres filles que je baise.

Sa voix enjouée n'arrive pas à me sortir de mon humeur de chien et je sais qu'elle ne m'en tiendra pas rigueur.

Au contraire, plus notre échange s'avère piquant, plus ça l'amuse.

— La ferme, Rome. Va retrouver ta clique de paumés tatoués.

Rome enrage quand je me moque de ses fringues bizarres et surtout de ces tatouages.

— Ce que tu peux être détestable par moment !

Je souffle et lui envoie un regard mauvais.

Elle m'emmerde déjà et elle pousse un peu plus en me balançant une énormité aussi grande qu'elle.

— Tu ne me présentes pas ta nouvelle petite copine ?

Elle et moi, non.

Tu délires, Rome.

Tu as vu à quoi elle ressemble, à une petite chose fragile et apeurée.

— Adrien et moi, nous nous connaissons depuis le jardin d'enfants et nous avons l'habitude de nous charrier, bien qu'on s'adore.

Les sourcils haussés jusqu'au front, la fille devant nous semble n'en avoir rien à foutre.

— J'adore surtout quand tu brilles par ton absence, je marmonne en la regardant en biais.

— Je m'appelle Romane, mais tu peux m'appeler Rome. Je brûle d'impatience de savoir comment tu as rencontré cette tête de mule.

Hein ?

Qu'est-ce qu'elle raconte ?

— Rome, je gronde en guise d'avertissement pour qu'elle arrête son délire.

— Quand aura lieu la fête de la rentrée ?

— Il n'y en aura pas.

Silence.

Elle me dévisage pour savoir si je plaisante.

Je me répète de façon à ce que l'échange s'arrête là.

— Tu peux répéter ?

— Tu m'as bien entendu. Je n'organiserais pas de fête ce mois-ci, ni tout au long de l'année.

— Tu es sérieux ? elle s'exclame en rigolant. Qu'avez-vous fait de mon ami ?! elle se moque. Adrien, le « Roi de la Nuit » abdique ? Aucune fête ne peut rivaliser avec les tiennes. Tu en es bien conscient ?

— Désolé, c'est comme ça, je réponds de manière sèche.

Rome ignore encore ma nouvelle situation, je préfère ne pas en parler devant une étrangère. En fait, je préférerais éviter d'en parler.

Depuis mon entrée à Barowe, on m'a surnommé « Roi de la Nuit » tant mes fêtes sont démentes.

Tout le monde se presse pour recevoir une invitation.

Et lorsque la fête bat son plein, histoire de montrer que je ne suis pas quelqu'un d'accessible, je me contente de les observer de loin en prenant soin d'instaurer une distance.

Lorsque Rome demande à la fille de confirmer son statut de nouvelle venue au campus, le petit moustique réplique, ce qui suscite mon intérêt.

Parce que, vous savez, au-delà de son style vestimentaire qui est à chier, j'ai l'impression que je ne l'intéresse pas.

Ce n'est pas commun.

Mon ego n'est pas touché, loin de là, mais je n'ai pas l'habitude.

Perdu dans mes interrogations, je me raidis lorsque mon amie a encore la bonne idée de me demander de lui présenter ma « petite copine ».

— Je ne la connais pas. Tu vois bien que cette fille et moi, on n'a rien en commun.

Et c'est vrai.

Mes yeux se baladent sur son corps qu'elle cache avec un pull XL et des lunettes à grosses montures.

On dit toujours qu'on ne doit pas se fier à la couverture d'un livre, mais on doit aussi faire preuve de réalisme.

Le petit moustique ne ressemble en rien aux bombasses friquées du campus, comme elle l'a dit tout à l'heure.

Plutôt dans la catégorie de la fille qui a le nez dans ses bouquins, qui voudrait décrocher son diplôme avec grande distinction.

Celle avec laquelle on se fiance, qu'on se marie et qu'on fonde une famille.

Une nana hors catégorie pour un mec comme moi qui aura vite fait de la briser.

Être hautain, c'est être dans mon élément.

— Évidemment qu'on n'a rien en commun. Tu me considères sans doute comme la fille de la femme de ménage qui bosse chez tes parents depuis des années. Tu pues l'arrogance, mec ! Alors, oui, je t'ai bousculé par inadvertance tout à l'heure, et je me suis excusé. Tu n'avais qu'à me dire : « Ce n'est rien, bonne journée ». À la place, tu bavais devant ces filles qui sont passées près de toi.

Un point pour elle.

Elle n'a pas tort, mais ce n'est pas pour autant que ça m'emmerde.

Quand j'étais jeune, la gouvernante de notre maison avait un enfant du même âge que moi, et on jouait souvent ensemble.

On était pote.

Un jour, ils ont dû partir, la grand-mère était malade.

Ils ne sont jamais revenus.

C'est à partir de ce moment-là que j'ai commencé à déconner, l'adolescence y a pas mal contribué.

La voix stridente du petit moustique me remet les pieds sur terre.

Finalement, je l'aime bien quand elle pique, elle m'amuse et me détend.

J'en viendrais presque à oublier mon début de journée merdique.

— Jalouse ?

Ses joues se colorent, je marque un point.

— Pas du tout, tu n'es pas du tout mon style de mec en plus.

Menteuse.

Intérieurement, je souris.

Sauf que je dois la remettre à sa place et lui montrer à qui elle s'adresse.

Il est hors de question qu'elle me prenne la tête.

Elle a perdu d'avance de toute façon.

— Ouais, je vois. Je vais te faire une faveur, aujourd'hui, parce que tu n'as aucune idée de qui je suis ici. La prochaine fois, je serai moins charitable. Les gens comme toi m'indiffèrent, et j'ai un profond mépris pour ceux qui me manquent de respect.4Rome, qui assiste à la scène, grimace, je sais que je vais trop loin, mais tant pis.

— Tu n'as pas besoin de te montrer supérieur aux autres parce que tu as beaucoup d'argent.

Elle marque un deuxième point et commence à s'énerver.

— Qu'est-ce qui te fait penser ça ?

— Tout le monde ne peut pas se permettre de porter du Gucci, du Balmain ou du Prada. De plus, je suis prête à parier que tu possèdes une Audi ou une Porsche, garée sur un emplacement qui t'est réservé ?

Un troisième point.

Je suis mouché, mais loin d'être KO.

Putain, mais comment sait-elle tout ça ?

Consterné par ses propos, j'en viens à me demander si elle ne bosse pas chez Vogue comme journaliste sous couverture pour écrire une rubrique du style « Comment se fringuent les étudiants ? » ou une connerie du genre.

Je choisis de la déstabiliser et ça va faire mal.

— Ce n'est pas bien de porter un jugement sur le physique des gens et de se fier aux apparences. Sauf qu'en toute modestie, par rapport au tien, le mien est plutôt pas mal.

Deux points pour moi.

— Et puis, tu m'as l'air d'en savoir beaucoup pour une fille qui porte un pull deux fois trop grand, un jeans usé et des Converse qui datent d'il y a deux ans.

Trois pour moi.

Et pourtant, je me surprends à me traiter de con lorsque je remarque qu'un voile de tristesse passe dans ses pupilles bleues.

Quand elle sous-entend qu'elle éprouve de la difficulté à s'en sortir, je deviens ignoble lorsque je lui dis que c'est son problème.

Cet échange ne m'amuse plus du tout alors, pour me sortir de cette impasse, je m'adresse à Rome, dont le regard me lance des éclairs.

— Tu crois toujours qu'on forme un couple ?

— J'avais espéré que tes six mois passés au vert t'avaient changé, mais tu continues à te comporter comme gros connard.

Les yeux de Rome se décalent derrière moi.

— Beh, t'as gagné, elle se barre.

Au fond de moi, je sais que je dois la laisser se casser, au moins, elle ne m'emmerdera plus, mais je n'en ai pas envie.

Cette année s'annonce longue, et je crois que le petit moustique va me la rendre un peu plus piquante.

Je devrais juste être un peu plus sympa.

Peut-être que je pourrai m'en faire une amie.

Non, je déconne.

— Attends, ta salle d'auditoire se trouve de l'autre côté de l'étang. Tu te trompes de chemin.

À mes mots, elle pivote et ancre ses yeux aux miens.

Le temps d'une seconde, j'arrive à me plonger dedans et à m'y perdre, puis me renfrogne.

— En face de nous, je lui montre avec mon pouce, ce sont les étudiants en médecine.

— C'est le mien, confirme Rome, gênée. D'ailleurs, j'y vais. À plus.

La fille considère un moment mes propos, puis elle déporte son regard pour évaluer la distance restante.

Elle me remercie et part à toute vitesse.

Mon téléphone se met à sonner, je décroche.

— Tu te trouves bien sur le campus ?

— Ouais Melvin, j'y suis. Je suis en route. Tu peux prévenir mon père.

— Tu sais bien que je ne le ferai pas, même s'il m'a demandé de le tenir au courant.

— Ouais

— Putain ! Mec, t'as pas confiance en ton cousin. On coloc ensemble, je te signale.

— Pour mieux me surveiller. Laisse-moi tranquille, Mél. Tu me fais chier.

C'est sur ces derniers mots que je lui raccroche au nez.

Melvin et moi, on a toujours formé un duo inséparable.

Étudiant sérieux en médecine, il en pince pour Rome et, elle, elle ne voit rien.

Je suis peut-être un connard, mais je ne m'en suis jamais mêlé.

Qu'ils se démerdent tous les deux.

Nos chemins se sont séparés quand j'ai commencé à déconner et je ne peux pas lui en vouloir.

Mon père lui a demandé de vivre avec moi et il a accepté.

Il n'avait, sans doute, pas le choix.

Ses parents se remettent doucement de la faillite de leur entreprise automobile.

Je presse le pas, il est bientôt 9 h et les cours vont commencer.

Je stoppe ma course lorsque je vois le petit moustique fixer le bâtiment que je lui ai indiqué.

Je m'approche en douceur derrière elle et son odeur sucrée à la barbe à papa envahit mes narines.

Et bordel, j'adore.

— Tu longes cette allée et la porte se trouve au bout à une dizaine de mètres, je lui glisse avant de faire demi-tour.

Bientôt, c'est moi qui vais être la bourre, Madame Larmat a beau être sublime avec ses longues jambes, elle n'hésitera pas à me tailler comme elle l'a déjà fait.

Un merci du petit moustique parvient jusqu'à mes oreilles et je me surprends à sourire comme un débile.

Je pivote vers elle tout en marchant à reculons et lui lance un clin d'œil de connivence, en espérant qu'elle comprendra mon allusion.

— Ce n'est rien, bonne journée.

Comment this paragraph

Comment

No comment yet