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IlonaBell
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Chapitre 2

Comme une grosse sardine asthmatique au moindre garçon dans un périmètre, que je ne saurai pas situé car je n'ai pas de mètre ou autre sur moi, je reste sur place et j'ai lâché l'excuse de surveiller la voiture… On ne sait jamais. Un type louche pourrait venir, casser la vitre, faire son truc des fils bleus et rouges puis partir avec la voiture d’Iris. Alors, tandis que monsieur Lowen, alias un coloc à oublier, monte les bagages d’Iris. Je reste assise. Dans la voiture. À essayer de refroidir la température de mes joues qui sont rouges écrevisses. J'étais si gênée de balancer mon excuse pourri que j'avais envie de m'enterrer et disparaître tel une autruche. 

Le temps commence tout de même à devenir long. 

Je me demande à quel stade d'amitié ils sont rendus maintenant. Ce sont des ex. Et les ex ne s'entendent pas tous bien. Sont-ils potes ? Amis ? Meilleurs amis ? Pas loin de se rabibocher ? C'est possible. 

— Lou ! On est de retour ! annonce gaiement Iris tandis que je sors de la voiture. 

Je me rapproche du coffre, Iris récupère sa dernière valise et voilà que je cesse de respirer lorsqu'elle me laisse face au coffre avec l'irrésisti- chut. Lowen. Lowen. Juste, Lowen. 

Son corps est proche du mien. Je pourrais presque sentir la peau de son bras contre le mien.

— Wow, c'est lourd. T'as mis des pierres ?

Mon esprit revient sur terre. Mes yeux pivotent vers lui, tout comme ma tête. Mes mains s'agrippent aussitôt sur la valise, mes doigts frôlent les siens tandis que je récupère ma grosse valise.

— Je vais le prendre, lâché-je aussitôt. Celui-là…

Son sourcil droit se lève, surpris de ma réaction. Mais croyez-moi : cette valise-là est vitale pour moi.

Il acquiesce, un poil perplexe.

— Ok, lâche-t-il. Et celui-là, je peux ?

Mes yeux suivent la direction que me montre son doigt.

J'acquiesce.

— Oui, bégayé-je. Oui, tu peux…

J'ai eu de nombreux moments gênants dans ma vie, malgré que j'essaie à tout prix de les éviter. Ici, c'était gênant. Surtout la tête qu'il m'a lancé lorsque j'ai récupéré ma valise, comme si c'était le graal, la pépite d'or, un diamant véritable, un alien ! Car oui, un alien n'a encore jamais été découvert donc c'est assez exceptionnel. J'ai senti le jugement dans son regard. Dans le creux de mon bidou. Et ce n'est pas agréable ! Surtout avec un bel Apollon pareil. Je dois vraiment cesser de penser. Oui il est beau. J'ai compris. Mais c'est l'ex de ta meilleure amie alors, chère petite voix intérieure : fermez la !

C'est la première fois que je franchis la porte de l'immeuble, et je n'ai pas besoin de parler d'escalier car, bonheur, il y a un ascenseur ! Je ne pouvais pas rêver mieux ! 

Avant, là où j'habitais, on était à ça d'avoir un ascenseur ! La taille d'un petit pois. Il ne nous manquait qu'un étage de plus ! Mais il a fallu qu'on n'ait pas cet étage. Je sais que je ne suis pas très sportive mais je marche tous les jours pour aller au lycée. C'est amplement suffisant ! Les escaliers sont de trop. Là, je vais enfin connaître la joie de la flemmardise !

On arrive devant la porte, mon nouvel appartement, ma nouvelle vie avec de nouvelles personnes ! 

Lowen ouvre la marche et pose mes affaires dans un coin avant d’annoncer :

— Bienvenue chez nous. Quand les autres arriveront, on parlera des règles. 

— Les autres ? Je pensais qu'on ne serait que tous les trois, demande Iris les bras croisés et un sourcil levé. 

Il se retourne, les mains sur les hanches.

— Ce n'est pas très correct, deux filles et un garçons. 

Iris pouffe en levant les yeux au ciel.

— Monsieur a trop peur face à deux filles ?

Soudain, Iris encercle son bras autour de mon cou. Je me retrouve presque étranglée par sa force féminine. Et puis d'un œil déterminé, elle s'exclame :

— Même avec un mec en plus, je suis sûr qu'on peut le battre à nous deux, Lou !

J'avale ma salive, péniblement. Si seulement j'avais une veste blanche pour l'enlever et le lever pour faire drapeau blanc. Ce n'est pas mon truc d'être au centre de l'attention, surtout dans les embrouilles. Je préfère être spectatrice ou alors, dans un coin, plongée dans mes livres à ignorer le reste. 

Lowen est prêt à riposter face à Iris mais on sonne à la porte, alors il soupire.

— Ça doit être eux, dit-il en partant ouvrir.

Eux ? Je pensais qu'on serait quatre. Pour l'égalité !

On va être beaucoup et je n'étais pas préparée à ça. Heureusement, la présence d’Iris me rassure. En revanche, et si elle se rapprochait plus des autres ? J'ai peur de vite me retrouver seule. Moi et la sociabilité, ce n'est pas mon domaine. J'ai toujours été en conflit avec elle, la sociabilité. De la primaire jusqu'à aujourd'hui. Me faire des amies, parler aux gens, est pour moi un véritable obstacle. Un mur infranchissable. Une distance si immense que plus j'avance et plus l'arrivée s'éloigne de moi comme si elle me fuyait. 

Lowen revient dans la salle de séjour avec deux autres personnes. La première est un homme, cheveux brun, des petites tâches de rousseur et une bouille avec un mélange enfantin et mature à la fois.

— Je vous présente Ilyan, mon meilleur pote.  

— Ilyan ? intervient Iris. Ce n'est pas commun.

Ce dernier rigole et s'avance vers elle, les mains enfoncées dans les poches de son jean tandis qu’Iris croise les bras. Tous les deux ont une drôle de lueur dans le regard. Celui du jeu, de l'amusement, de la confrontation. Ce sont comme des éclairs qu'ils se lancent rien qu'en croisant leur deux regards perçant l'un en face de l'autre. 

— C'est latin, affirme Ilyan.

— Une langue morte, donc ?

Alors que je tourne le regard, Lowen est déterminé à contenir son rire. 

C'est une première rencontre assez brutale. Dans les romans que je lis, j'ai conscience qu'il y a des petites éruptions dans les colocations mais dans la vraie vie, cela me donne surtout envie de les laisser tranquille, de partir loin. De juste partir dans mon coin avec un livre et un peu de musique pour ne pas entendre leur dispute. Le pire c'est qu'il s'agit là d'une première rencontre, premier contact, premier échange.

— Et toi ? Comment tu t'appelles ? 

— Iris. 

— Iris ? C'est pas mieux, pouffe-t-il. C'est le nom d'une fleur et de l'héroïne en rose pailleté dans lolirock. C'est niais.

— Au moins elle chante bien.

— Et moi je danse mieux qu'un manche à balai coincé dans le cul d'une poule.

Elle éclate de rire.

— Je ne comprends rien, murmuré-je dans mon coin.

— Alors t'as une langue toi ?

Un long frisson me traverse. C'est la voix grave et taquin de Lowen qui me fait cet effet, et une autre vague de frisson vient me traverser l'échine lorsque je remarque son sourire joueur au coin des lèvres.

Je redeviens muette. J'acquiesce juste.

— Eh les amoureux ! 

— On n'est pas amoureux ! rétorquent Iris et Ilyan en chœur.

— Eh bien je vais devoir vous interrompre. Ce ne serait pas sympa pour Inès de la laisser à l'écart.

Aussitôt, nos têtes se tournent toutes vers cette fameuse Inès. J'avais complètement oublié qu'ils étaient tous les deux à arriver mais avec l'orage électrique entre Iris et Ilyan, la pauvre, on l'a complètement oublié. 

Par chance, elle nous honore d'un sourire éblouissant qui ne manque pas de faire rougir Iris au premier coup d'œil.

— Ce n'est rien, ça ne me dérange pas, Lowen. C'était très drôle, rigole-t-elle. 

— Je croyais que tu avais peur d'être face à deux filles, Lowen, s'enquiert Iris amusée. 

Ce dernier hausse les épaules.

— Ouais je sais. Tant qu'il y a au moins un mec avec moi, ça ne me dérange pas d'être face à trois femmes. Puis, je n'avais pas envie que tu me fasses la tronche en cas de supériorité masculine alors, honneur aux dames. 

— Tant que ce n'est pas pour nous utiliser pour les tâches ménagères, soupire Iris encore méfiante.

Il ricane avant de secouer la tête. Il lève les mains en l'air et s'exprime :

— Pas d'entourloupe, promis !

Et même si cette colocation s'avère électrique, j'ai quand-même bon espoir de m'amuser ici et, j'ose espérer, m'y sentir bien. Car il n'y a rien de pire que de vivre dans un endroit où l'on se sent comme sur des terres inconnues, dans l'obligation de faire attention à nos moindres faits et gestes par peur d'attirer la foudre sur le dessus de nos crânes bien remplis de penser en tout genre. Et puis, quand bien même si je n'arrive pas à trop parler avec les autres, être spectatrice n'est pas plus mal. Surtout lorsque le duo Iris et Ilyan est aussi explosif dès la première rencontre. 

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