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Chapitre 1

Louise — Paris

Cela faisait déjà une journée entière que Louise est complètement amorphe. Elle a envoyé un message à ses parents puis a prit un xanax avant de se laisser plonger dans cette bulle cotonneuse.

Son téléphone n'a fait que sonner encore et encore mais Lou ne décroche pas. Elle ne veut pas que tous lui parle de son échec. Elle venait de tout perdre.

Sa carrière, son amour, sa dignité.

Louise n'a plus rien, seulement ses yeux pour pleurer.

Elle n'a pas bougé depuis des heures. Elle reste allongée sur le parquet de son salon, enroulée dans un vieux gilet qu'elle portait quand elle avait encore l'impression d'exister, Louise laisse le plafond avaler son regard. Ses paupières sont lourdes, mais elle ne dort pas. Pas vraiment. Elle flotte dans un entre-deux vaseux, où plus rien ne semble vraiment réel, ni même douloureux. C'est ce qu'elle cherchait, non ? Le silence. L'oubli.

Un appel de plus fait vibrer son téléphone, quelque part entre deux coussins. Elle ne regarde même pas le nom qui s'affiche. Elle sait que ce n'est jamais lui. Et même si c'était le cas... elle ne répondrait pas. Elle en est incapable.

Il n'a même pas prit le temps de lui envoyer un message pour savoir comment elle allait. Elle a même apprit par la presse qu'il est marié, avec deux enfants et le troisième en route.

Louise est donc dépeint comme la briseuse de ménage, la pute de luxe, l'étoile déchue.

La presse se régale à poster des photos d'elle dans ses robes très courtes perchées sur ses hauts talons la traitant d'allumeuse.

Ils sont allés jusqu'à aller harceler ses parents vivant en Bretagne et même ses vieilles connaissances d'école. Ils passent sa vie au peigne fin, la traquant sans relâche.

Alors, le monde peut bien continuer de tourner, elle, elle est restée coincée dans cet instant précis où tout s'est effondré.

Elle revoit en boucle cette salle où le Conseil s'était réuni la veille pour la commission. Ils l'avaient finalement reçu, la fixant de leur yeux chargés d'une émotion commune : la déception.

Philippe aussi y était et il n'a rien dit, il n'a pas prit sa défense, rien. Il l'a regardée se noyer et a tourné les talons.

Elle s'était donnée à lui corps et âme, croyant naïvement à ses belles paroles. Il avait dit qu'elle était unique, irremplaçable.

Mensonge.

Lou revoit également le regard gêné du directeur, les quelques mots de politesse qu'il n'a même pas pris la peine de rendre crédibles.

Elle n'était plus une étoile. Juste une ombre.

Ils lui ont alors demandé de rendre son badge, ses clés, son rôle.

Elle a travaillé pendant des années, a tout sacrifié pour être remercié de la sorte ?

Le directeur lui a donné un énorme chèque et une lettre de recommandation pour tenter sa chance ailleurs. Après tout elle est belle et talentueuse.

Un gémissement s'échappe de sa gorge, rauque et sec. Elle aurait aimé pleurer, hurler, casser quelque chose. Mais même ça, elle n'en a plus la force.

À la place, elle reste là, comme une coquille vide, glacée.

Un bruit à la porte.

Elle fronce les sourcils. Des coups discrets, hésitants. Pas le genre d'un voisin. Pas non plus celui de la presse, qui a déjà harcelé l'interphone toute la journée. Elle reste figée.

Puis une voix, douce et rassurante.

— « Louise ? Ouvre, c'est maman. »

Louise tente de se lever mais en est bien incapable. Elle n'est même pas certaine que sa mère soit bien là. Peut être est ce son esprit qui lui joue des tours ?

Alors elle reste inerte sur le sol, battant des cils lentement en détaillant son plafond. Une larme finit par couler sur sa joue pour tomber sur son oreille. Elle serre les dents quand elle entend la clé tourner. Ses parents sont les seuls à avoir un double.

Sa mère est donc bien là. Ce n'est pas une illusion de son esprit embrumé.

Elle ferme les yeux. Elle ne veut pas voir le regard chargé de déception de sa mère. Louise peut supporter ceux de son entourage mais pas de ses parents. Ils sont son roc, sa safe place.

Ils avaient tout sacrifié pour lui permettre de vivre son rêve et elle les a déçu. Elle a échoué.

— « Louise ! Oh mon dieu ! Louise ! » hurle sa mère.

Louise ne réagit pas. Elle ne tourne même pas la tête vers sa mère, ne sursaute pas quand les doigts frais de sa mère se posent sur son pouls.

— « Louise qu'est ce que tu as prit ? »

Lou ne répond pas. Elle entend sa mère se lever et fouiller dans son appartement. Elle sait que sa mère trouve la boîte quand elle entend le soupir désapprobateur de cette dernière.

— « Un xanax... Lou, c'est fort quand même »

Lou sent de nouveau les mains de sa mère — Solange — sur son visage. Elle s'agenouille à côté de sa fille et caresse son visage et ses cheveux roux clairs.

— « Papa gare la voiture, il arrive. On a parlé avec Richard et Hélène Colman. Tu te souviens d'eux ? Ils ont un fils, Noah. Ils vivent à New York depuis plusieurs années mais ils venaient pour les vacances d'été avant que Noah ne soit... peu importe. J'ai appelé Hélène et elle a accepté de te recevoir quelque temps. Tu as toujours rêvé d'aller à New York. »

Lou se rappelait très bien de Noah. De sa chevelure noire et bouclée, de son teint hâlé et de ses yeux chocolat. Elle avait eu un énorme béguin pour ce garçon plus vieux. Il venait chaque année pendant un mois et demi puis il avait été recruté et elle aussi. Cela faisait douze ans qu'ils ne s'étaient pas vu.

Lou n'est plus cette petite fille folle d'amour pour cet ado froid et taciturne.

— « Tu ne peux pas rester ici à te morfondre. Ils ne te méritent pas. Tu pourrais danser à New York. On viendrait te voir à Noël... papa a déjà prit les billets. Tu pars demain. »

Louise ne répond pas, pourtant elle se lève pour se vautrer dans son canapé. Sa mère ne dit rien mais Lou voit son sourire étirer ses lèvres pleines.

Elle regarde ensuite sa mère s'éloigner vers sa chambre et Lou écoute les armoires coulisser, les valises s'ouvrir et les froissements de tissu. Elle n'avait pas besoin d'aller voir ce qu'il se passait, Lou sait que sa mère prépare ses affaires pour son départ.

Quand son père vient enfin les rejoindre, elle s'effondre complètement. Yann serre sa fille unique dans ses bras puissants et lui murmure des mots apaisants en caressant ses cheveux à la couleur chatoyante.

— « Tout ira mieux ma princesse. » promet il en la serrant plus fort.

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