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Chapitre 1 - Agatha

Agatha

Christie Poirot n'avait pas prévu de tuer un homme aujourd'hui. C'est le genre de choses qui peuvent arriver. Comme lorsqu'on renverse son café ou qu'on fait tomber son téléphone portable dans la cuvette des toilettes. C'était un acci… 

— UN ACCIDENT ? Et les sept coups de poignard dans le torse, c'était un accident aussi ? s'étouffa Agatha, regrettant déjà de ne pas avoir mis son téléphone en mode avion ce matin.

Lorsqu'elle s'était réveillée ce matin, après une soirée plutôt mouvementée il faut le dire, Christie avait directement appelé sa sœur jumelle, pour l'informer qu'un cadavre gisait à côté d'elle dans son lit. Elle n'avait aucun souvenir de la veille, et elle ne pouvait ni affirmer ni démentir qu'elle n'était pas responsable de la mort prématurée de l'homme à côté d'elle. Après tout, ce n'était pas la première mort dont elle aurait été responsable. Elle chassa cette pensée en sortant du lit, et d’une main tremblante, elle raccrocha le téléphone. Agatha avait immédiatement pris les clés de sa C3 pour se rendre chez sa sœur. Elle avait le don de se mettre dans des situations pas possible. Mais là, elle dépassait les limites. Un meurtre. Un putain de meurtre. Christie avait encore une tâche de sang sur la joue, et les mains poisseuses. Elle jouait nerveusement avec un trou dans son collant.

— On fait quoi maintenant, demanda Christie, hésitante. On appelle la police ?

— Attends cinq minutes, laisse moi réfléchir. 

Agatha se massait les tempes de ses deux mains, tentant en vain, de contenir l’énervement que lui inspirait sa jumelle. Au fond d’elle, elle n’était même pas surprise. Lorsque son téléphone avait sonné ce matin, et qu’elle avait vu apparaître les mots “Chaos Imminent”, le surnom qu’elle donnait à sa sœur en secret, elle savait qu’elle devrait gérer une crise. Christie ne l’appelait que quand elle avait des problèmes. Mais un meutre ? Jamais elle n’aurait pu deviner qu’elle allait devoir contempler un cadavre, nu, avant même d’avoir pu avaler une goutte de caféine. Agatha considéra l’idée séduisante d’ajouter le cadavre de sa sœur à la scène macabre.

Christie n’était pas bête. Loin de là, avec son QI de 163, elle était l’une des personnes les plus intelligentes de cette foutue planète. A présent, elle faisait la chose la plus maline à faire, elle baissait la tête devant le regard meurtrier de sa jumelle. Agatha soupira de frustration. C’était sa soeur tout crachée. L’intelligence personnifiée, mais incapable de se servir de ses méninges, et se retrouver toujours dans des situations impossibles. Ses poings se serrèrent d’eux-même. Toute la colère qu’elle éprouvait pour sa sœur depuis ses neuf dernières années battaient derrière ses paupières. C’était un accident… Elle avait utilisé la même excuse à l’époque. Agatha se força à ravaler sa salive et se calmer. Elle était en rogne, mais elle se montrait injuste. Agatha secoua la tête. Elle effaça l’accident de son esprit temporairement, en se faisant la note mentale qu’elle devrait tout de même en parler à sa thérapeute à la prochaine séance, et se concentra sur la scène devant ses yeux. 

Christie était dans un état lamentable. Baste le fait qu'un homme était allongé nu et mort, et tâchait de son sang sa parure de lit Harry Potter, mais elle puait l'alcool. Son t-shirt crop-top glissait de son épaule gauche, et laissait apercevoir le début de son soutien-gorge en dentelle rouge. Son collant, si on pouvait encore appeler le filet qui lui ciselait les jambes ainsi, était troué à de multiples endroits, même si Agatha doutait que ce devait être son état original. Son short en jean délavé était maintenant maculé de sang. Au moins Christie était habillée, contrairement au cadavre nu comme le jour de sa naissance, exposé à la vue de tous : des abdos, des tatouages tribaux et un percing à un endroit qui ne devait pas être des plus agréables. Exactement le genre de tocard que sa Christie dévorait au petit déjeuner. Agatha détacha ses yeux du macabé pour les reporter sur sa sœur. Ses cheveux blonds étaient tant emmêlés qu'ils lui faisaient un nid de poule sur le haut de son crâne. Elle ne s'était pas démaquillée la veille, et son mascara avait coulé partout sur ses joues, se mêlant au rouge du sang. Des crottes d'yeux étaient accrochées à ses cils. La marque de son rouge à lèvres tout autour de sa bouche lui donnait un air bizarre. Elle ressemblait à un clown. Agatha frissonna. Elle avait toujours eu une peur bleue des clowns. Sans doute parce qu’à sept ans son cousin avait eu la bonne idée de lui faire voir Ça de Stephen King, ou que l’année d’après, Christie avait organisé la fête de leur huit ans autour du Joker, et ne parlons pas du clown en porcelaine légèrement fissuré au niveau de la figure qui trône dans le couloir de ses grands-parents. A chaque fois qu’elle allait aux toilettes la nuit, il était là, en face de la porte. Elle faisait souvent pipi au lit.

— Tu es sûr que ce n'était pas de la légitime défense ? Voulut se rassurer Agatha. 

Légitime défense. C’était concret. Cela pouvait se défendre dans une cour. Même si sept coups de couteaux dans l'abdomen c'est plus de la haine que de la défense, un bon avocat trouverait un argument, une détresse psychologique à exploiter devant les jurés. Contrairement à sa jumelle à la vie chaotique, Agatha avait une vie bien rangée (enfin sauf si on le mettait de côté lui… non non, ce n'est pas le moment de penser à lui, se flagella mentalement Agatha. D'ailleurs, il n'y avait rien à penser.). La jeune femme venait de commencer sa formation probatoire à l’ENM pour devenir procureur de la République. Et un cadavre allait faire tâche sur son CV. Elle se retient donc de tuer sa sœur.

— Comment ça ? Répondit Christie, hébétée, et Agatha revient aussitôt sur sa décision. Elle se retient d’empoigner le cou de sa sœur et de serrer. Christie la dévisageait de ses deux grands yeux verts. Ils étaient rougis. Elle avait pleuré, sans doute avant son arrivée. Son estomac se contracta. Sa sœur l'énervait constamment, mais ça ne voulait pas dire que ça ne lui faisait rien de la voir dans un tel état de détresse. Elle se força à se calmer.

— Peut-être qu'il a tenté de te violer et tu t'es défendu ? Hasarda Agatha. Elle connaissait les tendances auto-destructrices de sa sœur, et son goût plus que moyen lorsqu’il s’agissait d’homme. Le tocard gisant nu dans son lit en était la preuve. Il n'avait pas le profil du gentleman. C’était plausible. Cependant, Christie était totalement habillée. Sa braguette n'était même pas baissée. Agatha hésitait à suggérer à sa sœur d'aller à l'hôpital faire un examen pour s'assurer qu'ils n'avaient pas eu de rapport sexuel, consenti ou non. Mais quelque chose dans la façon de se tenir de Christie, ses bras autour de sa poitrine, le regard se perdant dans le vide dès qu'elle pensait qu’Agatha ne la regardait pas, l'en empêchait. Pour la première fois de sa vie, Christie avait besoin d'elle, et Agatha n'était pas à la hauteur.

— Peut-être, je ne sais pas, je ne me souviens pas vraiment de cette nuit. Tout ce dont je me souviens c'est que je dansais au club, et ensuite je me suis réveillée, et il y avait ce gars à côté de moi. Mort. Je ne sais même pas comment je suis rentrée chez moi.

— Il t'a drogué ? Supposa Agatha.

— Ma petite, tu sais bien que je n'ai besoin de personne pour me droguer, tente de plaisanter Christie pour détendre la situation.

Pour la millième fois en vingt-sept ans, Agatha se prit à rêver qu'elle était fille unique. Tout serait tellement plus simple. Une vie sans Christie, et tous ses problèmes n'auraient jamais existé. Ses parents seraient encore ensemble, Charlie serait maintenant médecin, et elle n’aurait pas peur de rentrer à la maison et de surprendre son fiancé dans les bras de sa sœur… Tu es injuste, lui rappela son cerveau. Mais c’était tellement simple de mettre sur le dos de Christie tout ce qui pouvait mal tourner dans sa vie, qu’Agatha le faisait presque instinctivement désormais. Pourtant, à cet instant précis, lorsqu’elle regardait sa soeur, si petite assise à côté de son lit king size où gît son rencard d’un soir, elle se sent mu d’un sentiment protecteur qu’elle n’avait pas ressenti depuis le jour où à huit ans, une peste du nom d’Ashley Persley avait renversé sa super glue sur les cheveux de Christie. On avait dû tondre totalement sa sœur, et elle n’a plus jamais eu les cheveux longs après cet incident, traumatisée. La vengeance est un plat qui se mange froid, et disons qu’encore aujourd’hui, Ashely doit frissonner lorsqu’elle enfile un casque ou un bonnet sur sa si belle chevelure. Un cheveux pour un cheveux. Agatha sourit en repensant à ce moment. Ashley et Christie, toutes les deux rasées à blanc sur la photo de classe. Christie a depuis longtemps détruit tous les clichés de cette époque, mais Agatha a secrètement conservé cette photo de classe, et elle la regarde lorsqu’elle n’a pas le moral. A l’époque, elles se protégeaient l’une l’autre. Elles étaient les meilleures amies, des confidentes, des sœurs… Une boule se créa dans l’estomac d’Agatha lorsqu’elle regarda sa sœur devenue presque une inconnue aujourd'hui. Elles qui se comprennaient en un seul regard, n'arrivaient même plus à se parler désormais. Un curieux mélange de culpabilité, de regret, et de colère lui donna la nausée. Depuis quand n’avait-elle pas pris des nouvelles de sa sœur ? Christie lui envoyait tout le temps des messages. Pour savoir si elle était bien rentrée, si elle avait bien mangé, la félicité quand elle réussissait un concours, et lui rappeler de prendre du temps pour elle. Mais Agatha ne répondait que rarement, et généralement, elle se contentait d’un smiley ou d’un pouce levé. C'était toujours Christie qui lui envoyait un message en premier pour leur anniversaire, avec des gifs, des coeurs, des confettis, tandis qu’Agatha se contentait de répondre, « merci, toi aussi ». Parfois, elle se disait qu'elle ne méritait pas Christie. Et parfois, elle se disait que Christie n'avait que ce qu'elle méritait. Elle tanguait toujours entre ces deux extrêmes, l'amour qu'elle porte à sa jumelle, à quel point elle lui manque, et à quel point elle a l'impression qu'une moitié d'elle bat ailleurs qu'en elle. Et la haine, tout aussi forte, lorsqu'elle est près d'elle, toute la colère et les regrets qui empoisonnent leur relation. A chaque fois qu'elle regarde Christie dans les yeux, elle ne se voit pas refléter, elle voit Charlie, et la douleur menace de l'engloutir. 

Christie restait étrangement silencieuse. Agatha observait sa sœur, la ligne tranchante de sa mâchoire, ses joues un peu trop creusées, ses clavicules et ses côtes visibles sous son débardeur. Est-ce qu’elle mange à sa faim au moins ? A-t-elle à nouveau des soucis avec la nourriture comme lorsqu’elles étaient adolescentes et que Chris Morty avait fait circuler un dessin comparant Christie à une vache ? La boule s’agrandit un peu plus au creux de son ventre. La vie de Christie était difficile depuis la fin du lycée. Elle avait tout pour réussir dans les plus grandes écoles, rien ne lui était inaccessible. Et pourtant, elle faisait toujours des mauvais choix. Comme à présent. Un si grand QI et un encore plus grand gâchis. La dernière fois qu’elle avait pris des nouvelles, Christie était serveuse dans un bar miteux en ville, après avoir été hotesse de caisse, femme de ménage, chauffeur de taxi, et même ramoneuse de cheminée. Elle n’a jamais réussi à garder un boulot pendant plus de trois mois. Christie toussa, ce qui ramena Agatha au présent.

— C’est qui ce type déjà ?

Elle tentait de remettre les choses dans l’ordre.

— Je ne sais plus vraiment. Mais il est plutôt mignon, non ?

— Il est surtout mort, Christie. Son ton était plus dur que nécessaire. Mais cette situation n’était pas de celles que Christie pouvait esquiver avec une bonne blague et un tour de charme.

— Je sais, je sais… Je suis quasi sûre qu’il s’appelle John, ou Brad.

— Il s’appelle Roger.

Christie grimaça à l’entente de ce prénom, comme s’il n’était pas assez sexy pour mériter d'apparaître sur son tableau de chasse. Agatha avait fait le tour du lit afin de fouiller dans les affaires éparpillées sur le sol. Là, elle trouva nonchalamment jeté sur le tapis poussiéreux de l’appartement, le jean du macabé. Dans une des poches frontales, toutes les informations dont elle avait besoin était dans son portefeuille. Quelques pièces de monnaie, une boucle d’oreille, un permis de conduire au nom de Roger Ackroyd, et une capote périmée. Exactement le genre de mec qui pourrait séduire Christie, il suffisait juste qu’il est une veste en cuire en prime, et c’était sûre que son idiote de sœur serait tombée sous son charme pour une nuit. La veste en cuire était posée sur la tête de lit. Bingo.

Une partie de jambe en l’air plus tard, et elles se retrouvent avec un cadavre sur les bras. Agatha avait envie de gifler sa sœur. Elle était complice. Elles auraient dû immédiatement appeler la police. Mais si Christie avait vraiment tué quelqu’un ? Après tout, cela restait une probabilité. Elle ne pensait pas Christie capable de tuer qui que ce soit, mais connaissait-elle sa sœur ? Elle mettait à point d’honneur à se tenir le plus éloignée possible des affaires de sa frangine. Après tout, Christie avait tout du profil de la sociopathe, avec un QI élevé, un quotient émotionnel instable et un SSPT qu’elle refuse de faire traiter. Et si Roger le cadavre avait trigger une part sombre de Christie et que cette dernière avait dérapé ? Elle ne pouvait pas balancer sa sœur sous le bus. 

Petite, Christie cachait toujours les bêtises d’Agatha. C’était elle le cerveau de leur bande. Et lorsqu’elles se faisaient pincer, elle prenait la responsabilité. Christie était l’intrépide. Quand Agatha se faisait harceler à la sortie du collège, c’est Christie qui les passait à tabac pour leur faire passer l’envie de recommencer. Et quand elle risquait d’être renvoyée de l’internat à cause de sa moyenne, c’est sans hésiter que Christie enfilait les jupes droites de sa sœur pour faire son contrôle de maths à sa place. Elles s’étaient toujours couvertes l’une l’autre, jusqu’à l’accident. 

Et voilà qu’aujourd’hui, il fallait trouver quoi faire avec ce cadavre. Christie rigolait souvent en disant que si elle avait besoin un jour de cacher un corps, elle appellerait directement Agatha. Et celle-ci répondait que même si elle désapprouvait, elle aiderait sans poser de question. Aucune d’entre elles n’auraient pensé se retrouver devant le fait accompli un jour. Agatha savait ce qu’il lui restait à faire. Elle poussa un long soupir avant de se saisir de son téléphone. La panique explosa dans les yeux verts de Christie.

— Tu ne vas pas me dénoncer à la police hein ? demanda-t-elle la voix tremblante. Écoute, Gaga, je sais que j’ai merdé plus de fois que quiconque sur cette planète, mais je te jure que je n’ai pas tué cet homme. Enfin, j’en suis presque sûre. Tu penses que je l’ai tué ? Je l’ai tué ? Est-ce que c’est moi qui ai fait ça ?

Le cœur d’Agatha se pinça. Christie était recroquevillée sur le sol. Elle hyperventilait. Agatha serra les dents. Alors comme ça, sa sœur faisait toujours des crises de panique. Elle s’adoucit, et posa une main sur l’épaule de sa sœur.

— Respire, je n’appelle pas la police. Dit-elle d'une voix douce avant de reprendre son ton sévère habituel. Et ne m'appelle pas comme ça.

Christie se détendit légèrement. Sa respiration se calma, mais ses mains tremblaient toujours autour de ses genoux. Elle jeta un regard méfiant à sa soeur. Agatha pinça son nez. Si tu ne me fais pas confiance, pourquoi tu m’as appelé idiote ? Elle du serrer fort ses lèvres entre elles pour ne pas laisser sortir cette phrase. Christie n’avait pas besoin qu’on l’insulte aujourd’hui. Même si Agatha détestait sa sœur à cet instant pour lui forcer la main ainsi. A cause d’elle, elle allait être redevable envers la dernière personne au monde à qui elle aurait aimé faire une faveur.

 — Qui vas-tu appeler ? Christie arqua ses sourcils. Agatha détourna les yeux, et une rougeur non bienvenue lui monta aux joues. Elle allait étrangler sa sœur avant la fin de la journée.

 — Un… Comment qualifier l’homme qu’elle allait appeler ? Un mec ? Une connaissance ? L’homme sur lequel elle s’interdit de fantasmer et échoue sans cesse ? Un sourire s’invita sur le visage de Christie, pendue aux lèvres de sa soeur comme si elles avaient treize ans à nouveau et qu’Agatha était sur le point de lui raconter comment Toby-le-canon avait porté son sac jusqu'à la maison après qu'elle ai fait semblant de s'évanouir en EPS. Un grand moment. Agatha se racla la gorge avant de poursuivre. Un… ami, trancha-t-elle, Il a des contacts. Il peut nous aider.

Le ton employé était un peu trop sec pour faire naturel et décontracté. Agatha essayait d’éviter le regard de sa sœur tout en recherchant l’homme en question dans ses contacts.

 — Un amoureux ? la taquina Christie.

Pour la dixième fois aujourd’hui, Agatha s’imagina tuer sa sœur à mains nues. Et il n’était même pas encore sept heures. La journée allait être longue. Le “non” qu’elle prononça était un peu trop précipité et tranchant pour que Christie s’en contente. Elle avait la tête d’un chien à qui on vient de donner un os à décortiqué. Son sourire s’élargit tellement, qu’il fait apparaître les deux fossettes sur chacune de ses joues. 

 — Tu l’as déjà vu tout nu ?

 —Christie ! s’énerva Agatha, se mordant la joue de frustration en entendant sa voix montée un peu trop dans les aiguës.

 — Quoi ? Je pose la question c’est tout. Je te taquine, répondit Christie tout en réajustant ses lunettes sur son nez. Les deux cercles rouges de ses montures lui bouffaient la moitié du visage. Agatha détourna le regard, les joues cramoisies. Malheureusement pour elle, Christie était un peu trop perspicace. La jumelle plaque ses mains sur sa bouche pour contenir son cris choqué, et se met debout en un bon si rapide qu’elle aurait gagné haut la main une compétition de cheerleading. 

 — Bon dieu Agatha ! Tu l’as vu tout nu !

 — Pas vraiment, marmonna-t-elle, avouant à demi-mot qu'il s’était peut-être déjà passé quelque chose avec l'homme en question. Techniquement, ce n'était pas un mensonge. Elle ne l'avait jamais vu entièrement nu. Que dieu l'en préserve de le voir tout nu, elle en ferait une crise cardiaque sur le champs sans aucun doute.

Christie secouait encore la tête, étourdie par le choc, oubliant totalement qu’un homme mort git sur son lit à deux pas de là.

 — Je n’arrive pas à y croire ! Tu as un plan cul ! Christie prit un ton accusateur avant de pointer sa sœur du doigt. Et tu ne m’as rien dit !

 — Ne dis pas ça ! Ce n’est pas ce… Je ne… Aucune phrase cohérente ne parvenait à sortir de la bouche d’Agatha.

 — Oh mon dieu, Agatha Poirot, la future plus grande avocate de l’histoire de l’humanité…

 — Procureur, la corrigea Agatha.

 — A un plan cul, poursuivit Christie comme si elle n’avait pas été interrompue. Giflez moi je rêve !

Agatha ne s’en priva pas. Elle fit claquer sa main sur la joue de sa sœur, tentant de soulager sa frustration par la même occasion. Le sourire de Christie s’élargit, et elle porta une main à sa joue endolorie.

— Ce n’est pas un rêve. C’est géant !

 — Non. C’est rien. C’est insignifiant. C’est tout petit. 

 — J’espère que tu ne parles pas de sa…

 — Christie ! s’exclama Agatha d’un ton réprobateur, alors que son visage passait du rouge tomate à un rouge cerise. Tais-toi, je l’appelle.

Agatha venait de trouver le numéro sur son téléphone. Christie allait prendre la parole à nouveau, mais Agatha en profita pour lui fourrer une chaussette traînant par terre dans la bouche. D’un regard, elle lui intima de se taire, prit une profonde inspiration, et se jeta dans la gueule du loup.

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2 Comments

1 month ago
Wow un début explosif ! Je suis déjà fan (⁠ ⁠ꈍ⁠ᴗ⁠ꈍ⁠) J'adore ta plume ❤️
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1 month ago
Oh ! Merci beaucoup ! Ça me booste pour écrire la suite !
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