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Chapitre 2 : Héros de la couronne

— Victoire ! S’égosille la foule en délire.


Des colliers de fleurs, des pièces d’or et des sourires pleuvent sur les soldats faisant leur entrée dans la capitale du nom de Feurol.


— Halvorsen héros de la couronne !


Le commandant perché sur sa jument ouvre le cortège des braves chevaliers. L’homme reste impassible face à cette appellation. Son esprit est embrumé par les événements passés, c’est une tâche ardue de penser à autre chose. Après le ressentiment vient le succès, la population attend avec empressement de savourer la coupe de la victoire. Les vainqueurs bombent le torse et ont fière allure vêtue de leurs brillantes armures. Leurs visages éclairés par la satisfaction d'avoir remporté cette guerre civile, effacent la mine sombre qu’arbore le commandant alpha. 


En descendant dans la plus longue allée de la belle ville, ils aperçoivent le dôme doré du palais royal. Cette immense bâtisse, symbole de pouvoir, puissance et réussite a été sauvée in extremis. Si les événements avaient tourné en leur défaveur, les partisans de l’ennemi seraient ceux qui paraderaient à leur place. Les habitants de la capitale, leur auraient-ils offert le même accueil ? Le commandant Halvorsen ne saurait le dire. 


Les pupilles ternes du blond sont happées par l’architecture de l'édifice. Ce monument est fait de marbre et d'or, équivalent d'une dizaine de petites villes en matière de taille, ce qui le rend encore plus vertigineux. La splendeur qui émane de l'extérieur du palais donne de l’espoir quant à la prospérité future du royaume de Dusirene. Le fond sonore qui émane du petit peuple résonne comme les cloches de la mort arrivant avec sa faux prête trancher des têtes. Cela épuise le marquis Halvorsen qui ne jure que par le calme après quatre mois de dur labeur. En arrivant enfin devant les grilles royales, le temps semble s’être arrêté pour le blond. Lorsque le droit de passage leur est offert, il ne peut s’empêcher d’expirer discrètement tout l’air de ses poumons signe de soulagement. Le bataillon de la ville de Plaimans est accueilli par des gigantesques soldates alpha vêtues d'une armure orange. Elles annoncent leur arrivée ainsi que la présence de la famille royale ou du moins ce qu’il en reste.


Leurs montures s’arrêtent dans la grande cour qui donne un aperçu de l’abondance des lieux. Les membres du bataillon sont émerveillés par le somptueux jardin parsemé d'arbres et de plantes diverses du monde connu. Leurs regards tombent sur trois personnes et pas des moindres, il s’agit de la souveraine et de ses deux enfants les plus jeunes. Les prunelles du commandant ne peuvent éviter celle de la vieille reine. Habillée d'une armure orange elle aussi, elle se tient droite sans aucun défaut de posture. Ses cheveux gris, coiffés en une queue-de-cheval donnent l'air qu'elle est toujours prête à combattre, néanmoins ses yeux noisette et ternes cachent un désarroi infini que seuls ses proches peuvent apercevoir. Toutefois une souveraine - alpha qui plus est - doit rester digne. Derrière elle se tient les seules progénitures qui ont survécu à ses quatre mois de terreur. Son septième enfant, le prince Hubert un oméga âgé de vingt ans ainsi que la benjamine, la princesse Francine une jeune bêta âgée de quatorze ans. L’adolescente est désormais l'héritière de la couronne, et devra assumer et assurer un avenir radieux au royaume de Dusirene lorsque son temps de régner viendra.


Les vassaux quittent leurs montures et posent un genou au sol en baissant la tête. La foule postée à l'extérieur observe scrupuleusement la scène laissant un silence étrange animer les lieux. Une main aussi froide que la pluie d'hiver se pose sur le sommet du crâne du commandant Halvorsen, le public réagit promptement et se met à applaudir. Les grilles du jardin royal se referment et le peuple exprime sa joie avec plus de vigueur. Déstabilisés par cette coutume, les soldats ainsi que leur chef sont surpris mais restent de marbre, noblesse oblige. Habitué de la campagne et des hectares de plantations à perte de vue, les vainqueurs se sentent légèrement dépaysés en faisant leur entrée dans une ville aussi bondée que la capitale. Quant au marquis, cela fait plusieurs années qu’il n’a pas remis les pieds à Feurol, c’est un endroit où il ne se sent pas à sa place. La main se retire de sa crinière et lorsqu’il relève son visage son regard croise celui de la jeune héritière. Ses prunelles s’écarquillent, la jeune fille traumatisée par la guerre le remercie silencieusement en baissant ses paupières. L’assemblée exprime à leur tour un étonnement muet, tandis que la vieille reine laisse un fébrile sourire fendre ses lèvres. 


Sans un mot, la famille royale retourne au sein du palais, les chevaliers leur emboîtent le pas. L'or et le marbre prennent la forme de statues, argenterie, bijoux, salons, salles à manger, cuisines, chambres, salles de jeux, jardin, calèches et armes. Les pièces sont nombreuses, impossibles de les compter lorsque l'on s'y rend pour la première fois. Les employés s'activent dans chaque endroit de l’édifice sans un mot, sachant par cœur les tâches à accomplir. L’omniprésence des soldates orangées est un rappel à ceux qui souhaitent commettre un faux pas en ses lieux. Les soldats sont en extase et ne peuvent réfréner leur enthousiasme. Tandis que l'alpha fixe inlassablement le dos de la vieille reine, son cœur est lourd, l’homme est mal à l’aise. Leurs pieds foulent le sol d'une salle à manger bien plus grande que les précédentes qu'ils ont entrevues quelques minutes auparavant. De la nourriture à n'en plus finir, ainsi que des domestiques masculins se tenant en position formelle avec les bras croisés vers l'avant du corps les attendent. Chacun prend place derrière une chaise afin de subvenir aux moindres désirs de leurs invités.


— Cette table est aussi longue que mon avenir !


La soldate qui vient de parler se prend un coup de coude de son amie la plus proche tandis que le reste de l'assemblée se met à rire. La reine sourit de manière mécanique et annonce :


— Mangeons.

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