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Chapitre 5

Le conte

il était une fois un homme comme il en existe tant d’autres. Cinquième fils d’une maison peu fortunée, Albert de son nom, vivait en vendant sa force de travail au plus offrant. Étranger partout où il passait, sa vie était faite de voyages et de découvertes même s’il avait à dire que fondamentalement, quel que soit l’endroit, les gens restaient les mêmes.

Un soir, alors qu’il regagnait le coin de grange où il logeait actuellement, le soleil sombrant à l'horizon, il assista à une scène plutôt insolite. Les fermiers du domaine étaient attroupés le long de la route observant un chat bien singulier. Celui-ci gesticulait à n’en plus finir, bien campé sur ses pattes arrière engoncées dans de petites bottes de bonnes factures. Il pirouettait et virevoltait devant les yeux ébahis de la foule, jouant de son chapeau de mousquetaire orné d’une plume bleue pour donner plus d’emphase à ses gestes.

Quittant le chemin de terre pour passer au large du groupe, Albert fut sidéré lorsque le matou se retrouva soudain devant lui au terme d’une galipette.

— Toi aussi l’homme ! Aurais-tu l’amabilité de bien vouloir vanter les mérites du marquis de Carabas au cortège qui doit sous peu emprunter cette route ?

Cherchant des yeux qui pouvait bien l’apostropher ainsi, Albert n’en répondit pas moins.

— Et pourquoi donc devrais-je faire pareille chose ?

— Évidemment, tu seras toi aussi dûment récompensé pour ce service comme toutes ces autres bonnes gens !

Les regards médusés des fermiers plus qu’autre chose lui firent comprendre que la personne s’adressant à lui n’était autre que le chat, agitant présentement son chapeau comme s’il cherchait à attirer son attention.

Resserrant sa prise sur le manche de sa hache, Albert recula d’un pas pour mieux voir l’animal vraisemblablement sous l’emprise d’une sorcellerie ou d’un maléfice. Il prit bien le temps de formuler sa réponse avant de reprendre la parole.

— Chat, je ne sais ce que tu comptes offrir à ses bonnes gens, mais je n’ai nul besoin de bibelots ensorcelés ou autre philtre d’amour. Je n’ai de plus nul désir d’aller me mêler à des affaires dépassant de loin ma position.

— Bibelots ? Philtres ? Que nenni, j’escomptais vous offrir quelques belles pièces d'or bien rutilantes, mais je peux sans doute vous dénicher un objet fabuleux ou deux si c’est vraiment ce que vous cherchez ? Des bottes vous faisant traverser de grandes distances d’un seul pas ? Un haricot magique peut-être ?

Pendant ce temps, trop préoccupé par la scène sous leurs yeux, personne n’avait remarqué qu’un noble à cheval et son valet sur un âne avaient rejoint l'assistance.

— Hola Sancho ! Je crois que nous avons retrouvé notre démon ! Foi de Don Quichotte ! Tu ne nous échapperas plus d’espèce de faraud couvert de puces !

— Des puces ! Des puces ! Retourne donc charger tes moulins en ruines ! Branquignol sans cervelle !

— Qu’ai-je à faire de moulins quand un véritable démon me fait face !

— Ta rosse de monture à sans doute plus d’esprit que tu n’en posséderas jamais !

— Comment connais-tu son nom ? Cesse ta sorcellerie sur le champ Démon !

Se faisant désormais face sur le chemin de terre, les deux énergumènes échangèrent encore quelques volées d’insultes. Albert ainsi que les fermiers, de plus en plus incrédules face à l’irréel complet de la situation, avaient pris le large, soucieux de ne pas se retrouver impliqué dans ce conflit sidérant. Ils observaient désormais de plus loin, ayant mis une bonne vingtaine de mètres entre eux et les belligérants. En retrait de son maitre, Sancho le valet, quant à lui, se massait furieusement les tempes comme sous la subite attaque d’une vive migraine.

Soudain, le chevalier donna de l’éperon et abaissa sa lance, escomptant embrocher son adversaire dans une charge héroïque. L’agile félin n’en eut cure, se contentant d’esquiver au dernier moment à la façon des toreros.
Faisant volter sa monture, le chevalier reparti à l’assaut de plus belle, puis encore, et encore, tandis que le félin se jouait habilement de lui, le tournant en ridicule tout en l’assaillant de quolibets tous plus démonstratifs les uns que les autres.

Homme et cheval désormais exténués furent contraints de prendre une pause sous le regard moqueur du chat botté. C’est alors qu’apparut au-dessus d’eux, une jeune fille dotée d’ailes translucides dans des tons légèrement bleutés. Elle flottait au-dessus de la scène, le corps habillé par des voiles semblant l'envelopper sans la toucher, mais qui pour autant, était si fin qu’ils ne dissimulaient aucunement les attributs on ne peut plus féminins de cet être.

Aussitôt, elle se mit à battre des ailes, volant rapidement en cercle autour de la scène s’exclamant d’une petite voix haute perchée, mais rendue un peu frénétique par l’urgence.

— C’est une catastrophe ! Oh my ! Ça ne va pas du tout !

Abasourdi, tout le monde se focalisa sur la nouvelle arrivante, Albert en particulier ne pouvait détacher les yeux de son corps ainsi dévoilé, alors que le chevalier invectivant la « démone » agitait sa lance bien trop courte pour menacer d’un bras fatigué ce qui ne pouvait être qu’une fée.

— J’ai pas le temps ! j’ai pas le temps ! j’ai pas le temps ! Pourquoi c’est encore à moi de réparer les bêtises de cette fichue souris ! Aaaahhrg ! Ah ! Toi !

Soudain, son visage s’illumina, pointant vers Albert.

Surpris, celui-ci jeta un coup d’œil autour de lui pour constater stupéfait qu’il était désormais seul sur la route, les fermiers ayant profité de l’affrontement pour s’esquiver en douce et éviter les ennuis.

— Oui toi ! Le grand homme à la hache là ! J’ai pas le temps de réparer toutes les histoires qui se sont mélangées ! Va te plaindre à la souris qui a mis le monde magique sens dessus dessous plutôt que me regarder avec ses grands yeux là ! Tiens ! Attrape !

D’un geste vif, elle lui lança ce qui semblait être un gros livre à l’épaisse couverture de cuir. Sans réfléchir, Albert réceptionna l’objet d’une main experte.

— T’as juste à suivre ce manuel ! Suis bien les instructions ! Renvoie tout le monde là où il doit être ! Sinon, ça va être une catastrophe ! Oooh ! jépaletan jépaletan jépaletan ! Bon ! Bonne chance !

Et aussi soudainement qu’elle était apparue, la voilà disparue, laissant un félin perplexe, se frottant le menton, un chevalier désormais trop épuisé pour ne serait-ce que tenir son arme en main. Arme que son valet s’empressa de ramasser alors que notre Albert n’en revenait toujours pas d’avoir vu une si « sublime » créature.

— Hum ! bon ! C’est pas tout ça, mais j’ai à faire moi !

D’un bond, le chat fantasque disparut rapidement dans la nuit naissante.

— Rentrons monseigneur, si vous voulez demain aussi affronter des hordes de monstres, il vous faut du repos !

Le chevalier et son valet s’en allèrent à leur tour. Caché dans les hautes herbes du long de la route, le lièvre de mars décida aussi qu'il n'y avait plus rien à voir et reprit sa route.

Albert resta là encore un bon moment avant de reprendre ses esprits et de tourner et retourner le gros livre dans ses mains épaisses. Il haussa finalement les épaules. Trop subjugué, il n’avait rien entendu de ce qu’avait bien pu dire la fée. Et puis, qu’avait-il à faire d’un livre ? Ce n’est pas comme s’il savait lire.

À la première occasion, il le revendit à un bon prix à un colporteur tout aussi illettré que lui-même.

Il est dit ensuite que le livre traversa les générations jusqu’au jour où il tomba entre les mains d’une fratrie possédée par une rage de connaissances et la fureur d’en apprendre toujours plus sur les légendes anciennes.

Dans certains coins mystérieux du monde, il se dit toutefois qu’il était bien alors trop tard, le monde tel qu’il était avait par trop changé de manière irrémédiable pour que ce manuel magique pût encore servir à autre chose qu’une mémoire d'un passé disparu.

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4 Comments

14 days
Voilà, désolée pour le commentaire super long, j'espère que je n'ai pas tourné mon propos de manière dénigrante ou malveillante, ce n'est absolument pas le but. Si malgré tout c'est le cas je m'en excuse, ce n'était absolument pas mon intention.
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14 days
J'aime bien l'idée de mélanger plusieurs contes et de faire de leur séparation l'objet de l'intrigue, c'est chouette et assez comique. Ceci étant, comme il n'y a pas trop d'enjeu puisque le personnage principal s'en fiche, je trouve que c'est dur de se sentir impliqué. Et, même s'il est pris à parti à un moment, il reste globalement un spectateur, n'agit que peu dans le récit. D'un autre côté, j'ai bien aimé la fin, notamment l'analphabétisme totalement logique du protagoniste.
Y'a un truc qui me chiffonne, par contre. La fée est présentée comme un objet de désir sexuel, quasiment intégralement définie par son physique. Et c'est le seul personnage féminin de l'intrigue. Et même en terme d'implications dans l'intrigue, c'est tout ce que le personnage principal perçoit d'elle, et ça a des conséquences sur la suite du récit (puisque du coup il est trop subjugué pour écouter). Je trouve que l'inattention du personnage aurait pu découler de plein d'autres raisons (par exemple, trop choqué par l'apparition d'une créature fantastique, par les ailes de la fée, par un oiseau qui passe...) Mais le traitement accordé au personnage féminin de l'intrigue me dérange. A titre de comparaison, le protagoniste et les autres personnages sont définis par ce qu'ils font et qui ils sont, et pas par leur aspect physique. Ils sont succintement décrits, mais la narration ne fait pas de leur physique leur caractéristique principale, à contrario de la fée. Pour chaque personnage, on peut s'intéresser à combien la narration appuie sur leur description physique. Soit 0% des phrases qui parlent du protagoniste, du valet et du lièvre de mars, 17% de celles qui parlent du chat, 12.5% des phrases qui parlent de Don Quichotte, et 56% des phrases qui parlent de la fée, soit plus de la moitié de la narration la concernant.
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14 days (Edited)
d'un autre côté .. si tu prend les réactions qu'elle provoque. les paysans profitent de son apparition pour fuir. Le chat est perplexe mais comprend que c'est pas bon du tout pour lui tout ça, le chevalier l'attaque en tant que démone, le serviteur l'ignore royalement et on peut supposer que voir des gens nus ( son maître en tête ) fait assez partie de sa vie pour ça, et il n'y a qu'Albert pour réellement faire une fixette dessus. On peut aussi arguer qu'au contraire, c'est lui qui est en faute puisqu’après tout, elle est vêtu, même si c'est légèrement.
Comme ces types qui font des bonds de trois mètres en arrivant sur une plage et qui mattent les bikinis de manière malsaine une bonne partie de l’après midi. mais en fait, elle s'est juste prit un énorme vent, tout le monde a ignoré son propos.

Mais au final, CT juste une lubie, pas du tout réfléchie, sur le côté comique du gars qui rate le sauvetage du monde parce qu'il était trop occupé a s'en mettre pleins les yeux pour ne serait-ce qu'écouter, encore moins comprendre, ce qui se disait. Accentué ensuite par le fait qu'il ignore royalement le bouquin par analphabétisme.
=> trop dans son petit monde
j'ai hésité un moment a placer une "fée" bodybuildée adepte de la gonflette mais mes préférences perso on finit par gagner du moins en esprit puisqu'après tout, il n'y a pas description précises.
par extension, le genre d'histoire désormais ultra commune ou le grand héros est presque prit au pif dans la foule avec pour consigne un simple "débrouille-toi ! tu verras, ça ira bien, je te le promet !" et la conséquence logique de ce choix à si courte-vue.
une petite vengeance aussi en passant, sur tout ces récits ou certains personnages sont décrit comme objet sexuel implicite, et ou finalement hormis un ou deux méchants confirmés, cela ne fait réagir personne. Alors que cette absence de réaction est elle totalement anormale ( même si elle peut se justifier au cas par cas ). surtout pour ce genre de cadre/époque.
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14 days
et ouep, je suis d'accord, c'est trop cours pour réellement s'impliquer surtout avec Albert qui est plus préoccupé par le dîner du soir et/ou les rêves érotique qui suivront.
Au début, j'avais une idée bien plus longue ou il s'impliquerait assez pour essayer de faire ce qu'on lui a dit, surtout avec l'insistance de la gamine du noble du domaine qui l'embauche qui lui déchiffrer le livre ... mais là, je partais plus pour une histoire détaillée de plusieurs dizaine de pages et non la petite scénette actuelle. Et j'aurais jamais eut le temps de l'écrire pour la période donnée .. ni vraiment la motivation aussi, juste une idée comme ça semblant sympa mais sans plus.
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