Cher inconnu,
Je ne vous connais pas mais je crois qu'il y a longtemps, j'ai dû vous ressembler. Vous semblez fatigué, c’est à vos yeux que je vous cerne. À votre regard, vide de sens et de vitalité, on peut y voir que la vie a fait de vous son prisonnier, un esclave du temps qui passe et du passé. Or, les choses qui comptent vraiment ne brillent pas, elles sont enfouies au plus profond de l'abîme. Tout l'or du monde n'aura jamais la même valeur que la couleur qui se révèle à l'intérieur de votre coeur. Cependant, il y a en vous une lueur, infime peut-être, mais bien présente. Elle est cette partie de vous qui n'a pas encore cédé aux tourments du monde, cette force silencieuse qui sommeille en vous. Vous l'avez oublié, mais elle existe toujours, au plus profond de votre cœur rouge teinté de gris. La vie vous a mené sur des chemins d'épines, qui forment tout de même un beau jardin de roses. Ô toi, cher inconnu, toi dont j'ignore même le nom, je ne t'ai aperçu qu'un soir d'été, mais je pressens déjà la noirceur du chemin que tu as emprunté.