Loading...
Link copied
Loading...
Loading...
Mark all as read
You have no notification
Original
Fanfiction
Trending tags

Log In

or
@
Inss
Share the book

Chapitre II

Après avoir fini de laver mon linge, je marchais en direction de la maison. Je viens de réaliser que ce n'est pas un rêve, je vais vraiment me marier....avec le dangereux et ténébreux Loup par une alliance que je n'ai jamais demandé ni accepté.

Ma robe était trempée, ce qui attirait encore plus le froid, mais ma seule pensée était le cauchemar qu'allait devenir mon futur. Je n'ai jamais rêvé de mariage, encore moins celui qu'on m'impose. J'avais espéré qu'un jour, quelqu'un me choisirait pour qui je suis, pas pour nous sauver de la pauvreté que mes parents ont choisie.

Les pavés du village étaient humides, brillants sous les derniers reflets du soleil couchant. Les commerçants rangeaient leurs commerces, les enfants couraient encore entre les ruelles, inconscients du poids du monde. Des jeunes filles toutes heureuses ont chahuté "Demain, on va à la boutique de Madame Paris pour choisir nos robes", "j'ai trop hâte, on va pouvoir s'approcher de la famille royale". Et pire encore "tu penses qu'on pourra voir le Loup ?".

Moi, je rentrais les bras lourds, le cœur encore plus. J'avais toujours éviter de me rendre aux bals victoriennes, il fallait danser, chanter jusqu'à tard le soir et discuter avec pleins d'hommes. Tout ce que je détestais. Une perte de temps que je préférais consacrer à la lecture, c'est bien la seule chose dont ma mère est fière, j'adore quitter ce monde en lisant des livres qui m'aident à m'évader loin, très loin d'ici.

Lorsque j'ouvre la porte de la maison, ma mère lève les yeux de son ouvrage et me détaille d'un regard sévère.

- Tu es trempée ! Tu vas tomber malade à te promener comme ça. Tu peux pas faire une chose correctement ! 

Elle a toujours un truc à me reprocher, c'est vraiment agaçant. Je roule des yeux et je pose silencieusement le panier près de l'entrée. Ivy riait avec une autre jeune fille du village dont je ne me souviendrai jamais du nom, elles sont beaucoup trop occupées à broder un motif délicat pour me prêter attention. Elle ne me regarde même pas.

- Demain, nous irons au marché pour voir les robes, dit ma mère. Tu n'as rien de convenable pour une fiancée. Et il est hors de question que tu y ailles dans ta robe de deuil ou ton vieux manteau.

Je me figeai. Encore cette histoire de robe. De paraître. De paraître jolie. Docile. Parfaite.

Je craque.

- Il est riche, n'est-ce pas ? Et influent. Il n'a pas besoin d'une épouse qui sait faire du pain ou recoudre ses chemises ! grogné-je en arrachant mes gants.

- Justement, tu en as besoin. Tu crois que ce mariage est pour ton bonheur, Talia ? C'est une alliance. Un devoir.

- Un devoir que je n'ai jamais demandé ! criai-je.

Un silence pesant s'abattit dans la pièce. Ivy avait arrêté de broder. Ma mère se leva lentement, son regard vrillé dans le mien, mon regard s'enflammé dans le sien. 

- Va te changer. Tu ne vas pas dîner comme ça.

- Oh encore mieux, je ne dîne pas.

Je quittai la pièce sans un mot. Dans ma chambre, après avoir soigneusement claqué la porte, le silence m'étreignit comme une vieille amie. Ma robe encore humide collait à ma peau, et le parfum du savon usé se mêlait à celui des herbes séchées accrochées au mur. J'écartai les rideaux épais, laissant mes doigts glisser sur le bois froid de la fenêtre.

La ruelle, en contrebas, semblait figée dans une veille éternelle. Les maisons de pierres sombres et de bois tordu s'entassent les unes sur les autres, leurs toits inclinés se chuchotant des secrets à la lueur vacillante des lanternes. Des plantes rampantes dévoraient les murs, et quelques silhouettes passaient au loin, emmitouflées dans des capes sombres, portées par le vent.

Mais au-delà de ce petit monde, loin, très loin, au sommet d'une montagne drapée de brume, se dressait une silhouette noire contre le ciel d'encre : le château du Loup. Sa tour solitaire transperçait les nuages, et parfois, une lueur bleutée semblait pulser derrière ses murs, comme un cœur maudit.

Un frisson me parcourut.

Ce lieu, cette silhouette lointaine... c'était là-bas que j'irais. C'était lui, l'homme que j'allais épouser. Le Loup.

Je ne savais rien de lui. Seulement qu'il était aussi dangereux que mystérieux, aussi puissant qu'invisible.

Et je devais devenir sa femme.

Je ferme les rideaux et allume la bougie posée sur un meuble qui prenait de l'âge tout comme cette maison. Je me déshabille et enfile une robe blanche, enfin presque et je pars me coucher sans plus attendre.

C'était le chaos.

Tout n'était que ruine, feu et cris. Mon monde s'était effondré sous mes yeux, et avec lui... ma petite âme d'enfant. Elle s'était brisée. Disparue.

Les hurlements des mères et des enfants résonnaient dans ma tête, stridents, étouffés, comme s'ils provenaient d'un autre monde. Les hommes se battaient avec rage, les magiciens unissaient leur pouvoir pour ériger ce que l'on appellerait plus tard le Mur.

Et moi ? Moi, je n'étais qu'une ombre, cachée au creux d'un tronc creux, les genoux collés contre ma poitrine. Mes membres tremblaient, glacés. Mon cœur battait si fort que j'avais peur qu'il attire les démons.

La nature autour de moi n'était plus qu'un lointain souvenir. Les fleurs avaient noirci, fanées par la magie corrompue. Les arbres, autrefois vivants, se dressaient comme des cadavres rigides, tordus vers le ciel en un dernier appel silencieux.

Puis, un bruit.

Crac.

J'ai cessé de respirer.

Mon instinct a pris le dessus. Sans réfléchir, j'ai bondi hors de ma cachette et couru. Couru à perdre haleine, comme si la terre elle-même allait m'avaler.

Je courais à la vitesse du désespoir. Je sentais une présence derrière moi, des bruits , des chuchotements qui me donnaient le vertige.

Mais mes pas ne m'ont pas menée vers la sécurité. Non. Ils m'ont ramenée au cœur du cauchemar.

Le village. En feu. Des corps. Des lames. Des bêtes. Des ruines. Du sang.

Et au milieu, mon père.

Il combattait avec toute la rage d'un homme prêt à mourir pour les siens. Des amis à lui combattaient également. Je n'avais jamais vu de créatures de toute ma vie, c'était bien la première fois. Des humains aux corps brûlés, à la grande mâchoire, aux mains d'ours. Leurs hurlements serraient mon coeur.

Il m'a vue.

Papa....

Ses yeux se sont écarquillés d'effroi et d'incompréhension.

- Talia ?!

Ce seul mot a suffi.

L'instant d'après, une ombre s'est abattue sur lui. Une forme noire, vaporeuse, hurlante.

Une griffe. Une morsure. Une lumière.

Et puis plus rien.

- NON.... !!!!

Mon cri s'est noyé dans le vacarme. Ma respiration se saccadait, je reculais de quelques pas, le suprise et la tristesse allumaient cette chaleur rageuse en moi.

Mais, l'ombre s'était tournée vers moi.

Je n'ai pas fui.

Je ne sais pas pourquoi.

Peut-être parce que la rage m'a remplacée.

Peut-être parce que quelque chose en moi... s'est réveillé.

Des flammes ont jailli de mes mains. Instinctives. Sauvages. Incontrôlées.

Alors que j'allais le combattre. Comme une enfant frappant un orage.

Il est apparu.

Un jeune garçon, silhouette fine, enveloppé d'un manteau sombre. Son visage était couvert, ne laissant apparaître que ses yeux.

Des yeux d'un miel étrange, presque lumineux. Inhumains.

Ils me fixaient. Comme s'il me connaissait.

Il n'a pas attaqué.

Mais je n'ai pas eu le temps de comprendre.

L'ombre s'est refermée derrière lui. Une gueule ouverte. Des crocs.

J'ai hurlé. Et je me suis réveillée.

En sursaut. En sueur. Le cœur au bord de l'explosion. 

Mon corps tremblait, mon cœur me faisait mal, les yeux débordent de larmes. Mon père est mort à cause de moi... si je n'avais pas couru jusqu'au village, il serait peut être en vie, peut être qu'il n'y aurait pas de mariage, peut être que je ne me disputerai pas avec mère, peut être que....

Il est mort.

Il n'y avait plus rien à faire maintenant.

Je me levai lentement du lit, le souffle court, tentant de calmer les battements frénétiques de mon cœur. La chambre était baignée dans l'obscurité, seulement troublée par les reflets argentés de la lune filtrant à travers les rideaux.

Dehors, la nuit étendait encore son voile. Il devait être quatre heures du matin.

Cela faisait longtemps que je n'avais pas rêvé de ça.

Ce n'était pas un simple cauchemar.

C'était une mémoire. Une fracture. Un cri qui hurlait encore dans les tréfonds de mon être.

Tout était si réel...

Les flammes dans mes mains, brûlantes, incontrôlables. Ce garçon aux yeux couleur de miel, inconnu mais familier. Et cette créature... cet être venu des ténèbres, qui nous avait presque dévorés.

Je suffoquais. J'avais chaud, beaucoup trop chaud, comme si le feu de mes rêves s'était glissé dans ma chair.

J'ouvris la fenêtre d'un geste fébrile. L'air glacé de la nuit s'engouffra dans la pièce, fouettant mon visage. Je m'assis sur le rebord, repliant mes genoux contre moi. Ma tête vint s'y poser, lasse.

Je le sentais vide. Vulnérable. Fragile. Comme si mon enfance, encore une fois, venait de mourir sous mes yeux. Le dernier souvenir que j'avais de mon père...

C'était un cri. Un râle. Et cette créature, ce monstre, qui lui arrachait la vie sans pitié. Une larme roula sur ma joue, glaciale. Ma vue se brouilla. Je fermai les yeux, laissant mes émotions me submerger.

La douleur, la rage, la solitude.

Tout se mêlait en moi. J'étais un brasier prêt à éclater.

Et soudain...

Je la sentais.

Une main.Douce. Légère. Sûre.Se poser contre ma hanche. Une chaleur étrange m'enveloppa. Brûlante et glacée à la fois. Mon souffle se coupa. Je ne bougeai pas. Mon corps figé par l'incompréhension, et pourtant... je ne ressentais aucune peur. Au contraire.Un calme insaisissable s'était infiltré en moi. Comme si cette main savait où appuyer pour éteindre le feu. Mon pouvoir s'éveilla en silence, comme une bête curieuse. Les flammes en moi palpitaient, mais ne hurlaient plus.

La main glissa lentement sur mon bras, dans un geste presque charnel, envoûtant, presque... humain.

Et pourtant, il n'y avait personne. Je tournai la tête avec prudence. Et là, je l'aperçus. Une forme. Fumée grisâtre, ondulante, vaguement humaine. Un souffle d'ombre suspendu dans l'air, qui me contemplait. Un battement de cœur. Et elle disparut. Comme si elle n'avait jamais existé. Je restai là, hébétée, les yeux grands ouverts sur ce vide soudain.

Qui était-elle ?

Pourquoi m'avoir touchée, apaisée, comme une mère apaise son enfant ?

Pourquoi maintenant ?

Le soleil pointait à peine à l'horizon, teignant le village de reflets orangés.

La neige semblait s'être retirée, laissant la pierre nue et silencieuse.

Et dans ce silence... il ne restait que mes questions.

**********

Je m'étais recouchée, mais je n'avais plus fermé l'œil. Le souvenir de cette silhouette fumée continuait de tourner dans ma tête, comme une berceuse étrange, à la fois douce et glaçante. J'avais l'impression que quelque chose d'ancien, de lointain, m'avait effleurée cette nuit-là, comme si mes souvenirs, mes cauchemars et ma réalité avaient fini par s'entremêler. J'avais encore la sensation de cette main invisible sur ma peau, de cette caresse que personne ne m'avait donnée depuis la mort de mon père. Et malgré la peur sourde, j'étais étrangement apaisée.

La matinée passa sans bruit. Mère ne parla presque pas. Elle observait mon visage avec son éternel air soucieux, comme si elle devinait que la nuit avait laissé des traces. Ivy, elle, débordait d'énergie. Elle riait pour deux, papillonnait d'une pièce à l'autre, accompagnée de la fille d'hier soir, je me souviens de son prénom, c'est Eléna. Elle est grande, élancée, à la voix chantante et au sourire trop parfait pour être honnête. J'essayais de ne pas montrer mon agacement, mais chaque rire qu'elle lançait me donnait envie de fuir. Pourtant, je suivais le mouvement sans parler, j'étais vraiment bouleversé par les évènements récents. Aujourd'hui, c'était le marché des parures et des tissus, le seul moment où toutes les femmes du village sortaient ensemble, malgré le froid, pour choisir leurs robes de cérémonie.

Dès que nous quittâmes la maison, l'air glacé me mordit les joues, mais le village, lui, semblait vivre dans une autre saison. Les ruelles, habituellement calmes et enneigées, s'étaient transformées en un tourbillon de voix, de chants et de couleurs. Des marchands criaient leurs prix depuis leurs étals croulant sous les étoffes précieuses, des musiciens ambulants faisaient résonner des flûtes anciennes, des enfants couraient entre les jambes des passants, et des couples dansaient sur les pavés verglacés comme si l'hiver ne les touchait pas. C'était presque irréel. Comme si la simple perspective du bal avait suffi à faire fondre le givre dans les cœurs.

Nous traversâmes la place centrale. Ivy babillait avec Eléna, les deux bras chargés de paquets et de rires. Maria, fidèle à elle-même, observait tout d'un œil critique, mais elle ne disait rien. Moi, je me contentais de marcher. De suivre. Mon esprit était ailleurs. Les étals défilaient devant mes yeux comme des peintures trop vives, les tissus me semblaient tous ternes, inutiles. Je regardais les robes une à une, les essayais parfois sous l'insistance de ma mère, mais rien ne me convenait. Trop rouge, trop doré, trop serré. Rien ne ressemblait à ce que j'aurais voulu être ce soir-là. Rien ne me faisait oublier que j'étais enchaînée à une promesse, à un nom, à un homme.

- Talia... Tu ne vas pas dire que celle-là non plus ne te plaît pas ? me lança Ivy en riant, en sortant d'une boutique. Elle portait une robe émeraude qui faisait ressortir ses yeux, un sourire rayonnant sur le visage.

Je haussai les épaules, incapable de mentir. Rien ne me plaisait. Rien ne m'allait. Rien n'était moi.

Nous entrâmes dans une dernière boutique, plus calme, plus discrète. À l'intérieur, il n'y avait que le sifflement du feu dans la cheminée, l'odeur du bois brûlé et le froissement des tissus. Un lieu plus intime. Moins étouffant. Maria s'avança vers une rangée de robes suspendues et en tira une d'un bleu profond, presque nuit, avec des reflets argentés qui dansaient à la lumière comme des flocons pris dans l'eau. Je restai figée devant elle.

- Essaie celle-ci, proposa-t-elle doucement.

Ivy s'approcha à son tour. Elle avait cessé de rire. Elle me regardait avec un sérieux inhabituel, presque une gravité.

- Elle est parfaite pour toi, Talia. Elle est comme toi... belle, mystérieuse, un peu triste aussi, murmura-t-elle en posant sa main sur la mienne.

Je pris la robe sans mot dire. Dans la cabine, je passais mes doigts sur le tissu. Il était doux, presque chaud. Quand je l'enfile, j'eus l'impression d'être engloutie par une mer d'ombres et d'étoiles. Mon reflet dans le miroir me fit un choc. Je ne me reconnaissais pas. Pas parce que j'étais belle - non, ce n'était pas ça - mais parce que je semblais réelle, ancrée, comme si mon destin m'avait enfin rattrapée.

Quand je sortis, mère eut un souffle court. Ivy, elle, cligna des yeux, émue. Puis elle s'approcha et m'attrapa par les épaules.

- Talia... Je sais que tu as peur. Je le vois, même quand tu souris. Je ne sais pas exactement ce que tu vis exactement, je ne sais pas ce qu'il y a entre toi et... lui. Mais je veux que tu saches une chose, dit-elle en posant son front contre le mien, comme quand on était petites. S'il t'arrive quelque chose, je ne me le pardonnerai jamais. Tu es ma sœur, mon sang, et rien ne changera ça. Pas un bal, pas un mariage, pas même un prince aux yeux d'acier.

Je fermai les yeux. Un nœud dans la gorge. Elle serra ma main. J'avais oublié combien Ivy pouvait être douce, combien son cœur battait fort sous sa timidité.

Quand je sortis, mère eut un souffle court. Ivy, elle, cligna des yeux, émue. Puis elle s'approcha et m'attrapa par les épaules.

- Tu n'as pas à avoir peur de Joran. Et s'il le faut... Je le regarderai moi-même dans les yeux, dit-elle avec un petit sourire fier.

Je souris aussi. Pour la première fois depuis longtemps, je souris vraiment.

Nous sortîmes du magasin avec la robe soigneusement emballée. Eléna était partie, et le marché s'était un peu vidé. Les tambours avaient cessé, remplacés par des chants plus doux. Le vent soufflait dans mes cheveux, et j'eus un bref frisson. Mon regard se leva, instinctivement, vers la montagne au loin. Là où, caché dans les brumes éternelles, se dressait le château du Loup. Un souffle glacé passe sur ma nuque. Et l'espace d'un instant, je crus voir une silhouette au sommet. Immobile. Observant.

Mais quand j'ai cligné des yeux, il n'y avait plus rien.

-------

C'est déjà la fin. Je sais c'est trop court. Désoler mais vous inquiéter pas la suite va vous plaire 

J'espère qu'il vous a quand même plus, n'hésitez pas a me faire part de vos avis en commentaire tout en restant polie. (Peut être des fautes, changement, si sa vous plaît, si vous voulez la suite, des rosnnes qui vous aimez ou pas ) Je veux tout savoir !!!

A très bientôt pour la suite !!

Comment this paragraph

Comment

No comment yet