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Chapitre III

Le jour du bal.

Le jour que je redoutais le plus, j’avais peur. Pas la peur qu’on crie ou qu'il fuit, non. Une peur muette, rampante, viscérale. Celle qui te saisit au réveil, te colle à la peau comme une seconde chair. Celle qui te murmure que tu n’es pas prête. Que tu ne le seras jamais. Depuis le premier rayon de l’aube, je sentais cette peur me tirer vers le bas, comme un poids invisible accroché à mes chevilles. Le silence dans la maison était presque sacré, suspendu comme si le temps lui-même m’avait accordé une dernière pause avant l’irréversible. Je restai un long moment assise sur le lit, en chemise, les mains tremblantes sur mes genoux, le cœur battant trop fort, trop vite, comme s’il voulait m’arracher la poitrine.

La robe était là, posée avec précaution sur le drap blanc, drapée dans sa splendeur irréelle. Une pièce d’art. Une œuvre tissée de nuit, de constellations oubliées et de promesses silencieuses. Le tissu d’un bleu profond évoquait la mer quand elle devient noire, juste avant une tempête, ou le ciel qui précède l’éclipse. Des broderies dorées grimpaient le long du corsage, dessinant des fleurs de givre et des branches d’or sauvage, s'entortillent autour de mes hanches, remontant le long des manches transparentes comme des lianes vivantes. Les fils scintillent au moindre mouvement, comme si la robe avait capturé la lumière d’un monde ancien. Je la touchais du bout des doigts, hésitante, et une bouffée d’émotion me traversa si violemment que je dus me lever.

Je fis quelques pas dans la pièce, pieds nus sur le sol froid, l’esprit embrumé de questions. Était-ce vraiment moi, cette fille destinée à danser ce soir, à être vue, jugée, effleurée du regard par des centaines de personnes ? Et lui… serait-il là ? Me regarderait-il ? Saurait-il qui je suis ? Saurait-il ce que je cache ?

Et s’il ne voulait pas de moi ?

Le doute se mit à tournoyer dans ma tête comme un vent d’hiver. Je me figeai, les mains tremblantes. Et si je restais ici ? Si je ne descendais jamais ? Je pourrais me blottir sous les couvertures, laisser la nuit passer sans moi. Personne ne s’en souciait. Peut-être même qu’on n'oublierait. Peut-être que tout cela… n’était pas fait pour moi. J’étais née dans une maison froide, sans servante pour me tresser les cheveux, sans miroir pour me rassurer, sans promesse d’aisance ni de conte de fée. J’étais celle qu’on voulait tailler dans un rôle trop grand. Et j’avais peur d’échouer.

Un coup discret à la porte me fit sursauter. Je n’eus même pas le temps de répondre qu’elle s’ouvrit doucement.

Ivy entra, dans une explosion de vert et de soie. Elle était resplendissante, comme sortie d’un rêve d’été. Sa robe captait la lumière comme une émeraude vivante. Ses cheveux avaient été remontés avec soin, quelques mèches tombaient sur ses joues poudrées. Elle s’avança, les yeux brillants de douceur, et me regarda sans rien dire d’abord. Puis, voyant la robe encore intacte sur le lit et mes yeux rouges de fatigue ou de larmes contenues, elle sourit tristement.

— Je pars avec mère, souffla-t-elle, s’approchant pour poser une main légère sur mon bras. Tu as tout le temps. Prends une grande respiration. Tu viendras quand tu seras prête. Le bal ne commencera pas sans toi.

Je restai figée. Une boule dans la gorge. Ma petite sœur, si légère, si lumineuse, comprenait plus que je ne voulais le croire. Son regard ne portait aucun reproche, seulement un soutien silencieux, profond. Comme si elle m’offrait une échappatoire sans me juger. Elle pressa doucement mon bras avant de se diriger vers la porte, puis se retourna une dernière fois.

— Tu es magnifique, Talia. Tu ne le vois peut-être pas encore, mais tu vas le devenir ce soir. Il n’y a que toi qui puisses porter cette robe comme elle le mérite.

Et elle disparut dans le couloir.

Je restai seule à nouveau, mais son absence n’avait rien de froid. C’était comme si elle avait laissé derrière elle un peu de lumière, un peu de chaleur. Je regardai la robe une fois de plus. Mon reflet, flou dans la vitre, me rendit le regard d’une fille que je ne reconnaissais pas encore. Mais peut-être était-ce justement le but : ne pas être celle d’hier, mais celle que la nuit allait révéler.

Je pris la robe avec des gestes précautionneux, comme si elle allait se briser entre mes mains, et l'enfiler lentement, le cœur battant à mes tempes. Le tissu glissa sur ma peau avec la douceur d’un souffle, puis s'ajustait à mon corps comme s’il avait été cousu pour moi et moi seule. Chaque mouvement déclenche une cascade de scintillements discrets, chaque pas faisait danser les broderies dorées comme des vagues de lumière figée. La jupe, ample et vaporeuse, caressait mes jambes nues, et les manches en tulle transparent effleuraient mes bras comme une seconde peau. Je m’approchai du petit miroir fendu accroché au mur — le seul que je possédais — et je restai un instant sans respirer.

Je n’étais plus la fille aux vêtements usés et aux mains calleuses. Je n’étais plus l’ombre qui traversait les couloirs en silence. Je n’étais plus Talia, celle que l’on évite ou que l’on craint. J’étais autre chose. Une vision. Une flamme. Une étoile noire et or, née d’un conte ancien. Et pourtant, j’étais toujours moi. C’était cela, le plus déroutant.

Je fis un chignon bas, volontairement flou, laissant s’échapper quelques mèches autour de mon visage, comme des fils d’or terni. Je me maquillai lentement, maladroitement — une touche de couleur sur les lèvres, un soupçon de charbon au coin des yeux —, assez pour paraître moins pâle, moins effacée. Mes doigts tremblaient, mes paumes étaient moites, mais je tenais bon. Mère m’avait donné un bijou discret : une paire de boucles d’oreilles en perle opaline, presque translucides, qui paraissaient pleines de secrets. Je les mis avec soin, comme si c’était un rituel.

Lorsque je sortis enfin de la maison, la nuit m’enveloppa toute entière.

Le froid mordit mes joues, me réveillant un peu, mais je n’avais pas besoin de manteau : une étrange chaleur brûlait au creux de ma poitrine. Le village, illuminé de lanternes suspendues, vibrait déjà de musique et de voix. Des flocons tombaient, légers comme du coton, et la neige crissait sous mes pas. Je n’étais pas en retard — je l’avais simplement décidé, à mon rythme, en écoutant ce silence intérieur qui, pour une fois, ne me disait pas de fuir.

Je traversais les ruelles où des enfants couraient, riant dans la neige, des hommes portaient des caisses de vin, des femmes en manteaux d’hiver échangeaient des rumeurs à demi-mot. Tous semblaient pressés, heureux, excités. Et moi, au milieu de ce tumulte, j’avançais seule, mais droite, comme si un feu invisible me guidait.

Le grand bâtiment du bal se dressait un peu plus loin, ses fenêtres illuminées laissant filtrer la musique des violons et les échos lointains des rires. Mon cœur tambourinait à chaque pas que je faisais vers l’entrée. Une étrange sensation m’envahit — comme si quelque chose, ou quelqu’un, m’attendait déjà derrière ces portes. J’ignorais encore son visage. J’ignorais encore ses intentions. Mais le destin, ce soir, ne m’avait pas laissé le choix.

Alors je montai les marches, lentement, et poussai la grande porte.

La lumière me frappa d’un coup, m’enveloppant dans une chaleur dorée. La salle était pleine, vibrante. Des dizaines de personnes tournaient déjà au rythme de la valse, leurs rires mêlés à la musique. Des lustres étincelants pendaient au plafond, pareils à des étoiles mortes suspendues dans l’air. Les robes éclataient de couleurs, les regards glissaient sur moi avec surprise, mais aucun mot ne fut prononcé. Je sentis leur curiosité. Leur jugement. Leur admiration parfois.

Je fis un pas. Puis un autre. La robe ondula comme une flamme.

La salle était immense, éclairée par des milliers de lanternes suspendues, aux flammes flottantes. Des lustres de verre crépitaient de magie légère, projetant des reflets d’or sur les visages poudrés et les robes soyeuses. Le parfum de la rose gelée et du vin chaud emplissait l’air, trop sucré, presque étourdissant. Et moi, au milieu de cette effervescence, j’avançais à pas comptés, la gorge nouée.

Je l’avais vu dès mon entrée.

Le Loup.

Comment je le savais ? Aucune idée. Mais il était là, vêtu de ce bleu orageux assorti au mien, les cheveux blonds parfaitement peignés en arrière, ses yeux… marron, comme dans mes souvenirs. Mais plus je m’approchais, plus j’avais la sensation que ce regard n’avait rien d’ordinaire. Il m’observait comme s’il lisait un livre fermé pour tous les autres, mais pas pour lui.

Il s’approcha sans attendre. Aucun sourire. Juste cette intensité qui me brûlait. Puis, il se pencha légèrement vers moi, sa voix glissant comme une lame de velours :

— Je dois dire que tu surpasses mes attentes… Mais je n’en avais pas vraiment.

Je levai les yeux vers lui, prise entre le feu et la glace, incapable de décider si je voulais le gifler ou sourire.

— Je suis désolée de te décevoir, je ne suis pas une bête de foire.

Son sourire, discret, s’élargit. Il croisa les bras, comme s’il s’amusait.

— Oh, mais je crois justement que tu l’es. Le genre qu’on n’approche pas sans se brûler les doigts.

Il tourna autour de moi, lentement, presque prédateur, et mon cœur battait si fort que j’en avais mal aux tempes. Mais avant qu’il ne puisse continuer son petit manège, une voix chaleureuse s’éleva.

— Joran ! Laisse donc ta fiancée respirer, bon sang.

Alors c'était comme ça qu’il se nommait réellement. Joran. Peu commun.

Un homme s’était approché. Grand, à la barbe poivre et sel, le regard rieur. Il me tendit la main avec une gentillesse franche.

— Je suis Raviar, son père. Et voici mon épouse, Elvane.

Une femme magnifique, douce, aux cheveux aussi argentés que la neige. Elle me prit dans ses bras sans prévenir, un geste sincère, presque maternel.

— Je suis contente de te voir Talia, tu ressembles énormément à ta mère.

La dernière à s’approcher était une petite fille d’environ dix ans. Sa sœur. Elle me regarda avec de grands yeux émerveillés.

— Tu es la plus jolie du bal. Joran est bête de ne pas te l’avoir dit.

Je ris, malgré moi. Leurs regards, leur accueil… c’était trop parfait. Trop inattendu. Et pourtant, au milieu d’eux, je ne me sentais pas à ma place. Je n’étais pas faite pour les sourires polis et les bals parfumés. J’étais faite de brisures, de flammes, de silences lourds.

Mais Joran, lui, ne lâchait pas mes yeux.

— Alors, vas-tu rester figée toute la soirée comme une statue en robe bleue, ou daigneras-tu m’accorder une danse ?

Son ton était moqueur, mais dans son regard… il y avait un défi.

Je soufflai, relevant le menton. En chuchotant afin que sa famille n'entende pas.

— Si tu me marches sur les pieds, je te brûle.

Il esquissa un sourire lent, carnassier.

— Voilà la vraie toi. Enfin.

Et lorsqu’il m’entraîna sur la piste de danse, sa main serrée contre la mienne, son autre dans mon dos, je compris une chose : ce n’était pas un bal. C’était un jeu dangereux. Un duel silencieux où celui qui céderait le premier n’était pas encore décidé.

La salle s'était figée, comme suspendue dans le temps, alors que la musique s’élevait dans un souffle orchestral presque trop parfait. Joran m’avait tendu la main sans un mot, et j’avais accepté, le cœur battant sous mes côtes comme un tambour affolé. Les regards se fixèrent sur nous avec une intensité qui me donna le vertige. La main de Joran glissa lentement dans mon dos, sans brusquerie, mais avec cette assurance qui n’appartenait qu’à lui. Nous étions au centre de la piste, et le monde autour semblait s’écarter.

Les premiers pas furent fluides. Ma robe bleue tournoyait autour de moi dans un halo de soie, en écho parfait à la veste bleu nuit de Joran. Nous étions accordés, comme deux ombres d’un même reflet. Mais très vite, les murmures commencèrent.

— Regardez-la… cette sauvage, cette chose venue du Nord.

— Elle va brûler le palais avant même leur nuit de noces.

— Pauvre Loup… il est tombé dans le piège d’une enfant instable.

— Elle ne connaît rien aux convenances. Aucune éducation.

Chaque mot me heurtait comme une gifle invisible. Ma nuque se raidit, mes doigts tremblèrent à peine contre ceux de Joran. Je perdis un demi-pas. La musique continua, mais je vacillai intérieurement. Ils parlaient trop fort. Trop près. Ils ne murmuraient pas pour eux-mêmes. Ils murmuraient pour que je les entende.

Joran s'approcha, effleurant presque ma joue de ses lèvres sans jamais me toucher. Son souffle me frôla l’oreille, chaud et calme, à l’opposé du chaos qui grondait en moi.

— Ignore-les.

Ma gorge se noua.

— Ils me haïssent., soufflai-je à peine, sans bouger les lèvres.

Il tourna avec moi dans un pas lent et contrôlé, gardant son visage tourné vers le mien.

— Qu’ils te haïssent. Cela les rendra attentifs.

Je relevai à peine le regard, cherchant un appui, une lumière. Il poursuivit, murmurant si bas que seule ma peau semblait comprendre :

— Danse avec moi, Talia. Ce soir, il n’y a que toi et moi. Et tu es magnifique. Plus que toutes celles qu’ils auraient préféré.

Mon cœur manqua un battement. Sa voix, grave et douce, m’ancra d’une étrange manière. Comme un rocher au milieu des vagues. Comme s’il refusait de me laisser couler.

Autour de nous, les murmures continuaient.

— Regarde ses mains. On dit qu’elles brûlent quand elle est en colère.

— Elle n’est pas née pour devenir Reine. Elle est née pour consumer.

Mais je n’entendais plus que lui.

Il rapprocha son visage, juste un peu. Sa main dans mon dos pressa doucement, invitant à un mouvement plus fluide, plus proche.

— Ils ne savent pas ce que j’ai vu en toi.

Je n’osais pas parler. J’étais partagée entre le vertige, la peur, et quelque chose de plus... instable. Une chaleur inconnue. Une envie de croire.

— Tu n’es pas seule., ajouta-t-il. Pas tant que je suis là.

Je fermai les yeux une seconde. Une seule. Et repris mes pas. Ma main dans la sienne était moins hésitante. Mon souffle plus calme. Il m’avait parlé, et le feu en moi s’était apaisé… sans pour autant s’éteindre.

Alors je me suis redressé. Je levai le menton. Et même si les chuchotements ne cessaient pas, ils me touchaient un peu moins. Parce qu’à cet instant, dans les bras du Loup, j’avais cessé de me sentir étrangère.

La musique s’était adoucie, un nouveau morceau débuta dans un murmure de harpe et de flûte, mais ni Joran ni moi ne bougeâmes. Lorsqu’il se détourna enfin de moi, je sentis un vertige me traverser. Une chaleur étrange persistait là où ses doigts avaient touché les miens. Je me forçai à respirer.

Après les danses et les toasts, la salle sembla s’alourdir d’une nouvelle ambiance : les murmures s’étaient calmés, les regards étaient moins pesants. À présent, on venait me féliciter. Je me retrouvai assise à une table aux côtés de la famille de Joran. Le roi Kael, sa femme Iselda et la jeune Aenna m’entouraient, leur présence paisible m’apaisait un peu.

— Les préparatifs avanceront vite désormais., me dit Raviar  en remplissant une coupe d’un vin clair. Il faudra décider si tu préfères une cérémonie intime ou une célébration plus large, même si... Il sourit. Le peuple semble déjà avoir fait son choix.

— Tu sais,  ajouta Elvanne avec douceur, je n’étais pas certaine de la tournure que prendrait ce mariage au début. Mais ce soir… tu as prouvé ta place ici, Talia. Tu es forte. Digne. Et tu rends mon fils plus calme, ce qui est un miracle en soi.

Elle éclata d’un rire franc. Aenna, assise à ma gauche, me donna la main en me regardant avec admiration.

— Je veux être comme toi quand je serai grande. Belle et courageuse.

Un sourire sincère m’échappa. Je me sentais... accueillie. Peut-être même aimée. C’était étrange et nouveau.

Mais cette fragile harmonie se brisa rapidement.

Deux hommes et une femme, parés d’or et de plumes, amis de la famille royale, vinrent s’imposer à notre table. Leur ton était faussement aimable, leur sourire déformé par l’orgueil.

— Alors c’est toi, Talia.

— La petite sauvage venue du Nord.

— Joran aurait pu choisir une mage de sang pur, mais il a toujours eu ce goût pour le danger, pas vrai ?

Leurs rires étaient légers, mais tranchants. Leur présence glaçait mon dos.

— Et comment vas-tu gérer, hm ? Être future reine, c’est plus que porter de jolies robes. Tu pourras tenir, petite ?

Je sentais mes épaules se crisper. Les mots ne sortaient plus. Mes doigts se refermèrent sur le tissu de ma robe. Je n’osais pas croiser les regards d’Iselda ou Kael. Mon souffle se bloquait.

C’est alors que je le sentis. Sa main frôlant mon épaule, sa voix basse qui coula comme du miel noir tout contre mon oreille :

— Viens. Laisse-les parler.

Je tournai à peine la tête. Joran se tenait là, aussi calme que la lune. Ses yeux marron brillaient d’un éclat dangereux. Il ne regardait pas les invités. Il me regardait moi. Et dans ses yeux, il n’y avait que moi.

Je hochai imperceptiblement la tête.

— Pardon, mère, père, Aenna., souffla-t-il. Je lui vole un instant.

Raviar fit un signe compréhensif. Elvanne me lança un regard encourageant.

Nous quittâmes la salle par une porte latérale. Le froid de la nuit me saisit, mais Joran retira sa cape et la posa sur mes épaules sans un mot.

— Où est-ce qu’on va ?, demandai-je, à mi-voix.

Il ne répondit pas. Il me guida à travers les sentiers silencieux du jardin royal. Les lanternes accrochées aux arbres diffusaient une lumière douce. La neige crissait sous nos pas.

Et puis, après avoir traversé un bosquet, il s’arrêta.

Devant nous s’ouvrait un lieu secret : une clairière enchantée, protégée par un cercle de pierres anciennes. Au centre, un arbre immense aux branches cristallisées laissait tomber de fines feuilles argentées qui flottaient dans les airs, comme figées entre deux souffles. Le sol semblait briller doucement, couvert de mousse givrée et de fleurs bleues lumineuses.

Je retins mon souffle.

— C’est...

— Le Cœur d’Hiver., murmura-t-il. Seuls ceux qui vont faire partie de la famille royale peuvent le voirs. Je ne l’avais encore jamais montré à personne.

— Pourquoi moi ?

Il s’approcha, s’arrêta juste devant moi. Sa main effleura la mienne. Il ne répondit pas.

Mais dans son silence, dans ses yeux d’ombre et de secrets, je sentis la réponse.

Parce qu’il me voyait.

Parce qu’il savait.

Et parce qu’il m’avait choisie.

Le silence régnait dans le jardin enchanté. Les fleurs nocturnes brillaient comme des lanternes lunaires, l’eau du petit étang reflétait les constellations, et malgré la beauté irréelle de l’endroit, une gêne pesait entre nous. Une tension palpable, trop lourde pour être ignorée. Il marchait à côté de moi, les mains croisées dans le dos, son profil éclairé par la lueur pâle de la lune. Je jetais un coup d’œil discret vers lui, tentant de percer le mystère de ses traits calmes mais tendus. Quelque chose en lui vibrait, une énergie contenue, presque douloureuse.

— Tu es toujours aussi silencieux quand tu n’es pas sur une piste de danse ?, murmurai-je pour alléger l’atmosphère.

Il esquissa un sourire, sans me regarder.

— Parfois, le silence en dit plus long que des mots.

Je déglutis. Il y avait quelque chose dans sa voix… une douceur rare, un souffle de vérité. Je sentais mon cœur accélérer, comme à chaque fois qu’il posait les yeux sur moi.

— Je trouve ça étrange…, soufflai-je, incertaine. Mais j’ai cette sensation… que je t’ai déjà vu. Connu. Quelque part.

Il s’arrêta net. Je sentis son regard se poser sur moi, lourd, brûlant. Son visage, d’habitude si maîtrisé, se crispa imperceptiblement. Il détourna les yeux, ses mâchoires se serrèrent.

— Tu devrais éviter ce genre de pensées, lâcha-t-il, froidement.

Je clignai des yeux, surprise de se changement si soudain.

— Pourquoi ? C’est juste un ressenti, une impression.

— Non, trancha-t-il sèchement. Ce n’est pas le moment. Tu es sur le point de devenir reine. Tu n’as pas le luxe de te perdre dans des illusions.

Ses mots me coupèrent le souffle. Qu’est-ce qui lui arrive a celui-là ? 

—  Illusions ?!, répétais-je, blessée. Tu crois que je suis folle ? Je suis assez lucide pour savoir où je suis, et ce que j’éprouve.

— Alors montre-le., gronda-t-il, s’approchant d’un pas. Sois forte. Tu veux jouer à la reine ? Tu veux te dresser contre les murmures, les rumeurs, les regards ? Alors agis en reine !

Mon estomac se tordit. Je reculai d’un pas, mais il ne me laissait aucun espace.

— Tu crois que je ne suis pas consciente de ce qui m’attend ?, lançai-je, la voix tremblante. Tu crois que c’est facile pour moi ? Être ici, parmi les tiens, sentir que je ne suis pas à ma place ? Tu crois que ça me fait plaisir d’être jetée dans cette vie sans avoir choisi ?"

Ses yeux, sombres et brillants sous la lune, se plissèrent.

— Tu crois que moi j’ai choisi ?!

Il y eut un silence. Glaçant.

— Alors pourquoi tu me reproches ce que toi-même tu subis ?, soufflai-je, la gorge nouée.

Il détourna le regard. Son souffle était court. Son poing serré. Il semblait lutter contre quelque chose. Quelque chose de grand, de violent, de secret.

— Parce que je ne peux pas me permettre d’être faible, Talia, dit-il enfin. Et toi non plus.

J'avais le cœur en vrac. Une partie de moi voulait hurler, le frapper, lui dire qu’il n’avait aucun droit. L’autre… l’autre voulait juste comprendre.

Je fis demi-tour, les larmes menaçant de monter.

— Alors trouve-toi une reine faite de pierre, Joran. Parce que moi, je ressens. Je doute. Et je refuse de devenir ta machine à plaire.

Je m’éloignai, la gorge serrée, les bras croisés contre moi comme une barrière fragile. Et dans mon dos, je sentis son regard. Brûlant. En colère. Et peut-être… désolé.

Sur le chemin du retour. Mes pieds de faisaient mal alors que l’es quitter, préférant marché sur le béton. Les coups de minuit avaient  sonné, ce qui me surprend puisque je n’avais même pas vu le temps passé. C'était bien une première. 

Mais la fatigue me prit. Alors une fois à la maison, je me mets une robe de chambre et m’endormis sans me faire prier.

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C'est la fin !!!! J'espère que cette rencontre entre les deux protagonistes vous ont plus et que vous attendez la suite avec impatience !! Sachez que la suite va vous plaire, j'en suis sûr.

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À très bientôt !! 

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