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shoups69
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Chapitre 7

Point  de vue inconnu,

Septembre 2014

l'amour semblait mystérieux. La première impression, c’était comme un miroir reflétant partiellement notre être, à un moment où l’on n’était pas encore influencé par ce que l’on savait ou pensait savoir de l'autre. Une époque où l’on ne se modulait pas pour mieux paraître. Pourtant, ce jour-là, c'était l'inverse. Ta rencontre avec lui remontait à un matin de novembre. Tu l'avais aperçu pour la première fois adossé au comptoir du Liberty's, un des bars de la rue d'Alma. Un pub irlandais typique avec une atmosphère accueillante, reconnu pour son bon service hôtelier et sa sélection de boissons.

Il portait un blouson noir de cuir et un t-shirt assorti qui dévoilait une musculature bien sculptée ainsi qu’un de ses nombreux tatouages. Son jean décontracté et troué aux genoux, était indéniablement mis en valeur par ses bottines de cuir noir. Cet ensemble lui seyait à merveille. Son étui à guitare sur le dos, tu l'avais observé interagir avec la barmaid, Aéliana. Elle lui avait proposé un verre qu’il avait refusé de manière énigmatique, car il devait partir mais revenait plus tard. Il faisait tout pour attirer l'attention, y compris hausser la voix. Comme je le disais, un mec détestable. D’un clin d’œil, il t'avait bousculée en sortant du bar, suscitant les rires moqueurs des clients à ton égard. Cette fois, ils avaient raison. Tu t'étais figée devant l'entrée sans t'en rendre compte alors que je t'observais, confortablement assis sur une des banquettes rouges, sirotant une grenadine un peu trop glacée. Jamais d’alcool, c’est mauvais pour la santé.

— Excuse-moi ! avait-il répondu avant de s'éclipser.

Ces simples mots avaient suffi à t’atteindre en plein cœur. Son timbre de voix suave et profond, légèrement éraillé, s’était collé à tes pensées. Tu t’étais excusée timidement tandis qu'il continuait son chemin, inconscient de l'impact qu'il avait eu sur toi. Il avait attisé ta curiosité et je n'étais pas surpris par l’effet magnétique qu’il t’avait procuré. Les femmes ne semblaient pas être immunisées contre ce type d’hommes. Il me semblait qu’au plus ils paraissaient peu fréquentables, au plus vous tombiez pour eux.

Intriguée, tu ressentais une impulsion irrésistible qui te poussait à le suivre. Aéliana t'avais jeté un regard interdit quand, en un simple geste de la main, tu refusais le latté du matin qu'elle t'avait préparé. La décision était prise, la tension dans ta poitrine était trop forte pour être ignorée. Résolue à comprendre ce qui se passait dans ton esprit tumultueux, j'avais emboîté vos pas après avoir réglé mon latté supplémentaire, le liquide chaud contre ma langue contrastant avec le mystère qui se déroulait devant moi. Notre différence magistrale résidait dans ma discrétion légendaire - à l'opposé de toi, je passais comme une ombre, inaperçu parmi la foule matinale. Jamais remarqué.

De manière presque réflexe, tes pieds s’étaient mis à courir, ta silhouette à la fois fluide et déterminée naviguait à travers la foule. L'air glacé de ce matin d'automne frappait ton visage, mordant tes joues et ton nez engourdi par le froid. Malgré cela, une flamme d'excitation ardait dans ton cœur, anesthésiant tout autre ressenti. Le son rythmique de tes baskets frappant le pavé résonnait dans les ruelles, écrivant une nouvelle symphonie urbaine en ton honneur. Les klaxons stridents des voitures retentissaient lorsque tu t’aventurais imprudemment sur un carrefour, forçant les conducteurs à freiner brusquement - une symphonie de protestations abruptes.

Il s'était arrêté abruptement à ton approche, son profil marqué se détachant distinctement sur la toile de l'aube. Ton manque habituel de coordination avait pris le dessus - tu avais trébuché mais t'étais rattrapée par réflexe, désorientée. Tu n’avais pas eu besoin de courir. Si tu avais eu cette habitude, tu aurais compris qu’en marchant vite mais en gardant quelques passants entre vous, cela serait passé simplement. Mais non, l'urgence qui palpitait dans ton cœur avait dicté ton pas. Il fallait simplement marcher rapidement tout en gardant quelques passants entre vous. Une tension délibérée que seul un observateur attentif aurait pu percevoir.

— Quelque chose ne va pas ? t'avait-il demandé froidement.

Sous l'effet de la surprise, tu cherchais tes mots, paniquée et chagrinée par ton serre-tête Minnie endommagé. Il avait insisté, sec :

— Tu es muette ou quoi ?

J'avais ri en observant la scène à distance. Muette. Sans le savoir, il venais de te donner une parade que tu avais saisie au vol. Tu avais sorti ton téléphone et tapé ce message, en hâte : « Oui. Excuse-moi, j’ai un rendez-vous urgent. Je ne te suivais pas. » Bien sûr, il n'avait retenu que la dernière partie de ton message. Il t'avait contournée avec un sourire contraint tout en gardant ses distances. Consciente de ton ridicule, tu étais retournée au Liberty's pour récupérer ton sac oublié et commander un latté bien mérité.

Alors que tu anticipais une soirée tranquillement vide, — tu avais programmé une révision de tous tes cours du premier trimestre, tu t'étais retrouvée pour la troisième fois de la journée au Liberty's. Aéliana, ton unique amie depuis le début des cours, avait réussi à te convaincre de la rejoindre. Tu étais passée devant moi et l'avais rejointe au comptoir. Elle te tannait depuis quelques semaines, voulant absolument te faire découvrir un nouvel artiste en devenir. Elle n’était pas de service ce soir.

— Tu verras, il est exceptionnel, t'avait-elle promis en te donnant un latté. Il a ce côté torturé qui le rend tellement sexy...

Sa phrase était restée en suspens sous son clin d’œil exagéré qui t'avait tiré un sourire. Soudainement, ton amie avait interpellé un jeune homme que tu reconnaissais tout de suite :

— Matthew !

Il s'était tourné vers toi, vos regards s'étaient croisés. Tu n'avais pas prêté attention aux présentations, ni à Aéliana qui s'éloignait. Il t'avait prise à part et murmuré à l’oreille sur un ton assuré :

— La prochaine fois, prends une photo chérie, ça durera plus longtemps.

Tu t’étais éveillée de ta torpeur mais il était déjà trop tard. Tu n'avais jamais affiché un tel embarras. Tes joues étaient rouge grenat mais tu ne pouvais te résoudre à le quitter des yeux. Aéliana était revenue avec des verres que toi-même n'avait pas commandé. De nouveau, Matthew l'avait remerciée avec un clin d’œil, une marque de complicité qui avait l'air de le caractériser, mais il t'évitait. Une tension ingérable avait émergé et tu avais eu le sentiment que la crise de panique était au bout du chemin. Tu te retenais mais Aéliana ne percevait rien, contrairement à nous. Lui, mais il s'en fichait. Moi, car je savais à quel point tu étais plus forte que ce que tu croyais être. De plus, l'ambiance du bar ne convenait pas à une discussion sérieuse.

Alors que vous preniez place devant la scène, Matthew avait fait son apparition. Tu avais relevé la tête, tu ne l'avais pas vu partir. Ce soir-là, il jouait au Liberty's ses plus beaux morceaux, en acoustique. Subitement, tu avais compris — contrairement à moi, ce dont ton amie parlait. Sa performance scénique t'avait éblouie.

« Be my mistake And turn out the light She bought me those jeans The ones you like I don’t want to hug I just want to sleep The smell of your hair Reminds me of her feet So, don’t wait outside my hotel room Just wait till I give you a sign ’Cause I get lonesome sometimes Save all the jokes you’re going to make Whilst I see how much drink I can take Then be my mistake I shouldn’t have called ’Cause we shouldn’t speak You do make me hard But she makes me weak »

Il y avait une sorte de halo magique qui vibrait autour de lui, c’était impressionnant. Encore plus étonnant, il ne semblait même pas conscient de cela. Son regard était lointain, comme prisonnier de sa musique. À ce moment, je devais admettre qu’il était doué. Ses paroles étaient si puissantes que tout spectateur présent les ressentait en profondeur.

C’était tellement mystérieux l’Amour. Au cours de cette soirée, en t’observant, j’avais réalisé que tu succombais pour lui de la même façon que moi j’étais tombé pour toi. Une fois chez toi, tu repensais à vos échanges brefs mais intenses. À son sourire lorsqu'il t'avait offert en exclusivité ses deux albums : le premier sorti il y a quelques mois tandis que le second était une réédition qui avait dix nouvelles chansons de plus et que tu considérais comme des cadeaux précieux. Et aussi à cette fois où il avait sonné une cloche invisible lorsqu'il t'avait surpris une fois de plus à l’observer. « Fais un vœu, ma petite Groupie. » Tu te questionnais sur cette tension palpable qui vous liait quand il effleurait volontairement ta main en te quittant. Des dizaines de questions se bousculaient dans ton cerveau. Tu sentais cette attirance mutuelle, ce lien. Pourtant, tu te retenais, consciente de son caractère énigmatique.

« Dont' you see me ? I I think i’m falling, I’m falling for you And don’t you need me ? I... I think I’m falling, I’m falling for you On this night, and this light »

Ce soir-là, pour t'endormir, tu avais lancé une playlist aléatoirement composée de ses morceaux en boucle. Comme à ton habitude, tu mettais le son au maximum, mais il était atténué par des écouteurs et un oreiller. Ce n’était sans compter tes notifications de téléphone qui s’étaient déclenchées tardivement parmi lesquelles un message mystérieux. Les mots paraissaient clairs et étaient parfaitement contrôlés. Ils étaient choisis avec soin. Tu en devinais rapidement l’expéditeur et tu imaginais la facilité avec laquelle Aéliana lui avait cédé ton numéro. Matthew.

« I’ve just got one more thing to say I’m sure that you’re not just another girl. »

Prise d’une autre impulsion, tu avais décidé toi aussi de lui répondre au travers de l’une de ses musiques. Autant rester dans le thème.

« Remember my pain. »

Et sur ce dernier échange, ta journée s’était achevée tandis que tes yeux se fermaient. Emportée par tes rêves, tu l’imaginais torse nu devant une cheminée qu’il venait d’allumer grâce à ce vieux sapin. Il est vrai que la photo qu’il venait de t’envoyer t’aidait grandement. Tu remercierais ton amie le lendemain, toi qui avais prévu de lui faire une scène. Mais je te conseillais tout de même de rester prudente. Les hommes comme lui avaient bien plus à cacher que tout ce qu’ils pourraient t’apporter. Si tu recherchais une vérité absolue, jamais tu ne la trouverais. Cherche la vérité qui s’applique à toi.

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