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NeriaRosen
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Chapitre 2: La douleur du passée

Musique d'ambiance: Control de Zoe Wees

Ses bras se referment autour de moi, et l'espace d'un instant, je me fige. L'odeur familière de son parfum me frappe de plein fouet. Ce mélange subtil de cendre et de cuir... il n'a pas changé. Mais moi si. Ce parfum qui m'apaisait autrefois me serre maintenant la gorge.

- Ça fait longtemps, Astéria.

Sa voix est basse, presque cassée. Mon cœur bat trop fort. Je ferme les yeux et hoche la tête contre son torse. Je ne peux pas parler. J'ai peur que ma voix trahisse cette faille que je tente de cacher sous un masque. Il ne dit rien de plus. Il reste là, à me tenir comme si ce simple geste pouvait ramasser les éclats de verre enfoncés dans ma poitrine. Comme s'il pouvait effacer les cris, le sang, le bruit du métal broyé contre ma poitrine.

Je finis par me dégager, lentement. Il me laisse faire sans résister. Ses yeux, toujours aussi sombres, plongent dans les miens. Un brun profond, presque trop intense. Il m'a toujours regardée comme ça. Comme si j'étais un secret qu'il refusait de dévoiler au monde

Comment tu te sens ?

Je force un sourire. Il est faux. Il doit le voir. Mais il ne dit rien.

Comme quelqu'un qui a perdu sa moitié.

Comme quelqu'un qui a oublié ce que c'est... de respirer normalement.

Il hoche la tête, silencieux. Peut-être qu'il comprend vraiment. Peut-être qu'il fait juste semblant. Avec Kaiser, j'ai toujours eu du mal à savoir où commence la vérité et où elle se termine.

Tu n'as pas à te précipiter, Astéria. Personne ne va te forcer à revenir. Prends tout le temps qu'il te faut.

Je détourne les yeux. Personne, peut-être. Mais moi, je me force déjà. À me lever. À faire semblant. À supporter le poids de ce vide qui me ronge. J'inspire, mais l'air me brûle les poumons.

Kaiser... Je sais que t'es pas là par hasard. C'est eux qui t'ont envoyé, pas vrai ?

Il passe une main dans ses cheveux. Ce geste nerveux, je le connais. Il ne nie pas. Il n'en a pas besoin. Je sais que mes parents lui ont forcé la main. Ils ne supportent pas de me voir... comme ça. Brisée. Incontrôlable. Mais ce n'est pas son silence qui me dérange. C'est ce que j'y lis. De la pitié. La porte s'ouvre de nouveau. Et cette fois, c'est une tornade blonde qui entre.

C'est plutôt elle qui m'a dit de venir.

Luz. Cette fille est un ouragan en talons. Son rouge à lèvres toujours trop parfait. Ses regards toujours trop perçants. Elle s'approche avec un sourire bien trop large pour être innocent.

T'étais pas censé venir la voir que demain ? Tu vas encore me la kidnapper !

Kaiser roule des yeux. Ces deux-là... c'est un champ de bataille depuis toujours. Un équilibre étrange entre amour fraternel et guerre ouverte. Je me contente de soupirer.

Vous êtes des enfants.

Ils rient. Un son trop léger dans cette maison trop silencieuse. Mon monde s'est effondré, et eux continuent à vivre. Peut-être que je leur en veux pour ça. Je les regarde, et je comprends. Ils ne sont pas là pour me distraire. Ils sont là pour me tirer hors du gouffre. Même si je refuse. Même si je m'y accroche.

Astéria, ma chérie... Tu veux pas venir voir le nouveau bijou de Kaiser ? demande Luz, un éclat presque sadique dans les yeux.

Non.

Astéria, je sais que c'est dur. Ton accident. Lucas... Mais vivre dans la peur, c'est pas vivre. Tu le sais.

Je serre les dents. Je déteste qu'elle parle de lui. De mon frère. De celui qui est mort alors que j'étais dans le coma. Elle veut m'aider, je le sais. Mais elle me ramène à ce que j'essaie d'oublier. Kaiser lui ne dit rien. Il m'observe. Toujours. Comme s'il attendait que je craque. Il est patient. Trop. Et je ne sais pas si ça me rassure... ou si ça me fait peur. Parce qu'à chaque fois qu'il me regarde, je sens qu'il y a plus. Quelque chose de sombre. Quelque chose de brisé chez lui aussi. Et peut-être que c'est pour ça qu'on se comprend autant. Parce qu'on est deux âmes éclatées, attirées l'une par l'autre comme deux aimants...

... au bord du précipice.

Kaiser ne dit rien. Il me fixe toujours avec ce calme qui m'agace, parce que je sais que ce n'est qu'un masque. Il n'est pas plus serein que moi. Il est juste doué pour dissimuler les failles. Pas comme moi.

Je me détourne pour m'asseoir sur le bord du canapé, le regard vide. La gorge nouée. Luz continue de parler avec l'assurance de celle qui n'a pas vécu l'impact. Elle parle d'Imola, de la nouvelle voiture de Kaiser, du championnat, de la "vie qui continue". Mais tout ça me semble si lointain, presque irréel.

Je ferme les yeux.  Et je revois le visage de Lucas. Son sourire puis le bruit sourd. Le choc. Le feu.

Mes mains se mettent à trembler.

- Tu devrais manger quelque chose, souffle Kaiser.

Je rouvre les yeux. Il est là à côté de moi maintenant, accroupi, ses mains posées sur mes genoux. Son visage est si proche que je pourrais compter chaque cil. Mais je n'y arrive pas. Trop de souvenirs. Trop de tension.

Je peux pas,  murmurais-je 

Il se redresse légèrement, toujours à mon niveau. Son regard se fait plus dur, plus sombre.

Tu crois que je suis venu pour te convaincre de remonter en voiture ? Tu crois que je veux que tu sois celle que t'étais avant ?

Je serre les dents, incapable de répondre.

Non, Asteria. Je suis venu parce que je refuse de te regarder crever dans ce salon, à petits feux.

Luz lève les yeux au ciel.

Très classe comme approche, Kaiser.

Mais lui ne se démonte pas. Il me fixe encore.

Tu veux que je sois doux ? Gentil ? Tu veux que je mente et que je dise que tout ira bien ? Ce serait plus simple, peut-être. Mais ce serait faux. Rien ne sera jamais comme avant.

Je le regarde, et je sais qu'il dit vrai. Je sais que je le hais pour ça. Et pourtant... une part de moi le remercie de ne pas faire semblant.

Un silence pesant s'installe.

Puis, il s'approche un peu plus. Son visage est à quelques centimètres du mien.

Mais je serai là, si tu tombes.

Mes yeux le fuient, mais je sens une brûlure dans mon ventre. Ce feu que j'ai essayé d'éteindre depuis trop longtemps. Ce besoin de m'appuyer sur lui. De m'abandonner. Même si je ne devrais pas.

Tu dis ça comme si t'étais solide, Kaiser, je murmure encore.

Il sourit. Mais c'est un sourire triste.

Je le suis pas. Mais je tiendrai assez longtemps pour t'empêcher de couler.

Et dans ce regard sombre, dans cette promesse silencieuse, je comprends qu'il est aussi brisé que moi.

Peut-être que c'est pour ça que je ne le repousse pas.

Peut-être que c'est pour ça que, malgré la peur, je commence à envisager l'idée de retourner sur un circuit.

Luz continue de parler, d'exposer ses arguments comme si elle présentait un dossier devant un tribunal.

Ce n'est qu'une course. Tu regardes, tu t'assois, tu touches pas à un volant. Juste... tu regardes, Asteria. C'est tout.

Je détourne les yeux, fuyant son regard comme on fuit un verdict. Je sens mon cœur battre trop vite, ma gorge se serrer. Rien que l'idée du rugissement des moteurs me fait trembler. Je me revois, coincée dans la carcasse métallique, le sang coulant sur mon front, les cris étouffés par la douleur. Je me revois dans l'obscurité du coma... puis le vide.

Tu crois que j'ai pas essayé ? Que j'ai pas voulu ? Je suis montée dans la voiture de mon père avant de venir. Puis j'ai essayé de nouveau, j'ai mis les mains sur le volant. Je n'ai pas tenu plus de dix secondes.

Ma voix se brise. Kaiser s'approche, sans rien dire, et pose une main sur mon épaule. Elle est chaude. Stable. Mais elle m'électrise. Sa présence me déstabilise autant qu'elle me réconforte.

Je sais ce que ça coûte, murmure-t-il. De se relever. De revenir là où tout s'est effondré. Mais tu peux le faire. Pas pour eux. Pas pour nous. Pour toi.

Ses mots me touchent plus qu'ils ne le devraient. Parce qu'il parle doucement. Comme s'il connaissait ce gouffre, lui aussi. Et peut-être qu'il le connaît vraiment. Peut-être que c'est pour ça que son regard est toujours un peu trop sombre.

Luz croise les bras, exaspérée.

Ok. Je vais être directe. Tu veux rester enfermée ici à regarder les autres avancer, pendant que toi tu te tues à petits feux ? Tu veux laisser cette peur t'enterrer vivante ? Lucas ne voudrait pas ça, et tu le sais.

Je serre les dents.

Ne parle pas de lui.

— Alors bouge. Viens à Imola. Regarde. Reste dans les stands, si tu veux. Mais viens.

Un long silence s'installe. Mon cœur hurle. Je ne sais plus si c'est de la colère, de la peur, ou un instinct de survie mal foutu. Je croise le regard de Kaiser. Il ne dit plus rien. Il attend. Son silence est une promesse : il sera là. Même si je fuis. Même si je tombe. Alors je me lève. Mes jambes sont fléchies, tremblantes. Mais je me tiens debout.

Très bien. J'irai. À Imola.

Luz arque un sourcil, surprise, presque fière.

Sérieusement ?

Je hoche la tête, les poings serrés.

Mais si je sens que je vais craquer, je me barre. C'est clair ?

Kaiser esquisse un léger sourire. Il n'est pas moqueur. Il est... admiratif. Comme s'il voyait en moi quelque chose que j'ai oublié depuis longtemps.

C'est clair, dit-il.

Et à cet instant, je ne sais pas ce que je redoute le plus: retourner sur un circuit...Ou tout ce que je ressens quand il me regarde comme ça.

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Coucou, j'espère que se chapitre 2 vous plaît !

Il a mis du temps à arrivé et je m'en excuse mais les prochains arrivent très vite !

À bientôt !

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