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NeriaRosen
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Chapitre 4: Lucas

Monaco, 26 mai, 13h30

Musique d'ambiance: Everybody Knows de Sigrid

Dimanche 26 Mai... Cette date qui me hante depuis mon réveil. La ville est en effervescence. Les paddocks, les fan zones se remplissent. Des caméras, des flashs, des journalistes partout. Les réseaux sociaux explosent avec les hashtags #MonacoGP et #RememberLucas.

Et moi, je suis figée. Comme prise au piège dans ce décor de deuil trop clinquant... car oui c'est ici que Lucas a perdu la vie...

Je marche en direction de la scène, là où les hommages devaient se passer. C'est là que je le recroise.

Carter.

Seul, pour une fois, dans un des coins du paddock, lunettes à la main, visiblement perdu. Il ne m'a pas vue. Ou peut-être que si. Je n'en suis pas sûre. Mais je m'approche. Pas pour lui parler. Juste pour l'observer. Pour comprendre. Et puis, il me regarde. Et cette fois, il ne sourit pas. Il a l'air... fatigué. Presque humain.

- T'as changé de parfum ? Demande-t-il doucement, sans arrogance.

Je fronce les sourcils.

- C'est Lucas qui portait ça, murmure-t-il.

Mon cœur se serre. Il se souvient... Ça me désarme plus que je ne l'aurais cru. Étaient-ils proches ? Amis ? J'en sais rien...

- Tu crois que ça te rend moins con, de te souvenir de lui ?

- Non. Mais ça me rend moins vide.

Il détourne le regard et, pour la première fois... je crois qu'il ne joue pas, il a l'air triste, seul, ou je ne sais pas à vrai dire. Il est étrange, tellement différent de notre première rencontre que je ne sais même pas quoi dire.

- Vous étiez proche ?

Carter ne me répond pas, il me regarde juste, finissant par soupirer. À croire que je le dérange. Voyant qu'il n'avait pas l'intention de me répondre, je finis par tourner les talons et partir. Sérieusement, quel con !

- Il était mon meilleur ami.

Je m'arrête net. Comment Lucas avait pu être ami avec lui. Je me tourne vers Carter, il avait l'air sincère... Mais alors que j'allais répondre, une tornade blonde s'approche de moi, le regard sombre.

- Astéria, il faut que je te parle de toutes urgences.

Je dis simplement au revoir à Carter et me fais emmener par Luz dans une salle, plein de feuilles sur une table, puis ma petite blonde dans tous ses états. Elle ferme la porte à clé, se mettant devant le bureau et ses feuilles.

- Je sais, tu ne m'as rien demandé, mais Astéria, tu n'as pas eu ton accident par accident. C'était fait exprès, on a voulu te tuer.

Je l'écoutais... mais je n'arrivais pas à croire un seul mot de ce qu'elle disait. Pourtant elle avait toutes les preuves devant elle... Ma voiture avant, un cliché du moment où je perds le contrôle... je regardais l'image... et je sentais mon cœur se serrer dans ma poitrine. Il y avait une voiture... la position de ses roues... c'était prémédité... et je reconnaissais cette couleur... ce bleu foncé...

- Astéria, ce n'est pas lui... Il était plus loin justement, il était derrière J...

- Ne prononce pas nom. On est sûr de rien... La FIA n'a rien déclaré... Comment as-tu découvert ça ?

- Je ne peux pas te le dire, mais Astéria... écoute-moi, ils ne l'ont simplement pas déclaré. Mais c'est bien vrai.

- Non Luz, tais-toi ! Oublie tout ça !

Je quitte la salle, je ne pouvais pas la croire... Je n'y arrivais pas. Si Luz avait raison... alors un meurtrier se balade sur la piste, dans les paddocks et ce même meurtrier était il y a longtemps mon ami. Je déambule dans le couloir, quand on m'arrête pour me demander de me rendre dehors, la cérémonie allait commencer...

Le ciel de Monaco s'est mis au diapason de nos cœurs... Un voile gris pâle recouvre les toits, et même la mer paraît plus calme, comme si elle retenait son souffle. Le circuit est silencieux. Pas de rugissements de moteurs. Pas de cris dans les gradins. Juste un murmure dans l'air, comme un soupir retenu. Un large espace a été aménagé près de la ligne de départ. Des fleurs blanches encadrent une grande photo de Lucas. Il sourit dessus, casque à la main, ses yeux pétillants comme s'il s'apprêtait à monter dans sa voiture. Ce sourire, je l'ai vu mille fois. Et aujourd'hui, il me transperce...

Je suis debout, face à lui. Une robe noire sobre épouse ma silhouette, mes cheveux sont tirés en un chignon bas. Mon cœur bat dans mes tempes. J'entends à peine ce que dit le prêtre, perdu dans le flot des souvenirs. Sa voix grave s'élève, parle d'héritage, de passion, de destin brisé trop tôt. Des mots qui ne consolent pas. Qui ne font que gratter la plaie.

Autour de moi, les pilotes sont là. En combinaison ou en costume sombre. Certains portent un brassard noir, d'autres baissent la tête. Les caméras sont discrètes, mais elles sont là. Le monde regarde. Comme il l'a toujours fait.

Kaiser et Carter sont debout à quelques pas de moi. Leurs regards ne me quittent pas. Ils ne cherchent pas à me parler. Ils sont juste là... Quand vient mon tour de prendre la parole, mes jambes tremblent. J'avance vers le micro. Chaque pas pèse une tonne. Je n'ai rien écrit. Pas un discours. Juste un vide que j'essaie de remplir.

- Lucas était mon frère. Mon meilleur ami. Mon exemple. Il n'était pas seulement un pilote. Il était une âme libre, un feu vivant. Il vivait à cent à l'heure, mais il n'a jamais oublié de m'attendre. Et aujourd'hui, c'est à nous de continuer... sans lui.

Ma voix se brise. Je m'éclaircis la gorge.

- Il m'a appris une chose : ne jamais avoir peur de la vitesse, mais toujours respecter la ligne d'arrivée. Lucas... je te promets de ne pas t'oublier... Et de ne pas te laisser être oublié.

Je m'écarte du micro. L'air me semble trop léger. Comme si j'étais suspendue dans un rêve dont je ne veux pas.

Les applaudissements sont doux. Discrets. Authentiques. Puis, dans un silence lourd, les moteurs des monoplaces vrombissent une dernière fois en hommage. Une haie d'honneur est formée par les pilotes. L'émotion est partout. Dans chaque regard. Chaque souffle.

Une rose blanche dans la main, je m'approche de la photo de Lucas. Je la pose au sol, juste là, à ses pieds figés dans le cadre.

- Ciao, fratello.

Et le monde, un instant, s'arrête de tourner... Je m'écarte, je devais partir... mais en me retournant c'est face à lui que je me retrouve... John Perry, le coéquipier de Kaiser, et d'après Luz... le fautif de mon accident. Il me regarde, un  regard coupable... Luz avait raison ? Alors qu'il allait me parler... Un début du mot désolé quittait ses lèvres.

- Non ! Tais-toi, ne le dis pas ! Tu n'as pas le droit de me le dire. Pas quand tu es le fautif !

John soupira, était-il en train d'avouer ?

- Astéria, je...

Je commençais à perdre le contrôle, entre l'hommage, John... c'était trop.

Je commence à respirer trop vite, crier sur John, les caméras se tournaient vers nous quand Carter se met devant moi et me prend dans ses bras en me chuchotant.

- Astéria, contrôle-toi. Tout le monde vous regarde. Fait semblant, comme si j'étais un ami, qui te console. Tu peux faire ça ?

J'acquiesce doucement, je devais me calmer, ne pas faire de scène... surtout pas devant tout le monde. Après quelques minutes, Carter s'éloigne de moi, j'étais plus calme...

- Je te laisse, la course va commencer.

Sans que j'aie le temps de le remercier, il partit. Finalement je commence à comprendre ce que Lucas a vu en lui, peut-être que j'avais tort de le détester autant et qu'il porte juste un masque de mec arrogant.

Je rejoins les loges, et je m'assois, la course allait commencer.

Circuit urbain de Monte-Carlo, 78 tours prévus

Conditions: ciel nuageux, piste sèche

Vue aérienne sur les monoplaces alignées, moteurs rugissants. L'ambiance est électrique. La foule est suspendue au départ.

Commentateur, Jules Moret:

- Bienvenue à Monaco ! Kaiser part en pole, Carter juste derrière en P2. Les deux rivaux, on sent déjà l'orage gronder sous les casques.

Commentateur, Nico Villiers:

- C'est plus qu'une course. C'est une bataille d'egos. Une guerre froide qui va s'embraser au moindre faux pas.

Les caméras balayent les rues étroites de la principauté. La tension est palpable sur la grille. Kaiser en pole. Carter juste derrière.

Jules Moret

- Mettez vos casques ! Bouclez vos ceintures ! Montez le son, et rendez-vous au premier virage !

Les moteurs hurlent sur la ligne de départ, la tension est électrique. Les monoplaces sont alignées comme des fauves en cage. Les feux rouges s'allument, un à un. Le monde entier retient son souffle. Extinction des feux. Départ.

Kaiser réagit comme un félin. Sa voiture bondit littéralement. Carter, dans son sillage, patine à peine mais garde une trajectoire ultra agressive. Ils foncent vers Sainte-Dévote, roues presque alignées.

Carter plonge. Il feinte à l'intérieur, force Kaiser à élargir, mais le pilote en pole referme la porte sèchement, sans trembler.

Jules:

- Kaiser décolle parfaitement ! Mais Carter le suit comme son ombre, il tente déjà de l'intimider !

Dans la montée vers Beau Rivage, la pression est immédiate. Carter tente de se montrer, roue contre roue, mais Kaiser reste impassible.

Nico:

- Il ne se laissera pas avoir. Il connaît ces pièges par cœur. Mais ça promet une guerre psychologique...

Tour 3 à 5, Pression Constante

Chaque virage est un duel. Mirabeau, Loews, le Portier, le tunnel... Carter cherche la moindre ouverture. Il pousse, colle, tente d'intimider.

Sa monoplace danse presque derrière celle de Kaiser. Le nez à quelques centimètres de son diffuseur.

Jules:

- Carter est une furie ! Il veut le faire craquer !

Nico :

- Kaiser encaisse. Mais pour combien de temps ? À ce rythme, ça ne tiendra pas...

Les caméras captent les visages tendus dans les paddocks. Les ingénieurs serrent les dents. Les visières reflètent le soleil, les mains crispées sur les volants.

À chaque sortie du tunnel, Carter met une pression démente. Il zigzague dans les rétros. Mais Kaiser, stoïque, ferme chaque porte.

Tour 6, Premier choc visuel

Chicane du port: Carter plonge à la limite du raisonnable. Une manœuvre désespérée.

Il freine tard... trop tard. La voiture glisse légèrement. Les pneus hurlent. Il évite Kaiser à quelques millimètres.

Jules (haletant):

- OH ! Quelle attaque ! Il a failli l'embrocher !

Nico (impressionné) :

- Et pourtant, Kaiser n'a pas bougé. Il a tenu sa ligne. Du grand art.

Kaiser garde son calme, mais son regard derrière la visière se durcit. La tension monte dans sa nuque. Il sait que Carter ne lâchera pas.

Tour 7 à 8: Stratégie à haute vitesse

Carter ralentit un peu. Il le laisse respirer. Juste pour mieux le piéger. À Loews, Kaiser verrouille trop tard, bloque ses pneus. Sa voiture rebondit légèrement sur le vibreur.

Nico :

- Il craque. Petit à petit. Carter est en train de le pousser dans ses retranchements.

Jules :

- C'est un jeu d'échecs... à 300 kilomètres à l'heure.

Les deux pilotes échangent une série de tours tendus comme des câbles. Chaque freinage est un coup de bluff. Chaque relance est une provocation. Les spectateurs sont debout dans les tribunes.

Sortie du tunnel. Carter colle. Il se décale. Aspiration parfaite. Kaiser jette un œil dans ses rétros. Il tente de refermer... trop tard.

Jules (criant) :

- IL Y VA !!!

Carter est déjà engagé. Les deux voitures se touchent brutalement. Une brève étincelle jaillit. Le pneu avant de Carter monte sur le flanc gauche de Kaiser.

Les deux bolides glissent. Déséquilibrées. Hors de contrôle.

CRASH.

Le bruit du carbone qui éclate. Les morceaux de carrosserie s'envolent dans la chicane. La poussière, les cris. Et les deux voitures qui s'écrasent contre le mur.

Nico (abasourdi) :

- C'est fini ! Drapeau jaune immédiat ! Les deux leaders OUT !

Jules :

- C'est la fin d'un duel épique... et le début d'une guerre.

Un silence assourdissant. Puis les deux cockpits s'ouvrent. Kaiser sort en premier. Casque levé. Il regarde sa monoplace détruite, puis Carter.

Carter arrache son casque, le jette contre les barrières. Il le fusille du regard.

Pas un mot. Juste leurs respirations hachées. Leurs poings serrés.

Julien (bas) :

- Il n'y a plus de respect. Il n'y a plus de limite. Ce n'est plus une rivalité... c'est une déclaration de guerre.

Carter

Paddock technique, à l'écart, quelques minutes après le crash

Je suffoque. J'ai arraché ma combinaison à moitié, incapable de rester enfermé dedans une seconde de plus. Je crève de chaud, j'ai encore l'impression d'être dans le cockpit, les mains sur le volant, le mur qui fonce sur moi.

Je tourne en rond. Comme un putain de lion en cage. Je revois le moment encore et encore. Le tunnel. L'aspiration. L'espace qui se referme. Le choc. Mes poings se crispent. Je serre la mâchoire. Et quand je l'entends derrière moi, c'est plus fort que moi.

- T'avais pas à fermer, bordel ! T'étais déjà mort dans l'aspiration !

Je me retourne. Kaiser est là. Droit comme un piquet. Glacial. Mais je vois ses poings serrés. Il n'est pas aussi calme qu'il veut le faire croire.

- Tu l'as cherché, Carter. Depuis le départ, t'étais pas là pour courir, t'étais là pour m'éliminer.

Je m'avance, prêt à en découdre.

- T'as un putain de culot, toi.

On est face à face. Prêts à exploser. Je le pousse au torse. Il ne bronche pas. Il me repousse à son tour. Mon épaule cogne contre une caisse à outils. Je reviens aussitôt.

- T'as cru quoi ? Que j'allais freiner ? Que j'allais te laisser passer ?

Il m'attrape par le col.

- Tu conduis comme un mec qui n'a plus rien à perdre. Et tu crois que ça te rend dangereux. Mais t'es juste pathétique.

Je le plaque contre le mur.

- Redis ça.

- T'es pathétique.

Et je frappe. Vraiment, cette fois. Coup à l'épaule, puis un crochet qui effleure sa mâchoire. Il vacille. Il riposte. On roule presque au sol. Deux gamins à bout de nerfs.

Puis il crache...

- C'est ça que t'as fait avec Lucas ? Tu l'as embarqué dans ta chute aussi, c'est ça que tu dis à son père quand il est mort ?

Tout s'arrête.

Mon bras reste suspendu.

L'air se vide de mes poumons.

Je reste figé. Paralysé.

Je le fixe, mais je n'entends plus rien. Juste ce nom. Ce putain de nom qui vient de traverser la pièce comme un poignard.

- Qu'est-ce que t'as dit ? J'ai pas tué Lucas.

- Tu m'as très bien entendu. La même attaque. Le même angle. Tu veux quoi, Carter ? Qu'elle perde deux fois la même personne dans le même virage ?

Je lâche prise. Recul d'un pas. Mon souffle est en feu.

Et c'est là qu'elle arrive.

- Arrêtez !

Sa voix nous claque à la gueule. Je me retourne. Elle est là.

Astéria.

Débraillée, essoufflée, le regard fendu en deux. Elle nous fixe les larmes aux yeux, elle avait tout entendu...

- Lucas... t'as parlé de Lucas ?

Je baisse les yeux. Je ne peux pas la regarder. Pas maintenant. Mais Kaiser la fixe droit dans les yeux.

- Je voulais pas que tu l'apprennes comme ça, mais Carter devrait t'expliquer comment il a tué Lucas et je préfère lui demander s'il a tenté de faire la même chose avec moi. Parce que j'y crois pas, moi, aux accidents. Pas quand tout est aussi précis.

Je murmure, sans la regarder :

- Tu délires... J'aurais jamais voulu ça... jamais.

Mais c'est trop tard.

Astéria recule. Sa lèvre tremble et elle s'en va en courant, Kaiser la suit. Quant à moi je reste là. La poitrine vide. Un goût métallique dans la gorge...

Astéria

Je cours. Je cours sans savoir où je vais. Mes jambes flanchent, mais je les pousse. Je veux fuir. Loin d'eux. Loin de lui.Mon cœur cogne si fort qu'il couvre tout le reste.

Lucas. Il a dit Lucas.

Je revois son visage. Je revois ses mains sur le volant, son rire avant une course. Je revois le jour où on m'a dit qu'il était mort. Et je revois Carter, là, à quelques mètres de moi, vivant, entier.

Comment a-t-il osé ? Comment a-t-il pu me regarder dans les yeux sans rien dire ?

Je m'écroule derrière un box. Les mains dans les cheveux. Le souffle coupé. Le cœur en feu. Kaiser m'a rejointe. Il ne dit rien. Il s'accroupit à côté de moi.

Et moi, j'ai cette phrase qui tourne dans ma tête :

"Carter devrait t'expliquer comment il a tué Lucas."

Je pleure. Enfin. Mais ce ne sont pas des larmes de douleur. Pas vraiment.

C'est de la rage.

Je me redresse. Mon visage est ravagé. Mais mes yeux sont secs maintenant.

- C'est fini, Kaiser. Je peux pas... Je peux plus respirer si je le vois encore dans le paddock.

Il ne répond pas...

- J'étais prête à lui donner une autre chance. J'étais prête à croire qu'il était autre chose qu'un monstre.

Je me lève, mes poings serrés, le corps tout entier tendu comme une corde sur le point de lâcher.

- Il m'a pris Lucas. Il m'a laissé croire que c'était le destin. Une erreur. Un accident.

Mais il a choisi. Il a foncé. Il a fermé les yeux.

Et aujourd'hui encore, il a recommencé.

Je tourne la tête vers la piste, où les autres continuent de rouler, comme si rien n'avait explosé.

- Je veux lui faire payer.

Il me regarde, surpris.

- Je vais détruire tout ce qu'il a construit. Il ne brillera plus. Je vais lui faire ravaler chaque podium qu'il pense mériter.

Je le fixe droit dans les yeux. Silence.

Puis Kaiser esquisse un sourire triste. Il me tend la main. Je la saisis. Il sait, maintenant. Ce n'est plus lui contre Carter.

C'est moi contre Carter.

J'entends mon père m'appeler. Je pense d'abord que c'est à cause de l'incident qu'il veut savoir si je vais bien... Mais non.

Il est là, les bras croisés, l'air solennel. Il me regarde comme il regarde toujours les moteurs: avec exigence, mais aussi avec une pointe de fierté.

- Tu t'es remise ?

- Tu veux dire de la trahison ou du fait qu'il ait tué mon frère ?

Il grimace, il le savait et ne m'a rien dit.

- Je ne vais pas tourner autour du pot non plus. On veut garder Carter. Malgré le crash, malgré la tension. On pense qu'il a encore un potentiel.

Je lève un sourcil, déjà sur le point d'exploser.

- Tu veux que je reste calme alors que TU continues de lui dérouler le tapis rouge ? Il a tué ton fils et tu veux lui offrir des fleurs ?

Mais il m'interrompt, net:

- Je veux que tu le coaches.

Silence.

Je crois que je ris. Pas un vrai rire. Un truc nerveux, presque vide. Je secoue la tête.

- C'est une blague, hein ? Une mauvaise blague de ton putain de paddock.

- Ce n'est pas une blague. C'est une opportunité.

- Une opportunité pour qui ? Pour lui ? Pour vous ? Moi je veux qu'il souffre. Pas qu'il gagne.

Il s'approche. Trop près. Ses bras croisés, sa voix sèche, mais pleine d'une admiration dégoûtante.

- Carter est un pilote d'exception. Il a tout ce qu'il faut pour devenir le meilleur. Ce qu'il a fait aujourd'hui, c'était dangereux, oui. Mais c'est ça, la course. Des risques. Des erreurs. Des accidents.

Je le fixe, incrédule.

- Tu viens vraiment de dire que la mort de Lucas était un accident ? Que Carter a juste... merdé ? Tu crois à ça ?

Il me tient tête. Sans sourciller.

- Je crois que ton frère aurait compris. Il était assez lucide pour voir que Carter, malgré tout, est un pur talent. Et aujourd'hui, s'il a encore failli exploser un pilote, c'est peut-être parce que vous l'avez poussé dans ses retranchements juste avant. Je t'ai vu Astéria.

Je le repousse.

- Tu le défends ! Il a du sang sur les mains et tu lui donnes une promotion !

- Il est jeune. Il peut apprendre. Et tu vas l'aider.

- Pourquoi moi ?

- Parce qu'il t'écoutera. Parce qu'il t'admire et que je te l'ordonne.

Je le dévisage. Je cherche le père que j'ai connu. Celui  qui construisait les karts avec Lucas dans le garage. Celui qui me disait que j'étais née pour le volant. Mais je ne vois que l'homme qui a choisi son champion.

- Tu l'aimes plus que tes propres enfants...

Il ne nie pas. Pas directement. Il baisse juste les yeux.

- Je veux un champion. Et Lucas ne reviendra pas. Mais Carter... Carter peut encore offrir quelque chose à cette famille. Il peut porter notre nom jusqu'au sommet. Et toi, Astéria... tu peux l'y conduire.

Je reste figée. Le cœur à l'envers. Le sang glacé.

Je comprends. Lucas est mort. Et moi, je ne suis qu'un outil de plus pour polir la légende de Carter. Je serre les dents. Je lève les yeux vers lui.

- Très bien. Je vais le coacher. Je vais sourire, jouer mon rôle.

Je m'approche, tout près, mon regard brûlant planté dans le sien.

- Mais ne viens pas pleurer quand il s'effondrera. Parce que je vais tout faire pour qu'il s'écroule de l'intérieur. Et cette fois, ce ne sera pas un accident.

Je tourne les talons, je me dirige dans les couloirs, et je le jure je transformerai chaque mot de mon père en cendres.

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J'espère que se chapitre vous a plus, et dites moi,  a votre avis, que fera Astéria pour détruire Carter ?

Avant goût du chapitre 5

Premier jour. Première séance.

Elle entre dans la pièce comme une tempête. Aucun bonjour. Juste des images projetées sur l'écran.

- Regarde. Là, t'as fait exactement ce que t'as fait à Lucas.

Sa voix est froide. Chaque mot claque comme une gifle.

Je veux parler. Me défendre.

- N'essaye pas de parler. Juste tais toi et écoute. C'est moi qui commande ici.

Ce n'est pas du coaching. C'est une guerre.

Et j'y entre sans armure.

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