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Vivi_red
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Chapitre 3

‹‹𝚜𝚎 𝚜𝚘𝚗𝚝 𝚕𝚎𝚜 𝚛ê𝚟𝚎𝚜 𝚚𝚞𝚒 𝚍𝚘𝚗𝚗𝚎𝚗𝚝 𝚎𝚗𝚟𝚒𝚎 𝚍𝚎 𝚟𝚒𝚟𝚛𝚎 ››

𝙻𝚊𝚎𝚝𝚒𝚌𝚒𝚊 𝙲𝚊𝚜𝚝𝚊

𝓐. 𝓞𝓼𝔀𝓪𝓵𝓭

Fallon, Nevada, États-Unis.

Il est 14h, la chaleur de l'après-midi enveloppe la rue.

Madame Jenkins, du premier étage de son appartement juste en face de la rue, me crie de sa fenêtre ouverte :

Fais attention là-bas, Alexandra !

Je lève la tête pour lui envoyer un grand sourire, mais le soleil m'attaque, me forçant à plisser les yeux. Je lui fais un petit signe de la main et crie, tout en évitant d'être éblouie :

Oui, Madame Jenkins, ne vous inquiétez pas !

Je la vois hocher la tête, rassurée. De toute façon, je ne vais pas me perdre dans ce coin pour me prostituer, non ? Je ris intérieurement, mais la réalité de mon départ m'envahit déjà.

Après tout je la comprends, elle a perdu sa fille dans les mêmes circonstances. Elle aussi est allée dans une autre ville pour ses études, mais on l'a retrouvée morte dans son appart.

Par contre moi j'y vais avec ma meilleure amie, j'ai la chance de ne pas être seule.

Le soleil, pourtant lourd, est doux sur ma peau, comme un dernier câlin avant de partir. J'inspire profondément l'air chaud de la ville, il a un goût de poussière et de liberté. Je serre mon sac à dos contre moi, ses bretelles me mordent les épaules, mais je m'en fiche.

Tout autour de moi, la rue est animée. Les voitures défilent, indifférentes, tandis que des gens traversent, certains discutant, d'autres absorbés dans leurs téléphones. Moi aussi, je me laisse emporter par cette effervescence.

Courage, ma princesse, la voix de papa, douce et grave, m'atteint.

Je tourne la tête et le vois derrière moi qui arrive lentement avec mon trolley noir . Il ouvre ses bras, me tendant une étreinte pleine de chaleur. Je vais vers lui, mes pas plus légers que jamais. Ses bras m'enveloppent et je ferme les yeux un instant, me laissant perdre dans cette étreinte, dans ce parfum de cèdre et de tabac doux.

Tout ce qui est sûr, tout ce qui est solide, est là, dans ce moment. Je me colle à lui, enfouissant ma tête dans son torse, comme si je pouvais y rester encore quelques minutes, avant que tout ne change.

Emeryville, he nani iki nō ia, ironise tante Lani. Kāhea inā he pilikia.

(Emeryville, c'est tout près. Mais si tu as un problème, appelle, hein.)

Je me détache doucement de papa, et mon regard tombe sur ma vieille tante, la soeur aînée de papa, dans son fauteuil roulant. Elle me sourit, les yeux fatigués mais pleins d'une tendresse infinie.

mais bien sûr que je le ferai tūtū (tata) t'inquiète pas.

Je me baisse, et là, je plonge mes bras autour d'elle. Elle respire la lavande, cette odeur réconfortante qui m'a toujours apaisée pendant mon enfance. Quand je faisais des cauchemars ou que j'avais peur de m'endormir seule, je me réfugiais dans ses bras.

Je me sens perdue dans cet instant, comme si j'avais le droit de me suspendre encore un peu au temps, de m'accrocher à son amour, à sa chaleur. Si je pouvais, je n'aurais jamais quitté ce parfum.

Bon, si vous avez fini de vous dire adieu, on va être en retard ! râle Anne, les bras croisés, son impatience peinte sur son visage fin.

Elle est perchée sur le siège conducteur, sa jupe noir et son corset rouge révélant son style très extravagant. Ses lunettes de soleil glissent un peu sur son nez, et d'un geste sec, elle les remonte, l'air de dire allez, bouge-toi.

Je ris doucement et me détache, même si je n'en ai pas vraiment envie. Je dépose un long baiser remplie d'amour sur la joue de ma tante. Et elle, un peu tremblante, tient mes mains et dépose deux baisers sur mes poignets. Je sens ses doigts, frêles et fermes durci par le temps, toujours aussi pleins de ce réconfort.

Au même instant papa soulève ma valise, pour la mettre dans le coffre de la voiture de Anne. je l'entend souffler un « tu as mis des boulets dedans ? » . Ce qui m'arrache un sourire.

Ensuite je me redresse, et mon regard tombe sur le visage fier de ma cousine qui se trouve juste à côté de tante Lani.

Aloha Sayarah (aurevoir Sayarah) dis-je en la serrant contre moi.

Aloha, Alex. Fais attention à toi.

Je hoche la tête, l'estomac noué, le cœur lourd de tristesse. Je me soustrait de cette accolade pour jeter un dernier regard à notre magasin. Mon magasin. Celui où j'ai appris à aimer, à comprendre la valeur des petites choses. Où j'ai découvert ce qu'était la famille, dans tous ses éclats. Où les souvenirs de Hawaï ont pu survivre grâce à tous les objets qu'on y vend.

Je lui dit aurevoir que pour quelques mois mais une petite angoisse me retourne l'estomac, c'est comme si je ne reviendrai plus jamais.

Je me force à chasser cette pensée : rien n'arrivera à ma famille pendant mon absence.

À bientôt, Alex...

Une voix familière hurlant au loin m'arrache à mes pensées. Je tourne la tête les sourcils froncés en cherchant du regard d'où elle pouvait bien venir?

C'est Brandon... dit ma cousine.

Je prends une dernière inspiration, mon cœur serré, et me tourne lentement vers lui, mes jambes bougeant presque d'elles-mêmes. La distance entre moi et ma famille se creuse, mais une nouvelle forme de réconfort se dessine à l'horizon, dans les yeux bleus de ce garçon en chemise blanche qui traverse la route pour me rejoindre.

Eh, Brandon. Mon cœur s'emballe. Je me précipite vers lui sans réfléchir.

Je pouvais pas laisser ma pote partir sans lui dire au revoir, me dit-il avec ce sourire en coin qui me manque déjà.

Je n'avais pas pensé qu'il viendrait. Pas après tout ce qui s'est passé au lac. Mais là, il est là, devant moi, avec son regard tranquille, ce blondinet toujours un peu trop sérieux.

Je suis contente que tu sois venu, je souffle en le serrant dans mes bras.

Ouais... mais si tu continues, tu vas finir par m'étouffer, rigole-t-il.

T'exagères ! finis-je par le lâcher, les joues rouges.

Je le regarde, le cœur un peu lourd, mais mon corps me pousse déjà à partir. Ses yeux restent sur moi, il continue de me contempler faisant monter en moi une gêne indescriptible.

Merci d'être venu...

Aia hou ke blondinet (encore ce blondinet), susurre papa au loin.

je t'ai entendu, lui fais-je comprendre.

Il a dit quoi ? me demande Brandon.

Qu'il est content de te voir. Rien de grave, je réponds, le rassurant avec un sourire.

Brandon hausse les épaules et reprend tout rouge :

Alors, tu pars combien de temps ?

Je ne sais pas encore, je réponds dans un murmure.

Bonne chance alors.

Ouais ! tu sais... Je suis désolé que la noyade de ta soeur-

oh, c'est pas grave, me coupe-t-il aussi gêné que moi en frottant sa nuque avec sa main droite... elle va bien t'inquiète pas.

Papa s'approche soudain, ses grandes mains se posent brusquement sur mes épaules. Je hoquette de surprise.

C'est le moment de partir, ma fille, je ne veux pas que tu sois en retard.

Je soupire, mais je me laisse faire.

T'exagères, papa... À bientôt, Brandon, appelle-moi, je crie en mimant un téléphone.

ouais... répond-t-il en se rapprochant pour saluer ma tante.

Je monte dans la voiture, où Anne est déjà installée, et papa ferme doucement la portière.

j'avais pas fini de lui parler, le sermonné-je.

Il ne m'écoute guerre, il empoigne mon cou d'un mouvement doux et rapide. Sa main se pose sur ma nuque, chaude, rassurante. Avant que je n'aie le temps de dire quoi que ce soit, il dépose un baiser sur mon front.

Aloha wau ia'oe (je t'aime), me souffle-t-il.

Ensuite il se tourne sur Anne et lui fait un sourire avant de lui chuchoter : Fais attention sur la route.

Mai pilikia tonton (T'inquiète pas tonton), je prendrai soin de nous, ricane-t-elle.

Je te fais confiance.

Anne et moi nous nous connaissons depuis notre tendre enfance grâce à l'amitié que nos parents ont partagé autrefois. Sa famille et elle sont américains, mais la voir parler hawaïen est tellement quelque chose de naturel que ça ne me surprend pas.

Papa recule légèrement, ses sourcils noirs se fronçant alors qu'il pose son regard perçant sur Anne. Quelques mèches argentées commencent à parsemer ses tempes, mais il garde cette stature imposante, ce charisme naturel qui impose le respect.

Anne met le contact, ses doigts manucurés au rose tapotant nerveusement le volant. Ses longs cheveux roux repoussés en arrière par un serre-tête incrusté de perles blanches révèlent la petite fossette qui se creuse sur sa joue quand elle sourit même si, en ce moment, c'est plutôt un air de défi qu'elle affiche.

Voilà, c'est ainsi que commence mon aventure. À nous revoir ko ū Ohana ( ma famille)

_________

Vocabulaire :

Tūtū : désigne les grand-parents.

     🌺 🌺

   🌺     🌺

🌺        🌺 Aloha.

🌺     🌺

   🌺🌺        

Alejandra🌺.

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