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Vivi_red
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Chapitre 5

🌺

" 𝙰'𝚘𝚑𝚎 𝙷𝚊𝚗𝚊 𝚗𝚞𝚒 𝚔𝚎 𝚊𝚕𝚞 '𝚒𝚊 "

𝚃𝚛𝚊𝚍𝚞𝚌𝚝𝚒𝚘𝚗 : 𝙰𝚞𝚌𝚞𝚗 𝚝𝚛𝚊𝚟𝚊𝚒𝚕 𝚗'𝚎𝚜𝚝 𝚝𝚛𝚘𝚙 𝚐𝚛𝚊𝚗𝚍 𝚚𝚞𝚊𝚗𝚍 𝚘𝚗 𝚕𝚎 𝚏𝚊𝚒𝚝 𝚎𝚗𝚜𝚎𝚖𝚋𝚕𝚎

Une semaine plus tôt

Fallon, William Avenue

Je cours comme une folle dans les rues poussiéreuses de Fallon. Mes converses usées claquent contre le bitume chaud, les lacets battent les pavés. L'air est sec, il sent la friture, la sueur, la poussière et les hamburgers grillés du Nuggets.

J'ai encore mon tablier rouge noirci par les huiles de cuisson du Nuggets sur moi, couvert de traces de mayo et d'huile. Mon jean me colle aux cuisses. Je n'ai même pas pris le temps de finir mon service. J'ai lâché mon plateau et foncé.

Le soleil brûle mon front, mes joues. J'ai chaud. J'ai trop chaud. Je transpire, mes cheveux collent à ma nuque. Mon pardessus me colle à la peau, et chaque pas est une torture, mais mon cœur explose de bonheur. Je n'ai pas le temps de ralentir.

Mon cœur cogne contre ma cage thoracique. Je dois me dépêcher de rentrer à la maison pour m'inscrire au Festival.

J'arrive à Oak Street. Le sable s'élève à chacun de mes pas. Fallon est une ville presque fantôme en plein après-midi : deux ou trois passants traînent sur le trottoir d'en face, une vieille dame promène son chien, un adolescent fume sous l'abribus.

Je cours. Mon corps ne me répond plus, mes mains sont engourdies, mortes de fatigue, mais j'ai ce sourire fou qui ne me quitte pas. L'adrénaline me porte. L'excitation me fait tituber presque.

Je promet que si je réussi à m'inscrire, je serai plus respectueuse avec ma boss.

William Avenue. Le feu est encore vert, mais je m'en moque. Fallon, c'est pas New York. Personne sur la route. Mes converses frappent les bandes blanches du passage piéton. J'entends quelqu'un klaxonner au loin, trop tard. Je suis déjà de l'autre côté.

Encore quelques pas et je sprint comme une malade à gauche et prend un virage.

Et là, je le vois. Le magasin.

La boutique de papa, "Aloha Memories", sa devanture en bois peint de bleu délavé, les colliers de fleurs et ukulélés en vitrine, les coquillages suspendus qui tintent doucement dans le vent.

Une silhouette sort : Madame Lorrens, son éternel chignon gris et son sac à perles rose bonbon, tiré par son cabas à roulettes.

Merci encore, Madame Lorrens, prenez soin de vous ! dit papa, un pied sur la porte vitrée.

C'est moi qui vous remercie, Dan. Toujours un plaisir.

Je me précipite, les mains tremblantes, le cœur sur le point d'exploser.

PAPA !!!

Il se retourne, surpris, puis sourit en me voyant. Ses yeux marron se plissent. Il a toujours ce vieux tablier kaki noué à la taille, et une chemise à fleurs à moitié ouverte.

c'est mon bébé qui est là...

Il lève les bras pour que je vienne me blottir contre lui. Mais si il pouvait savoir que c'est pas le moment.

désolé, je le dépasse et entre dans la boutique.

L'intérieur du magasin sent le bois, la noix de coco et un vieux parfum de vanille. Des objets de toutes sortes remplissent les étagères : statues tiki, cartes postales usées, guitares poussiéreuses et colliers de coquillages pendus aux murs.

Aloha, kuʻu lei? (Bonjour/Salut, mon trésor ?)

Je m'effondre presque sur le comptoir en bois sculpté, essoufflée, les bras en coton.

Pa... pa... j'ai... ou est l'ordi ?

Ho'omaha. Hanu hohonu. (Calme-toi. Respire profondément.)

Il me prend de force par les épaules et me guide doucement vers le fauteuil derrière le comptoir. Mes jambes flanchent. Mon souffle est encore court, mais mon sourire, lui, est intact. Je ris, je pleure un peu, aussi.

Tu te souviens du festival de chefs dont je te parle depuis trois mois ? Celui que je rêvais qu'ils fassent une escale à Fallon ?

Oui.

Ils vont passer par ici... m'écrié-je pressé qu'il me passe l'ordi. Fallon, papa. Ils viennent à Fallon.

mais c'est génial, dit-il enthousiaste.

passe moi vite l'ordi, s'il te plaît.

Ok.

Sur la route

Fernley, à 18 miles de Fallon

J'ai souvent voyagé. Surtout quand j'étais petite.

Je suis allée à Hawaï plusieurs fois, même si je n'y suis pas née. Toute la famille de papa est là-bas.

J'ai tant appris de cette terre. J'aime profondément Hawaï. C'est là que maman et papa se sont rencontrés. Ça reste un des symboles le plus important de ma vie.

Mes quelques escapades m'ont permis d'apprendre la langue, de rencontrer nos ancêtres, de goûter à la vraie cuisine, celle qui parle au cœur.

Le loco moco, se plat de riz blanc fumant, avec du steak haché juteux. Ça me donne l'eau à la bouche quand j'y repense.

Je me souviens des plages, du sable mouillé sous mes pieds, de la chaleur du vent. Que de beaux souvenirs.

Fallon est devenu mon deuxième chez-moi. Et maintenant, je suis prête à m'en construire un troisième. À Emeryville.

Anne va aussi commencer ses études de droit à Sacramento. Elle a décidé de vivre avec moi grâce à elle j'ai réussi à convaincre papa de me laisser y aller.

Je lève mon téléphone pour chercher le réseau pendant que Anne au loin ne fait que se battre avec la pompe à essence qui refuse de rentrer dans l'ouverture du réservoir.

Ça me fait bien rire mais, je suis plus occupé à chercher quelque barre du réseau pour pouvoir joindre papa.

Il doit s'inquiéter.

Je rigole à la vue de son visage rouge pourpre. Anne peste contre la pompe à essence, visiblement plus forte qu'elle aujourd'hui.

Son corset rouge menace d'exploser à force de tension, et sa jupe noire, courte, remonte un peu trop quand elle se penche. Ses boots battent le sol, mais elle les arrache aussitôt pour enfiler ses babouches fétiches. les fameuses.

Celles qui laissent dépasser ses orteils poilus qu'elle assume avec un aplomb admirable.

Moi, je suis bien plus casual. Un petit haut à bretelles blanc qui laisse mes épaules prendre cher sous le soleil, une jupe en jean légèrement évasée et mes baskets pleines de poussière.

Mon iPhone avec sa coque jaune Bob l'éponge dans une main, je cherche désespérément une barre de réseau. Mes cheveux sont tirés en queue de chacal c'est Anne qui l'a appelée comme ça, en rigolant.

Une espèce de queue-de-cheval sauvage, ni vraiment haute, ni vraiment basse, qui part un peu dans tous les sens.

Eh, me crie Anne. Je ne vais pas faire ça toute seule.

Je rigole à la vue de ses joues rosies par la chaleur. La station est bien située je crois qu'il n y a rien à craindre ici.

Fernley, je l'ai traversée une ou deux fois. Avec papa. Je me souviens à peine... une station-essence qui sentait le pneu chaud, une boutique de bonbons en vrac au coin d'une rue, des champs jaunes à perte de vue. Ici aussi, le vent soulève la poussière comme à Fallon.

Le sable s'infiltre partout. Le soleil cogne fort, sans ombre pour s'abriter. Même les montagnes au loin paraissent desséchées.

À Fernley, il n'y a pas grand-chose. Quelques entrepôts, des camions garés devant des dîners, et ce silence... Ce genre de silence qui te donne l'impression que même le temps s'est arrêté.

Je me souviens vaguement d'un été. Papa m'avait emmenée ici pour récupérer une pièce pour son tracteur. On s'était arrêtés boire une limonade trop sucrée dans un vieux snack où les banquettes collaient à la peau. J'avais sept ou huit ans.

Fernley me laisse toujours cette impression étrange : c'est comme une ville qui attend quelque chose... ou quelqu'un. Mais rien ne vient jamais.

Le réseau, toujours fuyant, me fatigue. Mes bras tendus sont engourdis par l'effort. Je soupire.

J'ouvre Snap, prends un selfie... et remarque qu'Anne, toute nerveuse, y apparaît en arrière-plan. Ça m'arrache un sourire malgré moi.

Oswald, hurle-t-elle.

J'arrive... je lève les yeux au ciel.

Je m'approche tout doucement de la chevrolet rose d'Anne.

T'es nul ou quoi ?

Quoi ?

Regardez-moi comment elle a mis le tuyau de la pompe.

C'est pas comme ça !

Oui Madame je-sais-tout, si t'étais pas en train de jouer avec ton téléphone on serait déjà en route, lâche-t-elle mi-dégoûtée, mi-amusée.

Et toi, si t'avais été assez intelligente pour remplir ton réservoir avant de partir, on serait pas là à essayer de le remplir, lui rappelé-je sur le même ton.

Je prends la pompe de ses mains et la mets dans l'ouverture du réservoir. Fallait juste le bouger un peu.

Anne râle, je lève les yeux au ciel. Et mon regard tombe droit sur le type en face de l'autre pompe.

Un homme, planté devant le distributeur de boissons automatiques. Trop immobile. Trop silencieux. Il porte une chemise à carreaux trop grande, un short beige défraîchi et des chaussettes montantes avec des sandales. Un look qui crie "pas d'urgence dans ma vie"... mais son regard, lui, dit autre chose.

Il fixe les canettes comme s'il les menaçait mentalement.

Tu crois qu'il va les faire exploser par la pensée ? me glisse Anne à voix basse, en coinçant enfin la pompe d'essence.

Il a le regard d'un type qui n'a pas digéré son dernier Coca cerise, je murmure en retour.

On rit doucement, mais on n'arrive pas à le quitter des yeux. Le gars ne bouge toujours pas. Il nous a vues, c'est sûr. Il a cligné des yeux. Lentement. Puis il a tourné la tête vers nous. Pas un mot.

Ok, il me fout un peu la trouille, admet Anne.

Je hausse les épaules, mais j'avale un peu de travers.

Fernley, la ville où même les distributeurs ont leur stalker personnel.

Un claquement métallique nous fait sursauter. Il vient de frapper la machine du poing. Une canette tombe. Il la ramasse, la regarde... et s'éloigne. Sans l'ouvrir. Sans payer non plus.

On se regarde. Un silence.

On démarre vite après, hein ?

Très vite.

Après ça on a quitté Fernley en trombe. C'était une grosse frayeur. On a jamais eu de faits divers sur des serials killers ici. Mais si s'en est un je ne veux pas être la prochaine sur la liste. Non merci.

___________

30 minutes plus tard

Le vent me gifle doucement le visage à travers la fenêtre ouverte. Toujours pas de réseau. J'ai juste réussi à balancer une photo et un message, en croisant les doigts pour qu'ils finissent par partir. J'veux juste rassurer papa. Il panique vite, c'est son super-pouvoir.

Et je le comprends. Moi non plus, je serais pas tranquille si je laissais mon enfant partir à l'aventure avec sa meilleure pote sur une route qui ressemble à la fin du monde — genre Highway 50, version Mad Max.

Mec, je viens de réaliser un truc, dit-elle sans me regarder, ses yeux rivés sur la route. On n'a même pas fait un seul live depuis qu'on est parti. J'suis littéralement une fraude.

Tu veux dire que tes 200 000 disciples ignorent que t'as troqué tes boots pour des babouches de daronne ? Quelle honte.

Grave. C'est la fin d'une ère. Faut que je redore mon blason.

Elle attrape son téléphone, le cale à l'envers dans son support du tableau de bord, vérifie vite fait sa gueule dans la caméra frontale, puis appuie sur "Live". L'écran s'illumine.

Mes amours ! Elle prend une voix de présentatrice de téléréalité. Je suis DÉSOLÉE de vous avoir ghostés, mais j'étais... comment dire... en train de VIVRE ma meilleure vie, voilà.

Je roule des yeux.

Son live se remplit peu à peu de ses followers d'insta. Tout de suite on était à trois, et maintenant une centaine.

C'est fou comme sa communauté s'est agrandie en à peine cinq mois. Vu son contenu ça m'étonne pas trop. S'afficher en petite tenue à chaque fois qu'elle en a l'occasion ne peut qu'attirer les regards.

Elle me filme d'un coup.

Voici Alex, la copilote de l'apocalypse, qui me nourrit de chewing-gums et de musique ringarde depuis Fernley.

Ringarde ? Tu veux dire culte, corrige-je.

Elle écoute encore Madonna les gars. C'est très grave.

Je lui jette une paille à la figure. Elle explose de rire, recule un peu la caméra.

Les commentaires et les likes affluent comme une marrées. Déjà plus de milles sur le live. J'ai droit à des ''elle est mignonne'','' c'est ta copine ?'' et bien d'autres.

Vu les questions je dirais que se sont plus de mecs que de filles.

non c'est ma meuf, hinhin, répond-t-elle. Non, elle est pudique...

Je la fusille du regard puis la pince en la questionnant des yeux. Ca pas le '' c'est ma meuf '' qui me dérange mais plutôt le '' elle est pudique '' .

Non c'est pas ma copine , c'est ma meuf ...

Elle n'en a rien à battre en plus.

je suis au volant... ouais, j'ai déjà déposé mon dossier... ouais je suis votre futur avocate... j'ai plus opté pour le droit à cause des entreprises de papa...

Je soupire en l'écoutant narrer sa vie à ses followers. Mon bras accoudé contre la portière soutien ma tête. Le paysage est aride avec quelques cactus qui ont l'air mourir de soif. La route s'étend toujours aussi longue avant Emeryville.

— Bref. On arrive à Reno.

Ces paroles me sortent de mes pensées. Et Reno est tout près. On voit déjà de loin ses bâtiments.

—Et c'est magnifique. Genre, vraiment. Et vous savez quoi ?

Elle s'interrompt. Le silence s'installe une seconde.

C'est pas juste un road trip, dit-elle, plus doucement. C'est une renaissance. Et cette fille-là, dit-elle en pointant la caméra vers moi, c'est mon âme sœur.

Je lui pince la cuisse en souriant.

Dis pas ça devant autant de personnes, j'vais chialer.

Tu chiales déjà.

C'est mes allergies.

On éclate de rire. Mais dans le fond, c'est vrai : mon cœur est tout serré de gratitude. Pas parce qu'on est parties. Pas parce qu'on est libres. Mais parce que, même là, dans cette voiture pleine de poussière et de rires, à deux doigts de se perdre dans une ville inconnue, j'ai Anne.

Et ça, c'est tout ce dont j'ai besoin.

Ce que je ne savais pas encore, c'est que Reno allait marquer un tournant. Le genre de moment qui reste collé à la peau, comme du sucre fondu.

____________

J'espère que c'était pas mauvais comme chap 🌝😭.

A vrai dire je sais plus quoi penser de mon histoire.

Merci d'avoir lu🩷🦄.

Alejandra🌺

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